769788028 16/04/17 - 07:51
cohérence générale est le marché généralisé, depuis la main invisible
jusqu'aux raffinements de l'équilibre général : marché des biens, des
services, mais aussi des hommes (esclavage, salariat) , et surtout marché
des droits (dont celui des libertés politiques), et aujourd'hui marché des
promesses, des risques (la finance), marché des nouveaux droits de
propriété émettables sur l'environnement, le vivant etc)
Mais il faut aussi inclure deux autres traditions : la première, bien
repéré par l'institutionnalisme américain est surtout juridique (et très
absente de l'économie politique classique entre Cantillon et Keynes sauf à
titre minoritaire dans l'école historique allemande), celle de la propriété
publique qui intervient à la fois comme instrument de limitation du contrat
(droit d'expropriation des propriétaires d'esclaves par exemple, des
propriétaires terriens etc..) mais surtout l'émergence du droit social, du
droit du travail, du droit public économique qui encastrent ( Polanyi),
"régulent" le marché, l'individu, l'exercice de la liberté et le jouissance
de la propriété, dans l'Etat, par la loi d'un côté et par des compromis
institutionnels (conventions collectives ) qui construisent entre la
totalité sociale ( le holos étatique) et les individus qui sont à la fois
des propriétaires libres (et donc par complément des exclus de la propriété
et ou de la liberté), et les citoyens égaux, des statuts conciliateurs,
hybrides, mixtes, (marchands et non marchands qu'ils soient pensés comme
des conditions indispensables du marché ou des compromis).
On aura reconnu dans ces deux premiers filons, le face à face classique du
contrat face à la loi, du marché face à l'Etat, de l'individu propriétaire
et bourgeois ou marchand face aux groupes sociaux sans propriété ni
qualité, les pauvres ou prolétaires, possesseurs seulement de leur
travail puis d'un statut de salarié (R. Castel).
Mais en fait il manque une troisième tradition qui complique un peu ce
schéma et qui est particulièrement d'actualité dans les périodes de
redéfinition des clôtures, des barrières. Nous voulons parler des figures
hybrides, insaisissables, fuyantes à tous les sens du terme qui précèdent
la mise en forme des relations marchandes, et celles de rapports de
production. L'esclave détenteur de pécule, le demi-prolétaire, le serf
détenteur d'un titre d'occupation ou d'un bail verbal, le squatter rural ou
urbain, le bourgeois dans une ville libre au Moyen-Age. Bref toutes les
formes de détention de droit sur un bien, sur un service, dont j'ai essayé
de montrer ailleurs qu'elles avaient inventé quelques uns des traits les
plus essentiels du marché. Bref les formes constitutives et constituantes
du marché de la liberté, bien avant que ne s'installe l'ordre de la liberté
du marché. J'ai essayé de suivre cet étrange processus de constitution dans
le cas du travail salarié, et du type de contrat parfaitement singulier que
représente le contrat à durée indéterminée.
Ces hybrides ou formes mixtes généralement plus complexes que la forme
marchande simple (qui elle réunit sur le même titulaire de la propriété,
les trois principales fonctions), sont inventées par des agents
économiques qui cherchent à échapper aux servitudes ou aux contraintes d'un
ordre juridique qui entrave leur mobilité, leur possibilité d'action ( on
dirait de façon spinoziste qui diminue leur conatus ou leur puissance
d'agir) ou leurs droits déjà constitués.
C'est l'analyse que l'on peut faire du système juridique de licence GPL ou