
et un moment socio-culturel. L'apparition récente des jeux vidéo et sur Internet ouvre de nouveaux
champs de recherche sur la problématique de l'addiction.
L'identification des différents facteurs de risque et de vulnérabilité au jeu pathologique, de même
qu'une meilleure connaissance des trajectoires des joueurs qui, à un moment donné, s'engagent
dans des pratiques de jeu pathologique et à risque, représentent des objectifs essentiels pour
construire des actions de prévention, faciliter l'accès aux soins et également poser les indications
thérapeutiques les plus pertinentes.
Quelques éléments sur l'histoire des jeux de hasard et d'argent
L'histoire des jeux de hasard et d'argent en France est marquée par quatre discours principaux.
Le discours moraliste et clérical, très ancien, est hostile aux jeux pour des raisons théologiques et
morales : l'utilisation du sort à des fins profanes et ludiques constitue un outrage à la Providence
divine, que l'on doit seulement interroger dans les situations graves. Cette position intransigeante
s'infléchit fin XVIIe-début XVIIIe siècle, où, sous l'influence des travaux mathématiques sur les
probabilités, l'idée que le hasard est indifférent « per se » finit par s'imposer chez les clercs et les
laïques. Le discours moraliste laïcisé se prolonge dans la seconde moitié du XVIIIe siècle avec les
philosophes des Lumières qui centrent désormais leurs attaques sur les conséquences sociales
pernicieuses des jeux de hasard et d'argent, ainsi que sur la politique suivie par la monarchie,
accusée d'avoir créé la Loterie royale de France en 1776, et favorisé ainsi la ruine des familles. Il
faut noter cependant que, depuis 1566, l'État royal s'est efforcé de circonscrire les effets sociaux
des jeux d'argent en limitant puis en annulant les dettes contractées au jeu. Le discours moraliste,
qui considère le jeu compulsif d'abord comme un péché (XVIe-XVIIe siècles), puis comme un vice
(XVIIIe siècle), influence encore au XXe siècle le regard de philosophes, tel Roger Caillois (1958),
sur les jeux de hasard et d'argent.
Un discours littéraire, fortement influencé par le courant moraliste, a pris pour sujet le jeu de
hasard et d'argent depuis la fin du XVIIe siècle. Au fil des pièces de théâtre et des romans, jouées
ou parus depuis 1670 environ, s'est construite la figure tragique du joueur que sa passion
dévorante mène à la déchéance, à la ruine et à la mort. Cette représentation se prolonge aux XIXe
et XXe siècles avec les romans de Dostoïevsky, de Stefan Zweig et de Sacha Guitry.
Un discours philosophique et anthropologique, très fécond au XXe siècle, prend naissance dans les
analyses de Kant et de Schiller. Ce discours, successivement illustré par J. Huizinga, M. Klein, DW.
Winnicott, J. Château, R. Caillois, J. Henriot, LJ. Calvet, JM. Lhôte et C. Duflo, revalorise le jeu et
les jeux en général. L'activité ludique est désormais perçue comme une activité à part entière,
libre, régulée, limitée dans le temps et l'espace et qui procure joie et tension à l'être humain (J.
Huzinga), une forme de comportement et une réalité sociale (J. Château, R. Caillois), un contrat
qui repose sur la « légaliberté » (C. Duflo).
Le discours historique est représenté d'un côté, par des ouvrages d'érudition inventoriant et
décrivant les jeux des temps passés, de l'autre, par des travaux replaçant l'activité ludique dans un
contexte social global. Cette dernière catégorie d'ouvrages accorde une large place aux jeux de
hasard et d'argent, étudiés au Moyen-Âge et à l'époque moderne. Leurs auteurs ont retrouvé dans