Conférence d’économie n° 18 : Coordination européenne – 30-04-2007 – Argumentation – Hélène GAUTHIER A2G3
En effet, en cas de mauvaise conjoncture, comme en 2002, les recettes de l’Etat diminuent
mécaniquement, et les dépenses sont censées pouvoir augmenter, afin de mener une politique
contracyclique entraînant une reprise de l’activité. Or le PSC empêchait toute augmentation des
dépenses si les Etats souhaitaient le respecter, et entraînait donc la mise en place de politiques
budgétaires procycliques qui empiraient encore la situation économique. On comprend donc qu’il ait
été de moins en moins respecté par les différents Etats-membres, et notamment les plus grands,
comme l’Allemagne ou la France.
Une réforme du PSC a donc été décidée, et mise en œuvre à partir de 2005, ce que nous allons
voir dans notre seconde partie.
II. Les réponses et les insuffisances du PSC rénové
A. Les réponses apportées par la rénovation du PSC en 2005
Il s’agissait par cette réforme de donner une plus grande importance dans les règles à la gestion
par chaque Etat de ses cycles économiques et à l’accompagnement par la politique budgétaire des
réformes structurelles qui lui étaient nécessaires.
La principale avancée du PSC rénové réside en fait dans la vision plus souple de la limite de
déficit. En cas de mauvaise conjoncture économique, notamment, la norme des 3% n’est plus la seule
variable prise en compte, on trouve aujourd'hui à ses côtés la prise en compte de l’évolution sur le
moyen-terme, et de la mise en œuvre de réformes structurelles pouvant renforcer le potentiel de
croissance du pays et donc de la zone entière.
En période de conjoncture favorable, les Etats se doivent désormais d’intensifier encore leurs
efforts budgétaires, pour dégager des marges nécessaires pour faire face aux périodes de récession
ou de croissance molle. On se trouve avec ce nouveau pacte face à une vision de moyen terme du
solde budgétaire de chaque Etat-membre, un dépassement temporaire de la norme des 3% étant
désormais envisageable, si la Commission constate que celui-ci est du à une conjoncture défavorable,
ou à la mise en place d’une politique structurelle favorable à la croissance sur plus long terme. Le
Conseil, dans ses recommandations fixe de plus des échéances plus cohérentes avec la situation du
pays pour redresser la situation budgétaire.
La réforme a de plus permis d’augmenter et d’améliorer le dialogue entre la Commission, le
Conseil et les Etats-membres, ce qui permet une meilleure information et donc des procédures plus
constructives, et une meilleure adhésion des Etats membres aux règles imposées par le Pacte.
B. Les insuffisances persistantes de la coordination
Mais la coordination européenne reste insuffisante, malgré cette réforme. Si la politique monétaire
dans l’UEM ne dépend plus des Etats mais d’une institution unique, la Banque Centrale Européenne,
et est donc tout à fait coordonnée dans le règlement des chocs symétriques auxquels doit faire face la
zone, les politiques budgétaires restent malgré tout des politiques nationales sur lesquelles l’Europe
n’a pas toujours prise, ce qui ne facilite pas toujours le règlement des crises provoquées par des
chocs asymétriques, c'est-à-dire concernant un seul pays, et ces politiques budgétaires ne jouent pas
systématiquement dans le sens de l’intérêt commun des Etats de la zone.
L’importance de la réactivité des Etats par leurs politiques économiques à la conjoncture plus ou
moins favorable, pour éviter d’aggraver une récession ou pour éviter toute surchauffe de l’économie,
semble toujours faiblement prise en compte, puisque cette réactivité est limitée par les politiques
monétaires restrictives d’une BCE entièrement concentrée sur la stabilité monétaire et la stabilité des
prix, et par une politique budgétaire trop encadrée pour être utilisable librement.
De même, le PSC comme la recherche de la stabilité des prix par la BCE semblent empêcher tout
accompagnement des réformes structurelles par des politiques macroéconomiques expansives visant
à atténuer les effets qui pourraient être dans un premier temps négatifs de ces réformes.
Aujourd’hui en Europe, les politiques structurelles sont envisagées séparément des politiques
macroéconomiques, ce qui ne saurait être profitable à la croissance, et encore moins conduire au
respect des engagements pris à Lisbonne en 2000 d’une croissance soutenue, riche en emploi et en
innovation.
On peut dès lors regretter la faiblesse du budget de l’Union Européenne qui pourrait concentrer les
dépenses à mettre en œuvre pour favoriser la recherche et développement, l’éducation, toutes
politiques qui, mises en œuvre à un niveau supranational seraient en mesure d’entraîner le
déclenchement d’une dynamique de croissance à l’échelle européenne, et non plus de treize
dynamiques de croissance nationales.