G) Rôles de l’ Arginine et de la lysine
L’arginine est un acide aminé conditionnellement essentiel car sa synthèse endogène est insuffisante pour
assurer un développement tissulaire normal chez le sujet en croissance. L’arginine, acide aminé basique, est en
particulier le précurseur spécifique de l’oxyde nitrique (NO). L’oxyde nitrique, dérivé de l’endothélium, apparaît
être une molécule endogène antiathérogène par une action vasodilatatrice et a un effet inhibiteur de l’adhérence
des éléments sanguins circulants à la paroi vasculaire.
Une étude (14) a évalué le rôle de l’arginine orale sur la dilatation de l’artère brachiale chez 27 jeunes adultes
hypercholestérolémiques âgés de 19 à 40 ans. Chaque sujet a été étudié avant et après 4 semaines de prise
orale de L-arginine (7 g x 3/j) ou prise de placebo dans une étude randomisée en double aveugle. Après prise de
L-arginine orale, les taux plasmatiques de L-arginine s’élevaient, et l’élévation de flux sanguin dépendante de
l’endothélium a augmenté de 1,7% à 5,6%.
L’adhérence et l’agrégation plaquettaire sont augmentées chez les sujets hypercholestérolémiques. Dans la
microcirculation sanguine normale, l’oxyde nitrique, dérivé de l’endothélium, agit sur les plaquettes circulantes
afin de réduire leur tendance à l’agrégation. Cependant, chez les sujets hypercholestérolémiques, l’activité
vasculaire de l’oxyde nitrique est réduite. Cette dysfonction vasculaire peut expliquer que les plaquettes
deviennent activées dès qu’elles traversent la circulation coronaire des patients ayant une pathologie
coronarienne. L’arginine est connue pour inhiber directement la réactivité plaquettaire, probablement par son
métabolisme via l’oxyde nitrique.
Une étude californienne (15) a étudié l’hypothèse qu’une supplémentation à long terme d’arginine augmenterait
l’activité de l’oxyde nitrique d’origine plaquettaire ou sanguine et enfin corrigerait les anomalies de la réactivité
plaquettaire chez les sujets hypercholestérolémiques. C’est une étude randomisée, en double aveugle, avec
placebo effectuée chez 23 patients hypercholestérolémiques pendant 2 semaines, recevant soit 8,4 g/j de L-
arginine par voie orale soit un placebo. Par rapport aux 14 sujets contrôles normocholestérolémiques, les
plaquettes des sujets hypercholestérolémiques, stimulées avec du collagène, ont montré une augmentation de
l’agrégation (68,6% chez les sujets hypercholestérolémiques contre 54,5% chez les sujets
normocholestérolémiques). Après 2 semaines de traitement par arginine uniquement, la réaction plaquettaire était
diminuée modestement. Cet effet persistait après deux semaines d’interruption du traitement par arginine.
L’arginine a la capacité de rétablir la réactivité des troncs artériels ne présentant pas de plaque à une stimulation
vasodilatatrice cholinergique. Cette action est liée à la production du radical NO à partir de l’arginine, par la NO
synthétase endothéliale. Des études montrent également l’effet inhibiteur de la lysine sur le transport
membranaire de l’arginine ainsi qu’une action inhibitrice directe sur l’enzyme NO synthétase endothéliale. Ces
données suggérent qu’un apport excessif en lysine pourrait réduire la production de NO induisant de nombreux
effets toxiques : réduction du tonus vasomoteur, augmentation de l’adhésion des plaquettes aux cellules
endothéliales et la levée de l’inhibition de l’oxydation des lipoprotéines. Or ces éléments sont impliqués dans les
premières étapes de la formation de la plaque d’athérome et semblent en faveur d’un rôle important de la lysine
par sa capacité à entrer en compétition avec le transport cellulaire et le métabolisme de l’arginine. Les produits
laitiers étant particulièrement riches en lysine et pauvres en arginine, ils sont à éviter ; les oléagineux (amandes,
noix, noisettes, etc…) étant particulièrement riches en arginine sont donc à recommander, le rapport
lysine/arginine devant être supérieur à un (16).
Néanmoins, en cas de lipoprotéine (a) ou Lp (a) élevée, Linus Pauling (en collaboration avec Mathias Rath) a
démontré que la prise quotidienne de 1,5 à 3 g/j de lysine, combinée à une quantité égale à double de vitamine
C, empêche la Lp (a) de s’accumuler dans les parois des artères, permettant ainsi de réduire la plaque
d’athérome. En effet, en augmentant la concentration en lysine, on empêche la liaison de la lysine (lysine binding
site) servant de point d’ancrage à la Lp (a) sur les parois des artères. L’apport en arginine devra toujours être
supérieur ou au moins équivalent en quantité à l’apport en lysine,. La prise d’arginine et de lysine devront
absolument se faire à jeun et à distance l’une de l’autre, arginine le matin et lysine le soir, au moins un quart
d’heure à une demi-heure avant le repas. Le niveau de Lp (a) peut aussi être abaissé par l’apport
d’hexanicotinate d’inositol( une forme de niacine ne provoquant pas de flush) en augmentant progressivement la
dose de 500 mg/j à 3 g/j sur 3 semaines puis en poursuivant à 3 g/j les semaines suivantes.