message et, en définitive, à son sens et à sa signification, ils sont aussi des technologies
intellectuelles, des outils cognitifs au sens où ils déterminent le développement d’aptitudes mentales
spécifiques. Plus récemment, nous signalerons encore la tentative de fonder le concept de dispositif
entre concept et usages (Jacquinot et Montoyer, 1999) et plus précisément celui de dispositif de
communication et/ou de formation médiatisées (Peraya, 1999-b ; Thomas,1999 ; Fastrez, 2000). Ces
textes proposent en effet une première réponse à l’exigence tant théorique que méthodologique de
posséder un modèle susceptible de rendre compte de l’économie de tout dispositif médiatique : « Un
dispositif est une instance, un lieu social d'interaction et de coopération possédant ses intentions, son
fonctionnement matériel et symbolique enfin, ses modes d'interactions propres. L'économie d'un
dispositif – son fonctionnement – déterminée par les intentions, s'appuie sur l'organisation structurée
de moyens matériels, technologiques, symboliques et relationnels qui modélisent, à partir de leurs
caractéristiques propres, les comportements et les conduites sociales (affectives et relationnelles),
cognitives, communicatives des sujets. » (Peraya. 1990-b : 153)
Les « vieilles » et les « nouvelles » technologies
Les technologies de la communication et de l’information le Web, Internet, le cyberespace et les
hypermédias, notamment sont souvent considérées comme les « nouveaux médias » éducatifs. La
littérature spécialisée constitue un bon indicateur de cette situation. Une revue comme EMI,
Educational Media International, l’organe officiel de l’International Council for Media Education, publie
aujourd’hui de nombreuses études sur les médias électroniques tandis que les revues consacrées aux
technologies éducatives et aux innovations technologiques portent indifféremment sur les médias
traditionnels et sur les médias électroniques.
Pourtant, l’opposition entre « vieilles » et « nouvelles » - les « dernières » dirait Jacquinot -
technologies, entre l’analogique et le numérique, fracture toujours le domaine comme en témoignent
les nombreux programmes de formation initiale ou continue des enseignants. Genève connaît par
exemple un programme de formation de formateurs de formateurs dit « F3Mitic » - Médias, images et
technologies de l’information et de la communication – qui cherche à articuler ces deux cultures, mais
qui paradoxalement semble la renforcer. Elle recentre en effet en centrant la culture « MI » - média et
image - sur le domaine de l’éducation à l’image telle qu’il s’est construit dans le sillage de la
sémiologie structurale de l’image alors que le domaine « TIC » reprend en charge l’informatique
scolaire, l’enseignement en réseau, etc. La formation aux technologies des instituteurs et institutrices
dispensée à l’université de Genève connaît la même contradiction : son intitulé « Médias et
informatique », héritage des cloisonnements pseudo-disciplinaires - pédagogie de l’audiovisuel et
informatique scolaire - rappelle l’opposition qu’elle est censée abolir. Il aura fallu cinq années de
pratique commune, de débats au sein de l’équipe pédagogique et peut-être aussi un renouvellement
partiel de cette dernière pour dépasser l’opposition entre la conception et le prototypage de logiciels
ou les sites Web éducatifs d’une part, les recherches sur l’image et les médias d’autre part.
L’on comprendra mieux dès lors toute l’importance du concept de dispositif médiatique tel que nous le
proposions ci-dessus. Il constitue en effet une première réponse à l’exigence tant théorique que
méthodologique de développer un modèle suffisamment général pour rendre compte de tous les
dispositifs médiatiques, ces technologies comme des médias éducatifs classiques, et d’analyser d’une
part les traits qu’elles partagent avec les médias plus classiques et d’autre part leurs caractéristiques
propres. C’est sur cette base d’ailleurs que l’on pourra observer les nouvelles formes de médiation
qu’elles introduisent dans la communication des savoirs et l’organisation des apprentissages (Peraya
et Meunier, 1999-b ;Larose et Peraya, 2001).
Une composante multidisciplinaire forte
Le domaine des technologies éducatives se construit sur la base de différentes disciplines et de
cadres de référence relativement diversifiés : psychologie et plus particulièrement les courants
cognitivistes, pédagogie, théories de la communication et l’informatique, sans compter les différentes
sciences humaines qui de près ou de loin contribuent au développement du domaine : la psychologie
sociale, la sociologie ou encore l’anthropologie dont les méthodes par exemple fondent les recherches
actuelles sur l’usability et certains aspects de l’ergonomie. Dès lors le domaine des technologies
éducatives constitue peut être ce que Meunier (1999) appelle une "interdiscipline" qui renvoit à une
grande diversité de disciplines de référence et analysent, avec des méthodes très différentes, des
objets hétérogènes, les "dispositifs médiatiques" qui sont tout autant sémiotiques, culturels et
techniques. Cependant il ne s’agit pas de juxtaposer ces points de vue théoriques différents sur les