1. Réserves de la cordillère de Talamanca

publicité
1.
Réserves de la cordillère de Talamanca-La Amistad / Parc national La Amistad
(Costa Rica,Panama) (N 205bis)
Année d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial 1983
Critères (vii)(viii)(ix)(x)
Année(s) d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril Néant
Décisions antérieures du Comité voir page http://whc.unesco.org/fr/list/205/documents/
Assistance internationale
Demandes approuvées : 0 (de 1982-1997)
Montant total approuvé : 276 350 dollars EU
Pour plus de détails, voir page http://whc.unesco.org/fr/list/205/assistance/
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO
Néant
Missions de suivi antérieures
Février 2008 : Mission de suivi réactif Centre du patrimoine mondial / UICN
Facteurs affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) Construction de barrages hydroélectriques près du bien au Panama et effets connexes (présence
humaine accrue près du bien, interruption du couloir de migration des espèces aquatiques) ;
b) Empiètement (humain, élevage bovin extensif).
Matériel d’illustration voir page http://whc.unesco.org/fr/list/205/
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2010
Le 15 février 2010, le Centre du patrimoine mondial a reçu un rapport de l’État partie de Panama sur
l’état de conservation du bien. Le rapport semble avoir été traduit par ordinateur et ne pas avoir été
ensuite relu et corrigé. De ce fait, il est très difficile à comprendre. Le rapport décrit en détail les progrès
réalisés dans l’identification des mesures d’atténuation pour les quatre barrages hydroélectriques en
projet sur les rivières Changuinola et Bonyic : CHAN 75, CHAN 140 et CHAN 220 (rivière Changuinola)
et le barrage de Bonyic (rivière Bonyic). La construction de deux de ces barrages, CHAN 75 et Bonyic,
est quasiment terminée. Certes, le rapport donne des détails sur les formalités juridiques afférentes aux
évaluations environnementales à Panama et dresse la liste des clauses des permis de construire, mais
il livre peu d’informations concrètes sur les mesures proposées pour atténuer les impacts de ces
barrages afin de préserver les couloirs de migration des espèces de poissons et de crevettes à l’intérieur
du bien.
a) Atténuation des impacts des barrages hydroélectriques sur les espèces de poissons et de crevettes
dans les rivières Changuinola et Bonyic
L’État partie passe brièvement en revue les mesures d’atténuation proposées pour les barrages CHAN
75, 140 et 220 et celui de Bonyic, qui sont en dehors des limites du bien, mais qui affectent les voies
d’eau à l’intérieur du bien, sachant qu’une part importante de celles-ci s’écoule dans les systèmes des
rivières Changuinola et Bonyic :
1. Barrages CHAN 75, 140 et 220 (rivière Changuinola) : L’État partie considère que les couloirs de
migration des espèces de poissons et de crevettes ne seront pas menacés, vu que ces espèces se
trouvent aussi dans d’autres secteurs. Le rapport indique que AES Changuinola, l’entreprise qui
construit les barrages, a mis au point une ‘Stratégie d’atténuation proposée pour les poissons et
les crevettes’, qui recommande deux mesures d’atténuation principales : 1) l’aménagement de
canaux de frai imitant le courant fort dont ont besoin certaines espèces de poissons pour se
reproduire ; et 2) la pratique de l’aquaculture en amont du barrage pour les espèces de poissons et
de crevettes dans l’incapacité de se reproduire à cause des barrages. En réponse aux mesures
d’atténuation proposées ci-dessus, l’autorité environnementale de Panama (ANAM) a demandé à
AES Changuinola de créer une unité de gestion environnementale pour contrôler les impacts du
barrage, entreprendre d’autres études biologiques et envisager de modéliser leurs effets éventuels.
L’État partie estime que les canaux de frai artificiels ne sont pas nécessairement une mesure
d’atténuation viable pour le barrage CHAN 75, actuellement en construction, et signale qu’il a
demandé à AES Changuinola de continuer à faire des recherches en aquaculture pour que les
deux mesures d’atténuation puissent s’appliquer à brève échéance. L’État partie expose aussi en
détail la législation autorisant le Gouvernement de Panama à demander des mesures d’atténuation
supplémentaires pour les projets d’infrastructure ou paiement d’ordre/dédommagement pour les
dommages environnementaux.
2. Barrage de Bonyic (rivière Bonyic) : L’État partie note que les mesures d’atténuation proposées par
Teribe Hydroecological S.A. pour le projet de Bonyic se reflètent dans leur plan d’entreprise.
Toutefois, ces engagements généraux mentionnent simplement que l’entreprise en question
appliquera des mesures d’atténuation, fera des analyses écologiques et construira une station de
recherche pour surveiller et étudier les poissons dans la région.
l>
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN considèrent que le rapport succinct soumis par le
Gouvernement de Panama ne répond pas complètement aux demandes répétées du Comité de
soumettre un rapport technique détaillé sur les mesures envisagées pour atténuer les impacts sérieux
risquant de provenir des quatre barrages proposés sur les valeurs et l’intégrité du bien (conformément
à la décision 33 COM 7B.35). Ils rappellent que les cycles de vie des espèces de poissons et de
crevettes concernées sont tributaires de leur capacité à migrer entre les rivières à l’intérieur du bien et
la mer, et notent que les barrages vont créer une barrière de migration qui, faute de mesures
d’atténuation effectives, risque fort d’entraîner la perte de 16 espèces de poissons et de crevettes de la
plupart des voies d’eau du bien.
i. Adéquation des mesures d’atténuation proposées par l’État partie : l’UICN et le Centre du patrimoine
mondial considèrent que les mesures d’atténuation proposées par l’État partie de Panama pour les
barrages en projet, à savoir la construction de canaux de frai et l’aquaculture, sont inadéquates pour
atténuer complètement leurs impacts négatifs éventuels. L’UICN note que peu de canaux de frai, voire
aucun, destinés aux espèces migratrices tropicales de poissons et de crevettes ont réussi à être mis en
œuvre et que leur élaboration est compliquée par la grande variété de taille et la saison de migration
que privilégient les espèces affectées. De plus, l’UICN considère que l’aquaculture n’est pas une
stratégie d’atténuation appropriée car elle ne préserve pas la fonction de couloir fluvial et on ne sait pas
grand chose sur les cycles de vie des espèces concernées. Le développement de l’aquaculture
nécessiterait, selon l’UICN, plusieurs projets de recherche de quelques années avant la construction
d’un barrage. Bien que le rapport de l’État partie suggère qu’une atténuation au niveau régional pourrait
être possible, c’est-à-dire réduire les dégâts causés aux rivières Changuinola et Bonyic en protégeant
les autres cours d’eau, à savoir le Teribe, cela ne constitue pas selon l’UICN une mesure d’atténuation
car ces rivières, qui sont à l’intérieur du bien, bénéficient déjà d’une bonne protection.
ii. Les effets secondaires et cumulatifs potentiels des barrages sur les valeurs et l’intégrité du bien :
l’UICN pense qu’il est fort probable que les effets des barrages aillent au-delà de la perte des espèces
et se traduisent par de graves impacts secondaires sur la biodiversité à l’intérieur du bien. L’UICN note
que la construction du barrage CHAN 75, en particulier, entraînerait la perte des espèces de poissons
et de crevettes les plus abondantes et répandues sur 500 kilomètres de voies d’eau, ce qui affecterait
donc presque sûrement les oiseaux de proie, les reptiles et les mammifères. En outre, la construction
des barrages pourrait faciliter l’accessibilité au parc et aboutir potentiellement à la recrudescence
d’empiètements, de braconnage et d’abattage de bois illégal. Enfin, les impacts du barrage en amont
affecteraient aussi les écosystèmes en aval, du fait que la migration périodique en amont de larves de
poissons et de crevettes, serait réduite, avec la réduction concomitante du volume de nourriture à la
disposition des prédateurs.
iii. Le besoin urgent d’entreprendre une Évaluation environnementale stratégique transfrontalière de
tous les projets de barrage affectant le bien : l’UICN et le Centre du patrimoine mondial demandent
instamment à l’État partie de Panama et à l’État partie de Costa Rica de mesurer l’impact collectif de
tous les barrages proposés sur les valeurs et l’intégrité du bien à travers une Évaluation
environnementale stratégique (EES) transfrontalière, incluant une évaluation exhaustive des options,
pour trouver les solutions les moins dommageables sur le plan environnemental pour leurs besoins
énergétiques et de gestion des ressources en eau. De plus, le Gouvernement de Panama est fortement
encouragé à suivre les recommandations de la Commission mondiale des Barrages pour ce qui est de
la planification et de la construction de barrages (consultable sur le site :
http://www.unep.org/dams/WCD/report/WCD_DAMS%20report.pdf).
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN concluent qu’il sera probablement extrêmement difficile, voire
impossible, d’atténuer de façon satisfaisante la perte d’habitat et les effets de la fragmentation des
barrages en projet sur l’écosystème d’eau douce du bien, et que les effets secondaires et cumulatifs
possibles de l’élimination de 16 espèces aquatiques migratrices sur plusieurs portions du bien risquent
d’affecter de façon significative les populations d’oiseaux et de mammifères prédateurs. Jusqu’à ce que
l’État partie de Panama recherche des alternatives aux quatre barrages proposés à travers un
processus d’Évaluation environnementale stratégique transfrontalière détaillée, le Centre du patrimoine
mondial et l’UICN recommandent d’interrompre toute construction de barrage afin de sauvegarder les
valeurs et l’intégrité du bien.
La perte potentielle des principales espèces migratrices de poissons et de crevettes de 70 % des rivières
du bien pose un danger potentiel pour la valeur universelle exceptionnelle et l’intégrité du bien, selon le
paragraphe 180 des Orientations. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN recommandent que le
Comité patrimoine mondial envisage d’inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril à sa
35e session en 2011, en l’absence de progrès substantiel pour réaliser une Évaluation
environnementale stratégique transfrontalière détaillée des différents projets de barrage qui affectent le
bien. Le rapport conjoint qui doit être soumis par les États parties de Panama et de Costa Rica à la 35e
session du Comité du patrimoine mondial en 2011 devrait donner une possibilité d’évaluer les
conclusions d’une EES transfrontalière définitive concernant la sélection des sites de barrage.
b) Autres problèmes de conservation préoccupants – Projets de barrages supplémentaires à l’intérieur
du bien
L’UICN a reçu des informations indiquant que huit autres barrages sont proposés sur le versant
Atlantique de La Amistad, ainsi qu’un grand ouvrage et plusieurs barrages de moindre envergure sur le
versant Pacifique du bien. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN estiment que ces barrages
devraient aussi être évalués dans le cadre d’une Évaluation environnementale stratégique
transfrontalière.
c) Autres problèmes de conservation préoccupants - Projet de construction d’une route traversant le
bien du nord de Boquete à la province de Bocas del Toro
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN sont sérieusement inquiets à la lecture des rapports indiquant
que l’État partie de Panama prévoit la construction d’une route allant du nord de Boquete à la province
de Bocas del Toro, parallèlement à un développement touristique intensif, et notent que ce projet figure
dans le Plan stratégique du Gouvernement de Panama pour 2010-2016. Ils considèrent que cette route,
si elle est construite, dégraderait sérieusement la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Conformément au paragraphe 172 des Orientations, l’État partie doit informer le Comité du patrimoine
mondial de ces plans afin que des solutions appropriées puissent être identifiées.
d) Autres problèmes de conservation préoccupants – présence de bétail à l’intérieur du bien
La décision 32 COM 7B.35 (Québec, 2008) demandait à l’État partie de Panama de s’occuper du
problème du bétail à l’intérieur du bien. La décision 33 COM 7B.35 (Séville, 2009) a noté avec inquiétude
qu’il manquait dans le rapport d’état de conservation de l’État partie de Panama les renseignements
suffisants pour considérer cela comme une réponse à la décision 32 COM 7B.35. Aucun complément
d’information n’a été fourni depuis lors à ce sujet. Il n’y a toujours aucune raison de croire que cette
question est en cours d’examen. Dans ces conditions, l’apparente inaction au nom de l’État partie pour
régler le problème du retrait du bétail du bien demeure une source d’inquiétude croissante.
Analyse et conclusions du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN
Néant
Décision adoptée: 34 COM 7B.32
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7B,
2. Rappelant la décision 33 COM 7B.35, adoptée à sa 32e session (Séville, 2009),
3. Note avec la plus grande inquiétude que les barrages actuellement en construction sur les rivières
Changuinola et Bonyic risquent fort d'entraîner d'une part la perte directe de 16 espèces migratrices de
poissons et de crevettes, d'autre part d'avoir des effets négatifs secondaires potentiels sur la biodiversité
à l'intérieur du bien;
4. Considère que les mesures d'atténuation proposées pour préserver les couloirs de migration des
espèces affectées, à savoir les canaux de frai et l'aquaculture, sont inadéquates pour atténuer
effectivement les impacts des barrages proposés;
5. Demande au Gouvernement de Panama et au Gouvernement de Costa Rica d'examiner l'impact
collectif de tous les barrages proposés, y compris ceux en construction, qui risquent d'affecter la valeur
universelle exceptionnelle et les conditions d'intégrité du bien à travers une Évaluation
environnementale stratégique (EES) transfrontalière afin d'identifier les options les moins
dommageables sur le plan environnemental pour satisfaire les besoins énergétiques et la gestion de
l'eau;
6. Demande également à l'Etat partie de Panama d'interrompre toute construction de barrage jusqu'à
ce qu'une Évaluation environnementale stratégique transfrontalière détaillée soit entreprise afin de
sauvegarder les valeurs et l'intégrité du bien;
7. Note aussi avec inquiétude l'intention de l'Etat partie de Panama de construire une route traversant
le bien du nord de Boquete à la province de Bocas del Toro, ce qui dégraderait sérieusement son
intégrité, et demande en outre à l'Etat partie de soumettre toutes les évaluations environnementales
préliminaires au Centre du patrimoine mondial dès qu'elles seront disponibles;
8. Réitère sa demande à l'Etat partie d'adopter des mesures pour assurer le retrait complet du bétail du
bien;
9. Rappelle sa demande aux Gouvernements de Panama et de Costa Rica de soumettre au Centre du
patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2011, un rapport conjoint sur l'Etat de conservation du bien, et
demande en outre que ce rapport fasse le point sur les progrès accomplis dans la réalisation d'une
Évaluation environnementale stratégique transfrontalière du barrage, pour examen par le Comité du
patrimoine mondial à sa 35e session en 2011, afin d'envisager, en l'absence de progrès substantiel,
l'inscription possible du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Téléchargement