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AES Changuinola de créer une unité de gestion environnementale pour contrôler les impacts du
barrage, entreprendre d’autres études biologiques et envisager de modéliser leurs effets éventuels.
L’État partie estime que les canaux de frai artificiels ne sont pas nécessairement une mesure
d’atténuation viable pour le barrage CHAN 75, actuellement en construction, et signale qu’il a
demandé à AES Changuinola de continuer à faire des recherches en aquaculture pour que les
deux mesures d’atténuation puissent s’appliquer à brève échéance. L’État partie expose aussi en
détail la législation autorisant le Gouvernement de Panama à demander des mesures d’atténuation
supplémentaires pour les projets d’infrastructure ou paiement d’ordre/dédommagement pour les
dommages environnementaux.
2. Barrage de Bonyic (rivière Bonyic) : L’État partie note que les mesures d’atténuation proposées par
Teribe Hydroecological S.A. pour le projet de Bonyic se reflètent dans leur plan d’entreprise.
Toutefois, ces engagements généraux mentionnent simplement que l’entreprise en question
appliquera des mesures d’atténuation, fera des analyses écologiques et construira une station de
recherche pour surveiller et étudier les poissons dans la région.
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Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN considèrent que le rapport succinct soumis par le
Gouvernement de Panama ne répond pas complètement aux demandes répétées du Comité de
soumettre un rapport technique détaillé sur les mesures envisagées pour atténuer les impacts sérieux
risquant de provenir des quatre barrages proposés sur les valeurs et l’intégrité du bien (conformément
à la décision 33 COM 7B.35). Ils rappellent que les cycles de vie des espèces de poissons et de
crevettes concernées sont tributaires de leur capacité à migrer entre les rivières à l’intérieur du bien et
la mer, et notent que les barrages vont créer une barrière de migration qui, faute de mesures
d’atténuation effectives, risque fort d’entraîner la perte de 16 espèces de poissons et de crevettes de la
plupart des voies d’eau du bien.
i. Adéquation des mesures d’atténuation proposées par l’État partie : l’UICN et le Centre du patrimoine
mondial considèrent que les mesures d’atténuation proposées par l’État partie de Panama pour les
barrages en projet, à savoir la construction de canaux de frai et l’aquaculture, sont inadéquates pour
atténuer complètement leurs impacts négatifs éventuels. L’UICN note que peu de canaux de frai, voire
aucun, destinés aux espèces migratrices tropicales de poissons et de crevettes ont réussi à être mis en
œuvre et que leur élaboration est compliquée par la grande variété de taille et la saison de migration
que privilégient les espèces affectées. De plus, l’UICN considère que l’aquaculture n’est pas une
stratégie d’atténuation appropriée car elle ne préserve pas la fonction de couloir fluvial et on ne sait pas
grand chose sur les cycles de vie des espèces concernées. Le développement de l’aquaculture
nécessiterait, selon l’UICN, plusieurs projets de recherche de quelques années avant la construction
d’un barrage. Bien que le rapport de l’État partie suggère qu’une atténuation au niveau régional pourrait
être possible, c’est-à-dire réduire les dégâts causés aux rivières Changuinola et Bonyic en protégeant
les autres cours d’eau, à savoir le Teribe, cela ne constitue pas selon l’UICN une mesure d’atténuation
car ces rivières, qui sont à l’intérieur du bien, bénéficient déjà d’une bonne protection.
ii. Les effets secondaires et cumulatifs potentiels des barrages sur les valeurs et l’intégrité du bien :
l’UICN pense qu’il est fort probable que les effets des barrages aillent au-delà de la perte des espèces
et se traduisent par de graves impacts secondaires sur la biodiversité à l’intérieur du bien. L’UICN note
que la construction du barrage CHAN 75, en particulier, entraînerait la perte des espèces de poissons
et de crevettes les plus abondantes et répandues sur 500 kilomètres de voies d’eau, ce qui affecterait
donc presque sûrement les oiseaux de proie, les reptiles et les mammifères. En outre, la construction
des barrages pourrait faciliter l’accessibilité au parc et aboutir potentiellement à la recrudescence
d’empiètements, de braconnage et d’abattage de bois illégal. Enfin, les impacts du barrage en amont
affecteraient aussi les écosystèmes en aval, du fait que la migration périodique en amont de larves de
poissons et de crevettes, serait réduite, avec la réduction concomitante du volume de nourriture à la
disposition des prédateurs.
iii. Le besoin urgent d’entreprendre une Évaluation environnementale stratégique transfrontalière de
tous les projets de barrage affectant le bien : l’UICN et le Centre du patrimoine mondial demandent
instamment à l’État partie de Panama et à l’État partie de Costa Rica de mesurer l’impact collectif de
tous les barrages proposés sur les valeurs et l’intégrité du bien à travers une Évaluation
environnementale stratégique (EES) transfrontalière, incluant une évaluation exhaustive des options,
pour trouver les solutions les moins dommageables sur le plan environnemental pour leurs besoins
énergétiques et de gestion des ressources en eau. De plus, le Gouvernement de Panama est fortement
encouragé à suivre les recommandations de la Commission mondiale des Barrages pour ce qui est de
la planification et de la construction de barrages (consultable sur le site :
http://www.unep.org/dams/WCD/report/WCD_DAMS%20report.pdf).