Critère (vii) : Le monument naturel proposé s'inaugure par la Montagne Pelée qui, par ses velours verdoyants
domine la rade de la ville de Saint-Pierre et bénéficie d’une charge historique particulière liée à sa réputation de
volcan actif. Ce relief comprend des lignes de force paysagère remarquables. Cette splendeur de départ se prolonge
par celle des Pitons du Carbet qui s'élancent d'un singulier ensemble au-dessus des touffeurs forestières. À l'autre
bout, au sud, le continuum s'achève avec les formes très suggestives du morne Larcher (« La femme couchée »),
parachevées à quelques encablures du rivage, par un autre témoin spectaculaire du volcanisme explosif que
constitue le Rocher du Diamant. Ce dernier représente une curiosité géologique, chargée d'histoires, peuplée de
légendes, qui confère à la rade de la commune du Diamant la touche d'une esthétique indiscutable.
Critère (viii) : Scindée en deux parties par le graben du Lamentin, la chaîne volcanique de la côte Caraïbe du
continuum proposé à l’inscription présente un ensemble d’appareils volcaniques bien individualisés regroupant des
stratovolcans qui s’imposent par la qualité paysagère remarquable de leur relief mais elle comporte également au
niveau de la Presqu’île du sud-ouest, un écrin de petits volcans aux dynamismes éruptifs variés.
Ces massifs illustrent parfaitement tous les aspects du volcanisme associé à cette zone de subduction paradoxale,
matérialisée par la marge active de la Caraïbe, au milieu d’une marge passive qui s’étire sur presque un demi-tour du
globe, le long des côtes américaines.
Le continuum proposé présente une mosaïque de formes telluriques, une compacité et une délimitation naturelle de
l’ensemble, des appareils individualisés et des alignements de volcans, une lisibilité des structures géologiques, une
accessibilité des sites, une intégrité des objets géologiques, une grande variété de roches magmatiques, différents
modèles de fonctionnement de chambres.
Par ailleurs, la Montagne Pelée, à cause de l’éruption du 8 mai 1902 jouit d’une notoriété scientifique internationale et
de l’existence d’une recherche scientifique actualisée. Elle est un lieu fondateur dans l’émergence de la volcanologie
moderne et de la surveillance volcanique.
Critère (ix) : La végétation comprend un nombre très important d'espèces endémiques dans les formations
végétales, essentiellement forestières, des zones submontagnardes, montagnardes et altitudinales. Une espèce
arborée sur deux est endémique des Petites Antilles dans ces étages de végétation. Ce processus d'isolement des
populations, renforcé par l'histoire géologique particulière de la Martinique, a sans doute favorisé la spéciation et
l'apparition de nombreuses espèces endémiques dans l’île. Les genres d'arbres forestiers (Sloanea, Eugenia,
Miconia), riches en espèces endémiques sont de bons exemples de radiation évolutive à partir d’espèces ancestrales
originaires du nord de l'Amérique du Sud ou des Grandes Antilles.
Le monument naturel proposé constitue incontestablement un laboratoire de première importance pour comprendre
les phénomènes d’évolution des espèces, de spéciation géographique et d’endémisme. Les coeurs de sites
constituent également, dans certaines de leurs parties, un remarquable laboratoire pour l’étude de la dynamique
successionnelle de la forêt des Petites Antilles. Il offre en effet un formidable processus d’expérimentation naturelle
qui exige un travail scientifique d’envergure.
Critère (x) : Le continuum volcanique et forestier proposé accueille tous les étages de végétation et tous les types
forestiers propres à la Martinique et aux Petites Antilles centrales montagneuses.
Ces espaces se caractérisent par leur richesse biologique et par la qualité des écosystèmes forestiers qu’ils
hébergent. Beaucoup d’entre eux, déjà protégés naturellement par des conditions de terrain extrêmement hostiles,
sont des candidats idéaux pour une conservation optimale à long terme in situ. Certains, quasi inaccessibles, sont
indiscutablement primitifs, comme tout le fond de la vallée de la Grande Rivière, les pentes, crêtes, vallées et ravines
autour du Pain de Sucre, ainsi que l’espace et le plateau compris entre le Pain de Sucre et la rivière des Gommiers.
D’autres, depuis le passé le plus ancien restés éloignés de toute zone habitée, et desservis par de rares traces
(chemins) de chasseurs aujourd’hui abandonnées et effacées par la reprise de la végétation, sont constitués de
forêts hygrophiles anciennes ayant été peu modifiées et globalement subclimaciques.
La potentialité originelle de la végétation de l’île est essentiellement forestière : en effet, tous les espaces
primitivement boisés ouverts soit par l'Homme, soit par des catastrophes naturelles, sont rapidement reconquis par la
forêt (même dans les secteurs les plus secs comme la Pointe Caracoli sur la Presqu’île de la Caravelle), dès lors
qu'aucune intervention humaine n’ait été constatée sur une durée suffisante. En outre, un nombre notable de ces
espaces forestiers, lorsqu'ils sont très difficilement accessibles, ou très éloignés, ou très fortement accidentés se sont
maintenus à un stade au moins subterminal (très proche du climax) ou au moins dans un stade secondaire avancé.