Un début de progression grammaticale en classe de 6ème

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Un début de progression grammaticale en classe de 6ème
Ces leçons de grammaire ont été réalisées par Madame Anne GUERPILLON,
agrégée de Lettres Modernes, pour ses élèves de 6ème du Collège Mignet à Aix-
en-Provence (13)
L’inscription dans une progression grammaticale
Le travail proposé ici s’inscrit dans une progression grammaticale annuelle construite sur le principe
suivant : observer les mécanismes de la phrase dans son ensemble d’abord puis analyser progressivement
chacun des groupes-constituants de la phrase pour enfin observer ce qui se passe à l’intérieur de ces
groupes et essentiellement en classe de 6ème ce qui se passe à l’intérieur d’un groupe nominal. Il s’agit de
proposer aux élèves un véritable « parcours grammatical », la ligne d’arrivée se situant en fin d’année. On
peut choisir la métaphore du zoom photographique ou la métaphore cinématographique du passage du
plan d’ensemble au plan rapproché ou gros plan pour expliquer aux élèves la démarche retenue pour
l’étude de la grammaire tout au long de l’année. Il est important que les élèves comprennent et maîtrisent
le principe retenu pour cette progression annuelle afin d’ « acquérir une conscience des faits de langue »
(B.O. spécial n°6 du 28 août 2008, p.1).On réutilisera ainsi de façon régulière les métaphores retenues en
début de progression, celle du parcours et celle du zoom par exemple, pour inviter les élèves à se
demander en particulier au moment d’aborder les grands virages de ce parcours: en sommes-nous de
notre parcours? Sur quel objet notre zoom est-il réglé ? Sur quel nouvel objet peut-on désormais le
régler ? La phrase ? Les groupes de la phrase ? Les groupes compléments ? Les compléments essentiels ?
Les compléments non essentiels ? Les groupes nominaux?
La constitution des corpus
Dans la constitution des différents corpus qui serviront d’appui à la progression, il a été ici décidé de ne
pas chercher à simplifier à l’excès les phrases d’observation de manière à rester le plus près possible des
situations réelles de lecture et d’écriture auxquelles les élèves sont confrontés. C’est ainsi que les corpus
contiennent par exemple des phrases simples mais aussi des phrases complexes même si le programme de
6ème ne prévoit qu’une « initiation » (B.O., p. 4) à la phrase complexe. Sans entrer en classe de 6ème dans
le détail de l’identification et du fonctionnement des différentes propositions subordonnées, il est
toutefois nécessaire que la proposition subordonnée soit repérée à l’aide d’1 ou 2 critères simplifiés dans
le cadre de l’étude des groupes qui constituent une phrase. Il s’agit ici de mettre en place dès la 6ème ce
qui permettra ensuite d’identifier le proposition subordonnée complétive comme constituant un Groupe
Complément essentiel, la proposition subordonnée circonstancielle comme constituant un groupe
complément non essentiel et la proposition subordonnée relative comme appartenant le plus souvent à un
Groupe nominal. On essaie ainsi de concilier le respect des programmes par niveau tout en préparant la
continuité des apprentissages grammaticaux et des méthodes d’apprentissage d’un niveau à l’autre.
Les notions du programme construites dans le travail présenté
Seules les premières leçons de grammaire de la phrase sont présentées ici :
une leçon initiale qui permet de mettre en place quelques prérequis au bon déroulement du
parcours. Cette leçon ne propose ni d’approfondir les notions grammaticales qui seront évoquées,
ni d’apporter une connaissance maîtrisée des outils grammaticaux qui seront utilisés : il s’agit, par
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l’observation d’un corpus de phrases fabriqué de manière à contenir tous les faits grammaticaux dont
nous avons ou aurons besoin, d’amener les élèves sur la ligne d’arrivée de manière à les mettre en
situation de prendre le départ.
Les groupes dans la phrase verbale : comment les délimiter ? (leçon 2)
La fonction des groupes dans la phrase verbale :
- le groupe sujet (leçon 3)
- le ou les groupes compléments (leçon 4)
- les pronoms personnels et leurs fonctions » (B.O. p.5) : la pronominalisation étant un critère
essentiel pour la délimitation des groupes et pour la différenciation entre complément essentiel et non
essentiel, un temps particulier doit être réservé aux pronoms dans ce début de progression.
- les compléments non essentiels (C.N.E) (pistes pour leçon 5)
- les compléments essentiels (C.E) (pistes pour leçon 6)
Des notions en construction
Au cours de ces différentes leçons, nous serons amenés à aborder d’autres notions grammaticales au
programme de la classe de 6ème qui se construiront et se complexifieront « au fur et à mesure que la
connaissance du verbe sera approfondie » (B.O. p. 4) comme celles concernant
« l’initiation à la phrase complexe » (B.O. p. 4) : cette notion sera évoquée dès la leçon initiale
pour apprendre à identifier le verbe noyau principal et à le différencier des verbes noyaux
secondaires contenus dans des propositions subordonnées.
« les classes de mots » (B.O. p. 4), par exemple
- le verbe : 1ère approche dans la leçon initiale : verbe conjugué/non conjugué // temps simple/
temps composé // verbe noyau principal/verbe noyau secondaire // accord G.S. + verbe dans la leçon
sur le Groupe sujet)
- le nom et ses déterminants : dès la leçon sur le G.S., les élèves observent très vite,de manière
intuitive, que le G.S. est le plus souvent un groupe nominal. Il serait alors artificiel de ne pas vouloir
les entendre sous le seul prétexte que la nature des groupes n’est pas l’objet de notre début de
progression. Il convient alors d’aborder les déterminants et les noms noyaux des Groupes sujets. Ces
notions seront travaillées de manière plus approfondie lorsque nous aborderons la leçon sur le Groupe
Nominal en fin de parcours et en gros plan.
la phrase affirmative/ la phrase gative : pour entourer le verbe noyau principal, nous aurons
besoin de faire observer le fonctionnement de la négation à 2 éléments en français de manière à
entourer les éléments de la négation avec le verbe noyau principal.
L’inscription du travail dans les séquences
Quelques entrées du programme d’orthographe ou de l’étude du lexique pourront avec bénéfice être
menées en parallèle avec la leçon de grammaire : l’accord sujet/verbe, les accords dans le groupe nominal
en même temps que la leçon sur le G.N., l’accord sujet/attribut en même temps que l’étude des
compléments essentiels, les reprises et substituts du nom en parallèle avec la pronominalisation des
groupes ... (B.O. p. 5)
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Les leçons de grammaire qui suivent se déroulent au long de plusieurs séquences consacrées au conte
merveilleux de la construction d’un modèle à la parodie de celui-ci. C’est pourquoi les corpus de phrases
s’appuient sur un groupement de différents contes étudiés pour dégager les caractéristiques
conventionnelles de la situation initiale d’un conte merveilleux (annexe 1) ou sur des contes étudiés en
lecture d’oeuvre intégrale, Les trois plumes de Grimm (édition Folio junior), pour construire la notion de
modèle, Sept contes de M. Tournier (édition Folio junior) et un groupement de contes parodiques
(Dahl, Friot...) pour analyser les procédés de la parodie et de déconstruction du modèle).
Il convient de rappeler que les leçons de grammaire « peuvent n’être pas étroitement articulées aux autres
composantes de l’enseignement du français » (B.O. p.1). De multiples liens peuvent néanmoins s’établir
entre les leçons sur les groupes dans la phrase proposées ici et les séquences sur le conte. C’est ainsi par
exemple que l’approche du schéma actanciel dans le conte ou plus simplement la construction d’une
typologie des personnages du conte ou une analyse des forces en présence peuvent aisément se nourrir
des apports de l’analyse grammaticale sur les groupes dans la phrase menée en parallèle.
Matériel pour la grammaire : Des codes couleurs étant utilisés tout au long des séances de grammaire,
il est indispensable que les élèves disposent pour chacun des cours d’un ou de plusieurs stylos qui
leur permettent d’écrire en rouge, en noir, en vert et en bleu. Une règle est également nécessaire.
Annexe1
La situation initiale / corpus de textes
Texte 1 : Le Petit Poucet
Il était une fois un Bûcheron et une Bûcheronne, qui avaient sept enfants, tous Garçons. ( ... )
Ils étaient fort pauvres, et leurs sept enfants les incommodaient beaucoup, parce qu’aucun d’eux ne pouvait
encore gagner sa vie. Ce qui les chagrinait encore, c’est que le plus jeune était fort délicat, et ne disait mot, prenant
pour bêtise ce qui était une marque de bonté dans son esprit. Il était fort petit, et quand il vint au monde, il n’était
guère plus gros que le pouce, ce qui fit que l’on l’appela le Petit Poucet.
Ce pauvre enfant était le souffre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours le tort. Cependant il était
le plus fin, et le plus avisé de tous ses frères, et s’il parlait peu, il écoutait beaucoup.
Il vint une année très fâcheuse et la famine fut si grande, que ces pauvres gens résolurent de se défaire de
leurs enfants.
Un soir que ces enfants étaient couchés, et que le Bûcheron était auprès du feu avec sa femme, il lui dit, le
coeur serré de douleur: « Tu vois bien que nous ne pouvons plus nourrir nos enfants: je ne saurais les voir mourir
de faim devant mes yeux, et je suis résolu de les mener perdre demain au bois. ( ... ) —Ah! s’écria la Bûcheronne,
pourrais-tu bien toi-même mener perdre tes enfants!» Cependant ayant considéré quelle douleur ce lui serait de les
voir mourir de faim, elle y consentit, et alla se coucher en pleurant.
Le Petit Poucet ouït tout ce qu’ils dirent, car (...) il s’était glissé sous l’escabelle de son père pour les
écouter sans être vu. Il alla se recoucher et ne dormit point le reste de la nuit, songeant à ce qu’il avait à faire.
Charles Perrault, Contes de ma Mère /‘Oye, 1697.
Texte 2 : Jeannot et Margot
A l’orée d’un grand bois habitait un pauvre bûcheron avec sa femme et ses deux enfants. Le petit garçon se
nommait Jeannot, la petite fille Margot. Il avait peu de choses à se mettre sous la dent, et une fois qu’une grande
disette s’était abattue sur le pays, il ne put pas même se procurer le pain quotidien. Un soir qu’il se tracassait et que
les soucis le faisaient se retourner dans son lit, il soupira et dit à sa femme:
« Q’allons-nous devenir? Comment pourrons-nous nourrir nos pauvres enfants? ( ... ) J’ai une idée,
homme, répondit la femme, demain, de bon matin nous conduirons les enfants d:ans le bois ( ... ), nous donnerons
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encore un petit bout de pain à chacun, puis nous irons à l’ouvrage et nous les laisserons seuls. Ils ne retrouveront
pas le chemin de la maison et nous en serons débarrassés. ( ... )
Les deux enfants avaient tellement faim qu’ils n’avaient pas pu s’endormir non plus et ils avaient entendu
ce que la marâtre avait dit à leur père. Margot versa des larmes amères et dit à Jeannot: « Maintenant, c’en est fait
de nous. - Chut, Margot, dit Jeannot, ne te tourmente pas, je nous tirerai bien d’affaire. »
Les frères Grimm, Contes, 1812.
Texte 3: L’orphelin
Dans un village de l’ouest de la grande presqu’île vivait un petit garçon qui n’avait plus ni mère ni père.
Les gens du village, qui avaient le coeur dur, ne lui permettaient même pas d’entrer chez eux. Il était donc obligé de
dormir avec les chiens dans le chenil bâti près d’une maison. ( ... ) Parfois on lui jetait un petit morceau de viande,
comme aux chiens.
Autant que les adultes, les enfants du village étaient cruels avec lui. S’il se mêlait à leurs jeux, les enfants le
jetaient à terre et le battaient. Et il restait faible, chétif et timide.
En grandissant, l’orphelin chercha naturellement la solitude, Une vieille femme, la seule habitante du
village qui avait un peu pitié de lui, lui avait donné des conseils.
Un jour qu’il était seul, loin du village, il s’écria comme le lui avait conseillé la vieille femme: « Toi qui es
fort, viens à mon secours! »
Ré et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses de cinq continents, conte du Groënland, 1975.
Texte 4 : La reconnaissance
Isolé, pauvre, triste, un jeune paysan des montagnes décida qu’il devait changer de vie. Un voyageur, un
jour, lui parla de la beauté de la fille d’un roi, et il pensa aussitôt que le mieux pour lui serait de l’épouser. Il se mit
donc en route pour se rendre à la cour.
Après avoir marché pendant quelques jours, il arriva un matin dans un village qui était situé au bord d’un
fleuve. Il vit sur la place des gens qui criaient, et gesticulaient. Il s’approcha pour voir quelle était la cause de cette
excitation.
Ré et Philippe Soupault, Histoires merveilleuses de cinq continents, conte des Philippines, 1975.
Texte 5 : La cuiller sale
Binta l’orpheline vivait dans la maison paternelle où la deuxième femme de son père ne lui épargnait ni les
grands travaux, ni les vexations, ni les cris, ni les coups.( ... )Binta allait chercher le bois mort, puisait l’eau, pilait
le mil, lavait le linge et faisait la cuisine. ( ... )
Lasse, vraiment lasse à la fin de cette journée-là, Binta avait oublié parmi les nombreux ustensiles et
calebasses qu’elle avait à récurer après chaque repas, de laver une petite cuiller en bois, une toute petite kôk
Lorsque la femme de son père s’en aperçut, elle entra dans une colère terrible. Criant, hurlant, elle se mit à battre
une fois de plus la petite fille. Fatiguée de la rouer de coups, elle lui dit:
Tu iras laver cette cuiller à la Mer de Danyane.
Birago Diop, Nouveaux contes d’Amadou Koumba,1961.
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Leçon initiale : la phrase
Corpus d’appui :
1
La jeune fille sursauta en voyant que
ce n’était pas son petit faon qui était
entré.
«
Frérot et soeurette »
, Les frères
Grimm
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Porte fermée pour cause de chagrin
d’amour.
«
Pierrot ou les secrets de la nuit »,
Michel Tournier
3
Quand il vint au monde, il n’était
guère plus gros que le pouce.
« Le petit poucet »
, Charles Perrault
4
Quel bonheur pour toutes les trois !
«
L’oiseau d’ourdi »,
Les frères
Grimm
5
Binta allait chercher le bois mort
«
La cuiller sale
», Birago Diop
6
Isolé, pauvre, triste, un jeune paysan
des montagnes décida qu’il devait
changer de vie.
«
La reconnaissance »
Ré et
Philippe Soupault
7
Il se mit en route pour se rendre à la
cour.
«
La reconnaissance »
Ré et
Philippe Soupault
8
Il arriva dans un village qui était
situé au bord du fleuve.
«
La reconnaissance »
Ré et
Philippe Soupault
9
Le petit poucet.
«
Le petit poucet
», Charles
(Perrault)
10
Quand elle s’aperçut que le prince
l’observait, la jeune fille rougit de
plus en plus.
«
Fuseau, navette et aiguille »
, Les
frères Grimm
11
En grandissant, l’orphelin chercha
naturellement la solitude.
«
L’orphelin
», Ré et Philippe
Soupault
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en avant la musique !
« Histoire d’un qui s’en alla pour
apprendre le tremblement »,
Les
frères Grimm
13
Il avait peu de choses à se mettre
sous la dent.
«
Jeannot et Margot »
, Les frères
Grimm
14
Quel dommage !
« Histoire d’un qui s’en alla pour
apprendre le tremblement »
, Les
frères Grimm
15
Les trois plumes.
«
Les trois plumes »
Les frères
Grimm
1 / 41 100%

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