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Réunion conjointe de Be-cause health
GT MCNT, GT Médicaments, GT RDC
2 octobre 2014
10h @ CTB, Salle Abaya, Rue Haute 147, 1000 Bruxelles
Présents : Hilde Buttiens (MSV), Marilys Corbex (ITG), Christian Darras (Memisa), Pierre Daveloose (AEFJN),
Tine Demeulenaere (Damiaanactie), Guido d’Hollander (Mémisa), Alice Gentile (Rotary Clubs for
Development), Mimi Gerniers (ex. coopérante), Karel Gyselinck (CTB), Christian Ibalayam (étudiant ESPULB), Yves Kluyskens (CIFG/Memisa/AZV), Marc Lontie (LUMOS-OGAAL/Memisa), Christophe Luyckx
(QUAMED), Jessica Martini (ESP-ULB), Flore Mbilé (Ambassade de RDC en Belgique), Francis Monet (ex.
DGD, volontaire IMT), Ndudi Phasi (Benelux Afro Center), Rama Ramahatafandry (ex. coopérarante), Jef Totté
(LUMOS-OGAAL), Daniel Vandenbergh (Aedes)
Excusés : Jean Dandois (Action Damien), Christian De Clippele (Louvain Coopération), Paul De Munck (RTC),
Philippe Goyens, Raoul Rottiers (UZ Gent/ MSV-AZV), Kristien Van Acker (IDF), Stefaan Van Bastelaere
(CTB), Patrick Van Damme (UGent), Raymond Wouters (UZ Leuven / MSV-AZV),
Rapporteurs : Marilys Corbex, Jessica Martini
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Objectifs de la réunion ........................................................................................................ 1
La transmission épidémiologique et la pandémie des maladies non transmissibles ........... 1
L’accès aux médicaments. Le cas du diabète en RDC ....................................................... 2
La situation des médicaments en RDC ............................................................................... 3
Comment continuer la réflexion ? Quelles actions possibles ? ........................................... 5
1. Objectifs de la réunion
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La réunion a été initiée par le GT maladies chroniques non transmissibles, car plusieurs
des membres travaillent en RDC à la prise en charge du diabète et de l’hypertension et
rencontrent plusieurs difficultés avec la qualité et l’accessibilité des médicaments.
L’idée de la réunion est de lancer une réflexion commune sur l’accès aux médicaments
pour les maladies chroniques non transmissibles et de partager les expériences avec
d’autres acteurs actifs dans ce domaine ou en RDC, dans le but d’identifier quelles actions
seraient possibles pour améliorer la situation encore très problématique en RDC.
2. La transmission épidémiologique et la pandémie des maladies non transmissibles
Présentation par Yves Kluyskens
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L’espérance de vie mondiale augmente, elle est passée de 46 ans en 1950 à 71 en 2013.
Elle reste à 50 and en RDC.
Depuis 2012, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des villes. En Afrique et
en Asie, l'urbanisation est galopante (40% de la population vit aujourd’hui dans les villes).
Au Congo, 30% de la population vit dans les villes.
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Il y a 53 millions de décès dans le monde chaque année, dont environ 34 millions sont liés
aux maladies chroniques non transmissibles (80% de ces décès ont lieu dans les pays en
développement.
Au niveau mondial, les facteurs de risque principaux de ces décès sont l’hypertension
(12.8%), le tabagisme (8.7%), le diabète (5,8%).
En RDC, une étude a montré que la prévalence l'hypertension au-delà de 60 ans était de
30 à 40%, ce qui est un peu plus bas qu'en Europe.
Le diabète est un gros problème au Moyen Orient, en Chine, en Inde, et en Amérique du
Sud. Il y a 400 millions de diabétiques dans le monde, la plus grande augmentation des
cas est attendue en Afrique.
En RDC, on a très peu de chiffres mais la prévalence du diabète semble être autour de 5%
Les causes de la pandémie des maladies non transmissibles sont : le vieillissement de la
population, les changements d'alimentation, la pollution, le stress et le sédentarisme.
Les pays sont peu préparés : manque de formation des professionnels de santé, services de
santé peu équipés, faible disponibilité des médicaments, etc.
Commentaires / Questions
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Comment expliquer des prévalences très élevées au Moyen Orient ? Des études ont
montré l’impact des famines sur le développement du diabète des personnes nées durant
ces périodes : il y aurait un lien entre le faible poids des mères pendant la grossesse et le
développement du diabète de l’enfant à l’âge adulte (ça a été le cas aux Pays-Bas, en
Chine…).
3. L’accès aux médicaments pour les maladies non transmissibles dans les pays du Sud.
Le cas du diabète en RDC
Présentation par Jessica Martini
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La prévalence du diabète à Kinshasa est estimée à 12.1% et à 5% en milieu semi rural ; au
Kivu, elle est de 4% en milieu urbain et 1.7% en milieu rural.
Une politique existe au RDC : un programme diabète a été adopté mais sa mise en œuvre
reste difficile.
Problème d'accessibilité financière => Le prix d'une glycémie varie de 1$ à 5$, on atteint
1 à 3$ seulement dans le cadre de programmes subventionnés de l’extérieur. La
metformine varie de 1$ à 8$, l'insuline de 4 à 8$. Très peu de patients bénéficient en
réalité de l’insuline, notamment au Sud Kivu, où la prescription est compliquée (passe par
l'hôpital) et elle n'est pas toujours disponible à cause de rupture de stock fréquentes.
Se pose aussi un problème d'accessibilité géographique (un patient peut parcourir jusqu’à
6h de marche pour arriver à des structures de soins à Kikwit).
Il y a un problème de stigmatisation des patients, ceci même par leur famille. Elle est
motivée par des représentations particulières du diabète (associé au mauvais sort, au décès
précoce, à une chronicité peu accepté, et à des coûts élevés), souvent sous-estimées dans
les interventions de prévention et prise en charge.
Le diabète est une maladie qui reste peu connue et qui est diagnostiquée tardivement. Des
interventions sont mises en place par les partenaires extérieurs pour améliorer
l’information. Un centre d'éducation sur le diabète a été par exemple mis en place à
Kinshasa.
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L’approvisionnement en médicament reste compliqué, surtout au Sud Kivu où l’on
constate des problèmes de contrefaçons, de ruptures de stock, d’importation un peu au cas
par cas (d'Europe, des pays voisins, de Chine, Inde, Corée du Sud). La situation semble
moins problématique à Kinshasa et au Kikwit grâce à un travail en réseau et à un
approvisionnement auprès de partenaires extérieurs (ex. BDOM). La conservation de
l’insuline au domicile des patients reste problématique partout.
Commentaires / Questions
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Pour le financement de l’insuline, Novo Nordisk devrait avoir mis en place dans plusieurs
pays d'Afrique un programme de dons d’insuline pour les jeunes. A Kinshasa, un
programme similaire existe déjà financé par la Fédération Internationale du Diabète et
géré par Memise (Life for a child); les financements sont toutefois limités et il n’est pas
possible d’assurer l’insuline gratuite à tous les enfants qui en auraient besoin et à long
terme.
 Une piste à creuser : les possibilités de financement de l’insuline dans différentes régions
de la RDC à travers ces deux programmes.
 Aujourd’hui en RDC, toutes les structures ont l’obligatoire de s’approvisionner auprès des
Centrales de distribution des médicaments régionales (CDR). Au Kikwit et à Goma des
CDR existent et semblent bien fonctionner.
 A encourager l’approvisionnement auprès des CDR.
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Des antidiabétiques oraux (ADO) autres que la metformine sont aujourd’hui également
utilisés (par exemple, pour la glibenclamide, le Daonil ou Euglucon).
 Des médicaments moins chers et qui pourraient être plus utiles pour les patients Africains
restent toutefois peu disponibles. Emblématique est le cas de l'hydrochlorotiazide : quasi
introuvable en RDC et difficile à trouver dans les centrales de médicaments, il pourrait
être le 1er choix en Afrique pour la prise en charge de l’hypertension, car il est très bon
marché. Ce médicament n'est peut-être plus sur la liste des médicaments essentiels en
RDC. Si c'est le cas, il faudrait la réintroduire.
 Il faudrait vérifier la liste des médicaments essentiels.
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Le Fonds Mondial est en train de mettre en place un programme pour le financement des
médicaments essentiels, mais il est probablement destiné uniquement aux trois maladies et
aux maladies opportunistes.
Pour le problème de l'accessibilité financière, l’exemple de Madagascar est cité. Ici, 72%
de la population vit avec moins de 1$ par jour, alors que le pays est riche de ressources
naturelles (comme la RDC). La corruption pose problème, mais aussi la marchandisation
de la santé qui progresse rapidement suite aux accords de libre-échange. Les gens n'ont
pas les moyens et pour cela ils refusent même les dépistages gratuits. L'Etat devrait
subsidier fortement la santé.
4. La situation des médicaments en RDC
Présentation par Christophe Luyckx
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Deux sources d'information sur la RDC : 1/ Audit QUAMED de la RDC sur les sources
d'approvisionnement des médicaments ; 2/ Evaluation réalisée dans le cadre d'un
programme de la CTB.
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Marché pharmaceutique : en 2011, 956 milliards $. L’Afrique représente moins de 0.5%
de ce montant.
Pour 90% de la population mondiale, les médicaments sont payés "out of pocket". C'est la
2ème dépense pour un ménage pauvre après la nourriture.
Le marché de production des médicaments a beaucoup changé par rapport aux années
1990s. Aujourd'hui les médicaments sont produits principalement en Asie : l'Inde est le 1er
exportateur vers les pays en développement. Plus de 50% des prescriptions mondiales se
font en générique.
Selon l'OMS, 25% des médicaments pris dans des pays en développement sont de
mauvaise qualité. Selon les études, ce taux va jusqu'à 44% dans certains pays (comme la
RDC).
L'OMS a un programme qualité ("prequalified medicinal products") mais il ne concerne
que les médicaments pour le SIDA, le paludisme et la tuberculose. Pour les autres
maladies aucun système international "qualité" n'existe et l’OMS renonce à le faire à
cause des moyens énormes qui seraient nécessaires.
Un exemple de mauvaise fabrication de médicaments : au Pakistan, un médicament
prescrit pour des problèmes cardiaques a tué 120 patients, car il contenait une dose élevé
de produit antipaludique.
Qui est responsable de la qualité des médicaments ? Les Autorités de régulation dont le
mandat est de délivrer les autorisations de mise sur le marché, mais ces autorités en
Afrique n'ont pas les moyens humains et matériels pour réaliser leur mandat. Sur le
terrain, la responsabilité s'est souvent déplacée sur les centrales d'achat, à travers un
processus de pré-qualification commune. En RDC, elles ont un système de validation
assez avancé.
Les bailleurs de fonds internationaux contournent souvent les systèmes
d’approvisionnement nationaux en faveur de mécanismes parallèles propres. La
cartographie de l’ensemble des mécanismes existant dans un pays du Sud est souvent
étonnante.
Il est important de s’approvisionner auprès de structures qui ont des bonnes pratiques de
distribution et se référer à des structures qui ont des bonnes mécanismes de qualification.
Dans les pays, la plupart des sources locales de production des médicaments ne sont pas
bonnes, mais elles sont pourtant toujours favorisées par les autorités locales (pour aider
l'économie du pays) => En première intention, ce serait mieux de faire recours aux
importations.
QUAMED s'occupe de la qualité des sources de fabrication et de stockage central, mais
pas de la suite de la chaîne, qui peut aussi poser problème. Les moyens de QUAMED ne
permettent pas de s'occuper de toute la chaîne.
Commentaires / Questions
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Pour l’accès à l’insuline, il faudrait voir comment pallier les difficultés de conservation de
l’insuline dans le frigo. Il faut savoir que l'insuline a une certaine stabilité hors frigo. Cela
commence à être étudié. En RDC, il a été conseillé au malade de mettre le flacon sous le
lit dans un bol d'eau et des qu'il y a un dépôt au fond du flacon, de ne plus l'utiliser. Pour
les structures de soins, une option pourrait également être de conserver l’insuline dans les
frigos destinés aux vaccinations, mais dans ce cas il pourrait aussi y avoir des risques de
coupure d’électricité et de mauvaises pratiques de conservation.
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Les fabricants de médicaments n'ont pas d'incitants à faire de la qualité, car les acheteurs
n'ont pas les moyens de payer la qualité, ne sont pas éduqués à la qualité et n'ont pas les
capacités techniques de faire le choix de la qualité.
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La RDC a acquis 7-8 mini-lab (valises pour tester les médicaments sur le terrain), mais
avec un mini-lab on ne détecte que peu de problèmes sur l'ensemble des contrefaçons
possibles. Il peut donc servir comme complément dans des zones reculées, mais il ne peut
pas remplacer des contrôles plus sérieux.
5. Comment continuer la réflexion ? Quelles actions possibles ?
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Cette problématique pourrait être abordée dans un prochain séminaire régional organisé en
RDC et auquel pourrait participer Quamed, les acteurs belges intervenant dans le domaine
et les acteurs congolais concernés.
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Be-cause health pourrait faire un plaidoyer pour que la Belgique porte la question de la
pré-qualification des médicaments au niveau de l’OMS.
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Quamed devrait organiser (mais ça reste pour l’instant à confirmer) un atelier sur les
médicaments à Kinshasa, auquel devraient participer les acteurs du réseau Quamed, ainsi
que les autorités nationales, le secteur privé, etc., dans l’idée de partager les problèmes et
les besoins de chaque acteur. Be-cause health pourrait être éventuellement associé.
D’autres pays pourraient éventuellement participer en tant qu’observateur.
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Ce serait important que des ONG belges travaillant aujourd’hui en RDC, par exemple
dans la lutte contre les maladies non transmissibles, se mettent en contact avec Quamed,
pour avoir et partager des informations, établir des liens avec les acteurs congolais
pertinents et mieux prendre en compte la question des médicaments dans les interventions.
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Prochainement l’élaboration d’un nouveau PIC RDC va être initiée. Les trois GT
pourraient être consultées pour nourrir la réflexion autour de la question de l’amélioration
de la qualité des médicaments.
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Peu de données existent aujourd’hui sur la situation de la prise en charge des maladies non
transmissibles en RDC. Pour capitaliser les informations récoltées pour la réunion sur le
cas du diabète, ça pourrait être utile de documenter par écrit la présentation. Cette
proposition sera discutée avec le GT MNT.
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Un article intéressant vient de sortir dans le Lancet sur la question des médicaments pour
les maladies chroniques non transmissibles. Il sera transmis aux participants.
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