hittites de l’Anatolie orientale et de la Syrie du nord et donnera naissance aux langues parlées aux
époques perse et hellénistique dans l’ouest de l’Anatolie (lycien, carien, lydien, etc.)
Il est probable que les Anatoliens de langue indo-européenne sont arrivés en Anatolie encore
indistincts, venant des Balkans. Leur origine lointaine se situait dans les steppes s’étendant du Dniepr
à la Volga (les steppes pontiques). Là s’était développée dès le 5ème millénaire av. J.C. la « civilisation
des kourganes (tumulus funéraires) » d’où sont issus tous les peuples de langue indo-européenne, des
Celtes aux Aryas de l’Iran et de l’Inde, selon le schéma le plus vraisemblable, celui proposé par une
archéologue de génie, Marija Gimbutas.
Les premiers souverains hittites, Labarna, Œattušili I, Muršili I (l’éphémère
conquérant de Babylone en 1595 av.J.C.) ont organisé un royaume dont
la capitale Œattuša (près du village de Boğazköy/BoÖazkale) était
située au centre de la Cappadoce. Le pays de Œatti proprement dit était enserré
par la boucle du K¦z¦l¦rmak (le Maraššantiya hittite).
Le Grand Roi, roi de Œatti, qui portait le titre de Tabarna et a été rapidement désigné comme « Mon
Soleil » renfermait en sa personne tous les pouvoirs, religieux, politiques et militaires et était le prêtre
de tous les dieux. A ses côtés la Grande Reine, la Tawananna, a toujours gardé un grand prestige et un
pouvoir certain, ce qui a entraîné parfois des crises, en particulier lorsqu’elle était une princesse
étrangère. Ceci d’autant plus que la reine-mère conservait ses prérogatives après la mort de son mari,
sa belle-fille, l’épouse du nouveau roi, n’étant qu’une « Grande Princesse » et non une reine, en
attendant la disparition de sa belle-mère.
Le roi gouvernait avec des hauts dignitaires qui étaient souvent des membres de la famille royale au
sens large. Leurs titres, Grand Echanson, Grand Berger, Grand Ecuyer, etc., avaient un caractère
aulique qui couvrait en général des fonctions administratives et surtout militaires. Le Chancelier
dirigeait les bureaux peuplés de scribes, qui maîtrisaient la pratique des cunéiformes et des
hiéroglyphes « hittites » et étaient capables de rédiger des textes en 7 ou 8 langues différentes. Des
gouverneurs administraient les provinces. Un « code de lois » a, dès l’Ancien Royaume », servi de
référence aux personnels administratifs et aux juges.
Pour mettre fin aux meurtres qui avaient ensanglanté le premier siècle de l’histoire du royaume
(Muršili I et plusieurs de ses successeurs avaient été assassinés), le Grand Roi Télipinu (c.1550-1530
av. J.C.) a publié un édit comportant une règle stricte en ce qui concernait la succession royale, un fils
légitime du roi et de la reine, à défaut le fils d’une épouse secondaire ou, enfin, l’époux d’une fille (de
premier rang) du couple régnant ayant seuls le droit, dans cet ordre, à monter sur le trône. Véritable
« constitution » qui sera respecté en général par la suite.
Leurs conquêtes ont permis aux souverains hittites de contrôler la plus grande partie de l’Asie
mineure. Ils y ont possédé un « domaine royal » formé du Haut et du Bas-Pays, administré par des
gouverneurs, et des pays vassaux ayant leurs propres dynastes et liés à leur suzerain par des traités
solennels dans lesquels se traduit l’esprit juridique des Hittites. Ils étaient situés dans les pays louvites
de l’Ouest et du Sud-ouest (Mira, Œaballa, pays de la rivière Šeœa, Wiluša).
Quand l’empire s’est étendu en Syrie du nord (aux dépens du Mitanni
et de l’Egypte) au cours du règne du Grand Roi Šuppiluliuma (c.1350-1320 av.
J.C.) le même système a prévalu. Certaines régions rebelles ont été annexées au domaine royal mais la
plupart des anciens « royaumes » sont devenus des pays vassaux liés par des traités formels au pouvoir
hittite : Ugarit, l’Amurru, Qadeš, etc. Deux ont été donnés aux fils du conquérant et à leurs
descendants, Karkemiš et Alep. Le Mitanni lui-même, reconquis au profit du gendre de Šuppiluliuma,
est resté pendant un temps un pays vassal des rois hittites.
Maîtres de la plus grande partie de l’Anatolie, y compris la Cilicie (Kizzuwatna hittite), les Grands
Rois n’ont jamais pu, du 15ème au 13ème siècle avant notre ère soumettre les montagnes pontiques et les
rives de la mer Noire peuplées de redoutables ennemis, les Gasgas, qui ont souvent pillé les provinces
frontières du royaume et, une fois, sa capitale. D’autres régions restaient en marge du royaume (pays
de Lukka/Lycie, nord-ouest de la péninsule). Mais la conquête de la Syrie du nord a été durable. Elle a
provoqué un long conflit avec l’Egypte (bataille de Qadeš en 1274 av. J.C qui a opposé Muwatalli II
au pharaon Ramsès II). Il s’est terminé par la conclusion d’un traité de paix et d’une alliance éternelle
entre Œattušili III, et le roi d’Egypte qui a été suivi par le mariage