Animalité
Un débat traverse de part en part toute l’histoire de la philosophie : suffit-il, pour situer
l’homme, de le placer, simplement, en tête de la lignée des animaux, quitte à lui accorder une
différence spécifique, ou bien faut-il établir une faille radicale de séparation et considéré
l’animal comme un corps étranger ? La question ne se cantonne d’ailleurs pas à la sphère
philosophique et déborde parfois dans le domaine pictural et littéraire, par exemple. Qu’il
nous suffise de citer ici que Giambattista Della Porta réintroduit en force à la Renaissance les
analogies animales chères aux auteurs antiques, notamment par des figures types alliant les
traits de l’homme à ceux de l’animal : homme-lion, homme-bœuf, homme-bélier, qui ont
fasciné au siècle suivant Charles le Brun qui les a redessinés selon sa propre virtuosité. En
littérature, George Orwell met en scène de manière satirique dans La ferme des animaux des
caractères humains contemporains incarnés dans des animaux d’élevage.
Introduction : qui fait l’ange fait la bête
La leçon de Pascal : L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut
faire l’ange fait la bête.
Distinction humain divin
Distinction ange bête animal
La bestialité de l’homme
Heidegger & Héraclite : « La parenté charnelle à peine pensable avec l’animal »
Dignité de l’étude de l’animalité : Aristote
Platon ne sépare pas l’homme de l’animal : Un coq sans plumes. Tournant
de l’animalité paradoxalement chez Aristote, naturaliste, homme animal en
disant que l’homme est animal raisonnable.
Mais zoologie partie de la philosophie. Observation de la nature, donc des
animaux.
Référence à Héraclite
Entrez, il y a des dieux aussi dans la cuisine (Héraclite) i.e. entrer dans la
familiarité
Mépriser l’animal, c’est se mépriser soi-même (Aristote)
Penser l’animal, c’est le plus difficile à penser (Heidegger)
Parenté de l’homme avec l’animal + difficile à penser que parenté de l’homme
avec Dieu
L’homme au miroir de l’animal : alter ego réversible en ego alter.
Caricature
A compléter….
I. Le tournant de l’animalité : l’homme, un « animal raisonnable » ?
Introduction : hypothèse de l’oubli de l’animalité
Oubli fondé sur proche parenté, proximité qui en fait l’étrangeté.
L’homme (individu) animal (genre) raisonnable (espèce) : attribution raison à
l’homme = sortie de l’animalité ?
1. Les présocratiques ou les physiciens : une co-appartenance originaire
La grande question est celle du changement, du flux, du devenir…
1.1 Pythagore : théorie de la migration des âmes ou métempsycose = proximité de
l’homme & de l’animal
1.2 Empédocle : l’unité du vivant. Tout ce qui vit est Un, dieux, hommes et bêtes.
Sympathie avec la nature.
1.3 Anaximandre : génération humaine à partir de l’animal, tout vient de l’eau.
2. Platon : une humanité paradoxalement en manque d’animalité (alter ergo)
Dans lignée parenté homme-animal. Spécification de l’homme pas la question.
2.1 La bipède sans plume et la fausse conjecture de la grue (Le Politique) : l’homme
comme « animal apprivoisé » (Le Sophiste)
Homme bipède sans plume = plongé dans l’animalité mais être supérieur, primauté
(cocher, homme politique et royal).
En quoi sommes-nous alors des humains ? Humanité se conquiert et la philosophie
sert de processus d’humanisation.
2.2 Le mythe de Prométhée ou le manque humain d’animalité (Protagoras)
Fonction du mythe : mythe dévoilement d’une vérité (Ricœur) qui échappent à la
rationalité. Platon raconte donc une histoire…
Protagoras, interrogation sur la vertu : acquisition purement naturelle ou doit-on
l’enseigner ? Feint une acquisition naturelle pour conclure qu’elle s’enseigne.
Animaux automates qui agissent toujours bien homme être perfectible. C’est au
cœur d’un manque que se révèle la grandeur de l’homme
Perfection de l’animalité
2 personnages dans ce mythe. Prométhée, qui réfléchit avant Epiméthée,
qui réfléchit après. Epiméthée distribue des qualités aux animaux. Chaque
animal atteint une perfection dans son genre.
Le manque d’animalité comme source d’humanisation
Epiméthée, imprévoyant, a épuisé l’ensemble des qualités quand vient le
tour de l’homme. L’homme se trouve donc en manque d’animalité. Quand
Prométhée vient contrôler, il découvre l’homme, animal dépourvu de
qualité, donc vulnérable. Il dérobe pour lui le feu. L’homme est devenu
humain, intelligent, accidentellement, comme un pis-aller. Donc la vertu
s’enseigne car l’homme a la capacité de devenir meilleur. Humanité
requiert une conquête quotidienne.
2.3 Le mythe du Phèdre ou la possible existence humaine sous forme animale (Phèdre)
Mythe de l’attelage ailé : les âmes vivent dans la plaine des dieux… L’âme parfaite et
ailée plane, quand elle a perdu ses ailes, elle roule dans les espaces jusqu’à ce qu’elle
s’attache à un corps, lui communique sa force et forme avec lui un être mortel. L’exil
dure dix mille ans, réduit à trois mille ans pour les âmes des philosophes. Un homme
est une âme qui a contemplé les idées. Mais si l’âme ne vit pas selon son humanité en
tendant vers la divinité, elle tombe dans la bestialité. Chez Platon, l’homme s’extrait
de l’animalité par la vertu.
3. Aristote : le sens d’une décision (l’ego alter)
Naturaliste, a écrit 4 livres où il est question des animaux.
3.1 La différence spécifique de l’humanité
L’animal raisonnable et l’animal politique (Politique I, 2)
Animal politique = différence de degré = vie en société, dans la cité.
Animal raisonnable, différence de nature. Le propre du logos (parole
son, voix) est d’être exclusif de l’animalité. Le logos donne à l’homme la
capacité d’une réflexion sur le bien & le mal.
L’âme et ses degrés (De Anima)
Emboîtement des êtres. Ce qui spécifie l’animal parmi les êtres
vivants c’est la sensation, le désir et l’imagination : « Il n’est pas
possible que, sans le toucher, l’animal existe. »
Le désir suscite la locomotion pour l’accomplissement du désir.
Une certaine forme d’imagination reproductrice et sensitive.
Mais l’animal vit dans l’immédiateté, incapacité à prendre de la
distance.
L’homme : imagination délibérative et vue
La délibération est le propre de l’homme prudent. Un homme est
libre quand participe à la vie de la cité. « De tous les animaux,
l’homme seul est capable de délibération »
Capacité de penser pour agir.
Plus que reproduction d’image, capable de produire une image à
partir d’une pluralité d’images (vue). La pensée est un mode du
voir.
De la sensation à l’expérience (Seconds analytiques)
L’homme a la faculté de connaître, de raisonner. Pas de
connaissance innée des principes ( réminiscence de Platon), il
faut les acquérir par la raison. Ame intellective = capacité à penser
par soi-même par un passage de la puissance à l’acte.
L’homme forme des notions à partir de ses expériences, ce qui le
distingue des animaux
3.2 L’impossible bonheur animal (Ethique à Nicomaque, II, 10 & X, 8)
Ethique en vue de la politique.
Un homme heureux est un homme vertueux. Vertu capacité d’agir d’une façon
tempérante. Or homme possède âme végétative, animale & intellective. Donc capable
d’agir en fonction de sa raison.
Les animaux ne peuvent être vertueux puisque parfaits. Donc ne peuvent être heureux.
Le bonheur n’appartient qu’à l’homme, capable de choix. Le comble du bonheur est
d’agir conformément à ce qu’est l’homme, contemplation = faire comme les dieux =
penser par soi-même voir Dieu, impensable chez les Grecs.
Conclusion sur Aristote : conflit entre la déduction et l’observation
La différence homme/animal est une différence de raison.
Mais dans l’histoire des animaux, distinction nuancée : certains traits humains se
retrouvent chez certains animaux. Analogies. Mais animal jugé à partir de l’homme :
l’homme pense l’animal et lui prête ses sentiments.
Deux visons irréconciliables : la vison du naturaliste et la vision du métaphysicien.
Transition : les deux voies
Homme en tension entre animalité et divinité, de facto négatrices l’une de l’autre
II. La sagesse animale : stoïcisme, épicurisme, néoplatonisme
Introduction : l’animal et les dieux
L’idéal d’une sagesse pratique
3 siècles < & > J.-C. instabilité politique et troubles dans la cité font de la
philosophie un idéal de sagesse pratique replié sur la sphère individuelle. 3
courants se développent : le scepticisme (Pyrrhon) qui atteint l’ataraxie (absence
de trouble) par le doute, le stoïcisme (Sénèque) par l’apathie (sans passion) et
l’épicurisme (Epicure) par les plaisirs paisibles (se satisfaire de ce qu’on a).
L’animal, les dieux et le Dieu
o Passage du polythéisme au monothéisme dans le stoïcisme,
anthropocentrisme radical.
o Epicurisme matérialiste développe une philosophie de la négation de Dieu,
retour à l’animalité dans l’homme
o Question de la chair est abordée par le néoplatonisme : manger la chair
animale et statut de la chair, nouveau mode d’accès à l’animalité.
1. La suprématie de l’humain : le stoïcisme de Cicéron
Les différentes formes de stoïcisme : Cicéron (106-43), stoïcisme impérial //
Lucrèce/Sénèque [précepteur Néron, s’ouvre les veines sur son ordre]/Epictète
[esclave, développe idée liberté intérieure]/Marc Aurèle [empereur, stoïcisme
comme moyen de gouverner]
La tension paradoxale de la philanthropie et de l’oikeiôsis [= propre]
o Le courant philanthropique de Cicéron fait de lui le fondateur de
l’humanisme, car il affirme que les hommes et dieux entretiennent un
commerce, une amitié, ce qui l’amène à nier la part d’animalité dans
l’homme.
o Une autre branche partage la première vision, mais pense que l’homme a
en commun avec l’animal « ce qu’il éprouve », le pathos. Pour atteindre
l’absence de trouble il faut dominer le pathos. La doctrine de l’apathie est
donc une doctrine de négation des passions, donc de l’animalité
1.1 L’anthropocentrisme païen : (De la nature des dieux, Pléiade pp. 455-456)
Pour qui la nature a-t-elle été créée ?
Antériorité : Aristote considère la terre comme le centre de l’univers,
l’homme en haut de l’échelle des êtres. Anthropocentrisme métaphysique.
Ici anthropocentrisme pratique : les dieux ont fait le monde pour les
hommes, idée qui va massivement passer au christianisme Aristote qui
ne pense pas que le monde a été fait pour l’homme (intention créatrice des
chrétiens).
Le monde a été fait pour les dieux et pour les hommes (Cicéron)
« On ne peut admettre que les dieux aient tant travaillé pour des hommes
sans langage et sans intelligence. » Le monde a été fait « assurément pour
les êtres doués de raison. »
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