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Kocvacs, était le préalable à une harmonisation du taux de l’impôt. Pas du tout, ce travail entrepris
voici plus d’un an et qui doit aboutir si tout va bien en 2010 a pour seul but de simplifier les
contraintes des entreprises transnationales au sein de l’Europe pour les rendre plus performantes.
4°) Qu’en est-il de l’harmonisation sociale entre pays membres , ce qui serait une forme de
solidarité dans l’ Union ?
Dès les négociations du Traité de Rome, dans les années 50, cette harmonisation revendiquée par la
France, a été rejetée à l’instigation de l’ Allemagne, plus précisément par Ludwig Erhard qui avait déjà
à l’esprit un projet économique et social précis pour l’Europe.
Jacques Delors a été l’artisan du bouleversement économique de l’Union avec l’Acte Unique (86) et
Maastricht (92) mais ses initiatives pour en amortir les effets sociaux n’ont rien changé de
fondamental.
Or voilà que l’UE s’intéresse à la coordination des politiques sociales entre états, depuis qu’à
Lisbonne, en mars 2000, les Chefs d’état et de Gouvernement ont fixé à l’Europe l’objectif de
« devenir l’économie … la plus compétitive et la plus dynamique du monde »
Un problème s’est alors posé car le social est de la compétence des états. L’ Europe ne peut donc pas
légiférer pour imposer cette harmonisation par des règlements ou directives. Elle a contourné la
difficulté en instituant une procédure, la MOC (Méthode d’Ouverture et de Coordination). Cette
méthode consiste à ce que les représentants des pays membres élaborent au sein de comités (Comite
de l’Emploi, Comité de Protection sociale etc.) des Lignes Directrices que chaque état doit ensuite
mettre en œuvre dans des PAN (Plan d’Action National). Ces MOC permettent d’exercer une
pression à laquelle il est difficile pour un état de se dérober.
C’est l’équivalent des GOPE (Grandes Orientations de Politique Economique) mises en place après
Maastricht afin que les ministres des Economies et des Finances coordonnent leurs politiques
respectives.
Pourquoi ce besoin de coordination ?
Toutes les Lignes directrices, qu’elles concernent l’emploi, la santé, l’éducation etc. doivent être
assujetties, annexées, au profit de l’objectif économique de croissance. Elles doivent être un
investissement dans le Capital humain, affreux mot qui trahit une vision racornie de l’être humain et
qui est attentatoire à sa dignité.
On peut constater en effet, à la lecture de documents préparatoires de la Commission, que la Santé
n’est pas un objectif en soi mais une façon de maintenir en bonne santé les travailleurs, que
l’éducation est un investissement économique pour disposer d’acteurs économiques performants.
Une tel objectif s’éloigne sensiblement de celui de l’ Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui
définit la santé comme « un état de complet bien être physique, mental et social et ne consistant pas
seulement en une absence de maladie et d’infirmité ».
Or, et ce sera notre conclusion, l’objectif social et l’objectif économique relèvent de 2
logiques différentes et s’opposent. Les amalgamer dans un même objectif comme le Conseil
de Lisbonne l’a fait, c’est un déni de la spécificité du social.
5°) Pour clore cette 2ème partie de l’exposé, attardons-nous sur les services de protection sociale qui
sont par excellence des institutions de solidarité.
Vous vous souvenez certainement du tollé provoqué, en fin d’année 2004 par le projet de Directive
sur les Services (en date du 13 janvier 2004), dite Bolkestein du nom du Commissaire hollandais au
« Marché intérieur et Services ». L’objectif de cette directive, dans le cadre du programme
arrêté par les Chefs d’Etat à Lisbonne en 2000, était de mettre en concurrence dans l’Union, tous les
services. Le coût de Main d’Oeuvre, le coût des contributions sociales et les contraintes légales,
différant très largement d’un pays à l’autre, c’était instituer la concurrence en lieu et place d’une
harmonisation solidaire, par le haut, de ces charges.