SMOLARSKI Alison BIEZ-CHARRETON Delphine N° 5090003 N° 2042553 Master 1 Sciences de l’éducation DOSSIER DE COMMUNICATION ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION L’EDUCATION AUX MEDIAS Alain GIROD SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................................................. p.2 I) QU’EST-CE QUE L’EDUCATION AUX MEDIAS ? .................................................. p.3 A) Les médias ............................................................................................................. p.3 1) Définition ................................................................................................... p.3 2) Alors, de quoi parle-t-on ?.......................................................................... p.3 B) L’éducation aux médias ......................................................................................... p.5 1) Définition ................................................................................................... p.5 2) Les buts de l’éducation aux médias ........................................................... p.6 II) ROLE DE L’ECOLE DANS L’EDUCATION AUX MEDIAS.................................. p.7 A) Comment éduque-t-on aux médias ?...................................................................... p.7 1) Théorie et pratique ..................................................................................... p.7 2) Approche transversale ................................................................................ p.8 B) Quelques conseils avant d’entreprendre l’éducation aux médias en classe ....... p.10 C) La place du décryptage des messages médiatiques à l’école ............................. p.10 III) PEDAGOGIE ET PRATIQUE .................................................................................. p.11 A) Présentation du terrain........................................................................................ p.11 B) Séance d’animation ............................................................................................. p.13 1) Objectifs ................................................................................................ p.13 2) Déroulement de l’animation .................................................................. p.13 a) Présentation ............................................................................... p.13 b) Etude de la publicité YAGLOU ................................................ p.14 c) Etude de la publicité CANDIA.................................................. p.18 C) Pistes pédagogiques ............................................................................................ p.20 CONCLUSION ................................................................................................................... p.21 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................. p.22 2 INTRODUCTION Le travail présenté dans ce dossier est le fruit d’une recherche théorique et pédagogique reposant sur le rapport entre la communication et les sciences de l’éducation. De ce fait, nous avons choisi de nous pencher plus particulièrement sur l’éducation aux médias. Les médias et les jeunes sont un vaste domaine d’interrogations pour un thème d’actualité qui ne cesse d’interpeller l’école depuis l’introduction, en 1976, de l’utilisation de la presse comme support pédagogique. La relation aux médias devient donc un phénomène de société auquel l’école se trouve confrontée, mais peut-elle apporter les réponses et les solutions permettant aux jeunes de l’appréhender ? Nous avons choisi d’effectuer ce travail en binôme dans un esprit de complémentarité. Dans une première partie, nous avons étudié ensemble la partie théorique ayant l’une comme l’autre peu de notions au sujet des médias. L’une d’entre nous préparant activement le concours du professorat des écoles (CRPE), ses connaissances du système éducatif ainsi que des programmes scolaires officiels, du socle commun des connaissances et des compétences a permis, dans une deuxième partie, de mieux aborder le rôle de l’école dans l’éducation aux médias . Enfin, dans une dernière partie, notre complémentarité nous a été fort utile lors de l’étude de terrain. En effet, la seconde d’entre nous étant diététicienne diplômée d’Etat et chargée de projet en prévention en matière de nutrition, nous a donné les moyens de faire une animation relevant de nos deux domaines respectifs tout en introduisant l’éducation aux médias. 3 I) QU’EST-CE QUE L’EDUCATION AUX MEDIAS ? A) Les médias 1) Définition Un « médium » est un moyen, un instrument ou une action qui permettent d’intervenir si l’on en croit le dictionnaire ou les origines latines du terme. Cela correspond à un support qui véhicule ou transmet des informations diverses. On utilise un médium lorsque l’on veut communiquer indirectement avec quelqu’un plutôt qu’en présentiel. Le terme « médias » est simplement le pluriel de « médium »1. D’après la définition du dictionnaire2, les médias se définissent par « tout support de diffusion de l’information (radio, télévision, presse imprimée, livre, ordinateur, vidéogramme, satellite de télécommunication…) constituant à la fois un moyen d’expression et un intermédiaire transmettant un message à l’intention d’un groupe. » Les médias nous proposent des versions sélectives du monde, et non un accès direct à celui-ci. Fabrice BARTHELEMY, dans son ouvrage L’école et les médias 3 met en avant que le terme médias est souvent confondu avec l’expression « médias de masse », cette dernière signifiant qu’elle touche un public large, dispersé et hétérogène. Certaines formes de communication plus traditionnelles, comme les livres, sont aussi considérées par certaines personnes comme des « médias », puisqu’ils nous présentent eux aussi des versions ou des représentations du monde. 2) Alors, de quoi parle-t-on ? Les éléments du débat « Construire les médias aujourd’hui » issu de l’ouvrage Jeunes et médias : éthique, socialisation et représentation du GRREM (Groupe de Recherche sur la Relation Enfants Médias) sous la direction de Maryvonne MASSELOT-GIRARD4 nous ont permis d’identifier les caractéristiques des médias : Les langages des médias : Les messages des médias sont souvent complexes et font appel à divers langages tels que l’image, le son, la couleur, l’éclairage, le mouvement, le cadrage,… UNESCO sous la direction de Frau-Meigs D. (2006). Kit d’éducation aux médias. Paris. Le Petit Larousse Illustré. (1995). 3 Barthélémy F. (2004). L'école et les médias. L’Harmattan. Paris/Budapest/Torino. 1 2 4 GRREM (Groupe de recherche sur la relation enfants médias) sous la direction de Masselot-Girard M. (2004) Jeunes et médias : éthique, socialisation et représentations. L’Harmattan. Paris Budapest Torino. 4 Chacun d’entre eux utilise des codes, des signes, des éléments qui leur sont propres et qui ont une influence sur le sens que peuvent véhiculer les messages des médias et sur la manière dont ils sont perçus par le public. Leurs représentations : D’après Roland BARTHES : « si les médias étaient des fenêtres ouvertes sur le monde, s’ils réfléchissaient la réalité, il n’y aurait pas plus d’intérêt à les étudier qu’il n’y en a à étudier une vitre ».5 Ainsi, les messages des médias n’apparaissent pas uniquement comme le reflet de la réalité. Il s’agit de conceptions et d’interprétations de la réalité. Les représentations des médias deviennent familières et prennent alors la valeur de reflets neutres, objectifs et naturels de la réalité. Une part importante de ce que nous apprenons et savons du monde provient des représentations véhiculées par les médias. De ce fait, leurs représentations construisent notre propre perception de la réalité sans que nous en prenions pleinement conscience. Les types de messages Le GRREM6 a mis en avant que les documents médiatiques se classent en fonction de certaines catégories : genre, contenu, fonction (téléroman, dessin animé, téléjournal, page web, ligne ouverte radiophonique, film d’horreur, documentaire, réclame publicitaire, vidéoclip, retransmission d’évènements sportifs…). L’appartenance à ces diverses catégories implique une certaine harmonisation dans la manière de produire, de diffuser, et de percevoir les messages des médias. Les publics Selon Fabrice BARTHELEMY, « les médias segmentent de plus en plus finement les publics avec des offres ciblées ». Autrement dit, les messages des médias sont produits et diffusés en fonction du public visé et ce dernier interagit avec les médias. Chaque individu perçoit, utilise et s’approprie les messages des médias en fonction de caractéristiques individuelles (sexe, âge,…) mais aussi selon sa culture (son appartenance à un groupe, à une communauté, une classe sociale,...). Joël BREE, dans son ouvrage Les enfants, la consommation et le marketing7, précise que la dimension commerciale est aussi importante dans la façon dont sont constitués les publics des médias. Les médias cherchent en effet la plupart du temps à toucher le maximum de monde afin d’assurer la rentabilité de leur activité. 5 Barthes R. (1957). Mythologies. Seuil. GRREM (Groupe de recherche sur la relation enfants médias) sous la direction de Masselot-Girard M. (2004) Jeunes et médias : éthique, socialisation et représentations. L’Harmattan. Paris Budapest Torino 7 Bree J. (1993). Les enfants, la consommation et le marketing. Gestion presses universitaires de France 6 5 Les technologies des médias Au cours d’un colloque sur l’éducation aux médias8, il est apparu important d’acquérir une certaine connaissance des éléments techniques liés au fonctionnement des médias afin de mieux les comprendre et d’être critique à leur égard. Pour réaliser un document médiatique, il faut être capable de maîtriser les procédés techniques propres à chaque média et connaître l’utilisation de l’appareillage nécessaire à son maniement. Par exemple, concernant le média radio, divers procédés techniques et appareillages sont utilisés afin de produire et de diffuser des émissions : le studio, les micros, les consoles de la régie, les lignes téléphoniques, les synthétiseurs, les magnétophones et lecteurs de minidisques numériques, les disques, les appareils de montage sonore, les bruitages artificiels, les lecteurs de disques compacts, l’ordinateur équipé d’un logiciel de montage audionumérique, ... Ces derniers ont tous pour fonction d’acheminer les sons, les bruits et la voix vers le récepteur radio. L’esthétique Les médias font appel à une certaine esthétique pour communiquer des idées et des émotions. Ils ne sont pas seulement des outils de communication mais sont également des supports de transmission d’expression esthétique importants. Une place considérable est accordée par exemple à l’image du fait de l’utilisation récurrente des médias visuels (télévision, cinéma, ….). B) L’éducation aux médias 1) Définition Dans un rapport publié par l’Unesco en 1984 9 , on peut lire : « [par éducation aux médias, il convient d’entendre] toutes les manières d’étudier, d’apprendre et d’enseigner à tous les niveaux […] et en toutes circonstances l’histoire, la création, l’utilisation et l’évaluation des médias en tant qu’arts plastiques et techniques, ainsi que la place qu’occupent les médias dans la société, leur impact social, les implications de la communauté médiatisée, la participation, la modification du mode de perception qu’ils engendrent, le rôle du travail créateur et l’accès aux médias. » Autrement dit, l’éducation aux médias a pour but de développer des habiletés et des compétences recherchant à identifier, décrire, comprendre et évaluer les messages quotidiens de notre univers médiatique qui visent à nous renseigner, nous divertir, nous émouvoir ou nous vendre quelque chose. 8 Conseil de la Jeunesse d’Expression Française (CJEF) et Conseil d’Education aux Médias (CEM). Actes du Colloque du mercredi 12 décembre 2007. Comment développer chez les jeunes l’esprit critique face aux médias ? 9 UNESCO sous la direction de Frau-Meigs D. (2006) Kit d’éducation aux médias. Paris. 6 2) Les buts de l’éducation aux médias Dans Les jeunes et les médias en France10, il a été mis en évidence qu’aujourd’hui, les médias font pleinement partie de la vie quotidienne de jeunes et constituent leur environnement familier. Les médias sont omniprésents et participent largement, avec la famille, l’école et le groupe des pairs, à la socialisation des enfants et des adolescents. Suite à l’étude du colloque sur l’éducation aux médias11, nous avons pu ressortir une série d’informations concernant les buts de l’éducation aux médias. Les médias nous informent et nous divertissent. Ils étoffent également notre imaginaire, façonnent nos attitudes et nos opinions. Ils constituent une source abondante de sujets qui alimentent échanges et conversations avec nos proches. Il est notable que l’enfant n’est pas un récepteur passif mais qu’il est au contraire très investi, aussi bien intellectuellement qu’affectivement, dans son rapport avec les médias. Au cœur du processus de socialisation, les médias constituent un domaine général de formation très important pour l’enfant. En effet, il apprend très tôt à explorer le monde des médias. Ainsi, pour le Conseil de l’Europe12 l’éducation aux médias parait primordiale dans le sens où elle contribue au développement de certaines compétences liées à l’emploi des médias, à savoir une attitude critique et méditée vis-à-vis de ces derniers. Pour reprendre tous ces renseignements au sujet des buts de l’éducation aux médias, nous pouvons citer les pensées de Jacques GONNET dans son œuvre Education aux médias : les controverses fécondes 13 pour qui : « Eduquer aux médias permet de rendre apte un individu à être un lecteur, un auditeur, un spectateur actif face aux médias, capable de s’approprier un maximum d’informations originales à partir de n’importe quel type de documents médiatiques et particulièrement de documents audiovisuels ». Selon Jacques PIETTE14, l’enseignement de la pensée critique repose principalement sur deux perspectives : - la perspective philosophique c’est-à-dire l’enseignement de la logique et du raisonnement ainsi que la prise en compte des dimensions morales et éthiques; - la perspective de la psychologie cognitive qui identifie quatre processus cognitifs : la pensée créatrice, la résolution de problèmes, la prise de décision, la pensée critique. 10 L'Observatoire de l'enfance en France sous la direction de Langouët G. (2000) Les jeunes et les médias en France. Hachette. Paris. 11 Conseil de la Jeunesse d’Expression Française (CJEF) et Conseil d’Education aux Médias (CEM). Actes du Colloque du mercredi 12 décembre 2007. Comment développer chez les jeunes l’esprit critique face aux médias ? 12 http://www.education-medias.ca/francais/enseignants/education_aux_medias/pourquoi_l_enseigner.cfm 13 Gonnet J. (2001). Education aux médias : les controverses fécondes. Centre National de documentation pédagogique. Hachette Education. Paris 14 Piette J. (1996). Éducation aux médias et fonction critique. L’Harmattan. Paris Montréal. 7 L’élève doit maîtriser certaines habiletés intellectuelles comme la clarification des informations pour que se développe une pensée critique autonome. De ce fait, cela suppose de se questionner, concevoir et juger des définitions, de caractériser les différents éléments d’une argumentation et d’identifier les problèmes importants. Il doit pouvoir aussi juger de la fiabilité des informations en interrogeant la crédibilité des sources, des informations. Enfin, il doit pouvoir évaluer des informations et en extraire des conclusions appropriées. Suite à la lecture du Programme de formation de l’école québécoise produit par le Ministère de l’Education du Québec15 , nous avons pu constater que cette province est en avance dans le domaine de l’éducation aux médias. Il ressort de ce programme qu’ « en éduquant l’enfant aux médias, l’école accompagne l’enfant dans ce domaine d’expérience de vie et l’aide à symboliser ce qu’il a éprouvé, puis à intégrer de manière personnelle ce qu’il apprend à l’école et dans les médias ». On peut donc en conclure que si l’école souhaite former des citoyens éclairés, capables de comprendre et d’agir sur un environnement largement façonné par les médias, il lui faut intégrer dans le programme scolaire l’éducation aux médias comme compétence transversale, et cela, de la maternelle à la fin du secondaire. Les connaissances acquises et les habiletés développées dans ces rapports avec les médias établissent en effet autant d’occasions d’interventions pédagogiques sur lesquelles l’école doit s’appuyer dans le contexte d’une éducation critique aux médias. II) ROLE DE L’ECOLE DANS L’EDUCATION AUX MEDIAS En France, les programmes scolaires officiels16 n’intègrent pas explicitement le terme « médias », mais reviennent uniquement sur l’esprit critique que doivent acquérir les élèves. Au cours du cycle des approfondissements, les élèves doivent être en mesure à la fin du CM2 de « Faire preuve d’esprit critique face à l’information et à son traitement ». Il s’agit de l’une des compétences concernant la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication (2ème pallier pour la maîtrise du socle commun). A) Comment éduque-t-on aux médias ? 1) Théorie et pratique Les moyens mis en place pour éduquer aux médias ont longuement été une source de discussions entre les intervenants. Quelques uns ne juraient que pas l’analyse et l’observation Ministère de l’éducation, du loisir et du Sport au Québec : www.meq.gouv.qc.ca Ministère de l’éducation nationale. Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Les programmes 2009-2010. CNDP XO édition 15 16 8 passive tandis que d’autres considéraient qu’il fallait impérativement que les jeunes se consacrent à la production médiatique. Depuis un important colloque international tenu aux débuts des années 90, on peut dire que ce débat n’est aujourd’hui plus d’actualité car désormais on met en avant une approche qui concilie la théorie et la pratique comme le souligne le CLEMI (Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information) 17. Ce dernier est chargé de l’éducation aux médias dans la totalité du système éducatif français depuis 1983. Il a pour but l’éducation citoyenne des médias. Cet objectif s’appuie sur des partenariats dynamiques entre enseignants et professionnels de l’information. Tous les enseignants, quels que soient leur niveau et leur discipline peuvent avoir recours au CLEMI, aussi bien sur le plan national que régional, pour se former, obtenir des conseils ou des ressources. Ce centre a pour mission d’accompagner l’expression des jeunes. Il conseille et accompagne les projets dans les classes comme par exemple la création d’un journal dans un établissement, monter un projet radiophonique etc… La mise en pratique des connaissances avec une production médiatique permet aux élèves de mieux comprendre le rôle ainsi que l’influence des médias. 2) Approche transversale Dans son ouvrage intitulé Education aux médias : les controverses fécondes, Jacques GONNET18 met l’accent sur le fait que l’éducation aux médias concerne toutes les disciplines ainsi que tous les niveaux d’enseignement ce qui explique qu’elle soit présentée souvent comme une dimension transversale. Michel PICHETTE 19 , chercheur à l’Université du Québec à Montréal, plaide pour cette transversalité dans les termes suivant : « Dans les programmes scolaires, l’éducation aux médias doit et peut recouvrir la totalité des enseignements. Toutes les disciplines sont autant d’occasions de traiter des médias comme ils sont depuis longtemps l’occasion de développer la maîtrise de la langue maternelle. De l’enseignement des mathématiques à l’étude de la géographie, de l’écologie humaine, de l’histoire ou de la langue maternelle, toutes les disciplines peuvent concourir à une alphabétisation aux médias. » Ainsi, l’éducation aux médias, intégrée transversalement au cursus, propose d’utiliser les différentes matières afin de mieux comprendre les enjeux sociaux véhiculés par les médias. Elle invite tous les professeurs (de sciences, de langues, d’arts,…) à contribuer au développement du savoir ainsi qu’à l’enrichissement de l’expérience de vie de leurs élèves avec les médias en utilisant les savoirs spécifiques de leurs disciplines. 17 CLEMI : www.clemi.org Gonnet J. (2001). Education aux médias : les controverses fécondes. Centre National de documentation pédagogique. Hachette Education. Paris 19 Pichette M. (1995). Apprendre à vivre avec les médias, une urgence pour l’école et la démocratie. L’école et les médias. Médias Pouvoirs. Hors série. 18 9 Quelques exemples à l’intention du primaire tirés du Programme de formation à l’école québécoise20 permettent d’illustrer l’interdisciplinarité présente dans cette province : Sciences. Les enfants manifestent de l'inquiétude parce qu'ils ont vu dans les médias qu'un ouragan terrible avait dévasté un pays d'Amérique du Sud. On les invite à s'exprimer à ce propos, à apporter en classe un exemplaire d'un journal qui en traite. Puis on compare l'information que l'on trouve dans un manuel scolaire avec celle du journal. Technologies. Les enfants parlent beaucoup de la télévision. On peut en profiter pour expliquer quelques-unes des technologies qui ont permis la fabrication des images jusqu'à celles qui les transmettent et les acheminent à la maison (de la photo à la télévision). On peut aussi en profiter pour traiter des effets spéciaux. Mathématiques. Pour expliquer simplement l'économie des médias, on peut inviter les enfants à planifier le coût d'un journal de classe (prix des photocopies, de la numérisation couleur des photos de classe, des timbres…). Ou encore, on peut demander aux enfants de comparer la surface occupée par la publicité dans un hebdo «gratuit» et celle occupée dans un hebdo à abonnement (payant). Univers social. Les enfants parlent tous d'un nouveau film de Disney dont on annonce la sortie prochaine sur les écrans. C'est l'occasion de parler des moyens de promotion et de publicité utilisés et d'aborder la notion de public cible. Arts (musique). Les enfants adorent certains groupes (Back Street Boys, Spice Girls ou encore Britney Spears). On peut aborder les genres musicaux, faire un palmarès des groupes préférés des élèves pour expliquer l'élaboration des «top ten». Univers social. Les enfants ont vu le film Mulan. C'est l'occasion de parler de la Chine en les invitant à caractériser la représentation que le film donne de la Chine, comparativement aux idées qu'ils s'en font et aux informations que livrent d'autres types de documents médiatiques ou encore leur livre de géographie. Langue d'enseignement. Les enfants ont tous vu le film Titanic. On peut les inviter à comparer le film avec des livres portant sur le même sujet. En comparant la forme écrite et la forme cinématographique, on peut aborder les conventions de l'une et de l'autre et donner aux enfants les moyens de s’exprimer. 20 Ministère de l’éducation, du loisir et du Sport au Québec : www.meq.gouv.qc.ca 10 Développement personnel et social. Les enfants peuvent confronter les valeurs qui sont mises en avant dans les magazines qui leur sont destinés, notamment en termes de critères physiques (grand, mince, costaud) et humains (le héros du stade, la gracieuse gymnaste). Ils peuvent également comparer la population des médias (les personnages des émissions de télé) avec celle qu'ils trouvent dans leur environnement immédiat (la famille, les amis). B) Quelques conseils avant d’entreprendre l’éducation aux médias en classe Le CLEMI21 met à disposition des enseignants de nombreux conseils avant que ces derniers se lancent dans l’éducation aux médias : N’attendez pas d’être un spécialiste : Tout comme pour l’enseignement d’autres matières, l’éducation critique aux médias s’appuie sur la réflexion, le questionnement. L’enseignant est donc co-enquêteur ; il aide les élèves à comprendre les messages médiatiques et à se questionner sur ces derniers. Il est conseillé de profiter d’un évènement tel que la sortie d’un film ou d’une publicité qui peut interpeller les élèves pour déclancher la réflexion. Soyez positif ! Il est important de prendre en compte le fait que l’éducation aux médias ne veut pas dire qu’il faut critiquer tous les médias que les enfants apprécient. Il faut partir du principe que les médias font partie intégrante de leur vie. Ainsi, il est nécessaire de les aider à développer des stratégies cognitives pour mieux analyser, décrypter et critiquer ces expériences. Demeurez près de l’actualité. Une tragédie, un évènement heureux, des conflits mondiaux, des exploits sportifs, des élections ou autres évènements couverts par les médias constituent une excellente occasion de laisser les jeunes s’exprimer, de constater ce qui les touche, et de les aider à exercer leur esprit critique sur la manière dont les médias les représentent. C) La place du décryptage des messages médiatiques à l’école En France, le CLEMI22 qui est chargé de l’éducation aux médias dans l’ensemble du système éducatif (Décret n° 2007-474 du 28 mars 2007) forme les professeurs à l’éducation aux médias et accompagne les enseignants dans leur production médiatique. 21 22 CLEMI : www.clemi.org CLEMI : www.clemi.org 11 - - Le CLEMI propose des rencontres entre les enseignants et les professionnels des médias ce qui permet de rapprocher deux mondes différents et ainsi d’aider les enseignants à décrypter les médias mais aussi les journalistes à mieux appréhender le système scolaire. Chaque année, un dossier pédagogique présentant un certain nombre de fiches pédagogiques, de fiches d’information et de fiches-conseils est mis à disposition sur le site Internet du CLEMI, et est également envoyé aux enseignants inscrits à la Semaine de la presse et des médias dans l’école. Ces fiches accompagnent l’enseignant dans sa classe en lui proposant contenu et démarche pédagogique. Le CLEMI, tout comme l’éducation québécoise, prône l’interdisciplinarité dans l’éducation aux médias. Par exemple, l’apprentissage de la critique sur les chiffres proposés dans les médias fait l’objet d’une fiche pédagogique exploitable en mathématiques. Aussi, le décodage des messages publicitaires, qui est important pour aider les élèves à repérer les procédés de persuasion mis en oeuvre dans leur fabrication, est une activité pratiquée par certains enseignants dans les écoles dès le plus jeune âge. Cependant, Elsa SANTAMARIA dans la revue La Santé de l’homme 23 explique que l’éducation aux médias est une démarche difficile à généraliser. En effet, il subsiste encore certaines limites concernant l’éducation aux médias dans les écoles. Il est vrai que la multitude des disciplines, les insuffisances de la formation, notamment au niveau de la formation initiale, la méfiance à l’égard des images ainsi que la peur des messages véhiculés dans les médias sont des obstacles mis en avant par les inspecteurs généraux pour expliquer que cette éducation reste encore l’affaire d’enseignants militants convaincus du bien fondé de l’éducation aux médias dans la perspective de leurs enseignements. III) PEDAGOGIE ET PRATIQUE A) Présentation du terrain D’après ce que nous avons pu voir précédemment, un des objectifs des programmes scolaires officiels est de développer l’esprit critique chez les élèves. De ce fait, nous avons décidé de travailler sur l’éducation aux médias qui reprend avec exactitude cet objectif. Notre travail sur les médias a porté sur une publicité affiche, l’affiche étant le média. La publicité est un moyen de communication qui utilise comme support les médias. D’ailleurs, Fabrice 23 INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé). La santé de l’homme . n°396. JuilletAoût 2008. Médias et santé : développer l’esprit critique. article de Santamaria E. « quelle place pour le décryptage des messages médiatiques à l’école » p.28 à 30. 12 BARTHELEMY 24 met en avant que publicité et médias sont actuellement très liés, et si l’offre médiatique est aussi importante c’est en partie par les financements qui émanent de la publicité. La publicité, qui loue le superficiel, la consommation, le plaisir, est contraire à une morale scolaire basée sur l’approfondissement, la rigueur et l‘effort. Les publicités accordent beaucoup de soin et de moyens dans leur réalisation et utilisent de nombreux procédés techniques et imaginatifs pour capter l’attention des récepteurs. Par ailleurs, nous avons pu au préalable étudier ces différents moyens lorsque nous avons défini les médias. Aussi, les enfants apprécient beaucoup les publicités car elles leur racontent des histoires courtes, ludiques et qu’ils y puisent des informations qui leur sont utiles. Monique DAGNAU 25 explique que les enfants apprécient la publicité par la relation affective entretenue entre eux et la publicité : elle amuse et attire les jeunes par son côté ludique. Les histoires, l’humour, les musiques, l’action et les personnages sont une distraction pour les jeunes et permettent d’attirer leur attention sur le produit. Il faut ajouter que la capacité de concentration des plus jeunes est limitée dans le temps, les spots publicitaires étant de courte durée, ils parviennent à conserver leur attention le temps du message. Suite à cela, nous avons analysé plus en détail la revue sur les médias et la santé : développer l’esprit critique 26 qui reprend notre objectif de départ. Nous nous sommes penchées sur un article développant l’esprit critique par un outil pédagogique « Décode le monde », conçu par le Comité départementale d’éducation pour la santé des AlpesMaritimes27. Cet outil est destiné aux jeunes et permet de développer leur pensée créative et vise l’étude de l’influence directe des médias sur la santé. Nous nous sommes particulièrement arrêtées sur un des quatre modules proposés à savoir : la critique de l’image qui débusque le sens caché des publicités, leur mode de séduction, leur réalisation et les moyens d’y résister (publicité YAGLOU). De ce fait, nous nous sommes rendues à l’ADES du Rhône (Association Départementale d’Education à la Santé) pour en savoir plus sur cet outil pédagogique. Une conseillère nous l’a présenté et nous a donné des informations sur son utilisation. Nous avons alors décidé de l’exploiter pour notre étude de terrain. Cependant, l’étude de la publicité YAGLOU est présentée sur CD-ROM. Un homme décrypte la publicité pendant un temps assez long tel un cours magistral. Toutefois, cela nous a paru peu adapté pour les élèves d’école élémentaire. Ainsi, nous avons retranscrit ces dires sous forme de questions afin de dynamiser l’animation. Ainsi, nous avons pris contact avec le directeur d’une école à Saint-priest dans le Rhône en zone d’éducation prioritaire. Ce dernier nous a alors convié au conseil de cycle 3 Barthélémy F. (2004). L'école et les médias. L’Harmattan. Paris/Budapest/Torino. Dagnaud M. (2003). Enfants, consommation et publicité télévisée. Etudes de la Documentation françaises. 26 INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé). La santé de l’homme . n°396. JuilletAoût 2008. Médias et santé : développer l’esprit critique. article de Santamaria E. « quelle place pour le décryptage des messages médiatiques à l’école » p.28 à 30. 27 www.codes06.org 24 25 13 (cycle des approfondissements) du mois d’octobre afin de nous permettre de nous entretenir avec les enseignants de ce cycle. Il en est ressorti un accord, nous permettant de poursuivre note projet au sein de leur établissement. Un travail a donc été effectué en partenariat avec les enseignants des classes de CM1 CM2. Seuls ces deux niveaux ont été retenus par rapport à la répartition du programme des sciences expérimentales et technologiques dans cette école et plus particulièrement l’étude des fonctions de nutrition : la digestion, la respiration, la circulation sanguine ainsi que l’éducation à la santé. Le développement de l’esprit critique est au cœur de l’éducation à la santé à l’école c’est pourquoi nous avons choisi d’introduire l’éducation aux médias à travers cette discipline (approche transversale). Nous avons réalisé dans chaque classe une séance d’une heure en utilisant l’outil pédagogique préalablement choisi. B) Séance d’animation 1) Objectifs: - Développer l’esprit critique - Comprendre les buts de la publicité - Echanger sur l’alimentation 2) Déroulement de l’animation : a) Présentation Nous avons commencé par nous présenter chacune notre tour, puis nous avons expliqué aux enfants les buts de notre intervention. Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous avons décidé de faire un point exploratoire afin de connaître les savoirs des élèves à propos des médias. Nous leur avons ainsi demandé : « Pour vous, c’est quoi les médias ? » : (retranscription) - « je ne sais pas » - « le cinéma, les photos…. » - « Quelque chose sur ordinateur qu’on peut prendre et imprimer » - « Je sais pas, c’est par exemple un ordinateur, une télévision, des photos, le cinéma, je sais pas quoi d’autres » - « Les gens qui filment et toutes les choses animées » - « Information, télévision, les journaux, scénario catastrophe » - « Je sais pas » - Etc… Ainsi, il en est ressorti que beaucoup d’enfants ne savent pas ce que sont les médias et pour le reste cette notion est floue. Seuls quelques élèves ont une vision claire des médias. 14 Pour poursuivre, nous leur avons posé quelques questions sur la publicité en générale. Pour le reste de l’étude, nous n’avons pas retranscrit les réponses des enfants mot à mot, nous avons reformulé et synthétisé leurs pensées. A quoi sert une publicité ? - Faire découvrir : la publicité a pour but de présenter aux consommateurs de nouveaux produits et ainsi, d’augmenter la notoriété du produit présenté dans le spot. De la même manière, la publicité peut permettre à un produit déjà existant de rester dans les mémoires. - Faire aimer : la publicité doit donner envie au consommateur de posséder le produit et de cette manière, améliorer son image. Il est important pour un annonceur que le public ait une image positive de ses services. - Faire acheter : une fois que les consommateurs ont pris connaissance des produits, qu’ils en ont une bonne image et qu’ils désirent le posséder, la publicité a pour but de les inciter à acheter. Quels sont les différents types de publicités ? Où les retrouve-t-on ? Publicités affiches dans les rues, à la télévision, dans les journaux, les magazines sous forme de publicité papier, dans les boîtes aux lettres, à la radio (publicité orale), sur Internet. Est-ce que vous aimez les publicités ? Vous les regardez ? La majorité des élèves apprécient la publicité et la regarde régulièrement, surtout à la télévision. A votre avis, que doit faire le publicitaire pour nous donner envie d’acheter ? Nous montrer la publicité plusieurs fois pour s’en souvenir (répétition), vanter le produit, ne dire que ses qualités et ses points positifs, nous faire rire… b) Etude de la publicité YAGLOU (outil décode le monde) 15 Avant de commencer le décryptage de cette publicité qui utilise l’affiche pour média, nous avons bien informé les élèves que c’était une fausse publicité et que le produit n’existe donc pas. Quel est le nom du produit ? YAGLOU A quoi cela vous fait-il penser ? YA : yaourt et GLOU : glouglou. Avec le nom du produit on arrive à comprendre que c’est un yaourt qui se boit. Combien de fois retrouve-t-on le nom du produit ? Et pourquoi selon vous ? 6 fois. On retrouve autant de fois le nom du produit pour que l’on puisse s’en imprégner et s’en souvenir. Il y a plusieurs sens de lecture dans cette publicité affiche. Le sens de lecture sert à orienter notre regard vers des points particuliers. Pouvez-vous en trouver ? - Partie gauche puis partie droite - Diagonale : Nom du produit enfant produit ETUDE DE L’IMAGE Qu’est-ce que vous voyez en premier ? Qu’est-ce qui attire le plus votre regard ? Le petit garçon qui est situé en gros plan Que pouvez-vous nous dire sur lui ? - Il est jeune : 6 ans - Il vole comme superman - Il a le sourire, il est content - Il va à l’école car il porte un cartable Qu’est-ce qui renforce l’effet que l’enfant est haut et qu’il vole ? - La traînée qu’il laisse derrière lui - Le flou - Sa maman en arrière plan est de taille réduite par rapport à l’enfant Quel est le message publicitaire qu’a voulu faire passer le publicitaire rien qu’avec ces images ? L’enfant a bu son YAGLOU et cela l’a rendu dynamique et le fait voler comme superman! Il est content et enthousiaste d’aller à l’école. YAGLOU fait penser à une potion magique un peu comme dans Astérix ! A votre avis, ce message dit-il la vérité ? Si nous vous donnons à tous du YAGLOU, est-ce que vous aller vous mettre à voler ? Non, c’est un moyen mis en oeuvre par le publicitaire pour nous donner envie d’acheter. 16 En ce qui concerne le produit, pourquoi nous le montre-t-on ? Cela nous permet de voir à quoi il ressemble et de s’en souvenir. Le fait de montrer le packaging du produit (emballage) est un moyen pour nous faire découvrir le produit et nous inciter à l’acheter. ETUDE DU TEXTE « YAGLOU, le petit-déjeuner facile à boire » Que met en avant le terme facile à boire ? - C’est rapide à prendre, on n’a pas besoin d’une cuillère comme pour un yaourt classique. - C’est pratique : petit, prise en main facile par les enfants, ça tient dans la poche. Est-ce que vous pensez que c’est suffisant de boire un YAGLOU pour un petitdéjeuner ? Non Que doit-on prendre au petit-déjeuner ? - Un fruit - Un féculent (pain, céréales, biscotte) - Un produit laitier YAGLOU pourrait alors remplacer le produit laitier. On ne retrouve pas le fruit et le féculent dans ce produit. Mais, vous voyez, il y a un astérix. Il faut penser à le lire même si c’est écrit en tout petit. « YAGLOU est une spécialité laitière à prendre en complément d’un petitdéjeuner servant à assurer les besoins caloriques quotidiens de votre enfant. » - - Spécialité laitière et plus haut on nous dit « YAGLOU est un yaourt à boire ». Il y a une contradiction. Une spécialité laitière ne contient pas que du lait à la différence d’un yaourt. On rajoute du sucre, de la crème fraîche… Exemple de spécialité laitière : Danette. Là on nous précise « à prendre en complément d’un petit-déjeuner équilibré » et avant nous avons vu que YAGLOU était le petit-déjeuner idéal. Est-ce que vous comprenez le terme besoins caloriques quotidiens ? Vous connaissez les calories ? C’est l’énergie qui est apportée par les aliments que nous mangeons. A votre avis, à qui cette phrase est destinée et pourquoi ? Aux mamans. Elles vont être rassurées et se dire que c’est bon pour leurs enfants, que YAGLOU va leur apporter l’énergie dont ils ont besoin. 17 En lisant l’Astérix, cela nous apporte l’information que YAGLOU est à prendre en plus d’un petit-déjeuner et ne le remplace pas ! D’où l’importance de lire les astérix. Encadré bleu : le ton est plus sérieux, on y retrouve de vraies informations : on appelle cet encadré la réserve « Conseillé par des nutritionnistes » Vous savez-ce qu’est un nutritionniste ? A le même rôle qu’un diététicien. Cette phrase est à destination de qui ? Pourquoi le publicitaire a mis cela ? Quel est l’impact ? Cette phrase est à destination des parents et elle permet de les rassurer car si c’est conseillé par des professionnels de la nutrition, c’est que c’est bon pour leurs enfants. Cela rend le produit respectable, et est vu comme bon pour la santé. Mais combien sont-ils ? 2, 3, 50 ? Et qui sont-ils ? On n’en sait pas plus… « YAGLOU est le complément idéal » Cette phrase reprend ce qu’on a vu précédemment dans l’astérix (à prendre en complément du petit-déjeuner) et le publicitaire joue avec les mots : idéal. Cela met en avant que c’est le meilleur produit et qu’il est le plus adapté pour compléter un petit-déjeuner. « Riche en goût et sans sucre » Que met en avant le riche en goût ? YAGLOU a bon goût et cela donne envie. Connaissez-vous les saveurs ? Avec quoi les détecte-t-on ? Les 4 saveurs sont : l’acide, le sucré, le salé, l’amer et on les reconnaît grâce aux papilles gustatives situées sur notre langue. Pourquoi précise-t-on sans sucre ? Car si on mange trop de sucre on peut grossir. Mais la dénomination « sans sucre », dans la législation française, signifie sans saccharose. En réalité, il existe plusieurs sucres : le fructose (sucre des fruits), le glucose… Donc, il peut ne pas y avoir de saccharose mais on a pu mettre un autre sucre dans le produit, comme du glucose par exemple. « Aide à lutter contre la surcharge pondérale de vos petits aventuriers » Savez-vous ce que signifie surcharge pondérale ? C’est un excès de poids, des kilos en trop. 18 Pourquoi le publicitaire précise-il cela ? Et c’est à destination de qui ? Cela attire l’attention des mamans et les rassure sur un problème sérieux de Santé publique qu’est l’obésité. « Au rayon frais de votre hypermarché » Quel est l’intérêt de préciser cela ? On sait où on peut trouver le produit. Conclusion : Que pouvez-vous nous dire sur YAGLOU ? C’est un yaourt facile à boire, à prendre en complément d’un petit-déjeuner. Il donne la forme, et a bon goût. De plus, il lutte contre la surcharge pondérale et on peut le trouver facilement. Est-ce que vous étiez conscient du travail que doit fournir un publicitaire pour réaliser une publicité ? Donc il faut prendre du recul par rapport aux publicités, il faut penser à lire entre les lignes et ne pas oublier le but principal d’une publicité : nous inciter à acheter. Et pour cela, le publicitaire utilise tous les moyens possibles comme nous avons vu en décryptant cette publicité. Il est important d’avoir un esprit critique. c) Etude de la publicité Candia 19 Pour terminer la séance, nous avons étudié pendant quinze minutes environ une autre affiche publicitaire (cette fois-ci pour un produit qui existe réellement) dans le but d’évaluer ce qu’ils ont vu précédemment en étudiant la publicité YAGLOU. Nous avons résumé les questions et les réponses sous forme d’un tableau. Remarque : nous avons insisté sur l’image de la vache et essayé de montrer aux enfants qu’il y avait un petit souci la concernant. En effet, elle n’a pas de pie. Celui-ci a été enlevé juste pour une question d’esthétique. Qu'est-ce qui m'attire dans cette publicité? Quelles sont les couleurs de l'image? Ce que je vois… Me fait penser à… Et selon moi le message qu'on a voulu me faire passer est… vache petite fille échiquier au lait croissance intelligence/réflexion boire du lait boire du lait pour grandir Boire du lait rend intelligent vert nature produit naturel=bon pour la santé rose enfance produit pour les enfants Combien de fois retrouve-t-on le nom du produit? Pourquoi? 5 fois et c'est pour s'en souvenir Quel est le slogan? Candia fait pousser les petits Qu'est-ce que le publicitaire a oublié de dire? Qu’il ne faut pas boire que du lait pour bien grandir. Il faut manger de tout et varier son alimentation A qui s'adresse cette publicité? Aux enfants mais aussi aux parents car ce sont eux qui vont acheter le produit Conclusion : Ces deux animations se sont bien déroulées. Les élèves ont été très participatifs et les enseignants enthousiastes. Nous avons pu voir se développer au fil de la séance l’esprit d’analyse et critique des élèves. Au départ, nous avons ressenti quelques réticences mais ensuite les élèves se sont sentis de plus en plus en confiance et ainsi le travail a été productif. 20 C) Pistes pédagogiques Nos recherches nous ont amené à nous pencher sur diverses pistes pédagogiques exploitables par les enseignants en vue d’éduquer aux médias : - CLEMI28 Ce centre propose des fiches pédagogiques et des séquences d’activités à mener en classe, de la maternelle au lycée. L’approche est transdisciplinaire. Chaque enseignant peut donc l’adapter à ses objectifs, ses besoins et ses élèves. - Ouvrages Il existe certains ouvrages sur l’éducation aux médias. Nous avons exploré un ouvrage en particulier, celui de René La Borderie qui propose dans son livre l’Education aux médias et à l’image29 cinquante fiches d’activités et d’exercices qui s’adressent à différents niveaux, de la maternelle au lycée. Les fiches d’activités sont détaillées et correspondent à des apprentissages, de différents niveaux, en matière d’éducation à l’image. Les fiches d’exercices sont plus succinctes et centrées sur une sensibilisation critique aux faits contemporains de communication. Il appartient aux enseignants selon leur projet de mêler activités et exercices. Cette liste de fiches n’est pas exhaustive ; il existe de nombreuses autres possibilités pour éduquer à l’image et aux médias. Ces fiches ne constituent donc que des pistes de travail, destinées à faciliter la tâche des enseignants et à leur fournir des références pour leur projet. Ce livre donne des informations concernant l’étude de l’image (vocabulaire spécifique celle-ci etc…) et offre une sérieuse méthodologie pour éduquer à l’image et aux médias. 28 29 CLEMI : www.clemi.org La Borderie R. (1999) Education à l’image et aux médias. Nathan. Paris. 21 CONCLUSION Les médias sont actuellement au coeur du processus de socialisation des jeunes et véhiculent de nombreuses informations sur la société et le monde mais qui ne sont pas forcément le reflet de la réalité. De ce fait, l’éducation aux médias apparaît primordiale dans le scolarité des jeunes puisqu’elle permet le développement d’une attitude critique. L’école peut apporter des réponses et des solutions permettant aux jeunes d’appréhender la relation aux médias. Cependant, l’éducation aux médias ne fait pas réellement partie des programmes scolaires officiels. Seuls le rapport à l’image (notamment sa lecture et ses langages) ainsi que le développement du jugement et de l’esprit critique sont des capacités requises à la fin de l’école élémentaire mises en avant dans le socle commun des connaissances et des compétences. De ce fait, l’éducation aux médias à proprement dit ne peut émerger qu’à partir de projets d’école ou de cycle qui sont appuyés par les ambitions personnelles de certains enseignants convaincus du bien fondé de cette éducation aux médias. Des ressources, telles que certains ouvrage ou encore le CLEMI,…, sont mises à dispositions de ces derniers afin de les aider et de les conseiller dans leur démarche. Nous nous sommes reposées sur ces ressources pour notre étude de terrain et élaborer de ce fait notre séance. Nous avons permis aux enfants par une approche transversale d’ébaucher le développement de leur esprit critique à travers l’introduction de la séquence hygiène et santé et plus particulièrement dans le domaine de l’alimentation. Cependant, il est notable qu’une seule séance est insuffisante pour les sensibiliser à cet effet. Il apparaît alors important de mener des projets sur le long terme. Nous avons vu que seule une minorité d’enseignants parviennent à mettre en place une éducation aux médias dans le cadre de leurs cours. Nous pouvons nous demander quelle formation initiale leur est proposée ? Comment intégrer dans leur programme de formation l’éducation aux médias ? Comment pourrions-nous garantir une meilleure formation ? 22 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages : Barthélémy F. (2004). L'école et les médias. L’Harmattan. Paris/Budapest/Torino. Conseil de la Jeunesse d’Expression Française (CJEF) et Conseil d’Education aux Médias (CEM). Actes du Colloque du mercredi 12 décembre 2007. Comment développer chez les jeunes l’esprit critique face aux médias ? Dagnaud M. (2003). Enfants, consommation et publicité télévisée. Etudes de la Documentation françaises. Gonnet J. (2001). Education aux médias : les controverses fécondes. Centre National de documentation pédagogique. Hachette Education. Paris INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé). La santé de l’homme . n°396. Juillet-Août 2008. Médias et santé : développer l’esprit critique. article de Santamaria E. « quelle place pour le décryptage des messages médiatiques à l’école » p.28 à 30. La Borderie R. (1999) Education à l’image et aux médias. Nathan. Paris. Le Petit Larousse Illustré. (1995). L'Observatoire de l'enfance en France sous la direction de Langouët G. (2000) Les jeunes et les médias en France. Hachette. Paris. Ministère de l’éducation nationale. Qu’apprend-on à l’école élémentaire ? Les programmes 2009-2010. CNDP XO édition Pichette M. (1995). Apprendre à vivre avec les médias, une urgence pour l’école et la démocratie. L’école et les médias. Médias Pouvoirs. Hors série. Piette J. (1996). Éducation aux médias et fonction critique. L’Harmattan. Paris Montréal. UNESCO sous la direction de Frau-Meigs D. (2006). Kit d’éducation aux médias. Paris. - Sites Internet : CLEMI : www.clemi.org Comité départemental d’éducation à la santé des Alpes Maritimes : www.codes06.org Ministère de l’éducation, du loisir et du Sport au Québec : www.meq.gouv.qc.ca Réseau éducation médias : http://www.educationmedias.ca/francais/enseignants/education_aux_medias/pourquoi_l_ensei gner.cfm 23