II. Un peuplement inégal
A. Un grand foyer de peuplement aux densités inégales
Avec 735 millions d'habitants, Russes inclus, l'Europe représente 12 % de la population
mondiale. C'est le troisième foyer de peuplement de la planète, après ceux d'Asie orientale et
méridionale. Ce petit continent de 10 millions de kilomètres carrés présente une densité
moyenne de 73 hab./km2, nettement supérieure à la moyenne mondiale (49 hab./km2).
Mais d'importantes disparités opposent de vastes espaces vides ou peu peuplés à des régions
dont les densités de population comptent parmi les plus fortes du monde. Les premiers sont
essentiellement situés au nord du continent, en Scandinavie et en Russie : la densité de la
Finlande ne dépasse guère 15 hab./km2. Inversement, les Pays-Bas et la Belgique présentent
des densités extrêmement fortes, respectivement de 400 et de 340 hab./km2.
B. L'organisation du peuplement européen
Le peuplement de l'Europe s'organise autour de l'isthme qui relie la Méditerranée à la mer du
Nord, par la vallée du Rhin et la plaine du Pô. Du nord de l'Italie au bassin de Londres, il
regroupe un tiers de la population. Ses très fortes densités, juste interrompues par les Alpes et
la mer du Nord, sont insensibles aux frontières. La population y est essentiellement urbaine,
regroupée dans un chapelet de grandes agglomérations : la mégalopole européenne.
De part et d'autre de cette dorsale, les densités baissent progressivement, surtout vers le Nord
Scandinave et l'Est continental. Les foyers de peuplement, de plus en plus espacés,
s'organisent en bassins centrés sur une capitale comme Paris, Madrid ou Budapest : les
densités, fortes au centre, s'affaiblissent rapidement à mesure qu'on s'en éloigne.
Les littoraux, méditerranéens et atlantiques, s'affirment de plus en plus comme des liserés de
fortes densités résultant de leur situation d'interfaces. Ils abritent un tiers de la population du
continent.
Le peuplement de la France combine ces trois logiques.
C. Les facteurs du peuplement européen
À l'exception des vides du Nord liés au froid, et des montagnes, les facteurs naturels ne
permettent guère d'expliquer les contrastes du peuplement. L'histoire joue un rôle bien plus
important. Dès le Moyen Âge, la tradition d'échanges de l'Europe a privilégié le peuplement des
grandes voies de circulation reliant des façades maritimes actives : l'axe mer du Nord-vallée du
Rhin-Méditerranée s'affirme très tôt par rapport au reste du continent, peu peuplé.
Née en Europe, la révolution industrielle a accentué les contrastes de densité : favorisé par la
mécanisation de l'agriculture, l'exode rural s'est fait au profit des régions industrielles et
minières telles que les Midlands anglais, la Ruhr, le bassin de Londres ou le Nord de la France.
Elles sont devenues des concentrations humaines de premier ordre, et le sont aujourd'hui
encore. La mégalopole européenne résulte aussi de processus cumulatifs : l'axe de circulation,
ancien, est sorti renforcé de la révolution industrielle.
Excentré, longtemps sous-industrialisé et agricole, le reste de l'Europe est demeuré en
périphérie de ces mouvements. Son peuplement s'est organisé au profit de capitales nationales
et d'empires concentrant pouvoir politique et économique.
Aujourd'hui, dans le cadre de la mondialisation, l'ouverture croissante de l'économie
européenne favorise la littoralisation de la population. Activités maritimes, tourisme de masse,
héliotropisme et migrations de retraite d'une population vieillissante accentuent cette tendance.