Unités de recherche
mars 2011 - vague C
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rapport à l’Empire germanique ou à la Russie entre autres prennent ici une dimension intéressante. Le contexte des
relations et des tensions internationales, au moment de la 3e république française, donne à ces liens un éclairage
encore plus fort. Quoi qu’il en soit, ces objectifs, poursuivis par ces dirigeants « d’activités récréatives », obligent
dans un premier temps à casser les représentations qui sont inscrites dans ces pratiques (le rapport à l’Angleterre par
exemple pour le sport) et à introduire d’autres références pour qu’elles deviennent représentatives de la modernité
et du renouveau. Ces activités de loisirs deviennent ainsi l’objet d’enjeux qui les dépassent très largement ; les
groupes qui les transforment portant en effet des projets de rénovation de la société sur le plan social mais surtout
dans le domaine économique. Des processus identiques peuvent être mis en évidence dans les années 1930. Les
membres de la grande bourgeoisie française appartenant aux milieux des affaires et des finances multiplient les
voyages hors des frontières avec, comme objectif, de valoriser l’industrie et le commerce du pays. Ils ont ainsi
l’occasion de renforcer l’aura de la France à l’étranger ou dans les colonies et territoires annexés mais aussi d’assurer
leurs propres intérêts (sur le plan professionnel et économique).
En d'autres termes, notre travail cherche à comprendre l’engagement d’individus dont les caractéristiques
sociales sont assez proches, dans des institutions, les organisations sportives par exemple. Cet investissement apparaît
être le résultat d’une stratégie réfléchie et complexe de leur part pour masquer des enjeux dont plusieurs dépassent
le cadre du nautisme. Ces procédés s’inscrivent dans des formes d’actions politiques particulières, présentes à tous
les niveaux de la société et en particulier, les moins visibles, les plus naïfs : le sport et ses groupements. Des réseaux
dont les structures sportives font partie, se mettent en place qui permettent de défendre des idéaux et des idéologies
d’en assurer la diffusion. Ce que S. Wolikow pourrait appeler « les autres lieux du politique ». Ces analyses ont
également comme ambition de participer aux recherches en histoire qui visent à affiner la connaissance des groupes
sociaux et à montrer que la Bourgeoisie, l’Aristocratie, etc. ne sont pas des groupes homogènes et simples et que leur
engagement dans l’acte politique ne l’est pas non plus
.
Mots-clés : Enjeux nationaux – groupes sociaux – économie – politique – modernité – relations internationales.
Thème de travail n°3 (débuté en 2010)
« Sports et régionalismes. Les mouvements nationalitaires en question »
Dès la fin du dix-neuvième siècle, les activités physiques et sportives constituent un terrain privilégié
d'expression des identités locales et nationales. Les confrontations, les manifestations ainsi que les diverses formes de
sociabilité sportives contribuent à ce que des collectivités humaines prennent conscience de leur unité et de leur
appartenance à une même communauté, voire la construisent et la renforcent. Parallèlement, un ensemble
d'interrogations a émergé plus récemment autour des phénomènes régionalistes et irrédentistes (que l'on rassemblera
sous la dénomination de « mouvements nationalitaires » [Dieckhoff, 2000]), concernant notamment le rôle des sports
dans le processus de reconnaissance, d'émancipation voire d'autonomie de « groupements linguistiques, ethniques,
historiques…[se concevant] comme des nations » (Rémond, 1974). On assiste en effet au cours du dix-neuvième siècle
à un réveil des mouvements nationalitaires, qui s'attachent à mettre en avant les singularités de leurs espaces, avec,
en toile de fond, des stratégies de folklorisation et d'inventions de traditions (Hobsbawm et Ranger, 2006). Certaines
pratiques sportives vont dans ce cadre renforcer les appartenances locales et de fait on constate que la souveraineté
territoriale accompagnent l'institutionnalisation des APS. Notre recherche vise à analyser la diversité et la complexité
des dispositifs amenant à faire des sports des supports de revendications particularistes, d'exacerbation du sentiment
régional voire d'affrontement de minorités nationales oppressées contre une domination étrangère, l'exaltation d'un
« nationalisme de dissociation » (Dieckhoff, 2000). Il s’agira alors de mettre au jour (et donc de comparer) l'utilisation
réelle mais aussi symbolique des sports dans le cadre de constructions identitaires originales.
Ce travail, qui fera l'objet d'un livre à paraître fin 2011 (accepté par les Presses universitaires de Grenoble) a
réuni des chercheurs français (Université de Picardie, Université de Lille, Université de Bretagne occidentale,
Université de Pau et des pays de l'Adour, Université de haute-Corse, Université de Nantes), mais aussi des chercheurs
étrangers (Espagne/pays basque ; Espagne/pays catalan, Italie, Belgique).
2) Production scientifique :
Liste (auteurs, titres, références) de vos principales publications depuis le 1er janvier 2007, dans et hors le cadre
de l’activité du laboratoire d’appartenance :
GOUNOT, A., CARITEY, B., JALLAT D. (dir.). (2007). Les politiques au stade. Etude comparée des manifestations
sportives nationales et internationales (du XIXe au XXIe siècle). Rennes : PUR
JALLAT, D. (2007). Anglophobie, américanophilie en France ; l’exemple de la Coupe internationale de la voile de Paris
à la fin du 19 siècle. Sport History Review, vol 38/2, 134-147.
JALLAT, D. (2007). La littérature pour jeunes, « l’innocence » au service de l’idéologie coloniale. Outre-Mers ; revue
d’Histoire, 356 & 357, 235-264
JALLAT, D. (2010). La presse spécialisée nautique vecteur d’idéologies : l’exemple du journal Le Yacht à la fin du
Voir Gérard Noiriel "Une histoire sociale du politique est-elle possible?" Vingtième Siècle, Revue d'histoire,
n° 24, 1989, pp. 81-86.