Le riz et les OGM

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I - Introduction
Les plantes sont fréquemment exposées aux contraintes de l’environnement et
soumises à une multitude de stress biotiques et abiotiques. Parmi les stress biotiques se
trouvent ceux causés par les organismes pathogènes. Les champignons sont les plus répandus
et les plus dommageables pathogènes des plantes cultivées. Par exemple Magnaporthe Grisea,
le champignon filamenteux responsable de la pyriculariose du riz, provoque chaque année des
pertes de rendement de culture considérable (10 à 30 %).
C’est pour répondre à ce type de problématique qu’il ya plus de 15 ans, le CNRS et
Rhône Poulenc Agrochimie, devenu entre temps Aventis CropScience puis Bayer
CropScience, ont souhaités collaborer au sein d’une structure commune et originale, le
Laboratoire Mixte. Les objectifs généraux de cette unité sont de contribuer à une meilleure
connaissance des mécanismes de défense des plantes dans les étapes précoces de
développement, ainsi qu’une meilleure compréhension des mécanismes infectieux utilisés par
les champignons pour coloniser leur hôte, notamment grâce à l’étude du pathosystème modèle
Magnaporthe Grisea/Riz. Le laboratoire Mixte a également pour objectif de contribuer à
l’identification de nouvelles cibles fongicides par l’étude d’enzymes essentielles au
métabolisme des champignons, telles les enzymes des voies de biosynthèse des acides aminés.
En effet, contrairement aux mammifères, les végétaux et la majeure partie des
microorganismes sont capables de synthétiser les vingt acides aminés entrant dans la
composition des protéines. Parmi eux, la méthionine et la cystéine, les deux acides aminés
soufrés sont synthétisés à partir de la voie d’assimilation du sulfate et occupent une place
essentielle dans le métabolisme cellulaire. La voie de biosynthèse de ces acides aminés
soufrés a été jusqu’à présent peu étudiée chez les champignons contrairement aux plantes et
aux bactéries qui nous servent aujourd’hui de modèles de comparaison.
Selon le règne étudié, végétaux, procaryotes ou champignons, cette voie du soufre
présente de nombreuses différences, en particulier au niveau de la voie de transsulfuration,
séquence métabolique faisant le lien entre la synthèse de la cystéine et celle de la méthionine.
L’étude de cette voie chez els champignons permettra de mieux comprendre son organisation
et sa régulation, ainsi que son rôle dans le développement du champignon au cours de son
cycle infectieux.
Lors d’une interaction entre le champignon et on hôte, deux hypothèses sont
envisageables :
1 – Le pathogène se développent sur la plante en puisant dans la réserve
d’acides aminés soufrés de celle-ci, dans ce cas la voie du soufre chez le champignon n’a
qu’un rôle secondaire dans son développement au cours du processus infectieux.
2 – La réserve d’acide aminés soufrés de la plante est trop faible pour permettre
le développement du pathogène, dans ce cas la voie d’assimilation du sulfate et de
biosynthèse de la cystéine et de la méthionine est nécessaire pour le champignon. Dans cette
dernière hypothèse, le développement du pathogène pourrait dépendre du stock de sulfate de
la plante, et la voie du soufre serait donc capitale pour la croissance du pathogène au sein de
la plante infectée. Outre l’aspect fondamental, ces études pourraient également déboucher sur
l’identification de nouvelles stratégies appliquées à la protection des cultures.
II – Terminologie de la phytopathologie
La phytopathologie ou phytiatrie (en anglais : phytopathology, plant pathology ou
plant disease) est la science qui traite des maladies des plantes. Elle correspond dans se
grandes lignes au concept de « médecine des plantes » (en allemand Phytomedizin), mais le
vocable français de phytomédecine est généralement récusé dans ce sens, a cause de son
caractère équivoque par rapport à la médecine par les plantes », ou phytothérapie, qui relève
de la pharmacologie humaine.
Les études phytopathologiques reposent sur la mise en œuvre des notions de
botanique, de microbiologie, de biologie moléculaire, de génétique, de biologie végétale, de
biochimie, de physiologie végétale, d’écologie, de pyrotechnie, de toxicologie,
d’épidémiologie et d’économie.
Classiquement la science phytopathologique n’englobe pas les problèmes liés aux
ravageurs et parasites animaux des végétaux, sauf pour ce qui est de leur rôle dans la
transmission des agents phytopathogènes (virus, bactéries, champignons). Toutefois la
littérature anglophone, contrairement à la francophone, inclut traditionnellement les
nématodes parmi les causes de « maladies » chez els plantes. La présentation des
angiospermes parasites rompt avec une tradition francophone, le choix de s les y inclure se
justifie par la nature de s relations trophiques et moléculaires que les plantes parasites
établissent avec leurs hôtes ainsi que par la similitude des problèmes posés par la lutte contre
les plantes et les autres groupes de parasites.
Si l’on considère qu’une culture résulte de l’introduction de génotypes particuliers de
végétaux (cultivars ou variétés) dans un environnement écologique déterminé, le concept de
« maladie » se rapporte aux anomalies observées par rapport au phénotype attendu. Il s’agit en
l’occurrence d’un concept qui, pour l’agriculteur, l’horticulteur ou le sylviculteur, sera
essentiellement opérationnel, relatif à l’objectif économique poursuivi.
Les anomalies du phénotype par rapport à la norme attendue portent le nom de
symptômes. La pathogénèse représente l’ensemble des processus inducteurs de la maladie qui
aboutissent à l’expression des symptômes.
Les altérations touchant la valeur d’usage de la plante (esthétique dans le cas de
plantes ornementales), le produit de la culture (rendement en grains, tubercules, fruits) ou le
potentiel de production (longévité chez un arbre) sont appelés dégâts (en anglais damage).
Le déficit économique ou social résultant des dégâts, définis en valeur financière,
exprime les pertes économiques (en anglais : loss).
Pour pouvoir mettre ne œuvre les moyens de lutte adéquats contre la maladie il faut
pouvoir identifier la cause exact des symptômes observés, ci-dessous exposer un diagnostic
correct. La science qui étudie les causes des maladies porte le nom d’étiologie, elle constitue
la base de la réflexion et de l’action en phytopathologie.
S’insérant dans l’ensemble de production des végétaux, la phytopathologie présente un
important volet économique (appréciation financière des dégâts encourus, financement des
moyens de lutte), des aspects relatifs à la santé publique (effets des méthodes de lutte sur la
qualité des produits, résidus toxiques), et un volet se rapportant au coût environnemental des
moyens de production mis en œuvre. La sensibilisation croissante des consommateurs aux
problèmes de l’environnement encourage également la phytopathologie à être à l’écoute des
attentes sociétales.
La résolution des problèmes phytopathologiques que l’on rencontre dans la pratique
agronomique repose donc sur la connaissance approfondie de la plante hôte, de son
environnement, des modalités de sa culture, des agents pathogènes et des conditions de sa
pathogénèse, ainsi que du contexte socio-économique dans lequel évolue le système de
production (Fig. 1)
Figure 1 : Principaux facteurs intervenant en phytopathologie
I .1 - Historique de la phytopathologie : les maladies des plantes aussi vieilles que
l’agriculture
Dès son origine, l’agriculture créa des conditions favorables aux maladies des plantes
cultivées en concentrant des populations de végétaux sur certaines surfaces et en effectuant
des cultures successives de la même plante sur une même sole.
La phytopathologie a joué un rôle déterminant dans plusieurs évènements historiques.
Au début du 17e siècle, les armées du tsar de Russie qui étaient sur le point d’écraser les
ottomans, furent décimées en consommant de la farine de seigle empoisonnée par des
alcaloïdes provenant du champignon de l’ergot, Claviceps purpurea ; cet évènement permit à
l’Empire turc de se maintenir 200 ans encore.
En 1846, les pertes provoquées par l’introduction en Irlande du champignon
Phytophthora infestans, l’agent du mildiou de la pomme de terre, décimèrent la, population et
provoquèrent une émigration massive vers le Nouveau Monde. C’est encore le mildiou qui
ravagea les cultures de pomme de terre en Allemagne en 1916, provoquant en 1917, parmi la
population civile, des famines qui sapèrent l’effort de guerre de la Prusse.
C’est la phytopathologie aussi qui fit des anglais les buveurs de thé que nous
connaissons, alors qu’ils étaient des buveurs de café jusqu’aux alentours de 1880, époque à
laquelle les caféiers de Ceylan (Sri Lanka) furent détruits par le champignon responsable de la
rouille (Hemileia vastatrix) et remplacés par des théiers.
Aujourd’hui encore l’introduction de nouvelles maladies joue un rôle déterminant
dans la disponibilité et les prix des denrées agricoles, tout comme dans les aspects
alimentaires de la géopolitique. Parmi les nombreux exemples récents, signalons en 1970
l’extension en Afrique et en Asie des bactéries responsables du « greening » des agrumes et
du psylle qui en est le vecteur ; en 1960 l’extension en Europe du mildiou du tabac, importé
d’Australie par un laboratoire Européen : en 1970 l’épidémie foudroyante du champignon
Helminthosporium maydis sur maïs aux Etats-Unis dus à l’homogénéité génétique des
cultures ; en 1972 la seconde vague de trachéomycose de l’orme (causée par le champignon
Ophiostoma novi-ulmi) en Europe occidentale ; le développement en 1970 de la rouille du
caféier en Amérique du Sud et de l’anthracnose du caféier en Afrique ; l’extension du feu
bactérien de Rosacées en Europe en 1972, de la bactériose du Manioc en Afrique en 1970, des
chancres du cyprès et du platane, des virus transmis par les champignons du sol en causant la
mosaïque jaune de l’orge et la rhizomanie de la betterave en Europe : le développement des
virus transmis par Bemisia tabaci en Europe et aux Etats-Unis (1990).
Les causes de la plupart des maladies des plantes ne furent identifiées qu’au cours des
périodes récentes. Certes, les Anciens (Grecs, Hindous, Chinois ou Aztèques) avaient une
conscience très nette de l’existence de maladies chez les végétaux cultivés. Ils attribuaient ces
phénomènes à des causes divines et envisageaient essentiellement comme moyens de lutte
des incantations magiques ou des cérémonies destinées à apaiser les dieux.
Théophraste tenta d’établir une relation entre les maladies des plantes, la marche des
corps célestes et les facteurs du climat. Il pressentait également les différences de sensibilité
des variétés de plantes cultivées vis-à-vis des maladies. Les thèses de Théophraste persistèrent
jusqu’au 18e siècle, dans le cadre d’une conception selon laquelle les structures anormales et
pustules diverses observées sur les plantes malades se formaient par génération spontanée
endogène.
En 1665, Hooke (Hooke, R., Micrographia : or some physiological description of
minute bodies made by magnifying glasses. 1665 - Réimpression 1961, New York, Dover
Publications) décrit la première observation microscopique d’un champignon phytopathogène
avec une précision proche de celle des techniques contemporaines (Photo 1).
Photo 1 : Une même structure fongique à trois siècles d’intervalle
a : structures fongiques sur une feuille de rosier infectée par la rouille (Phragmidium rosae)
représentées schématiquement par Hooke en 1665 ;
b : aspect des mêmes structures observées au microscope électronique en 1987 ( _ : 100µm)
En 1729, Micheli (Cité par Semal, J., pathologie des végétaux et géopolitique. 1982,
Paris, La Maison Rustique) montra que les champignons saprophytes (Mucor, Aspergillus)
qui apparaissent sur des tranches de melons stériles, se développaient à partir de spores
transportées par l’air. C’est en 1807 seulement que Prévost (Cité par Semal, J., pathologie des
végétaux et géopolitique. 1982, Paris, La Maison Rustique) établit de façon claire que la carie
des céréales était causée par un champignon parasite exogène, créant ainsi les bases de la
phytopathologie moderne. Ses conclusions furent toutefois rejetées par l’Académie des
sciences de Paris et il fallut 60 ans encore pour voir accepté de façon généralisée le concept de
maladies contagieuses des végétaux causées pas des champignons.
En 1878, Burril (Burril, T.J., « Anthrax of fruit trees ; or the so-called fire blight of
peer, and the twig blight of apple trees. » Amer. Assoc. Adv. Sci. Proc. 29, 1880, pp. 583597) démontra qu’une bactérie pouvait être responsable d’une maladie chez les plantes, en
l’occurrence le feu bactérien des Rosacées.
C’est en 1888 que De Bary (Cité par Semal, J., pathologie des végétaux et
géopolitique. 1982, Paris, La Maison Rustique) confirma de façon indiscutable que le
champignon Phytophthora infestans est responsable du mildiou de la pomme de terre ; il faut
attendre 1898 pour que Beijerinck (Cité par Semal, J., pathologie des végétaux et
géopolitique. 1982, Paris, La Maison Rustique)définisse la notion de « contagium vivum
fluidum » et 1935 pour que Stanley (Cité par Semal, J., pathologie des végétaux et
géopolitique. 1982, Paris, La Maison Rustique) prouve que les phytovirus sont des
macromolécules. Ce n’est qu’en 1956 que l’on démontre que l’ARN viral renferme
l’information génétique des virus. Les années 70 sont marquées par la découverte de deux
dernières catégories d’agents pathogènes, les phytoplasmes et les viroïdes.
Les moyens de lutte contes les maladies ont évolués en même temps que la
connaissance de leurs causes. Jusqu’au 19e siècle, les traitements ne se fondaient pas sur une
connaissance précise des causes. Les Incas cependant avaient déjà pour coutumes de séparer
les graines de maïs afin de ne semer que celles qui avaient tune belle couleur dorée. Les
Romains introduisirent quelques traitements chez les céréales : trempage dans le vin ou
l’urine et enrobage avec des tourteaux d’olives. En 1660, une loi fut passée en Normandie,
commandant de détruire l’épine-vinette que l’on soupçonnait, à bon escient, de favoriser la
rouille noire des céréales. Dès le 18e siècle, on utilise des traitements à la chaux et à la
saumure, au 19e siècle on recourt au soufre et aux composés cupriques, ouvrant ainsi la voie
au développement de la phytopharmacie contemporaine.
Malgré l’utilisation croissante des moyens de lutte phytosanitaire et les progrès
considérables réalisés dans ce domaine, la fin du 20e siècle se caractérise par le
développement soudain de certaines maladies affectant les cultures ou le produit des récoltes.
Parmi les facteurs qui expliquent ce phénomène, on peut citer l’accroissement en
volume et en vitesse des échanges internationaux et intercontinentaux (y compris dans des
buts scientifiques), la centralisation de la production de plants et de semences, l’introduction
de cultures nouvelles et de nouveaux agents phytopathogènes (souvent démunis de leurs
ennemis naturels)dans des zones géographiques d’où elles étaient absentes, l’homogénéité
génétique toujours plus grande des variétés et leur rusticité souvent réduites, les variations
génétiques des parasites entrainant le développement de souches pathogènes résistantes vis-àvis des pesticides, l’utilisation de pratiques culturales stérilisantes (aspersion, irrigation, excès
d’azote, mécanisation, cultures lacées dans des zones écologiquement défavorables…),
l’accroissement du transport et de la durée de stockage.
Etant donnés les moyens considérables mis en œuvre pour combattre les affections
existantes le danger potentiel permanent que représentent les maladies nouvelles, la
phytopathologie revêt une importance économique majeure en tant que composante
essentielle du rendement et de la rentabilité des productions végétales.
I . 2 - Symptômes
Le moment ou apparaissent les symptômes est souvent considéré comme le début de la
maladie, alors qu’il s’agit en fait de l’extériorisation d’un processus dont l’origine est
antérieure et qui peut être détectée ^plus tôt quand on utilise des techniques appropriées. On
voit donc que la notion de maladie, basée sur els symptômes, est relative et dépende des
critères utilisés pour la mettre en évidence. La maladie commence dès que la première cellule
est infectée, mais elle ne se manifeste que lorsque les réactions s’extériorisent. La période qui
sépare ces deux stades est appelée temps d’incubation.
Dans certains cas, les symptômes ne se manifestent pas : il y a latence. Il convient de
distinguer le cas du porteur de germes qui ne montrent jamais de symptômes apparents, et
celui du masquage ou les symptômes sont absents dans certaines conditions (température,
nutrition, stade de développement, etc.) mais n’apparaissent pas dans d’autres.
Les symptômes peuvent différer selon qu’on a affaire à une plante saine subissant une
primo-infection (symptômes primaires) ou à une plante qui se développe à partir d’un organe
(bulbe, graines, tubercules) déjà infecté (symptômes secondaires). Les symptômes primaires
désignent également les symptômes qui sont à l’origine de l’ensemble des anomalies
observées lors d’un développement d’une maladie. Les symptômes secondaires sont des
conséquences des premiers. Par exemple, des nécroses racinaires produites par un parasite du
sol (= symptômes primaires) entrainent le flétrissement de la plante (=symptômes
secondaires) ? L’ensemble de symptômes qui se succèdent au cours d’une infection
déterminée constitue un syndrome.
Les symptômes révèlent des altérations du végétal par rapport au phénotype attendu,
tandis que les dégâts se rapportent au produit ou au potentiel de production. Certaines
maladies sont caractérisées par des symptômes spectaculaires qui ne provoquent guère de
dégâts, notamment lorsqu’ils se manifestent à des stades particuliers de la croissance
(jaunissement des céréales à la sortie de l’hiver). D’autres au contraire ne présentent que des
symptômes limités, mais occasionnellement des pertes économiques importantes : c’est le cas
notamment des charbons des céréales.
Les symptômes peuvent être généralisés ou localisés ; s’ils s’étendent par la voie du
système conducteur, on les qualifie de systémique. Suivant leur vitesse d’évolution, on
distingue les maladies aigües (maladies à évolution rapide) des maladies chroniques (maladies
à évolution lente).
Les signes précurseurs de l’apparition d’une maladie portent le nom de prodromes.
L’utilisation de ces signes prémonitoires en vue de supputer l’évolution ultérieure de la
maladie aboutit au pronostic, qui prévoit le devenir d’une affection en se basant sur le
déroulement habituel de la maladie dans des conditions analogues à celles qui prévalent en un
moment déterminé pour un endroit déterminé.
Les maladies sont généralement classées en fonction de leur symptomatologie. Cette
nomenclature est souvent basée sur le langage vernaculaire et technique, spécialement dans
les travaux de langue anglaise. La classification peut également se fonder sur le type d’organe
atteint : on reconnait des maladies de conservation (post-harets disease) affectant des organes
pendant leur conservation, des maladies de semis et de plantules, des maladies de racines ou
du collet, des maladies de tiges ou de rameaux, des maladies du feuillage, de fleurs et de
fruits, des maladies vasculaires se développant dans le xylème ou dans le phloème.
Les symptômes comportent essentiellement des changements de couleur, des
altérations d’organismes, des modifications anatomiques, des productions anormales de
substances et des altérations diverses du métabolisme.
I . 2 . 1 - Modifications de couleur
Les anomalies de coloration affectent surtout les feuilles mais peuvent également
concerner les fleurs, les fruits les tiges et les racines (Photo 2)
Photo 2 : Modifications de couleur accompagnant des maladies de plantes
a : mosaïque due au virus de la mosaïque dorée du haricot ;
b symptôme de virescence sur pervenche due à un phytoplasme.
ANTHOCYANOSE
L’excès de pigments rouges violacés peut résulter, soit d’une destruction de la
chlorophylle qui révèlent la présence d’anthocyanes normalement présentes, soit de l
reproduction anormalement abondante de ces pigments en cas de maladie.
ALBINISME
Ce phénomène se caractérise par l’absence de toute pigmentation. L’albinisme peut
être d’origine génétique ou causé par des facteurs externes (herbicides agissant au niveau de
la chlorophylle). Il affecte soit l’entièreté de la plante, soit une partie du tissu seulement
(chimère)
HYPOCHLOROPHYLLOSE OU CHLOROSE
Ces termes désignent le manque de chlorophylle se traduisant par une pâleur de la
coloration du feuillage. Lorsque la chlorophylle est totalement absente, on obtient
généralement une jaunisse due à la révélation de la couleur des carotènes et des
xanthophylles. L’hypochlorophyllose présente des intensités différentes selon la cause qui la
provoque (carence en azote, en fer, jaunisse virale, jaunisses dues à des phytoplasmes,
asphyxie). Parfois la chlorose est limitée aux nervures (éclaircissement des nervures) ou au
limbe entre les nervures (jaunissement internervien).
HYPERCHLOROPHYLLOSE
L’hyperchlorophyllose désigne une intensification de la teinte verte des organes qui
leur confère un aspect bleuté. Elles correspondent souvent à une carence en phosphore ou à un
excès d’azote dans la plante concernée.
MOSAÏQUE
Ce terme décrit les symptômes caractérisés par une alternance de zones de coloration
vert pâle ou vert foncé et de zones chlorotiques ou jaunâtres. Lorsque la séparation des zones
verdâtres te jaunâtres est diffuse on parle de marbrure ; la panachure désigne l’alternance de
plages de couleur différentes à bords nettement définis. Les alternances de plages de couleurs
différentes peuvent se traduire par des tâches annulaires, des arabesques, des tâches digitées
ou en forme de feuilles de chêne, des mouchetures etc.
MELANOSE
La formation de substances foncées (accumulation de mélanines) s’observe
fréquemment en tant que manifestation pathologique. Le noircissement des tissus semble être
dû, le plus souvent, à l’action d’oxydases sur des substrats phénoliques.
VIRESCENCE
La virescence désigne des pièces florales restant vertes, alors qu’elles sont colorées
chez la plante normale ; ce phénomène s’accompagne souvent d’anomalies morphologiques
des organes floraux aboutissant à la phylloïdie (voir modification des fleurs).
I . 2 . 2 - Altérations d’organes
FLETRISSEMENT
Le flétrissement provient d’un déficit en eau ou d’un dysfonctionnement de la
conduction de xylème par des parasites radiculaires ou vasculaires. Le flétrissement peut être
brutal, ou progressif dans le cas de certaines trachéomycoses (maladies dues à un champignon
colonisant le xylème) ; il peut être réversible ou irréversible.
NECROSES
Les nécroses correspondent à la mort des cellules. Elles apparaissent le plus souvent
sur une aire limitée, mais elles peuvent parfois s’étendre à l’ensemble d’un organe, à des
groupes d’organes ou encore se généraliser à toute la plante. Au niveau des feuilles, on
observe des tâches nécrotiques ou des nécroses de nervures ; les tiges présentent parfois des
nécroses apicales (mort des extrémités), des nécroses corticales (chancres) ou des nécroses du
tissu conducteur (photo 1.3 ou symptômes internes). Les racines nécrosées montrent souvent
une coloration brune ou noire et entraînent la perte de turgescence de la plante.
PERFORATIONS D’ORGANES
La formation de nécroses locales sur des feuilles à la suite d’infection bactériennes ou
fongiques peut être suivie de la chute des tissus morts, laissant dans l’organe lésé des
perforations plus ou moins circulaires (feuilles criblées). Ces perforations peuvent également
résulter d’une cause traumatique brutale, telle la grêle.
POURRITURES
Les pourritures procèdent d’une décomposition des tissus ; qui fait suite à la
dislocation des cellules résultant de l’altération enzymatique des pectines des lamelles
mitoyennes (macération ou pourriture humide). Souvent, les cellules meurent les cellules
perdent leur consistance et deviennent le siège d’une colonisation par les organismes
secondaires, surtout des bactéries et des champignons.
TACHES SUDEREUSES
Suite à des attaques parasitaires ou a des anomalies physiologiques, des formations
anormales de suber (liège) peuvent survenir ai niveau de l’écorce (desquamations corticales)
ou au niveau des fruits (peau rugueuse, craquelure étoilée).
I . 2 . 3 - Modification au niveau des rameaux et des tiges
BALAIS DE SORCIERE
Les balais de sorcière sont des anomalies de ramification des tiges qui correspondent à
une prolifération abondante des rameaux à entre-nœuds raccourcis et à feuilles petites,
souvent déformées. Ils se développent à la suite d’une excitation anormale des bourgeons,
sous l’effet de traumatismes oud e parasites.
BOIS SOUPLE
Les tiges d’arbres peuvent présenter un défaut de rigidité dû à un manque de
lignification résultant notamment, d’infections par des phytoplasmes (bois caoutchouteux).
CHANCRES
Les chancres sont typiquement des altérations localisées de l’écorce des plantes
ligneuses, entourées de bourrelets cicatriciels subéreux, qui constituent des réactions du
cambium en réponse à des stress biotiques ou abiotiques (champignons, bactéries, agents
climatiques). Par extension, ce terme est utilisé de manière plus générale pour décrire les
nécrose corticales, tant chez les ligneux que chez les plantes herbacées.
FASCIATION
La fasciation consiste en une morphogenèse anormale des tiges qui perdent leur
symétrie radiale et s’aplatissent en une bandelette symétrique par rapport à un plan.
GONFLEMENTS
Les tiges et rameaux peuvent présenter des zones enflées (cas du « swollen shoot »,
maladie virale du cacaoyer, de certains chancres causés par des champignons, ou de sites de
pénétration d’angiospermes parasites).
NODULES LIGNEUX
Des productions ligneuses (ou nodules) se forment en surface ou à l’intérieur de troncs
ou de branches ; ces nodules résultent de plissement du cambium ou de la différenciation d’un
méristème interne sous l’action d’un traumatisme ou d’un parasite.
I . 2 . 4 - Modifications au niveau des feuilles
ENATIONS
Les énations sont des excroissances tissulaires qui se forment au niveau des nervures
foliaires, généralement à la suite d’une infection virale (virus de la mosaïque énation du pois –
PSbMV).
FRISOLEE
La frisolée désigne un limbe foliaire qui se gaufre, se cloque, se boursoufle. Ce
phénomène apparaît le plus souvent suite à des infections parasitaires (virus), à des piqûres
d’insectes (toxémiase) ou à des coups de froid.
POLYPHYLLIE
La polyphyllie consiste en une subdivision du limbe des feuilles normalement simples,
en un accroissement du nombre de folioles chez les feuilles composées, ou encore en une
augmentation anormale du nombre total de feuilles ; elle est liée à des troubles physiologiques
ou parasitaires.
ANOMALIES DIVERSES
A la suite d’infections parasitaires ou de traumatismes, les feuilles peuvent être
filiformes (réduction du limbe), épaissies, enroulées vers le bas (épinastie) ou vers le haut
(enroulement), ou encore présenter une texture anormale (gaufrement, pilosité).
I . 2 . 5 - Modification des fleurs
PHYLLODIE
La phyllodie (encore appelé chloranthie) est une transformation régressive d’un ou
plusieurs verticilles floraux en structures foliacées. Cette anomalie peut être due à des
circonstances climatiques exceptionnelles au moment de la floraison ou plus souvent à des
infections par des phytoplasmes. La phyllodie succède souvent à la virescence et l’ensemble
des deux phénomènes est appelé antholyse.
I . 2 . 6 - Anomalies de croissance
HYPERTROPHIE ET GIGANTISME
Ces termes désignent une croissance anormale des certains organes ou de la plante
entière, suite à un accroissement des dimensions des cellules (hypertrophie), ou suite à une
multiplication anormale de celles-ci (hyperplasie).
NANISME ET ATROPHIE
Il s’agit d’une réduction de la taille de la plante et de certains de ces organes.
I . 2 . 7 - Anomalies diverses
On peut observer des anomalies de turgescence, de longévité, de rythme de croissance,
d’habitus et de production chez les plantes malades.
EXSUDATION
L’exsudation d’eau ou de sève par une surface foliaire est un phénomène normal.
Cependant, il est des cas où, par son abondance et sa nature, elle présente un caractère
pathologique. Les exsudats chargés de bactéries qui se forment sur les organes infectés par ces
microorganismes portent le nom d’oozes.
ALERATIONS DU METABOLISME
Le ralentissement de la circulation de la sève élaborée par le phloème entraîne des
perturbations du métabolisme des glucides, des protéines, des hormones ainsi que des
processus d’oxydoréduction. Les feuilles concernées deviennent épaisses, cassantes, riche en
amidon et sont généralement atteintes de jaunisse et/ou d’anthocyanose.
Le manque de lumière provoque une chlorose accompagnée d’un allongement des
entre-nœuds (étiolement).
L’excès d’eau ou de méthane, provoque un déficit en oxygène dans le sol (asphyxie).
Le manque d’oxygène agit essentiellement au niveau radiculaire, les racines pouvant être les
siège de fermentations anaérobies, avec formation de composés toxiques (sulfures, alcools).
Dans d’autres cas, l’effet toxique est dû à l‘activité de la microflore anaérobie.
Les carences ou excès en éléments minéraux majeurs ou mineurs peuvent provoquer
des modifications de couleur, des altérations de racines, des malformations d’organes aériens,
ainsi que des modifications de la croissance et du développement des organes foliacés, des
fleurs et des fruits.
GOMMOSE
La production de gommes peut apparaître chez certaines plantes saines, amis en cas de
production anormalement abondante, elle révèle un trouble pathologique.
I . 2 . 8 - Anomalies internes
SYMPTOMES MACROSCOPIQUES
En effectuant une coupe dans un organe malade, on peut observer des brunissements,
des nécrose ou des pourritures internes au niveau de l’écorce, des tissus conducteurs (xylème
ou phloème) ou de la moelle des rameaux (Photo 3).des symptômes internes peuvent être
observés également dans les racines , les bulbes les graines, les fruits charnus, les tubercules,
etc.
Photo 3 : Symptôme interne : nécrose des tissus vasculaires d’un plant de bananier infecté par
l’agent de la maladie de Panama (Fusarium oxysporum f. sp. Cubense).
SYMPTOMES MICROSCOPIQUES
Thyllose
Les thylles sont des expansions vésiculeuses qui se forment dans le xylème partir des
cellules parenchymateuse vivantes qui lui sont adjacentes. S’ils sont volumineux et nombreux,
les thylles peuvent entraîner l’obstruction du lumen ; leur formation, accompagnée d’un dépôt
amorphe de gomme, est normale lorsqu’elle se produit dans un bois âgé, devenu inactif. Par
contre, à la suite d’une cause pathologique, des thylles peuvent se former dans les couches
fonctionnelles du bois. Ce symptôme est couvent lié au dépérissement des sujets concernés,
suite à l’infection par un agent pathogène vasculaire. (Photo 4).
Photo 4 : Anomalies internes accompagnant certaines maladies chez les plantes : thylle dans le
xylème d’une plante de tomate infectée par Verticillium dahliae ( _ : 10µm)
Callose
La callose est un polysaccharide qui recouvre normalement l’intérieur des cellules
phloémiques et qui peut, dans le cas de certaines maladies, former des dépôts anormalement
abondants. On peut rencontrer une production excessive de callose dans le phloème des tiges
ou des tubercules de plantes infectées par certains virus. Les dépôts anormaux de callose dans
le phloème peuvent être observés au microscope optique, après coloration au bleu de
résorcine (test de Igel-Lange).
Inclusions dans les cellules
Dans le cas de certaines maladies à virus, l’examen des cellules au microscope optique
ou électronique révèle la présence d’inclusions diverses, amorphes ou cristallines. L’aspect
des inclusions peut orienter l’identification des virus en cause (ex. : structures en « roues à
aubes » produites par les Potyvirus).
Structures cellulaires dans les tissus conducteurs
La présence de phytoplasmes dans le phloème peut être mise en évidence en colorant
leur ADN au Feulgen ou au DAPI (chapitre 10) et en observant les préparations au
microscope optique, lequel permet également de déceler les fluorescences anormales des
tissus conducteurs.
I . 2 . 9 - Excroissances pathologiques
Les excroissances pathologiques globuleuse à développement indéfini (tumeurs)
peuvent être d’origine non parasitaire (résultat de la greffe de certaines espèces incompatible
de Nicotiana), mais sont le plus souvent d’origine parasitaire. La bactérie Agrobacterium
tumefaciens induit des tumeurs résultant de la transformation génétique des cellules de l’hôte
par insertion de gène provenant d’un plasmide bactérien (chapitre 4).
Certaines excroissances des formes définies (galles) sont provoquées chez les
végétaux par des acariens ou des insectes. Par extension ; le terme « galle » est utilisé
également par caractériser els excroissances d’origine fongique ou bactérienne (ex : la galle
noire de la pomme de être causée par un organisme fongiforme Synchytrium endobioticum).
Il ne doit pas être confondu avec le terme de gale qui caractérise les altérations superficielles
des organes de l’hôte (ex. : la gale poudreuse de la pomme de terre induite par spongospora
subterranea). Le terme tératome désignes des symptômes tératologiques (tératologie = science
des monstres). Il caractérise des malformations des excroissances diverses d’origine très
variée, notamment des tumeurs sur lesquelles des pousses plus ou moins normales se
développent de manière anarchique.
I . 3 - Etiologie
L’étiologie est la science des causes des maladies. La plupart de ces causes sont
d’origine externe (facteurs exogènes) ; il s’agit des différents paramètres de l’environnement
ou des très nombreux agents pathogènes parasites (Tableau 1).
Tableau 1 : Présentation générale des causes de maladies chez les plantes.
Nombre de symptômes résultent de conditions écologiques inadéquates. Parmi les
paramètres du milieu (paramètres abiotiques) susceptibles d’induire des maladies figurent la
lumière, la température, l’eau et les différentes composantes de la nutrition minérale, ainsi que
les divers facteurs anthropiques (polluants). Les maladies résultant d’une inadéquation des
conditions écologiques sensu lato sont dites non parasitaires.
A l’opposé, les maladies causées par l’action d’agents pathogènes (virus,
phytoplasmes, bactéries ; champignons, etc.) qui se développent au dépend d’un végétal
vivant sont dites parasitaires. Ces parasites sont généralement infectieux (ils envahissent
l’hôte et s’y multiplient) et contagieux (ils se transmettent d’un plante infectée à une plante
saine).
Les microorganismes qui se développent en utilisant comme base alimentaire la
matière organique morte sont qualifié de saprophytes.
Dans quelques cas, les symptômes procèdent de modifications du génome de la plante,
dues à des mutations (albinos) ou à des transformations génétiques (tumeurs). Ces
modifications sont désignées sous le terme de maladies génétiques.
Un même symptôme peut être induit par des causes très diverses. C’est ainsi que les
jaunissements peuvent être dus à des causes non parasitaires (excès d’eau, carence en fer,
absence de lumière, herbicides) ou parasitaires (virus, viroïdes, phytoplasmes, champignons
vasculaires, etc.). Les balais de sorcière peuvent être causés par des bactéries, champignons,
virus, phytoplasmes, agents toxiques ou par le gel. Un flétrissement peut être dû à un manque
d’eau dans le substrat, à une altération des racines ou du collet, à une perturbation du
fonctionnement du système conducteur, à une transpiration excessive.
D’autre part, une même cause peut provoquer des symptômes très différents selon
l’hôte, le stade et le moment où la cause agit, les conditions biotiques ou abiotiques du milieu
ou l’époque de l’observation.
Certaines affections présentent des symptômes très typiques qui permettent
d’identifier immédiatement la cause qui les provoque (charbon des céréales, oïdium, rouilles).
Cependant, dans de nombreuses circonstances, la détermination d’une maladie devra faire
l’objet d’analyses particulières qui fondent la science du diagnostic. (Chap. 10)
I . 4 - Dégâts et pertes
I . 4 . 1 - relations entre symptômes, dégâts et pertes
L’information objective en matière de dégâts et de pertes est souvent fragmentaire et
imprécises. Par ailleurs, la relation entre symptômes, dégâts et pertes est généralement
complexe.
On évalue habituellement l’intensité des symptômes à l’aide de deux paramètres qui
sont l’incidence et la sévérité. L’incidence est la proportion des unités malades (organes d’une
plante, plantes dans une parcelle) par rapport à l’ensemble des parties analysées (par exemple
la proportion de plantes infectées). La sévérité apporte une évaluation quantitative du degré
d’attaque (par exemple le pourcentage de la surface foliaire nécrosée).
Parmi les paramètres à considérer dans la relation entre intensité des symptômes et
dégâts, mentionnons également le stade de développement de la culture et les organes où ils
sont observés. En céréales, les maladies du feuillage qui restent localisées dans la partie
inférieure de la plante peuvent être sans conséquences défavorables sur la production. Par
contre, la rouille noire des céréales (Puccinia graminis) dont les pustules n’occupent que 1%
de la surface foliaire, augmente la transpiration de 38%, créant un déficit hydrique qui, à
certains stades du développement, peut affecter sensiblement la qualité et la quantité du
produit.
Il existe également des phénomènes de compensation qui font que, jusqu’à un certain
niveau, la suppression d’une partie de l’appareil de production ou d’une partie des produits ne
diminue pas la valeur de la récolte (fruits moins nombreux mais plus gros, diminution de la
densité des céréales compensée par un tallage plus important ou une plus grosse production
individuelle des plantes, etc.).
Le type de production (cultures commerciales, culture de subsistance en régions non
industrialisées, potagers ou vergers d’appoints en régions industrialisées, jardins d’agrément)
doit également être pris en considération. Quelques taches superficielles de tavelure (maladie
fongique causée par un Ascomyta du genre Venturia) sur les pommes et poires d’un verger
d’agrément représentent un symptôme te constituent un dégât (perte esthétique par rapport à
un fruit présentant un phénotype « parfait »), mais n’entraîne pas de pertes financières, ce fruit
parfaitement comestible n’étant pas destiné à la commercialisation. Par contre, dans un verger
destiné à la production commerciale de fruits de table, ces taches induisent un déclassement
du produit et une diminution de leur valeur marchande (ce qui constitue une perte financière)
car leur aspect est moins apprécié des filières de commercialisation. Par ailleurs, si les lésions
superficielles de Venturia sont envahies ultérieurement par des parasites secondaires
(Trichothecium, Monilia), les fruits pourrissent et ne sont plus consommables.
Au plan macroéconomique, els pertes causées par les maladies résultent
principalement de diminutions de rendement, mais également de restrictions apportées à la
commercialisation des récoltes. En effet, les législations des pays importateurs imposent
souvent des standards de qualité phytosanitaire auxquels les produits doivent satisfaire, sous
peine de voir leur importation interdite. (ch11)
A côté de leurs conséquences économiques évidentes, les maladies des plantes
cultivées peuvent également dévaloriser des produits dont la qualité serait excellente par
ailleurs : mycotoxines (produites par différents Fusarium), aflatoxines (substances
cancérigènes produites par Aspergillus flavus chez l’arachide, le maïs, etc.), toxines de l’ergot
chez les céréales, résidus éventuels de pesticides surtout chez les légumes et fruits consommés
à l’état frais, etc.
Les cas d’intoxications résultant de la consommation résultant de la consommation
d’aliments contaminés par des champignons sont connus de longue date, notamment le feu de
Saint Antoine dû à l’ergot de seigle ou le béribéri cardiaque causé par différentes espèces de
Penicillium. Actuellement, les affections de l’homme et des animaux causées par des toxines
fongiques associées aux produits agricoles revêtent une importance croissante. Certaines de
ses toxines, dont les aflatoxines et els mycotoxines, peuvent menacer la vie même de
l’homme et des animaux ou, en cas d’ingestion de faibles doses, conduire à des cancers ou à
un affaiblissement de l’organisme. Nombre de plantes entrant dans la ration alimentaire du
bétail ou dans l’alimentation humaine, sont concernées. Les pays industrialisés ont fixé des
normes très strictes quand au taux d’aflatoxines toléré dans les aliments, mais le problème se
pose dans beaucoup de pays du tiers monde où ces toxines peuvent être abondantes dans
certains produits alimentaires présentés sur les marchés locaux non contrôlés.
I . 4 . 2 - Appréciation des pertes de rendement
Quand la production se situe au stade de la cueillette au sein d’une végétation
spontanée ou sub-spontanée (fruits sauvages, caoutchouc de la forêt amazonienne, parcours de
troupeaux), les maladies affectent peu un potentiel de production qui demeure par ailleurs très
limité. Au fur et à mesure que s’intensifie l’exploitation, des écosystèmes (Ager, Hortus,
Silva) il y a croissance du potentiel de production, mais aussi des niveaux de pertes qui
prennent de plus en plus le sens d’un déficit de type économique ou social.
Les dégâts sont souvent difficiles à chiffrer. Théoriquement, il s’agit de comparer une
situation de fait (niveau de production correspondant à un degré d’attaque par un agent
pathogène) à une situation idéale (absence de maladie) qui est souvent techniquement
impossible de reproduire à grande échelle. Les pertes peuvent s’apprécier par rapport au
rendement potentiel théorique (PoY pour potential yield) ; qui représente le potentiel
génétique d’une plante placée dans un environnement abiotique idéal (lumière, alimentation
minérale, température, eau, etc.) et indemne de toute contrainte parasitaire. Dans de telles
conditions, la production potentielle de la betterave sucrière est évaluée à 64t/ha de matière
sèche, chiffre beaucoup plus élevé que le rendement réel maximum (atY pour attainable
yield). Celui-ci est atteint dans des conditions écologiques réelles (avec les limitations qui lui
sont associées) ; il s’évalue avec les meilleures pratiques culturales en mettant en place une
protection totale (indépendamment de sa rentabilité économique ou de son impact sur
l’environnement). Ces données doivent cependant être interprétées avec prudence, étant
donnés les risques de biais expérimentaux difficiles à éviter (effets des pesticides sur la
physiologie de la plante, parasites mineurs, etc.). Ce rendement maximum réel diminué du
rendement obtenu en l’absence de toutes mesures de contrôle donne els pertes potentielles
dues aux agents pathogènes. Les pertes réelles sont celles qui sont effectivement observées
nonobstant la mise en œuvre de mesures de protection (culturales, biologiques, chimiques ou
génétiques). La réduction des pertes (pertes potentielles moins les pertes réelles) attribuables
aux mesures de protection et rapportée aux pertes potentielles permet d’évaluer le degré
d’efficacité des ces mesures (Figure 2).
Figure 2 : Types de rendement à prendre en compte dans l’évaluation des pertes
La distribution variable des maladies dans le temps et dans l’espace, les interactions
entre maladies, insectes et plantes adventices, sans mentionner els paramètres économiques et
sociaux, représentent les principales difficultés d’une évaluation des pertes de rendement et de
leurs conséquences économiques et sociales.
Plusieurs données sont requises pour chiffrer précisément l’impact des maladies (1) la
connaissance de la zone géographique concernée (extension géographique de la maladie) (2)
l’intensité et la fréquence de la maladie dans les différentes parcelles cultivées ; (3) la
connaissance de la relation entre pertes de rendement et intensité de la maladie, ainsi que la
manière dont les autres agents pathogènes, les insectes ou les plantes adventices peuvent
affecter cette relation ; (4) la mise en œuvre de plusieurs années d’expérimentation afin de
prendre en compte la variabilité annuelle liée aux conditions climatiques.
Cet ensemble de données est rarement disponible, quelles que soient les cultures et
régions agricoles. Les rares enquêtes menées à l’échelle mondiale ont été réalisés par la FAO
(Oerke, E.C., H.W. Dehne & A. weber, Crop productions and crop protection. Estmated
losses in major food and cash crops. 1994, Amsterdam, Elsevier Science) en 1965 et 1988-90.
La fiabilité des sources qui sont à la base des ces évaluations est difficile à contrôler et par
ailleurs, les pertes de rendement indiquées se rattachent à des systèmes de production qui ont
parfois profondément évolués. Ainsi des moyens de lutte nouveaux peuvent réduire
l’incidence de certaines maladies, tandis que d’autres ont actuellement une importance accrue
qu’elles ne connaissaient pas à l’époque.
Par ailleurs, beaucoup des données disponibles ont été obtenues dans le cadres
d’expérimentations ciblant spécifiquement un agent pathogène donné ou s’intéressant à une
technique de lutte particulière (lutte génétique, traitement chimique, etc.) ; ce type de
protocole est souvent peu approprié pour donner une vision précise de l’ensemble des pertes.
Les données les plus fiables concernent les pays de l’Europe de l’Ouest, l’Amérique du Nord,
l’Inde et l’Australie, tandis que les informations relatives à l’Afrique subsaharienne, le Sudest asiatique, le Moyen-Orient, la Russie sont beaucoup plus fragmentaires. Enfin, les
évaluations disponibles concernent souvent les pertes directe au champ sans prendre en
compte els pertes indirectes de rendement qui se manifestent tout au long des filières de
commercialisation et des chaînes de transformation artisanales ou industrielles (tab 1.2) ou les
coûts indirects supportés par les collectivités. Malgré leurs imperfections, ces enquêtes de la
FAO constituent toujours le meilleur inventaire (sinon le seul) établi en la matière au niveau
mondial.
Tableau 2 : Types de pertes occasionnées par les agents pathogènes.
Pertes
Primaires : affectent la production
directes
(production)
Diminution de la quantité des produits récoltés
proprement dite (échéance
immédiate)
Secondaires : affectent le
potentiel
de production (échéance différée)
Pertes
indirectes
(conservatio
n, utilisation)
Contaminations des cultures suivantes
Diminution du capital de production (longévité d'une
plante pérenne, productivité d'un sol)
Pertes au cours de la conservation chez le producteur
Pertes chez les transformateurs et négociants
Pertes dans la filière de transformation industrielle
Pertes chez les consommateurs
La figure 3 présente les niveaux des pertes potentielles attribuables aux maladies, aux
ravageurs animaux et aux plantes adventices pour quelques cultures majeures. Ces pertes sont
les plus élevées pour le riz et le cotonnier, deux plantes principalement cultivées sous des
climats tropicaux ou subtropicaux où les pressions parasitaires sont élevées. Sans aucune
mesure de lutte, près de 82% de la production de riz serait perdue. Le blé, qui est
principalement cultivé dans des régions tempérées et subtropicales, montre des pertes
potentielles avoisinant 52%. Chez le cotonnier, la pomme de terre et le caféier, l’ensemble des
pertes potentielles dues aux maladies, aux animaux et aux adventices avoisine 70%. Sur le
plan de la répartition géographique des pertes potentielles, l’Europe de l’Ouest (où les
cultures s’avèrent davantage extensives) montrent des niveaux de pertes potentielles
avoisinant 50%. Les autres ^parties du monde qui se trouvent dans des conditions tropicales et
subtropicales te favorables aux maladies et aux insectes, font face à des pertes potentielles de
l’ordre de 65% (Figure 4).
90
80
Pertes potentielles (%)
70
60
Maladies
50
Animaux
40
Adventices
30
Total
20
10
0
Riz
Maïs
Blé
Cotonnier
Pom m e
de terre
Caféier
Figure 3 : Importance des pertes potentielles dues aux maladies, aux ravageurs animaux, et aux
adventices pour quelques cultures majeures en 1992 – 1993 (d’après Oerke et Dehne – Oerke, E.C. &
H.W. Dehne, « Global crop production and the efficacy of crop protection – current situation and future
trends. » Eur. J. Plant Path., 103, 1997, pp. 203-215.)
70
Pertes potentielles (%)
60
50
Maladies
40
Animaux
30
Adventices
20
Total
10
0
Europe de l'Ouest
Am érique du Nord Afrique, Am érique
et Océanie
Latine, Asie
Figure 4 : Importance des pertes potentielles chez 8 cultures (cotonnier, riz, blé, caféier, maïs,
soja, orge, pomme de terre) en fonction des zones géograpiques en 1992 – 1993 (d’après Oerke et Dehne –
Oerke, E.C. & H.W. Dehne, « Global crop production and the efficacy of crop protection – current
situation and future trends. » Eur. J. Plant Path., 103, 1997, pp. 203-215.)
Le tableau 3 compare les pertes potentielles et les pourcentages d’efficacité des
mesures de protection actuellement mises en œuvre. Globalement, l’efficacité des moyens de
lutte est plus élevée avec les cultures de rente (cotonnier et caféier) que chez les plantes
largement cultivées comme cultures de substance (maïs, riz). Les variations régionales sont
cependant plus grandes que les différences entre els deux types de culture (tableau 1.4)
Tableau 3 : Efficacité des moyens de protection appliqués à 8 cultures majeures dans le monde en
1992 – 1993 (d’après Oerke et Dehne – Oerke, E.C. & H.W. Dehne, « Global crop production and the
efficacy of crop protection – current situation and future trends. » Eur. J. Plant Path., 103, 1997, pp. 203215.)
Tableau 4 : efficacité moyenne des mesures de protection des cultures en 1992 – 1993 (d’après
Oerke et Dehne – Oerke, E.C. & H.W. Dehne, « Global crop production and the efficacy of crop
protection – current situation and future trends. » Eur. J. Plant Path., 103, 1997, pp. 203-215.)
L’agriculture intensive européenne réduit de 61% les pertes potentielles touchant
l’ensemble des cultures, alors qu’en Amérique du Nord et dans el reste du monde, cette
réduction atteint respectivement 43 et 37%. Ce sont donc les pays en développement qui
payent le plus lourd tribut à ce gaspillage de ressources alimentaires. On pourrait dire à cet
égard que, dans les pays industrialisés, il faut produire mieux et perdre moins alors que dans
les pays moins industrialisés, il faut perdre moins et produire plus, tout zen adoptant des
pratiques d’une agriculture durable.
Entre 1965 et 1988-90 (date des deux enquêtes menées par la FAO), les rendements
réels maximums ont été augmentés grâce à l’introduction des variétés plus productives,
l’amélioration des pratiques culturales et l’utilisation des pesticides. Dans le même temps, les
pertes réelles ont augmentées en valeur relatives (Figure 5). Globalement les cultures pour
lesquelles on observe les augmentations de rendements les plus élevées sont également celles
qui montrent des accroissements les plus importants du pourcentage des pertes réelles. Une
telle observation montre qu’il faut éviter des transformer brutalement des cultures des
subsistance diversifiées en cultures intensives qui risqueraient d’être sujettes à des ravages
catastrophiques des parasites spécifiques , sans que l’on dispose de moyens techniques ou
financiers pour combattre ceux-ci. Toutefois, face aux difficultés d’augmenter els surfaces
cultivées, tant pour de s raisons économiques qu’écologiques, la méthode la plus efficace
d’augmenter le solde net utilisable en produits consisterait à réduire les dégâts en cours de
culture et les pertes subies pendant l’entreposage, le transport et la conservation.
Figure 5 : Evolution du rendement réel maximum et du pourcentage des pertes réelles chez 8
cultures d’importance mondiale entre 1965 et 1988 - 1990
I . 4 . 3 - L’impact macroéconomique et social des pertes de produits agricoles
L’impact macroéconomique et social des pertes de rendement des plantes cultivées
diffère selon le niveau d’industrialisation des pays concernés. Aux Etats-Unis, on évalue les
pertes occasionnées aux cultures (avant et après récolte) à près de 40% de la production,
malgré les moyens de lutte énorme qui sont mis en œuvre. De telles pertes diminuent
sérieusement le revenu des producteurs individuels, mais le pourcentage de la production
active engagée dans les activités de production agricole étant de l’ordre de 2 à 3%, les revenus
de l’agriculture ne représentent qu’un faible pourcentage du revenu national des USA. Dès
lors, bien que l’ensemble des pertes agricoles atteignent dans c e pays une valeur de plusieurs
dizaines de milliard de dollars, leur poids spécifique sur cette économie industrialisée et
diversifiée est relativement limité.
A l’opposé dans les pays dont l’économie est axée spécifiquement sur l’agriculture,
l’impact des pertes de rendement dues aux maladies aux insectes est particulièrement lourd.
En Amérique centrale, plus de 50% de la population active est engagée dans la production
agricole ; les pertes des principales cultures vivrières s’y élèvent à 20-30% et les dégâts après
récolte sont plus élevés encore. Dans ce type d’agriculture, le poids relatif des pertes
occasionnées par les agents pathogènes et els ravageurs est extrêmement important tant sur
l’économie des pays que pour les objectifs d’auto insuffisance alimentaire et d’emploi de la
main-d’œuvre.
II – Etude d’une maladie : La pyriculariose du riz causée par Magnaporthe grisea
II . 1 - Le riz
Le riz est une céréale, plante de la famille des Graminées ou Poacées cultivée dans les
régions tropicales, subtropicales et tempérées chaudes pour sa graine, ou caryopse, riche en
amidon.
Le riz est un élément fondamental de l'alimentation de nombreuses populations du
monde, notamment en Asie et en Afrique. C'est la première céréale mondiale pour
l'alimentation humaine, la deuxième après le maïs pour le tonnage récolté. Il est à la base de la
cuisine asiatique : chinoise, indienne notamment. On le cultive aussi en Europe, en Italie
(plaine du Pô), en Espagne, en Russie, en Grèce, au Portugal, en France (Camargue), en
Ukraine, en Bulgarie.
Le riz est cultivé soit en culture sèche, soit en culture inondée, dans des rizières,
terrains noyés périodiquement sous l'eau.
Il peut être blanc (Chine, Inde, France), brun (Chine), jaune (Iran), violet (Laos),
gluant (Chine, Laos)... consommé en grains, en pâte, en soupe, en dessert (riz au lait)...
Description
Un épi de riz (米 Ine), représenté sur le côté pile de la monnaie de 5 yen (五円),
symbolise l'immortalité, l'abondance et la pureté première
Le riz est une plante annuelle glabre à chaume (la paille) dressé ou étalé de hauteur
variable, de moins d'un mètre jusqu'à deux mètres, voire jusqu'à cinq mètres pour les riz
flottants. C'est une plante prédisposée au tallage, formant un bouquet de tiges, à racines
fasciculées. Les fleurs, en épillets uniflores, sont groupées en panicules de 20 à 30 cm,
dressées ou pendantes. Le fruit est un caryopse enveloppé dans deux glumelles grandes,
coriaces et adhérentes, l'ensemble formant le paddy.
Selon la texture du caryopse, on distingue les variétés :

ordinaires, à tégument blanc, le plus souvent, ou rouge ;

glutineuses (ou riz gluant).
Les variétés de riz africain sont généralement à tégument rouge.
Origine Botanique
Le riz appartient au genre Oryza L. qui comprend plus d'une vingtaine d'espèces, dont
deux sont cultivées :

Oryza sativa L., le riz cultivé, originaire de l'Inde, c'est le plus cultivé ;

Oryza glaberrima Steud., le riz africain ou riz de Casamance, originaire
d'Afrique centrale.
Le riz cultivé existe en de très nombreuses variétés, plusieurs milliers, qui ont été
classées en trois groupes :

japonica, à épillet court ;

indica, à épillet très long ;

intermédiaire, ou javanica.
On peut aussi les classer selon leur degré de précocité, selon la longueur du cycle
végétatif (en moyenne 160 jours), en variétés très précoces (90 à 100 jours), précoces, semiprécoces, tardive, très tard (plus de 210 jours).
Selon le mode de végétation, on distingue des variétés aquatiques, qui croissent en
terrain inondé, les variétés de montagne (croissant en culture sèche ou culture pluviale), les
variétés flottantes. Le « riz sauvage » appartient à un genre voisin : la zizanie (Zizania
aquatica L., originaire du nord des États-Unis et du Canada).
Espèces

Oryza alta Swnllen

Oryza australiensis Domin

Oryza barthii A. Chev.

Oryza brachyantha Chev.

Oryza eichingeri Peter

Oryza glaberrima Stend.

Oryza grandiglumis (Don.) Prod.

Oryza granulata Nees.

Oryza latifolia Beauv.

Oryza longiglumis P. Jansen

Oryza longistaminata Chev. & Roch.

Oryza meyeriana (Zoll. & Mon.) Baill

Oryza minuta Presl

Oryza nivara ?

Oryza officinalis Wall.

Oryza punctata Kotschy ex Stend.

Oryza ridleyi Hook. f.

Oryza rufipogon Griff.

Oryza sativa Linn.

Oryza sativa f. spontanica auct.

Oryza schlechteri Pilqer
Histoire
Le riz a commencé à être cultivé voici près de 10 000 ans lors de la révolution
néolithique, il a des origines beaucoup plus lointaines, puisqu'on en a retrouvé des traces dans
l'ancien continent indo-africain du Gondwana il y a 600 millions d'années.
Le riz était connu des anciens Grecs depuis les expéditions d'Alexandre en Perse.
Le riz est mentionné dès 1393 en France, dans le Mesnagier de Paris, mais c'est
encore un produit d'importation. Ce sont les musulmans qui l'introduisent en Espagne. En
Italie il apparaît en 1468.
Culture
Travail dans une rizière au Bangladesh
Près de 2000 variétés de riz sont aujourd'hui cultivées mais surtout, on en dénombre
plusieurs appellations:

le Paddy à l'état brut

le Cargo ou riz complet

le riz blanc lors de sa dernière phase
Généralement, 1 kg de riz paddy donne 750 g de riz cargo et 600 g de riz blanc. Les
fortes difficultés du riz quand à sa culture font que contrairement au blé, il n'est cultivé que
dans très peu de pays. C'est ainsi que près de 90% de la production mondiale est fournie par
l'Asie des moussons. Rien que les productions totales additionnées de la Chine et de l'Inde
dépassent la moitié de la production mondiale. Cela s'explique notamment par les exigences
du riz en matières climatiques et humaines. En effet, les besoins de la plante en chaleur,
humidité et lumière sont très spécifiques. Ce n'est que dans les régions tropicales et
subtropicales que le riz peut être cultivé toute l'année. L'intensité lumineuse exigée limite sa
production aux zones se situant entre le 45ème parallèle Nord et le 35ème parallèle Sud tandis
que les conditions pédologiques requises s'avèrent plus souple, la plante étant relativement
accommodante. Le riz demande cependant une humidité importante: les besoins mensuels
s'élèvent à au moins 100 mm d'eau par hectares et par mois.
A tous ces obstacles climatiques, s'ajoute la difficulté du riz à être récolté. Il n'existe
pas pour le riz, l'équivalent de la moissonneuse comme pour le blé. La récolte n'est donc pas
ou très peu automatisée ce qui requiert une main d'œuvre humaine conséquente. Par cet
aspect, le riz peut-être considéré comme une culture de pays pauvres, tant les coûts en capital
humain jouent un rôle prépondérant. Par ailleurs, la riziculture exige des surfaces planes, des
canaux d'irrigation, des levées de terres et l'aménagement de terrasses dans les zones
escarpées. De plus, les plantules de la plante de riz sont en premier lieu obtenues sous
pépinières avant d'être repiquées sous-eau dans un sol au préalablement labouré. Sur le long
terme, l'entretien pose aussi de sérieux problèmes car exigeant sarclage et désherbage de la
terre avant d'effectuer une récolte à la faucille obligatoire et dont les rendements s'avèrent
faibles. Ce mécanisme est celui de la culture rizicole dite intensive car ayant le meilleur
rendement et permettant 2 récoltes par an. Les cultures extensives ou sèches se pratiquent
encore mais offrent des rendements d'autant plus faibles.
Protection phytosanitaire du riz
Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les
parasites du riz :
Ministère de l'agriculture
Production
Ces dernières années, la hausse de la production de riz fut surtout due à la hausse des
rendements mais on constate ces derniers temps, une relative stagnation de ces derniers
(environ 38 quintaux par hectares). La production générale de riz fluctue moins que celle du
blé, du fait notamment des moindres enjeux économiques et politiques.
Statistiques 2004
En 2003, la production mondiale de riz paddy s'est élevée à 585 millions de tonnes
(sources FAO).
Principaux pays producteurs
Surface
Rendement
Producti
2003
cultivée (MHa)
Chine
27,40
(hectos/Ha)
61,2
on (Mt)
167,62
Inde
44,00
30,3
133,51
Indonésie
11,60
44,7
51,85
Bangladesh
11,10
34,3
38,06
7,44
46,5
34,61
Thaïlande
11,00
24,5
27,00
Birmanie
5,60
39,1
21,90
Philippines
4,10
32,2
15,35
Brésil
3,16
32,4
10,22
Japon
1,68
58,7
9,86
1,21
74,5
9,03
2,21
30,5
6,78
1,01
59,9
6,07
0,62
94,3
5,80
Viêt
Nam
ÉtatsUnis
Pakistan
Corée
du Sud
Égypte
Prévisions 2005
Les prévisions pour 2005, annoncent une augmentation du prix mondial, face à une
demande à la hausse. En 2004, le prix d'une tonne de riz « thaï 100 % grade B », a varié entre
250 et 270 dollars, le prix de la tonne de ce même riz devrait se situer entre 325 et 350 dollars
en 2005.
Les principaux facteurs de production seront pour 2005 :

réapparition attendue du phénomène climatique « El Niño » qui a toujours un
impact néfaste sur la reproduction de riz, en apportant la sécheresse sur le sud-est asiatique ;

des stocks mondiaux au plus bas, fin 2004 ils sont à moitié de ceux de l'an

production tendancielle en baisse dans la plupart des pays exportateurs, à
2000 ;
l'exception des États-Unis ;

augmentation importante de la demande mondiale.
Pays exportateurs

Seulement 4 % de la production mondiale annuelle, qui avoisine les 600
millions de tonnes, sont destinés au commerce international. Celui-ci est en croissance de 7 %
par année.

Les États-Unis vont devenir en 2005, le premier exportateur mondial avec 10,1

La Thaïlande fut le premier exportateur mondial en 2004 : 7,58 Mt (2003) -
Mt.
10,13 Mt (2004) - 8,5 Mt (2005 prévis.).
o
Le riz « Hom Mali » parfumé subtilement comme la fleur blanche du jasmin,
compte pour 25 % des exportations rapportant quelque 2,5 millions de dollars par année au
pays à environ 550 dollars la tonne, contre 250 dollars pour le riz blanc. Un million de petits
paysans dans le nord-est du pays, région connue sous le nom d'Isan, doivent se contenter le
plus souvent d'un revenu mensuel d'à peine 200 dollars et vivent largement au-dessous du
seuil de précarité dépendant de la mousson.

Le Viêt Nam est le deuxième exportateur : 3,9 Mt (2004) - 3,8 à 4,0 Mt (2005
prévis.)

L'Inde fut le deuxième exportateur en 2002 : 6,7 Mt (2002) - 4,3 Mt (2003) -
2,8 Mt (2004) - 1,3 à 1,4 Mt (2005 prévis.)
Pays importateurs

Les Philippines : 0,985 Mt (2004) - 1,1 Mt (2005 prévis.).

La Chine, le pays possède un énorme stock de riz évalué à 42 Mt, cependant
ses prévisions d'achats portent sur 0,7 Mt (2005 prévis.)
Utilisation
Pour l'alimentation
Quelques plats à base de riz :

Carry (Île de la Réunion)

Gâteau de riz

Mochi (Japon)

Paëlla (Espagne)

Risotto

Riz cantonais (Chine)
La cuisson du riz
Pour la santé
Le « riz doré » ou « Golden Rice » est un riz qui a été génétiquement modifié par une
équipe de chercheurs suisses menée par Mr Potrykus. Grâce à la biotechnologie, cette équipe
a enrichi, en vitamine A, un riz de l'espèce « Japonica ». Selon ces chercheurs, le « riz doré »
pourrait être une réponse à la détresse d'un demi-million de personnes qui chaque année
perdent la vue, et d'un à deux millions de personnes qui, chaque année, meurent de carence en
cette vitamine. De nombreux experts agricoles et écologistes considèrent toutefois que la
solution à la carence en vitamine A réside bien plus dans la diversification de l’alimentation,
plutôt que dans l’extension de la mono-culture.
Le riz et son eau de cuisson sont tout à fait efficaces pour aider à lutter contre les
diarrhées.
Le riz et les OGM
Selon la revue Science, la Chine, premier pays producteur et consommateur de riz,
envisage de commercialiser des riz OGM à court terme, c'est-à-dire dès 2006. Il s'agit de deux
variétés issues de la recherche chinoise, résistant à la pyrale du riz grâce à des gènes
transplantés l'un du Bacillus thurigiensis (riz Xianyou 63) et l'autre d'une plante, la dolique à
œil noir (riz Youming 86). Ces variétés ont fait l'objet de culture en conditions réelles en 2001
et 2003. Ces essais ont démontré la réduction sensible de la consommation de pesticides (80
%) avec un effet positif sur la santé des agriculteurs et sur leurs résultats économiques, et une
amélioration du rendement (63,6 q/ha contre 61,5 pour des variétés classiques). Cependant
aucune étude scientifique n'a encore démontré l'innocuité de ces produits OGM sur le corps
humain, ni leur nocivité d'ailleurs. La Chine est déjà le plus gros producteur de coton OGM,
mais avec le riz, ce serait la deuxième fois que des produits OGM seraient mis massivement
sur le marché de l'alimentation humaine (après le soja).
Le riz et le dérèglement climatique
La culture intensive du riz est à l'origine de l'émission d'une quantité assez importante
de méthane, puissant gaz à effet de serre. En riziculture, deux types de bactéries agissent : les
bactéries anaérobies se développent en l'absence d'oxygène ; les bactéries aérobies se
développent en présence d'oxygène. Les bactéries anaérobies produisent du méthane, et les
aérobies en consomment. Les techniques d'irrigation couramment utilisées pour la riziculture
favorisent le développement principal des bactéries anaérobies, donc la production de
méthane n'est que très peu absorbée par les bactéries aérobies. Conséquence, une grande
quantité de méthane est produite et lâchée dans l'atmosphère. Des techniques alternatives
d'irrigation pourraient cependant être utilisées pour limiter ce problème.
La production d'un kilo de riz correspond à l'émission de 120g de méthane. La
riziculture représente de ce fait le deuxième producteur mondial de méthane (60 millions de
tonnes/an) après l'élevage des ruminants (80 millions de tonnes/an).
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