Association Familiale Stéphanoise pour la Réhabilitation Du Carré Musulman ____________________________________________________________________________ Carré Musulman de Saint-Etienne Dossier réalisé par Nadim Ghodbane Claire Chevrier ___________________________________________________________________________ A. F. S. R. C. M. 25, Rue Descours 42000 Saint-Etienne Tel : 06 10 84 1 79 40 Carré Musulman de Saint Etienne Sommaire : 1 Partie A – Présentation 2 - 3 4 6 6 7 Le contexte Pénurie de cimetières musulmans Les institutions Recensement des carrés musulmans en France Rappels de textes officiels Partie B – Etat actuel 8 - Les concessions en Septembre 2005 depuis 1955 - Surface et densité 9 10 Partie C – Projections pour l’avenir 11 - Analyse des données : tendances et projections pour les dix ans à venir - Hypothèse 1 - Hypothèse 2 - Hypothèse 3 12 Partie D – Propositions concrètes 18 - Un carré dans plusieurs cimetières de Saint Etienne - Cimetière intercommunal et nouvelles tendances 19 19 Partie E – Conclusion 20 Annexes 21 2 15 16 17 PRESENTATION 3 Le contexte On estime à un peu plus de 10 à 11 millions(*) le nombre de musulmans vivant dans l'Union européenne. La France , avec près de 4 millions de personnes concernées, abrite la première population musulmane en Europe et celle-ci revendique désormais sa pleine intégration dans l'espace national. Ce nombre ne tient pas compte des différents degrés d'adhésion religieuse. La modernité, dans la mesure même où elle déstabilise les grands codes de sens qui fournissent aux individus des réponses aux questions ultimes de leur existence, fait surgir en même temps des demandes nouvelles de certitudes partagées. L'instabilité propre à des sociétés soumises à l'impératif du changement suscite des réaffirmations identitaires, à travers lesquelles les individus tentent de faire face à la condition sociale et psychologique incertaine à laquelle ce changement les assigne. Le recours identitaire à l'islam des jeunes générations trouve ici sa principale explication. La présence de l'islam n'est pas en tant que telle une réalité nouvelle, il n'est pas nécessaire de rappeler l'importance du fait musulman dans la France coloniale ni l'implantation ancienne de populations immigrées en provenance des pays d'islam sur le territoire métropolitain. Mais la situation s'est profondément transformée au cours des trente dernières années, en même temps que la condition des immigrés venus du Maghreb pour travailler en France. La sédentarisation définitive des familles dans le pays d'accueil et l'arrivée à l'âge adulte de générations musulmanes nées en France et, couramment, de titulaires de la nationalité française contribuent à l'établissement durable d'un islam de diaspora, pour lequel la perspective d'un retour au pays d'origine a perdu toute plausibilité concrète. La revendication que des carrés musulmans soient aménagés dans les cimetières s'affirme avec une force d'autant plus grande que l'intégration économique, sociale et culturelle se révèle plus difficile pour les intéressés et particulièrement pour les jeunes. Pendant longtemps la vie d'un immigré en France fut considérée comme «provisoire » (Sayad : 1980). Ainsi, une des caractéristiques essentielles de l'immigration en France est de s'être longtemps perçue comme une quasi migration saisonnière, alors même que l'installation des familles, avec le regroupement familial, modifiait les conditions du projet initial. La retraite, la mort sont deux nouvelles donnes de la modification du projet migratoire de l'immigration, elles résument le cheminement de l'émigré-immigré. La demande de cimetières séparés n'est pas une volonté d'isolement par rapport à la société d'accueil, mais un désir d'y être intégré, avec son identité propre. Le mouvement de visibilité religieuse actuel révèle une volonté d'organiser sa vie ici, en refusant de s'y sentir éternellement étranger. D'ailleurs, la réapparition de revendications de type religieux ne signifie pas forcément une crispation sur une identité passéiste. Au contraire, la volonté d'insertion s'accompagne, nous l'avons vu, d'une réaffirmation d'une identité propre. Bien que ce double mouvement puisse paraître paradoxal, il ne l'est pas forcément : c'est au moment où l'on se rend compte qu'on est en train de s'intégrer que des velléités d'affirmation identitaire réapparaissent, comme si, maintenant qu'on était suffisamment intégré pour être accepté et aussi pour se défendre, on se permettait de réaffirmer ce qu'on avait préféré cacher au moment où l'on se sentait si différent. Cette réaffirmation n'est d'ailleurs la plupart du temps pas un simple retour aux sources, mais recomposition. 4 Pénurie de cimetières musulmans A l'heure où l'on essaye d'organiser les instances de l'islam en France, la question de l'inhumation semble primordiale en terme d'intégration et d'enracinement. A l'heure où les premières générations d'immigrés vieillissent et sont confrontées à la mort, il apparaît que rien n'est prévu pour créer un nombre suffisant de cimetières musulmans et enraciner définitivement les immigrés sur le sol français. Si le droit musulman prévoit l'enterrement du mort là où il meurt, certains musulmans réalisent que la France ne leur accorde que des possibilités limitées de s'y faire enterrer selon leurs normes. Et bien que l'islam soit la deuxième religion de France avec ces 4 millions de musulmans dont plus de la moitié sont français, on ne compte qu'un seul cimetière musulman, celui de Bobigny, ouvert par décret présidentiel en 1934. Au fil des années, les places se font rares ; certains accommodements ont toutefois permis la constitution de carrés confessionnels dans les cimetières communaux, bien qu'une loi de 1885 fasse des cimetières des espaces à la fois publics et laïques dans lesquels tout regroupement par confession sous la forme d'une séparation matérielle du reste du cimetière est en théorie interdite. A partir de 1991, une circulaire adressée aux préfets préconise la création de ces «carrés» confessionnels. La circulaire stipule qu'il revient aux maires de décider du «regroupement, dans les cimetières communaux, des sépultures de défunts de confession musulmane». Cette idée n'est pas neuve, puisqu'elle reprend les termes d'une circulaire de 1975, rarement appliquée, qui prévoyait déjà de regrouper les sépultures de Français musulmans. Aujourd'hui, ce ne sont pas seulement des cimetières islamiques mais des lopins de terrain réservés aux inhumations des populations de confession musulmane, juive, bouddhiste... La circulaire de 1991 étend désormais son champ d'application «aux personnes de nationalité étrangère souhaitant que leurs défunts soient inhumés sur le sol de la société d'accueil». Les musulmans pourront ainsi, selon la tradition coranique, se faire enterrer la tête tournée vers La Mecque, puisque «l'orientation des tombes dans une direction déterminée» est autorisée par la circulaire. Néanmoins, contrairement aux pratiques courantes dans les pays musulmans, «l'inhumation directement en pleine terre et sans cercueil ne pourra être acceptée» (pour des raisons d'hygiène). Pour ce qui est de l'inhumation sur le sol français, le seul obstacle à l'application du rite musulman est qu'elle ne respecte pas le repos perpétuel des défunts. Comme la mise en terre en direction de La Mecque, il est de la liberté de chacun de faire effectuer la toilette du mort par un imam selon le rite, de même que la prière sur le mort qui ne pose aucun problème quant à son application. Enfin, enterrer le corps à même le sol en islam a pour but d'assurer une dégradation rapide du corps, qui doit ensuite se mélanger à la terre, dans une perspective de retour au lieu d'origine, ou encore de processus le plus naturel possible ; mais il est également considéré que le corps ne doit pas être écrasé par la terre, de peur qu'il ne soit endommagé. C'est pourquoi les musulmans le protègent d'une dalle. Compte tenu de cela, le cercueil n'apparaît plus trop étranger au rituel islamique et peut être compris comme une étape dans cette protection du corps. Rapatrier les défunts dans les pays d'origine représente un certain coût. La solution est l'ouverture de cimetières musulmans régionaux, voire départementaux, territoires d'enracinement qui réunissent les familles musulmanes de France et créeraient une mémoire collective pour les générations à venir. Certes, la volonté de rassembler les tombes musulmanes d'une part, l'exigence de perpétuité d'autre part, sont des motivations religieuses, mais il y en a d'autres, culturelles et sociopolitiques. Le fait même qu'une partie de plus en plus large de la population musulmane s'intéresse à une solution sur le sol français peut signifier une «intégration réelle». 5 Le rapatriement du corps est dû d'abord au manque de places et de moyens des familles pour payer des concessions perpétuelles dans les carrés musulmans... la peur de l'exhumation est là. Or, normalement, la stabilisation des vivants entraînerait celle des morts, puisque le choix du lieu d'inhumation est plus lié aux gens qu'au lieu ; le lien familial serait donc plus fort que celui qui peut exister avec la «terre natale». Souvent, ce sont les jeunes qui incitent les parents à se faire enterrer ici, dans le pays où eux-mêmes vivent. La deuxième génération a plus de racines en France qu'au pays d'origine. Les cimetières musulmans s'inscrivent dans une vision large d'intégration sociopolitique de la communauté musulmane de France. Bien que les premiers arguments avancés soient d'ordre religieux, car permettant de justifier le bien-fondé de la revendication, il est clair que ce souci religieux n'explique pas à lui seul cette demande. L'intégration est partout, non comme une volonté de se diluer totalement dans la société, mais plutôt comme celle d'être reconnu avec sa propre identité. A cet égard, nombre de Français musulmans, d'immigrés et de reconvertis formulent cette préoccupation : «Ils ne veulent pas de nous, même morts.» Les musulmans se sentent rejetés même dans la mort. Le rapatriement des défunts est souvent vécu comme une souffrance, une «double peine» car on se sépare du mort d'une manière virtuelle, une manière de dire que si la France était prête à «intégrer» les vivants, alors elle montrerait plus de souplesse pour accepter les morts. Le problème, c'est que la pensée de l'Etat considère les immigrés musulmans comme étrangers, donc provisoires, alors que la présence des musulmans n'est plus temporaire. Et tous les discours que nous avons pu recueillir ici et là à propos de cette revendication sont assumés comme des discours sociopolitiques où l'utilisation de l'argument religieux renvoie finalement à une stratégie vis-à-vis de la société et de l'Etat. L'islam ne demande qu'à s'intégrer selon la loi laïque. La confiscation de la liberté religieuse au niveau de la mort révèle une faiblesse de la législation française en cette matière. Il est certain que la création de cimetières musulmans contribuerait à stabiliser les populations musulmanes de France. Le droit au cimetière musulman est légitime parce qu'il est inadmissible d'attendre les vacances pour aller se recueillir sur les tombes des siens. Avoir les siens enterrés près de soi exprime la volonté d'une intégration réelle, donc de racines. Ainsi, s'intégrer c'est aussi exister en tant que mort. L'intégration passe avant tout par la désintégration du corps ici, en France. A l'heure où l'on essaye d'organiser les instances de l'islam de France, la question de la mort et la revendication des cimetières musulmans sont un chantier en friche. Responsables religieux, politiques, élus, chercheurs et citoyens... à vos plumes !. Source : Liberation.fr 6 Les institutions La marge d'appréciation du maire est totale. Il est la seule autorité de police en matière de funérailles. Sa compétence spécifique lui donne droit de fixer des conditions particulières d'organisation du cimetière. Ainsi un cimetière peut-être crée ou étendu pour être en partie consacré aux musulmans. Mais toute distinction collective visible est interdite, seul l'aménagement de la tombe peut laisser apparaître la foi religieuse du défunt et de sa famille. La règle actuellement en vigueur n'autorise aucune association à acquérir un terrain pour créer un cimetière ni à s’ingérer dans le pouvoir du maire au sein du cimetière communal. Recensement des carrés musulmans Le nombre de carrés musulmans en France ne dépasse pas aujourd'hui les 70, le plus important est celui de Thiais où il y a 7 divisions. La région Ile de France regroupe le nombre le plus important : 23 carrés. Dans la deuxième région de France où il y a une forte communauté musulmane, celle du Nord Pas de Calais, nous avons pu en dénombrer une quinzaine dont certains sont de petits carrés militaires et d'autres sont déjà pleins. La région la plus active est celle de la Basse-Normandie qui a réussi depuis l'installation du CRCM à ouvrir 4 carrés, le total des carrés dans cette région est de l'ordre de 7, un autre carré doit être ouvert prochainement à Lisieux... À Marseille où il y a une forte population musulmane il y a 4 carrés, un cinquième est en projet au Vaudrans, il aura une capacité de 600 tombes individuelles ou bien 300 tombes en concession de 6 corps. L'une des régions les plus discriminées est celle de la Moselle où il y a absence totale de carrés. La ville d'Argenteuil n'a pas encore ouvert un carré musulman malgré les demandes incessantes des musulmans. Les carrés peuvent être de petite taille, d'une capacité de quelques dizaines de tombes à quelques centaines voire des milliers dans le cas du cimetière de Thiais. 7 Rappels textes officiels Recommandations de la Consultation sur l'islam Lancée sous les mandats ministériels de Jean-Pierre Chevènement et de Daniel Vaillant, la consultation de l'islam a travaillé sur la question des carrés musulmans. Ses conclusions vont servir de feuille de route pour le nouveau Conseil Français du Culte Musulman. - Le groupe de travail recommande qu'une étude soit réalisée au niveau national afin d'évaluer les places disponibles dans les carrés musulmans au regard de la population dans les agglomérations concernées. - Le groupe de travail propose que les préfets incitent les maires à mener une réflexion prospective sur l'aménagement des carrés au sein des cimetières communaux. - Il propose qu'une information objective et dépassionnée soit réalisée auprès des maires afin que ceux-ci aient une connaissance des obligations faites aux musulmans. - Il recommande aux pouvoirs publics d'organiser la création de carrés musulmans dans les cimetières à l'échelon intercommunal, par exemple dans les "schémas de développement urbain" partout où le besoin s'en fait sentir. - Il propose qu'un local soit aménagé dans les cimetières, lorsque c'est possible, pour qu'y soient pratiquées la préparation et la toilette rituelle des corps avant l'inhumation. - Le groupe de travail recommande aux associations musulmanes d'informer les familles sur la législation funéraire française et sur les obligations des titulaires de concessions dans les cimetières. - De même que pour les lieux de cultes, mais en relation avec les maires et les préfectures, il pourrait être confié à un organisme islamique l'évaluation des besoins en lieux de sépultures à l'échelle nationale, régionale et locale afin de définir, évaluer et hiérarchiser les priorités. - Pour ce qui concerne le cas spécifique de Bobigny en Seine St Denis, le groupe de travail recommande que soit prise en considération la qualité de lieu de mémoire pour l'islam de France de ce site et que des crédits exceptionnels soient débloqués pour son réaménagement. " Intolérance et violences à l'égard de l'Islam dans la société française " Réponse du Gouvernement à l'étude (le 08 juin 2005) Le secrétaire général du Gouvernement a transmis le 1er juin 2005 la réponse du Gouvernement à l’étude de la Commission Nationale sur la Consultation des Droits de l’Homme (CNCDH) sur « Intolérance et violences à l’égard de l’Islam dans la société française » (20 novembre 2003), parue dans le rapport de la CNCDH de 2003. Le ministère de l’Intérieur précise à la suite des remarques de la CNCDH : En ce qui concerne les carrés musulmans non clos dans les cimetières, l'article 28 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat et les articles L.2213-7 et L.2213-9 du code général des collectivités territoriales ont établi un principe de neutralité confessionnelle des cimetières communaux Néanmoins, deux circulaires du ministre de l'intérieur du 28 novembre 1975 et du 14 février 1991, relatives à l'inhumation des défunts de confession musulmane, ont ouvert la possibilité de créer des carrés musulmans dans les cimetières, en assortissant celle-ci d’un certain nombre de précautions et de conditions permettant précisément de ne pas enfreindre ce principe de neutralité. En particulier, la circulaire de 1991 précise qu’« il est souhaitable que le carré confessionnel ne soit pas isolé du reste du cimetière par une séparation matérielle de quelque nature que ce soit. Il s'agit simplement d'un espace réservé ». Nombre de maires, en particulier dans les grandes agglomérations, ont déjà mis un carré à la disposition des musulmans dans le cimetière communal. Toutefois, ces maires sont très souvent confrontés à la pénurie de places. L'octroi d'un espace réservé apparaît donc d'autant plus difficile. Le mouvement de regroupements de communes pour la création de cimetières intercommunaux apparaît d'ores et déjà comme un début de solution à une question qui est relativement récente. 8 ETAT ACTUEL 9 Carré Musulman de Saint Etienne : Cimetière de Côte Chaude Les concessions depuis 1955 Carré musulman de St Etienne 394 concessions en Septembre 2005 35 Nombre de concessions 30 25 20 15 10 5 2003 2000 1997 1994 1991 1988 1985 1982 1979 1976 1973 1970 1967 1964 1961 1958 1955 0 Année Les données sont celles relevées en Septembre 2005 : il n’a pas été tenu compte de l’existence des concessions antérieures non renouvelées après 6 ou 15 ans, qui ont pu être remplacées par d’autres. Le nombre réel de concessions relevé pour 2005 est de 18 au mois de Septembre, la projection d’ici la fin 2005 est de 27 inhumations en 2005. Ces données montrent : Une réelle appropriation de cette terre par les familles musulmanes de France. Que ce phénomène a ses prémices dès 1970, s’amplifie de manière significative depuis 1985. On peut s’interroger dans cette progression sur ce qui se passe en 1998-1999. Les hypothèses suivantes peuvent être émises : Baisse de la mortalité ces années-là Non renouvellement de concessions de 6 ans Déjà une première saturation du carré Il semblerait que la première hypothèse n’explique pas tout : une baisse importante de la mortalité en 2004 (Sources INSEE) coïncide avec un nombre record d’inhumations au carré (30) cette même année. 10 Nombre de Année concessions 1955 1 1956 3 1957 3 1958 0 1959 0 1960 0 1961 1 1962 2 1963 2 1964 1 1965 0 1966 3 1967 0 1968 0 1969 0 1970 2 1971 1 1972 2 1973 3 1974 4 1975 1 1976 3 1977 1 1978 2 1979 5 1980 3 1981 3 1982 2 1983 4 1984 2 1985 3 1986 6 1987 12 1988 7 1989 8 1990 7 1991 8 1992 10 1993 17 1994 21 1995 31 1996 21 1997 28 1998 11 1999 17 2000 22 2001 21 2002 20 2003 22 2004 30 2005 18 TOTAL 394 Surface et densité : le Carré musulman de Saint Etienne Talus de broussailles 36m 40 m S A L L E D E P R I E R E Légende : Une rangée de tombes (14 tombes en moyenne) Surface totale…………………………………………………………….. Largeur moyenne des allées entre 2 rangées de tombes … Nombre de tombes …………………………………………………….. Places disponibles……………………………………………………….. 36 x 40 = 1440 m² 45 cm 394 en Septembre 2005 5 en Septembre 2005 Un carré de cette dimension devrait avoir une densité divisée par deux pour une meilleure accessibilité, pour les familles comme pour l’entretien. 11 PROJECTIONS POUR L’AVENIR 12 Carré musulman de Saint Etienne Tendances – Projections pour la prochaine décennie Analyse des tendances depuis 1955 Projection pour 10 ans 50 Nombre de concessions 45 40 35 30 25 20 15 10 Coefficient de corrélation : 0,917 Moyenne mobile sur 5 ans 5 05 20 00 20 95 19 90 85 19 80 19 75 19 70 19 65 19 60 19 19 19 55 0 Moyenne mobile sur 10 ans Année Une projection fiable en raison du nombre important des données L’évolution récente risque d’être minimisée par les 20 premières années pendant lesquelles le carré est très peu utilisé 45 tombes par an en 2015 13 Analyse des tendances depuis 1970 Projection pour 10 ans 100 90 80 Nombre de concessions 70 60 50 40 30 20 Coefficient de corrélation : 0,91 10 Coefficient de corrélation : 0,89 19 70 19 73 19 76 19 79 19 82 19 85 19 88 19 91 19 94 19 97 20 00 20 03 0 Année Moyenne mobile sur 5 ans Encore une projection fiable L’amplification du phénomène dès les années 1970 est prise en compte ici 86 tombes par an dès 2015 dans la projection la plus fiable tenant compte des seules données depuis 1970 14 Analyse des tendances depuis 1985 Projection pour 10 ans 80 70 Nombre de concessions 60 50 40 30 20 Coefficient de corrélation : 0,79 10 Coefficient de corrélation : 0,77 Coefficient de corrélation : 0,755 19 85 19 88 19 91 19 94 19 97 20 00 20 03 0 Moyenne mobile sur 5 ans Année Pas de projection aussi fiable en raison du petit nombre de données 75 tombes par an dès 2015 pour la tendance la plus probable Nous étudierons également les hypothèses de croissance lente, ou de stagnation du processus : 27 tombes par an dans le cas le plus défavorable, mais fortement improbable. 15 Carré Musulman de Saint Etienne Trois hypothèses pour la prochaine décennie Saint Etienne possède un carré musulman et un seul, pour une population de 180 000 habitants. Dans tous les cas, le carré actuel est saturé : 394 tombes en Septembre 2005, 18 en 2005 entre Janvier et Septembre, soit 27 d’ici la fin de l’année 2005 au prorata du nombre de mois écoulés. Neuf inhumations seraient donc à prévoir d’ici la fin de l’année, alors qu’il ne reste que 5 emplacements environ. Partons sur le nombre de 403 tombes dans le carré actuel fin 2005. Ce qu’il adviendrait avec un second carré de même surface : Avec une densité normale un tel carré peut recevoir environ 200 tombes HYPOTHESE 1 : Année 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 TOTAL Effectif annuel 38 41 44 49 54 60 66 74 80 86 Effectif cumulé 38 79 123 172 226 286 352 426 506 592 995 C’est l’hypothèse la plus fiable, basée sur les années 1970 à 2005 Ce type de croissance (exponentielle) ne permet pas de penser que l’on ait largement le temps de se voir venir en matière de prévisions, bien au contraire Dès le début 2010 , un second carré de même taille sera saturé D’ici 10 ans il faudrait 5 carrés de la taille de celui de Côte Chaude pour recevoir en tout 995 tombes musulmanes stéphanoises 16 HYPOTHESE 2 : Année 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 TOTAL Effectif annuel 30 32 34 36 37 39 40 42 44 46 Effectif cumulé 30 62 96 132 169 208 248 290 334 380 783 Avec cette hypothèse, nous imaginons que la tendance s’infléchisse dans les années à venir, par exemple en raison de : - la pérennité de l’étal actuel de saturation décourageant les familles un abandon significatif des concessions au bout de 6 ans un taux de mortalité faible pendant au moins 5 années consécutives Un second carré de même taille sera saturé malgré tout dès l’année 2011 D’ici 10 ans il faudrait 4 carrés de la taille de celui de Côte Chaude pour recevoir en tout 783 tombes musulmanes stéphanoises 17 HYPOTHESE 3 : Année 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 TOTAL Effectif annuel 26 26 26 26 27 27 27 26 26 26 Effectif cumulé 26 52 78 104 131 158 185 211 237 263 666 Imaginons l’hypothèse la plus défavorable : on fait abstraction des tendances présentes les 20 dernières années, et on imagine un phénomène qui s’essoufflerait Un second carré de même taille sera saturé malgré tout dès l’année 2013 D’ici 10 ans il faudrait 3 carrés de la taille de celui de Côte Chaude pour recevoir en tout 666 tombes musulmanes stéphanoises 18 PROPOSITIONS CONCRETES 19 Un carré dans plusieurs cimetières de Saint Etienne La première mesure est celle de la création de plusieurs carrés dans divers cimetières stéphanois. Cette mesure est urgente, nous estimons que le second carré proposé par la ville de SaintEtienne serait saturé d’ici cinq ans, et que d’ici dix ans, il faudrait cinq carrés de la taille de celui de Côte Chaude (environ 1500 m² par carré) pour accueillir dignement les défunts stéphanois de confession musulmane. La création d’un Cimetière intercommunal La seconde mesure est celle de la création d’un Cimetière intercommunal Depuis quelques années la ville de Saint Etienne refuse l’inhumation de personnes habitant les communes voisines, afin de rationaliser sa gestion et dans le but de ralentir la saturation. Il s’avère que de nombreuses communes avoisinantes n’ont pas de carré musulman, ou un petit comme dans le cas de Firminy, déjà saturé. Le problème est donc crucial pour de nombreuses familles se voyant dans l’obligation de rapatrier le corps d’un parent dans le pays d’origine, à des frais exorbitants, ce qui constitue une aggravation sérieuse de leur situation économique à quoi s’ajoute un déchirement accru. Ceci cause pour ces familles un fardeau à porter pendant de longues années. La création d’un Cimetière intercommunal s’avère donc répondre à une attente réelle et légitime. Nous sommes dans une situation d’urgence, et pensons que la réflexion sur cette problématique et la mise en place des mesures adéquates ne peut attendre plus longtemps. De plus, nous percevons une tendance qui nous vient des Etats Unis, ayant déjà fait l’objet de quelques expériences en France : le lieu de sépulture qu’est le cimetière est repensé de manière moderne et ouverte, qui ne fait plus de ce lieu un lieu fermé réservé à la mort, mais un lieu vivant en phase avec la société, par exemple lieu de promenade et de recueillement, avec un aménagement paysager. Un tel lieu serait pour nous plus représentatif de la société dans sa diversité, sans cloisonnements rigides, et pourrait permettre la réalisation des nouvelles aspirations qui se font jour actuellement dans le domaine de l’inhumation. 20 CONCLUSION Le cimetière a de multiples significations symboliques dans l’imaginaire social, qu’il inscrive dans l’espace le souvenir et le culte des morts ou bien qu’il symbolise la conjuration de l’angoisse de mort et le fantasme d’immortalité. Le cimetière participe pleinement de la vie sociale et économique. Dans tous les cimetières, qu’ils soient situés dans des enclos privés ou dans des espaces publics, la disposition des morts obéit à un ordre social. Le cimetière consacre la filiation et la continuité familiale. La mémoire des morts fait partie intégrante des liens de filiation. Le temps de la filiation transcende celui de l’existence individuelle et permet d’échapper à la finitude. La concentration locale des tombes est signe de la continuité familiale et offre la possibilité d’y projeter l’imaginaire de la fusion à condition que soit maintenu le lien entre les vivants et les morts, qui assure la survie par procuration. C’est la perspective que les tombes des générations à venir rejoindront celles du passé qui perpétue la continuité, et c’est l’entretien et la visite des tombes par les vivants qui garantissent la perpétuation du souvenir. Reposer en nouvelle terre d’accueil consacre la rupture avec le passé et ses morts, oblige à renoncer à l’aspiration à se dissoudre dans la chaîne des générations, mais préserve les chances de prolonger le souvenir de soi chez les vivants et ménage la « survie par procuration ». Dans tous les cas, qu’il y ait sentiment d’attachement ou de fidélité aux lieux, aux gens ou à la lignée, le choix n’est pas simple. Il est souvent soumis à des exigences contradictoires et peut alors produire des compromis, sous forme de ‘bricolages rituels’. L’aspect de certains cimetières en France peut être dissuasif, que ce soit en raison de l’anonymat de cimetières modernes ‘surpeuplés’ aux abords des grandes villes ou du mauvais état d’entretien des lieux, ce qui ressort d’une récente enquête (Credoc, 2003). Le cimetière remplit-il encore sa fonction ? Franck Lehuédé Jean-Pierre Loisel Alors qu'une majorité de familles s'apprête à rendre hommage à leurs défunts, le CRÉDOC s'est interrogé, à la demande de la Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire, sur les perceptions que nous avons des cimetières, ainsi que sur l'implication des communes sur l'aménagement de ces lieux réservés aux disparus. Un vrai malaise existe : les familles expriment de plus en plus de difficultés à trouver, au sein des cimetières, le lieu de recueillement satisfaisant leurs attentes. Dans une société qui s'est largement individualisée, l'uniformité des grands cimetières urbains risque de distendre ce lien entre vivants et morts. D'autant que l'esthétique des monuments proposés semble de moins en moins correspondre à la recherche de sobriété des nouvelles générations. De plus, le manque de place pour les urnes funéraires ou les lacunes dans l'entretien des cimetières contribuent à dévaloriser l'image des lieux de sépulture. L'ampleur du problème n'a pas encore été intégrée par toutes les communes; si les plus importantes se sont mises à l'écoute des attentes, voire des récriminations de leurs administrés, une grande majorité des moyennes ou petites villes n'ont pas entamé de réflexion sur leurs espaces funéraires. Une note d'espoir cependant : dans les cinq ans, plus de 10 000 communes auront engagé des projets d'aménagement de leur cimetière. 21 Annexe (*)Selon les estimations faites par Alain Boyer (L'Islam en France, Puf, 1998, p. 18,) Répartition des populations musulmanes en France selon l'origine En se fondant sur les pays d'origine et en ignorant le degré de pratique ou la revendication par ces populations de leur identité religieuse, Alain Boyer estime à 4 155 000 le nombre de musulmans en France. Les autres modes de calcul amènent à 4 millions de musulmans. Musulmans d'origine maghrébine 2 900 000 dont Algérie 1 550 000 (dont Harkis 450 000) Maroc 1 000 000 Tunisie 350 000 Musulmans arabes du Moyen-Orient 100 000 Musulmans non arabes du Proche Orient (dont Turcs) 315 000 Musulmans " africains " (Afrique noire) 250 000 Convertis 40 000 Demandeurs d'asile et clandestins 350 000 Asiatiques 100 000 Autres (dont Dom-Tom) 100 000 Bibliographie Alain Boyer (L'Islam en France, Puf, 1998, p. 18,) Credoc, (2003), ‘Le cimetière remplit-il encore sa fonction ?’, Consommation et modes de vie, n°169, octobre. Chaib Y., (2000), L’émigré et la Mort, Edisud. Chaouite A., (2000), ‘Mourir en immigration’, Prévenir, n°38 ‘Mourir en Société’, p. 197-201. Aggoun A., (2003), ‘Pénurie de cimetières musulmans’, Libération, 5 Août 2003. Un lieu particulier : le cimetière paysager d'Eloie Mairie d’Eloie Conseil Général du Territoire de Belfort. http://perso.wanadoo.fr/eloie/lieu_particulier_cimetiere.htm AFIF 9, rue Chomel 75007 PARIS Tél. : 01 45 44 90 03 - Fax : 01 45 44 99 64 http://www.afif.asso.fr/francais/Default.htm#14 cimetière intercommunal de Dijon http://www.grand-dijon.fr/content?id=4569 Ensemble funéraire intercommunal des Joncherolles Le Cimetière intercommunal des Joncherolles est ouvert depuis le 2 avril 1977. Il est géré par le syndicat intercommunal qui regroupe 5 villes de la Seine-Saint-Denis : http://www.cimetierejoncherolles.fr/SICJ/ 22