Symposium régional « La Formation Ouverte et à Distance en Bourgogne : état des lieux et orientations » Salle Vaulabelle, 12 bd Vaulabelle, 89000 Auxerre Mardi 20 juin 2006 Session 1 « La FOAD pour les Nuls » Animateur : Deborah Arnold, C2R Bourgogne Intervenant : Adrien Ferro, Novantura Rapporteur : Bénédicte Delneste, C2R Bourgogne Cette session destinée aux novices en FOAD a réuni une quinzaine de participants, certains de véritables débutants en la matière, d’autres désireux d’approfondir leurs connaissances. Comme l’a précisé Adrien Ferro en début de séance, il n’y a pas de honte à être « nul », nous sommes tous nuls devant les évolutions incessantes et extrêmement rapides dans ce domaine. La présentation de M. Ferro a permis aux participants d’aborder de nombreux aspects de la FOAD – sa (ses) définition(s), ses origines historiques, la place des Technologies de l’Information et de la Communication dans la mise à distance des formations, les écueils à éviter et le potentiel offert par les nouveaux outils du Web 2.0. Tout d’abord, la Formation ouverte et à Distance (FOAD) n’est pas la Formation à distance (FAD). La Formation A Distance est un « Système de formation conçu pour permettre à des individus de se former sans se déplacer dans un lieu de formation, et sans la présence physique d’un formateur ». Elle comprend : • les cours par correspondance, • l’autoformation en ligne ou via un CD ou DVD, • le e-learning (formation à distance basée sur l’utilisation des moyens de communication multimédia et habituellement permise par les protocoles et les applications standard d’Internet). Ces trois voies de formation à distance, même si elles présentent des avantages, ont montré leurs limites. Ainsi, le e-learning, une des formes les plus abouties de la FAD, de par la dématérialisation des interactions formateur / apprenant et l’accent mis sur les contenus en ligne, ne répond pas totalement aux besoins existants ou émergents. En effet, des sommes importantes sont souvent mobilisées pour les transferts de contenus sur des nouveaux supports, entraînant d’innombrables problèmes de compatibilité. En outre, le e.learning tout public couvre très peu de domaines (bureautique, comptabilité, langues) tandis que le e.learning spécifique est la plupart du temps réservé aux grandes institutions ou grands comptes. D’après Bernard Blandin, «les termes « formation ouverte et à distance » représentent des réalités extrêmement différentes et des dispositifs extrêmement variés, qui, de plus, ont évolué au cours du temps. Ils n'ont qu'un point commun : ils brisent la règle des trois unités de la tragédie classique, qui est aussi celle de l'enseignement traditionnel. S'il y a rupture de l'unité de lieu, nous parlerons de formation à distance, s'il y a rupture de l'unité de temps et d'action, même dans un même lieu commun, nous parlerons de formation ouverte. S'il y a rupture des deux, nous parlerons de formation ouverte et à distance." Par conséquent, la FOAD implique de « penser » la mise à distance de la formation, tant dans son contenu que dans les interactions formateur / tuteur / apprenant(s). Elle suppose d’intégrer une dynamique de décloisonnement centrée sur l’individu apprenant, qui devient acteur de son apprentissage. Elle met alors l’accent sur la nécessaire modernisation de la formation, par une révolution des pratiques où l’ingénierie pédagogique reprend tout son sens. De nombreuses questions relatives à la mise à distance de la formation se posent alors : • Quoi mettre à distance ? Quand ? • Quels contenus ? • Quel processus de suivi ? • Quelles relations avec le présentiel ? • Par quels moyens technologiques ? Pédagogiques ? Humains ? • Par qui ? Le formateur ? Le tuteur ? Les apprenants ? • Quels coûts fixes et variables ? • … Il convient également de s’interroger sur la place des Technologies de l’Information et de Communication (TIC) dans cette mise à distance : • quels outils et normes de transmission de données et quels supports de visualisation et suivi ? • quels outils de création de contenus : génériques (Dreaweaver, Flash…), spécifiques (rapid e.learning, ateliers de production) ou outils de création collaborative (blog, wiki) ? • quels outils de médiation et de communication : tout public (mail, tchats, forums, visioconférence…) ou spécifiques (classes virtuelles, surcouches « live ») ? Assurément, il s’agit de trouver le bon « usage » des TIC dans ce processus ; des modèles existent déjà pour cette mise à distance par les TIC, tel que le modèle Compétice1, qui propose cinq modalités de mise à distance : • Présentiel enrichi par l'usage de supports multimédias • Présentiel amélioré en amont et en aval • Présentiel allégé (présentiel prédominant) • Présentiel réduit (« distantiel » prédominant) • Présentiel quasi inexistant. Pour prouver son intérêt et son efficacité, la FOAD se doit d’éviter certains écueils : 1. la FOAD ne doit pas se résumer à une approche exclusivement technologique qui ferait ressurgir les travers du e-learning. 2. La FOAD ne doit pas être vécue comme un changement complet des pratiques, qui ferait naître des craintes et des attentes exagérées dans la profession. 3. l’industrialisation de la FOAD, mue par la recherche d’économies d’échelle, présuppose la maturité technologique et donc une réflexion préalable sur son opportunité. 4. La FOAD ne doit pas non plus verser dans la simplicité, au risque de ne pas répondre aux besoins. Toutefois, cette recherche de simplicité peut avoir aussi des avantages : les nouveaux outils du « web 2.0 » (blogs, wikis, etc.) rendent plus simple et plus démocratique la publication de ressources, mettent moins l’accent sur la production de contenus et laissent donc la place à une vraie réflexion sur l’ingénierie pédagogique. Dans tous les cas, la FOAD passe par l’utilisation pertinente de l’infrastructure numérique mondialisée. Ce faisant, elle implique une convergence entre information, communication et formation, ce qui suppose notamment un repositionnement des métiers de la documentation et de la formation. 1 www.educnet.education.fr/competice