Pouvoir d`achat et consommation

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Note introductive
POUVOIR D’ACHAT ET CONSOMMATION
En 2004, le pouvoir d’achat des ménages a officiellement progressé de 1,4%, après une
hausse de 0,4% en 2003. Les chiffres officiels sont rassurants, sans pour autant parvenir à
corriger l’impression partagée par beaucoup d’une érosion continue. Qu’en est il exactement ?
L’OCDE a rappelé récemment qu’en 2004, les salariés français ont reçu des
augmentations 2 à 3 fois inférieures à celles des salariés américains et britanniques. La
faiblesse de ces augmentations est-elle en cause dans l’impression générale d’une baisse du
pouvoir d’achat ?
Sans doute, mais cette baisse est d’abord un phénomène lié à des déséquilibres dans les
dépenses des ménages.
Pour les associations de ConsoFrance, il est nécessaire d’agir sur les causes de ces
déséquilibres.
D’une manière générale, le pouvoir d’achat peut être divisé en deux grandes parties.
La première est celle du pouvoir d’achat immobilisé (parfois appelé dépenses
incompressibles) qui concerne les dépenses incontournables des ménages. Il s’agit
essentiellement du logement et de l’énergie (eau, électricité, gaz, pétrole) avec tout ce qui s’y
attache (charges et transport notamment).
La deuxième concerne le pouvoir d’achat disponible qui concerne les dépenses
courantes. Il s’agit, principalement, des biens d’équipement et des services.
Naturellement, la coupure n’est pas si nette. Les consommateurs sont, par exemple,
obligés de se nourrir, mais ils peuvent choisir leurs produits, de même pour s'habiller.
En tout état de cause, selon les études du BIPE1, des évolutions inquiétantes sont
apparues ces dernières années.
Ainsi en 2003, pour la première fois, le budget immobilisé (loyers, assurances, énergie,
transports, etc) a dépassé les 50% des revenus par unité de consommation.
BIPE :Bureau d’Information et de Prévisions Economiques
ConsoFrance : note introductive. Conférence de presse du 29/09/05.
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Mais aussi, le budget disponible ou pouvoir d'achat effectif (PA selon le BIPE) a baissé
de 1,1% en 2003. La dernière baisse avait été enregistrée en 1996.
Une structure déséquilibrée
Le problème est qu’il y a un déséquilibre fondamental qui s’accentue entre ces deux
parties avec l’augmentation de plus en plus importante de la partie immobilisée au détriment
de la partie disponible, celle qui permet des choix réels de consommation. Cette situation
s’aggrave du fait de la conjonction de plusieurs éléments.
Le prix de l’eau, en constant dérapage depuis des années, constitue le premier de ces
éléments, même s’il n’est pas forcément le plus significatif économiquement. Le manque de
transparence, le fait qu’il n’y ait jamais eu un service public national de l’eau avec de grandes
missions (qualités, réserves), l’existence de grandes compagnies vivant sur une économie de
rente, contribuent à ce dérapage.
Deuxième élément : l’énergie. L’avantage d’une monnaie forte nous a permis de payer
moins cher les matières premières et les importations pétrolières et gazières, mais on notera
que cela a profité davantage à l’Etat et aux industriels qu’aux consommateurs, qui peuvent
mesurer directement la hausse du prix de l’essence à la pompe.
Quant à l’électricité, l’ouverture des marchés n’a pas eu les effets que certains
escomptaient puisque, pour les grosses entreprises, le prix du kW/h d’EDF, qui était le moins
élevé d’Europe, a augmenté régulièrement depuis 2003 pour rejoindre voire dépasser la
moyenne européenne. Il y a des produits où l’ouverture à la concurrence a fait baisser les prix,
d’autres où elle a surtout signifié plus de choix et d’émulation créative.
Dans le cas de l’électricité, les stratégies de conquêtes et d’investissements
capitalistiques l’ont emporté sur les baisses de prix en direction de consommateurs qui restent
relativement captifs. De ce point de vue, nos associations sont extrêmement inquiètes des
conséquences, pour les consommateurs domestiques, de l’ouverture programmée au 1er
Juillet 2007 du marché de l’électricité et de la volonté affichée de faire disparaître, à terme, le
tarif régulé.
Les anciens opérateurs travaillent à consolider leurs positions par une politique
d’acquisitions ambitieuses, les nouveaux opérateurs doivent financer leurs investissements ;
tous ont intérêt à ce que les prix augmentent. L’absence de transparence, le côté captif des
consommateurs, les logiques de rente, font disparaître les effets potentiellement bénéfiques de
la concurrence. La course à la puissance capitalistique l’emportera sur la guerre commerciale.
Tous s’attachent à développer leurs offres, ils se montrent en revanche assez peu soucieux de
la demande. Ceci dans un contexte où l’Etat a favorisé de longue date une politique du " tout
électrique ".
Il faut comprendre que cet alourdissement du budget " énergie " dans les dépenses des
ménages est loin d’être insignifiant économiquement. La part du revenu que les ménages
consacrent à l’eau et à l’énergie est comprise entre 5 et 15% de leur budget, une part qui
s’élève à mesure que les revenus sont plus faibles. Toute augmentation du prix de ces biens a
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donc un impact immédiat sur les ressources des ménages. Une situation d’autant plus grave
qu’il ne s’agit pas de n’importe quels biens, mais de ceux dont on ne peut se passer.
Dernier élément, le plus fondamental : la hausse du coût du logement
Il nous suffit de rappeler qu’en location comme en accession à la propriété, c’est entre
25 et 40% du revenu des ménages, quelquefois 50% en région parisienne, qui est consacré au
logement. Si l’on fait les comptes, on s’aperçoit que l’ensemble du pouvoir d’achat
immobilisé est compris entre 30 et 55% des revenus des ménages ; une proportion énorme,
qui est marquée quels que soient les postes, par une augmentation sensible. D’où l’importance
extrême d’une action forte en matière de politique du logement, afin de commencer à
"dégonfler" une bulle immobilière dont la croissance contribue à tarir les ressources
disponibles des ménages.
Il manque actuellement 900 000 logements sociaux dans le pays pour répondre aux
besoins. Ce déficit s’est creusé au cours des 20 dernières années du fait du manque de volonté
politique des différents gouvernements qui se sont succédés.
Le gouvernement actuel n’a pas pris la mesure de la situation lorsque l’on sait qu’en
2004, année record en matière de production (360 000 logements), les 3/4 des logements ne
sont accessibles qu’au 1/4 supérieur des revenus. Il est donc urgent de faire, comme nous le
proposons, du logement socialement accessible, une grande cause nationale afin de rétablir
l’équilibre entre l'offre et la demande. Cela permettra, notamment, de faire baisser de manière
substantielle le coût du logement.
Il ne s’agit pas seulement de protéger les consommateurs, mais de rétablir des
fondamentaux économiques plus sains en favorisant en particulier une consommation choisie.
En d’autres termes, les mécanismes que nous décrivons nuisent, non seulement à la
consommation en général, mais plus particulièrement à un certain type de consommation, le
plus porteur de croissance et de création d’emploi.
En conclusion
Pour les associations de ConsoFrance, il faut agir rapidement pour faire diminuer la part
du revenu immobilisé afin de rendre du pouvoir d’achat disponible aux consommateurs.
Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi organiser, sécuriser et améliorer les pratiques et
possibilités de consommation.
C’est le sens que nos associations de consommateurs donnent aux 42 propositions que
nous présentons aujourd’hui pour améliorer globalement le pouvoir d’achat des
consommateurs.
ConsoFrance : note introductive. Conférence de presse du 29/09/05.
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