
VIVRE AVEC LE SED – documents du Professeur HAMONET- mise à jour : mars 2010
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Résumé et argumentaire
Le Syndrome d’Ehlers-Danlos apparait aujourd’hui comme l’expression clinique
d’une atteinte d’origine génétique du tissu conjonctif touchant de nombreux organes,
ce qui explique son polymorphisme qui est aussi variable d’un patient à l’autre et
chez le même patient dans le temps. Il a été initialement décrit (Ehlers en 1899 et
Danlos en 1908) comme l’association d’une peau fragile, hémorragique et étirable
(cutis laxa) d’une part et d’une mobilité articulaire excessive d’autre part. C’est à ces
deux éléments cliniques que l’on a longtemps (et encore maintenant) réduit la
description du Syndrome d’Ehlers-Danlos, reléguant les nombreuses autres
manifestations cliniques (notamment la douleur, la fatigue, la constipation et les
troubles de la perception du corps, de l’équilibre et du contrôle des mouvements) à
une pathologie autre (source de bien des errances diagnostiques et thérapeutiques)
ou bien à l’imaginaire de patients trop vite stigmatisés comme étant
hypochondriaques, « psychosomatiques », voire simulateurs et, au total,
« psychiques ». Cette dernière appréciation utilisant habituellement cette formule
peu scientifique et sans aucun support psychiatrique réel, mais qui fait très
mal :« c’est dans la tête » !
C’est récemment que les cliniciens y ont progressivement rattaché d’autres
manifestations : vasculaires et neurovégétatives, digestives, obstétricales, urinaires,
odonto-stomatologiques, ORL (audition, régulation de l’équilibre, olfaction), visuelles,
et, tout récemment, respiratoires. D’autres (migraines, insomnies, vertiges, troubles
cognitifs de l’attention, de la concentration et de la mémoire de travail) font l’objet
actuellement d’études pour apprécier leur place dans le mécanisme de
déclanchement des symptômes.
L’impression générale qui ressort, jusqu’à maintenant lors de la lecture de
l’écoute du discours médical, c’est la notion de la relative bénignité de ce syndrome,
plutôt perçu comme une curiosité de la nature que comme une maladie qui peut être,
dans certaines formes et à certains moments de la vie, très handicapante. De plus
l’apparence est trompeuse, l’extériorisation des causes des limitations fonctionnelles
n’apparaissant pas, le plus souvent. On peut donc, ici aussi, parler de « handicap »
(ou mieux de maladie handicapante) « invisible », à l’instar de ce qui a été dit (Pr. JL
Truelle) à propos de certaines personnes traumatisées cérébrales. On comprend
alors que, à côté de la méconnaissance par le corps médical, s’ajoute
l’incompréhension, parfois accusatrice, de l’entourage. Tout ceci contribue à isoler,
voire à culpabiliser, ces patients qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils sont
également handicapés par le fait de percevoir leur propre corps différemment depuis
leur naissance et de manquer de références entre ce que les médecins définissent
comme normal ou pathologique. Il y a donc une large sous-estimation des
souffrances et de l’état fonctionnel réel. L’existence, dans de très rares cas, de
complications sévères artérielles, intestinales ou utérines mises en valeur à travers
les publications (maintenant facilement accessibles à tous par Internet) de quelques
cas qui ont mobilisé l’intérêt des médecins ne doit pas assombrir inutilement ce
syndrome qui, dans la très très grande majorité des cas, ne menace pas la vie. Il faut
donc éviter de tomber dans le « syndrome de la fameuse épée de Damoclès »
Nous apportons ici notre contribution à une meilleure connaissance et à une
prise en charge plus positive sous la forme d’une synthèse clinique et thérapeutique,
issue de l’observation et du suivi, en milieu hospitalo-universitaire, de plus de
400 personnes présentant un ensemble de symptômes et de signes identiques mais