INTRODUCTION A LA PSYCHIATRIE - 5 -
Laurent LIGHEZOLO Infirmier D.E.
b) Surveillance infirmière
Le risque principal à prévenir est le passage à l'acte suicidaire lié à l'intensité du syndrome dépressif; la
possible levée d'inhibition induite par le traitement antidépresseur est également un risque prévalent :
ainsi la surveillance portera sur la thymie et le comportement, mais aussi la prise effective du traitement (risque
de dissimulation pour, à terme, effectuer une ingestion (poly)médicamenteuse volontaire), la survenue
d'éventuels effets secondaires,…
Le besoin de réassurance est fondamental pour ces patients, mais il ne faudra pas non plus se laisser aller à la
condescendance ou à l'assistanat; le but étant de les aider à surmonter leurs difficultés par eux mêmes, donc ne
pas les laisser aller à l'auto-isolement ou la clinophilie, les motiver à avoir des activités de socialisation, parfois
une installation dans une chambre à plusieurs lits pourra leur être bénéfique.
3) Troubles d'ordre addictif
Alcoolisme chronique : arrêt définitif de la consommation d'alcool, assistance métabolique (= vitamines
B1B6, nicotadamide (=vitamine PP=Nicobion), acide folique (=Speciafoldine)), anxiolytique (Equanil ou
Seresta, de par leur efficacité de prévention du delirium tremens), Acamprosate (Aotal) ou Disulfirame
(Esperal) pendant environ douze mois, parfois antidépresseur. Le sevrage passé et après douze mois de prise
régulière d'Aotal ou d'Esperal, un post sevrage par Natrexone (Nalorex, Revia) est conseillé, à suivre
pendant trois mois.
Delirium tremens : hospitalisation en unité psychiatrique et/ou en soins intensifs, isolement, anxiolytiques,
bilan somatique, réhydratation, eau sucrée, vitamines. Les neuroleptiques sédatifs sont déconseillés à cause
de leur action de baisse du seuil épileptogène.
Toxicomanie aux opiacés : sevrage en milieu hospitalier avec : analgésie, antispasmodiques, anxiolytiques.
Le sevrage passé, une orientation vers une psychothérapie peut s'avérer souhaitable, avec éventuelle
adjonction d'antidépresseurs. Afin d'éviter la violence du sevrage pré-décrit, un sevrage progressif par
substitution (Buprénorphine ou Méthadone) est envisageable.
Overdose aux opiacés : unité de réanimation, Naloxone (Narcan), ensuite éventuellement sectorisation en
Psychiatrie.
Anorexie mentale : thérapie "bifocale" (travail sur la réalité "interne", et sur la réalité "externe) et/ou
thérapie familiale.
Anorexie mentale terminale : hospitalisation, isolement, contrat de poids, surveillance particulière (courbe
de poids, bilan entrées/sorties, accompagnement aux points d'eau, dans certains cas extrêmes nutrition
parentérale...)
Dans ces cas, certaines précautions sont à prendre :
- se méfier d'une éventuelle manipulation (cela vaut également pour toutes les surveillances infirmières
citées précédemment)
- surveiller les complications liées à un état de manque pour les alcooliques et les toxicomanes.
- faire attention à une éventuelle détention du produit d'addiction : alcool (pour l'alcoolique), toxiques,
médicaments (pour le toxicomane), vomitifs, laxatifs, diurétiques et coupes-faim (pour l'anorexique).
- surveiller comportement, prise effective des traitements, survenue d'éventuels effets secondaires…
- prévenir l'agitation; parfois le recours à la chambre de soins intensifs avec injection sédative ou
anxiolytique sera nécessaire.
La pathologie addictive masque parfois d'autres troubles psychiatriques, aussi est il très important de
surveiller le comportement, notamment lorsque l'état aigu est passé.
4) Troubles déficitaires
Les principaux sont liés à l'autisme, à la psychose déficitaire, à la démence sénile.
La prise en charge se fait généralement en unité spécialisée à cet effet. La démarche est essentiellement
palliative.
Il n'existe pas de schéma thérapeutique spécifique à l'autisme et aux psychoses déficitaires; les antipsychotiques
donnent des résultats intéressants, on retrouvera souvent des neuroleptiques polyvalents chez les psychotiques
déficitaires, avec potentialisation sédative ou anxiolytique lors d'éventuels états d'agitation. Chez l'autiste, on
retrouvera souvent des molécules "désinhibitrices", avec adjonction de sédatifs en cas d'agitation, et un
traitement anti épileptique de fond. La maladie d'Alzheimer sera palliée par des anticholinestérasiques (Aricept,