
naturel, évident, car chaque chose est vue d'une certaine manière à la maison
et d'une autre manière hors de chez soi. A la maison, c'était le père, la mère, la
Pologne, la religion, les valeurs. Dehors et à l'école, c'était une autre culture,
d'autres valeurs. Il n'y avait pas un système "naturel" de valeurs, mais plutôt la
possibilité de valorisations diverses pour chaque chose. Tout petit, cette
nécessité de choix. Ce n'est pas facile, mais ça a ausi un coté enrichissant.
Nous croulons tous sous un fatras de visions simplifiées, que nous acceptons
parce que tout le monde les accepte, mais qui au premier examen critique
montrent leur absurdité. Nous y reviendrons.
La guerre est un autre facteur. Tout Européen en porte les marques. Marques
de la conviction profonde que tout homme, riche ou pauvre, avec ou sans
instruction, peut devenir un héros dans certaines circonstances, mais pourra
parfaitement devenir une bête méchante dans d'autres. Devant les aberrations
dont est capable l'être humain en certaines circonstances, on perd la notion
"d'homme bon" et "d'homme mauvais" comme déterminants du comportement.
Nous pouvons – et c'est normalement plus facile ou plus confortable – simplifier
les choses. Nous pouvons nous dire que les Israéliens sont bons et les Arabes
méchants dans le conflit palestinien. Ou alors prendre partie pour ou contre les
Serbes dans l'ex-Yougoslavie. De cette façon, et même si nous essayons
d'utiliser des arguments scientifiques, nous réduisons le monde à une version
un peu plus sophistiquée des films qui opposent les bons et les méchants. En
fait, l'homme est ce que font de lui les circonstances. Plutôt que de glorifier le
bon ou de poursuivre le méchant il vaut mieux penser aux circonstances, au
contexte qui construit ou détruit les relations sociales. Vivre le contexte de la
guerre dès l'enfance, marque profondément.
En 1951, nous arrivons au Brésil car mon père, ingénieur métallurgique, avait
obtenu un contrat auprès de la compagnie Belgo-Minière, dans la ville de João
Monlevade, dans la région centrale du Brésil. Nous habitions la Cité des
Ingénieurs. Et ce fut un choc pour moi, le premier au Brésil, de découvrir