Conclusion

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Barbara STEINKE, Paradiesgarten oder Gefängnis, Tübingen : Mohr Siebeck (coll. Neue
Reihe 30), 2006, 23 cm, XII-427 p., ISBN 3-16-148883-0, 89 €.
Text Verlag :
Das Dominikanerinnenkloster St. Katharina gilt als eines der bedeutendsten deutschen Frauenklöster
des Spätmittelalters. Seit seiner Reformierung im Jahr 1428 nahm es eine Vorreiterrolle innerhalb der
dominikanischen Observanzbewegung ein. Seine Mitglieder galten weit über Nürnberg hinaus als
Vorbilder des gestrengen monastischen Lebens. Die vom Geist der spätmittelalterlichen Klosterreformatio getragene Theologie und im Kloster praktizierte Frömmigkeit sowie das von den
Nonnenseelsorgern propagierte Spiritualitätsideal erfahren knapp hundert Jahre nach der Reform
schroffe Ablehnung durch protestantische Theologen. Ihrer Meinung nach sind Frauen von Gott nicht
zu einem jungfräulichen Leben hinter Klostermauern, sondern vielmehr zu Ehe und Mutterschaft
bestimmt. Zu den Zielen der vom Nürnberger Rat geförderten und von weiten Kreisen des Patriziats
befürworteten Reformation zählte daher die Abschaffung des Frauenklosters. Die Biographien
einzelner Nonnen, die aus Überzeugung oder aufgrund mehr oder weniger massiven Drängens ihrer
Familienmitglieder austraten, beleuchten in ihrer Verschiedenheit Umstände und Folgen, die für
Frauen aus einem Klosteraustritt resultierten. Ungleich größer jedoch war die Zahl derer, die im
Kloster verharrten. Barbara Steinke zeigt, daß der Widerstand, den sie gegen die Klosterauflösung
leisteten, aus genau den Idealen gespeist wurde, die während der Klosterreform definiert und gestärkt
worden waren.
NL
Intro
Analyse les textes ayant servi à l’instruction des moniales (cura monialum et lecture privée,
livres copiés au monastère) à Sainte-Catherine (dominicaines) de Nuremberg avant la
Réforme protestante sous l’angle des thèses de cette Réforme.
500-600 textes, le plus souvent vernaculaires, souvent copiés au monastère, presque
exclusivement après la réforme de l’ordre en 1428.
 Tendance des réformateurs dominicains (masculins) à éviter tout ce qui renforce le
penchant mystique.
 Lecture privée davantage guidée par intérêt propre des moniales.
Durant la période de la mystique féminine, relation confesseur-moniale = réciproque ; réforme
dominicaine : prise en main par les hommes, morale remplace mystique. (10s)
Chez les pères de l’Eglise, une femme peut gagner le titre « d’homme » par la qualité de sa
foi, maintenant la féminité de l’âme, et Christ=fiancé sont dé-métaphorisés.
Juge de façon nuancé l’attitude de la Réforme envers les femmes : le monastère n’étant plus
une alternative, elle est désormais limitée au rôle d’épouse.
I.
Les monastères féminins sont des lieux de résistance acharnée contre la Réforme protestante :
forte vie spirituelle, grande réputation des abbesses.
Retrace l’histoire de la réforme dominicaine à Ste-Catherine. D’abord échec car les femmes
tiennent à leur indépendance mondaine, puis succès de la réforme car réformateurs dom.
soutenus par le conseil de la ville (pour des raisons essentiellement financiers). La plupart des
moniales se décident à rester et acceptent la nouvelle observance. Le conseil de la ville gagne
en influence sur le monastère et décide désormais du placement des biens et de l’admission de
nouvelles moniales. Les femmes sont jugées incapables à gérer elles-mêmes leurs affaires
(25). Ce droit décidera en dernier ressort du destin du monastère après la Réforme prot.
La Cura monialium cherche à contrebalancer la tendance vers une privatisation et une
individualisation de la piété des moniales en renforçant la vie commune. La lecture à table se
fait uniquement en vernaculaire. Les efforts réformateurs n’ont pas réussi à exstirper le
« besoin mystique » des femmes (32) jugé comme arrogant par les confesseurs. Les
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dominicains prêchent humilité et abaissement comme antidote. Ce n’est que guidée par un
confesseur que la moniale est autorisée à faire l’expérience du divin (35). Ils ne peuvent pas
complètement interdire la réflexion théologique mais font de leur mieux pour l’endiguer.
Depuis Jordain de Saxe, les femmes sont appelées à la prière comme les hommes à la
prédication. Les moniales vivent dans la certitude d’être par leur prière les bienfaiteurs
spirituels d’une population de plus en plus en quête de salut et qui les gratifient largement sur
le plan financier pour leur intercession.
La résistance des moniales contre la Réforme protestante repose donc sur la compréhension
qu’elles ont d’elles-mêmes et de leur rôle dans l’économie du salut, tel qu’ils ont été renforcés
par la réforme dominicaine.
Renforcement de la clôture extérieure pour mettre à l’abri des tentations, doublé d’une
insistance sur la nécessité d’une clôture intérieure, œuvre de chacune.
Importance des contacts entre les différents couvents, tant dominicains que franciscains (55) :
échange de personnes et d’écrits, solidarité familiale, confesseurs communs.
Durant le Xve s. : coopération entre réforme ecclésiastique et intérêts communaux  emprise
de la ville sur le monastère. Quand la ville passe à la Réforme (prot), ville et protestants
s’accordent pour assigner à la femme le mariage comme seule place possible. (65) Le
rapprochement de la culture religieuse des monastères féminins à celle des laïcs a préparé
l’autonomie (mündigkeit) des laïcs et préparé ainsi le concept du sacerdoce universel.
Les facteurs qui ont à la fois été inspirés par la réforme dominicaine et causé la résistance à la
Réforme prot. :
 Renforcement de la vita communis et lutte contre l’individualisme religieux
 Importance de la prière commune comme action bénéfique à l’ensemble et des vivants
et des défunts = vocation
 Solidarité affective de la famille spirituelle
 L’ensemble des trois précédentes formant une conscience de soi collective forte
II.
Témoignages d’enseignement des moniales
Explications théologiques simples, surtout édification et instruction pratique. Relation entre
moniale et confesseur n’est plus réciproque mais élève-prof. (74)
Analyse une série de textes faisant partie de la bibliothèque de Ste-Catherine et destinés
directement à l’enseignement : lettres, traités de piété : « pastorale à distance » (94), valeur
suprême : obéissance. Humbert de Roman et les miracles de Césaire d’Heisterbach mettant en
scène des femmes sont conseillés comme lecture.
La vie religieuse est considérée comme fondée bibliquement (101) : association au désert,
assimilation de l’absence de biens propres à l’imitatio apostolique. impossibilité de recevoir
la critique protestante.
Avant la Réforme, l’obéissance à la vocation religieuse prime sur celle aux parents, la
Réforme renverse cette relation et autorise, voire incite les parents à sortir leurs enfants du
couvent, si nécessaire contre leur gré.
La sanctification continue à laquelle sont appelées les moniales (conversion par degrés) (110).
L’appel à l’humilité et à la connaissance de soi sont mis en avant dans la réforme dominicaine
pour prévenir toute autosatisfaction d’un mérite des œuvres ; la critique protestante devait
donc rester incomprise (117). Analyse un traité sur le repentir de Georg Falder-Pistoris : 4
étpaes : grâce divine (gratia praeveniens)  provoque remord coopération des deux 
remission des péchés. Justification = collaboration de la volonté humaine avec la grâce divine.
Vie monacale conçue comme locus poenitentiae, voire comme purgatoire sur terre ;
souffrance vicaire fait partie de la vocation. Pour Bernard, les vœux monastiques sont un 2e
baptmème.(130)
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La moniale, au moment des vœux, est considérée comme pure de tout péché et sûre de son
salut. Cependant, cette certitude n’est pas un acquis mais doit être entretenu par une
sanctification permanente. Sur cette voie :
 Le monastère protège contre tentations, physiquement et par la vie commune
(avantage par rapport à recluse)
 L’obéissance monacale est méritoire
 La moniale peut compter sur l’intercession de Marie.
La mystique nuptiale est transmise aux moniales dans des traités d’édification qui
« psychosomatisent » la métaphore, p. ex. « éloge de la vie monastique » (Lob des
Klosterlebens : mss ville de Nuremberg)(p150s), valorisation de la composante émotionnelle
de la piété.
Dans le « miroir de la perfection » (Spiegel der Vollkommenheit du franciscain Hendrik
Herp), orig. en neerlandais, transmis à Ste-C. par le dom Peter Kirschlag fin Xve., traduit en
allemand par un confesseur Hass : 12 obstacles à la vie contemplative, puis élévation de l’âme
par degrés ; mais discrédite des expériences unitives - le but est une unio dans un état
d’abandon qui confine à la mystique abyssale (158). Prééminence de l’amour sur la raison, de
l’affectif sur le cognitif, même s’il accorde une forme de connaissance spéculative dans la
contemplation. Montre la proximité des deuxièmes ordres des dom et des franc quat à la cura
monialum.
Psychosomatisation semblable dans la mystique compassionnelle : la moniale est appelé à se
remémorer la Passion jusqu’à éprouver elle-même les souffrances.
Toute maladie ou souffrance est comprise comme envoyée par Dieu. Les attaques de la
Réforme sont comprises dans ce sens. Le souci de la Réforme pour la justification repose sur
l’anthropocentrisme humaniste qui n’est pas compréhensible pour les moniales de Ste-C.
(168).
L’idéal de virginité repose sur les pères de l’Eglise inspirés par la gnose. Il est réinterprété au
XIIe selon 3 axes :
 L’insistance sur l’humanité du Christ (Anselme de Cantervury) implique une plus
grande attention à sa masculinité.
 L’enseignement du mariage spirituel (Hugues de St-Victor) de Marie est transposé sur
l’âme individuelle.
 Le commentaire du Cantique de Bernard va dans le même sens.
 l’ensemble est dé-métaphorisé et appliqué à la relation entre moniale et Christ qui devient
l’apanage de la spiritualité féminine. La consécration de la moniale fait explicitement réf. à ce
complexe, elle est de plus en plus calquée sur la célébration d’un mariage mondain et désigne
la moniale comme épouse du Christ (Couronne, alliance, réf. aux vierges sages) et un Jésus
masculin et désirable.(179)
C’est la prieure qui reçoit les vœux et qui bénit la nouvelle moniale.
Abandon de toute réf. à la foi virile et au combat de la foi pour valoriser exclusivement la
douceur de la fiancée. (184) Souvent Jésus n’est qu’un enfant dans les représentations
d’épousailles pour éviter l’érotique. Cette conception de soi garantit la soumission.
Les traités destinés aux laïcs montre une image plus positive du mariage, auprès des moniales
il est dévalorisé par rapport à la virginité. Depuis Jérôme, le péché originel est expliqué par la
sexualité. Seule la pureté virginale de la moniale la rend apte à connaître Dieu, la rend
supérieure aux anges, imago dei. La vertu est conçue comme « l’enfant » qui résulte de ce
mariage spirituel. La pure moniale est associée à Marie, Jean-Bapt. Et Jn l’évangéliste.
Vie monacale comprise comme imitatio. Par son statut conçu comme privilégié de la moniale
en tant qu’épouse du Christ elle est censée bénéficier de connaissance mystique qui lui est
réservée (211).
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Sortir du monastère après la Réforme protestante nécessite donc une mise en question
de la vision du Christ et de la conscience de soi sans offrir le moindre privilège.
Luther dénonce les vœux monacaux en 1522 comme contraires à
 L’Ecriture
 La justification par la foi
 La liberté évangélique
 La raison humaine et aux commandements divins.
Analyse lettres protestantes pour inciter moniales à quitter le monastère :
Sebald Pfinzing :
Vie monacale pas dans l’Ecriture
salut sur mérite
Egoïsme des moniales qui n’accomplissent pas l’amour du prochain et de l’ennemi et ne
s’occupent pas des parents
Le vœux d’obéissance empêche d’accomplir d’autres commandements
La pauvreté est fausse puisque la moniale jouit de tout
Il n’est pas dans le pouvoir de l’homme de jurer chasteté éternelle
Johannes Schwanhäuser
Prédicateur à Ste-C. depuis 1525 après avoir été démis de ses fonctions à Bamberg à cause de
ses idées réformées.
Traite les moniales d’endurcies
Monachisme pas voulu par Dieu, pas dans l’Ecriture, amène le groupe à se séparer du reste de
la chrétienté
Chasteté : seule compte celle du cœur
Impossibilité d’aider son prochain
Vœux d’obéissance donne l’emprise sur les moines et moniales et les induit en erreur
Juge acceptable de rester au monastère que pour les vieilles et malades,, et celle qui n’ont
aucune chance de trouver un mari (226).
L’argumentation de la Réforme vise à obliger les femmes à se marier car elles sont faites pour
avoir des enfants. Luther reconnaît aux femmes la participation au sacerdoce universel mais
réduit à l’intérieur de la famille. La première liturgie protestante de bénédiction nuptiale
(Nuremberg 1526) fait réf. à 1 Tim 2,15 promettant le salut à la femme par la maternité.
L’appel à se marier demande plus aux moniales qu’aux moines parce qu’elles se comprennent
comme épouses du Christ, du coup mariage = adultère.
Le reproche de vouloir se justifier par ses œuvres peut être facilement récusé par les moniales
qui ont pris au sérieux les enseignements de la réforme dom.
Le renvoi vers la seule Ecriture tombe à plat pour des moniales auxquelles on a toujours
enseigné que la contemplation vaut mieux que l’enseignement.
La réforme médiévale avait assouplit les relations familiales par des « familles spirituelles ».
Les moniales ont choisi la mère supérieur contre leur mère biologique. La Réforme
protestante dévalorise cette relation spi pour « fixer la maternité sur le biologique. » (239) La
critique du monachisme formulé par Schwanhäuser leur demande d’un côté de remettre
radicalement en question leur façon de fonctionner, donc un haut degré d’initiative
personnelle, mais la seule alternative qui leur est offerte est de retourner chez leur parents
auxquelles elles doivent alors obéissance, ou de se marier, auquel cas c’est au mari qu’il faut
obéir. La femme ne dispose pour Schwanhäuser d’aucune autonomie juridique.
La vie contemplative n’est reconnue d’aucune utilité par la nouvelle éthique du travail.
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III. Conséquences pratiques : sortir ou rester ?
La clôture stricte est un des facteurs qui ont fait que les idées de la Réforme sont entrées tard
dans les couvents dom.
L’opinion publique gagnée à la Réforme critique le monachisme à partir de trois
perspectives :
 Théologique : justification par la foi
 Economique : les monastères sont une concurrence pour les artrisans
 Philosophique : avec l’humanisme, la foi devient une affaire éthique privée :
effacement de la barrière entre clercs et laïcs.
Par ailleurs,
 les moniales sont l’objet de diffamations massives.
 La multiplicité des options religieuse semble intolérable.
Ste-C. organise une résistance aux interdictions diverses dont elles sont l’objet : interdiction
de sonner les cloches, de la cura monialum et de la prédication dom. Obligation de se
soumettre à un entretien personnel et d’écouter des prédications protestantes, obligation de
laisser libre entrée aux parents. Les moniales sont appelées à sortir du couvent, les parents
obtiennent le droit de les sortir de force. Malgré ces mesures, la majorité des moniales restent.
Aucun document où une moniale prend position face aux idées de la Réforme. Seuls les
documents de comptabilité permettent de tirer quelques conclusions.
Entre 1525 et 1532, 9 moniales ont quitté le monastère.
Ursula est repris par la force par sa famille, elle a 17 ans, elle meurt 5 ans après le mariage.
2 sœurs sur pression de la famille.
Barbara se laisse convaincre par sa famille, mais est trop âgée pour se marier
Barabara Reychin et Katharina Schwarzin sortent par conviction, mais la dernière convainc sa
sœur d’y rester car la situation financière de la famille ne permettaient pas de la nourrir.
Les femmes qui sortent du couvent ont peu de chances de trouver un travail, d’autant que
l’artisanat est pratiquement interdit aux femmes au XVIe s.
Appolonia sort pour motif personnel et se marie aussitôt. Elle semble utiliser l’argent que le
couvent lui reverse comme dot pour se marier.
Les histoires ne sont pas faciles à reconstituer puisque les livres civiles ne mentionnent pas le
nom de jeune fille des femmes mariées.
Les moines qui sortent des monastères trouvent illico du travail…
Les femmes perdent toute possibilité d’un travail intellectuel, même limité, et toute liberté
spirituelle.(269)
82% des moniales sont restées. Le couvent est le seul endroit où elles ne dépendent pas d’une
tutelle financière masculine, où elles ont une certaine liberté spirituelle et intellectuelle.
La nouvelle société civile de la Réforme ne permet plus à une femme de diriger un groupe de
personnes, ni de gérer un patrimoine financier. (273)
Les moniales arrivent même à faire en entrée clandestinement de nouvelles sœurs.
Charles V confirme en 1548 les privilèges du couvent mais il n’arrive pas à s’affirmer contre
le conseil de la ville.
Le conseil fait tout pour soutirer au couvent sa base financière et n’autorise aucune nouvelle
entrée. Le couvent meurt de lui-même.
Conclusion
9 des 50 moniales sortent, la plupart sur pression de leur famille. Elles doivent développer un
haut degré d’initiative personnelle pour se dégager de l’identité de groupe forte. Leur vision
du monde doit les confronter à des angoisses spirituelles importantes, d’autant qu’à cause de
la clôture stricte, elles sont confrontées plus tard avec les idées de la Réforme que le reste de
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la population. Elles doivent s’intégrer dans des structures patriarcales sans aucun espace de
liberté personnelle, elles n’ont pas la possibilité de travailler ni d’étudier.
IV. D’autres monastères
Engeltal : 1/3 des moniales quitte le monastère ; celles qui restent : plus par habitude que par
conviction. Les idées luthériennes entrent tôt dans le monastère, la dernière prieure est
protestante et le monastère est remis au conseil de la ville en 1565.
Anna Tucherin, acquise aux idées de la Réforme, n’obtient pas l’autorisation de ses parents
pour sortir du monastère. Lors de la guerre (Markgrafenkrieg) les moniales sont évacuées,
retournent en 1554 au monastère, il n’en restent que 10 ; Anna devient prieure d’un couvent
de fait sécularisé, mais les femmes préfèrent y rester pour garder leur indépendance. (299).
Bamberg : coexistence pacifique entre cathos et prot avant la contre-Réforme ; les archives ne
parlent pas de sortie de moniales durant la Réforme mais d’autres sources permettent de
conclure que celles dont la famille était prot sont sorties, mais moins qu’ailleurs.
Facteurs ayant influencé le destin des monastères fém.
 Corrélation entre date et intensité de la réforme dom d’une part et la résistance à la
Réforme prot de l’autre.
 Soutien des autorités civiles plus importantes que la disposition spirituelle des
moniales : même quand les prieures et leur moniales résistent de tous leurs moyens,
elles sont condamnées à disparaître si le conseil est protestant
- pression par entretiens perso
- suppression des aides financières
- politique familiale donnant à la famille le droit de décision
- interdiction de nouvelles recrues (les hommes pouvaient toujours faire venir
des frères d’ailleurs, ce qui n’était pas le cas pour les femmes)
 Renforcement de l’emprise familiale et suppression du dernier domaine d’autonomie
féminine.
Conclusion
Pour une femme habituée à l’idée que sa vocation est de participer par sa prière collective au
salut de la communauté, non seulement monacale mais aussi civile, qui se sent l’épouse du
Christ, son salut personnel est une question secondaire devant la responsabilité spirituelle
pour l’ensemble de la société. La Réforme réduit la femme à son rôle de mère biologique,
d’autant qu’entre temps la société civile avait supprimé les possibilités d’étude intellectuelle
et d’activité professionnelle pour les femmes. Les moines pouvaient se « reclasser »
facilement dans la Réforme, ce n’était pas le cas pour les moniales.
Annexe
-
Biblio
Description du corpus des mss utilisés : txt de l’ancienne bibliothèque du
monastère ste-C. : localisation des mss, titre incipit et fin, genre, auteur, copiste
et date, état textuel, littérature (si connus), évtl. Remarques
Liste des moniales présentes après 1525, pour autant qu’elles sont connues, et
la localisation des notices les concernant
Statistiques comptables du monastère
Reproduction, transcription et commentaire d’une déclaration de profess
Bibliographie
index
7
p. 9, 176
Recension
Ce livre de belle facture reprend la thèse de théologie de l’auteur, soutenue à Erlangen en
2005. Barbara Steinke cherche à élucider la question pourquoi les monastères féminins
de Nuremberg en général, et Sainte-Catherine d’obédience dominicaine en particulier, ont
résisté si longtemps et avec tant d’acharnement à la Réforme.
Une première partie situe la vie au monastère dans son contexte historique. Sainte-Catherine
s’était d’abord opposé à la réforme dominicaine à la toute fin du XIVe siècle. C’est sur la
pression des autorités civiles qui s’y intéressent apparemment surtout pour des raisons
financières, que le couvent a finalement accepté la nouvelle observance en 1428. Le conseil
municipal y gagne en influence, tant par la nouvelle gestion des biens que par son droit de
décider des nouvelles admissions. Les nouvelles règles renforcent la clôture stricte et la
soumission des moniales à la conduite spirituelle des prêcheurs. Le nombre de volumes de la
bibliothèque augmente de façon spectaculaire, la plupart des volumes sont copiés au
monastère même. C’est surtout l’analyse de cette littérature, environ 500 manuscrits, presque
exclusivement vernaculaires, qui permet à l’auteur d’aborder dans sa deuxième partie les
thèses luthériennes à travers le prisme de la vision du monde et de soi telle qu’elle apparaît à
travers ces textes.
La vision du monde que les dominicains s’efforcent à inculquer aux moniales à travers des
lettres et des traités de piété – l’auteur parle de « pastorale à distance » - peut se résumer de la
façon suivante : combat de l’individualisme spirituel des moniales pour renforcer la vie
conventuelle ; formation théologique limitée, centrée surtout sur une vie contemplative ;
préséance de l’amour sur la raison, sans exclure totalement la réflexion intellectuelle ; mise en
garde contre toute autosatisfaction spirituelle. Les dominicains transmettent aux moniales une
christologie particulière, différente de celle prêchée aux hommes : un Christ masculin et
désirable est proposée à la contemplation des femmes désignées comme ses épouses. Une
connaissance mystique leur est accordée comme privilège de leur statut d’épouse virginale.
Ce qui, dans la mystique nuptiale, était une métaphore, devient ici réalité psychosomatique.
De même la com-passio est dé-métaphorisée pour inciter la moniale à sentir physiquement la
souffrance du Christ.
Ainsi ces femmes vivent dans une conscience de soi très affirmée, sûres de participer par
l’accomplissement de leur vocation au salut, non seulement personnel, mais pour l’ensemble
de la société. Même si le temps des grandes femmes mystiques est révolu et qu’il s’agit
maintenant d’une piété bien soumise au premier ordre, les moniales gardent encore une
relative autonomie. Elles gèrent leurs ressources et la vie intérieure au monastère ; c’est la
prieure qui reçoit les vœux des nouvelles moniales après leur noviciat.
L’analyse des lettres et traités écrits après la Réforme montre que cette vision du monde fait
tomber à plat les arguments luthériens.
C’est le cas notamment pour la justification par la foi. En effet, celle-ci présuppose une vision
anthropocentrique du salut propre à l’humanisme, mais qui reste étrangère à ces femmes
strictement cloîtrées, entrant en contact tardivement avec les nouvelles idées. Le reproche
d’une justice des œuvres n’est guère recevable tant qu’elles sont habituées à traquer toute
autosatisfaction spirituelle. Pour elles, la vie monacale est fondée bibliquement par la
métaphore du désert et l’imitatio Christi. Le reproche d’être inutile à la société, fondé sur la
nouvelle éthique du travail, leur est incompréhensible tant elles sont persuadées d’œuvrer
pour le salut de tous. Mais surtout, la Réforme ne leur laisse aucune autre alternative que celle
du mariage. Si les anciens moines trouvent facilement un nouvel emploi, tel n’est pas le cas
des moniales. Tant les études que l’artisanat sont fermés aux femmes depuis la fin du Moyen
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Age. Les luthériens condamnent sévèrement l’obéissance monacale, mais seulement pour la
remplacer par celle au mari ou aux parents. Le sacerdoce universel s’applique en théorie aux
femmes, mais uniquement à l’intérieur de la famille.
Ainsi leur résistance devient compréhensible. Elle est détaillée dans la troisième partie qui
retrace le destin des différentes moniales dont la vie a pu être reconstruite du moins dans les
grandes lignes. 82% des moniales restent malgré les intimidations sévères. Le couvent
disparaît finalement par la mort des dernières femmes, le conseil de la ville ne permettant
aucune nouvelle admission. La comparaison plus succincte avec les autres couvents des
environs confirme la tendance. Le cas de la dernière prieure d’Engelthal est particulièrement
intéressant : gagné très tôt aux idées de la Réforme, elle voudrait sortir du couvent, mais ne le
peut pas sans le soutien financier de la famille. À un âge plus avancé, elle devient prieure d’un
monastère de fait sécularisé, mais dans lequel les femmes restent pour sauvegarder les
dernières bribes d’autonomie.
L’annexe donne le détail des manuscrits utilisés, la liste des moniales présentes après 1525,
les statistiques comptables du monastère, les index d’usage et la reproduction, la transcription
et le commentaire de la déclaration de foi d’une moniale.
L’ensemble représente un travail fouillé, de lecture agréable, et constitue une pièce importante
à verser au dossier pour la compréhension des ressorts idéologiques à l’époque de la Réforme.
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