Du coup, en dépit du fait que la Vénérable Bhikkhuni refuse de s’attribuer le mérite de son
travail, sa campagne au sein du “Committee of Western Buddhist Nuns“ (Comité des Moniales
Bouddhistes Occidentales) annonce un chapitre rafraîchissant dans l’histoire de la
mondialisation du Bouddhisme.
Pour des raisons historiques, la tradition bouddhiste mahāyāna (aussi appelée Dharma Gupta)
telle que pratiquée en Corée du Sud, à Hong Kong, Taïwan et au Vietnam, a toujours été la
tradition la plus ouverte à l’ordination des femmes. De nombreuses femmes occidentales, dont
Jampa Tsedroen ont cherché et obtenu cette ordination dans ces pays-là.
Il est à noter que la tradition tibétaine autorise l’ordination des femmes seulement en tant que
novices, ou samaneris, alors que la tradition Theravada ne reconnaît ni l’existence des
samaneris, ni celle des Bhikkhuni. Ce sont ces femmes qui, avec l’aide d’autres femmes
bouddhistes ont fermement fait avancer les choses. Selon Jampa Tsedroen, Sa Sainteté le
Dalaï Lama, en tant que chef du bouddhisme tibétain, a accordé son soutien au mouvement
destiné à faire revivre l’ordre des Bhikkhuni, en faisant une donation de 50.000 francs suisses
(c'est-à-dire environ 30.600 €uro ou 1.400.000 bath) provenant de ses droits d’auteur afin de
financer les activités du Comité des Moniales Bouddhistes Occidentales.
Néanmoins, le leader tibétain a déclaré ne pas pouvoir agir seul face à ce problème crucial. Les
autorités monastiques, hommes et femmes, provenant d’autres traditions et pays bouddhistes
se doivent de participer au débat, afin que soit arrêtée une décision collective. C'est pour cette
raison qu'a été mûri l'idée d'un Congrès International historique portant sur “Le rôle des femmes
bouddhistes dans le Sangha - Bhikkhuni Vinaya et lignées d’ordination“, lequel se tiendra du 18
au 20 juillet 2007 à Hambourg, en Allemagne.
En tant qu’organisatrice principale, Jampa Tsedroen a travaillé en liaison aussi bien avec les
supérieurs des moines et moniales de différentes traditions, qu’avec des laïcs et des chercheurs
non bouddhistes travaillant sur le Vinaya et l’histoire du bouddhisme.
Sa Sainteté le Dalaï Lama très intéressé par les opinions des moines du Theravada car ils
connaissent parfaitement le Vinaya, aimerait que ceux-ci présentent le meilleur moyen de faire
revivre l’ordre des Bhikkhuni en accord avec le Vinaya. Seront donc invités à Hambourg autant
de chercheurs du Vinaya que de moines leaders de pays du Theravada afin qu'ils se penchent
ensemble sur les spécificités du bouddhisme tibétain.
Sa Sainteté a aussi déclaré qu’il aimerait trouver un soutien de la part de tous les pays où le
Bouddhisme est pratiqué afin qu'ils acceptent de favoriser l'élévation du statut des femmes.
L'idéal serait donc d'aboutir à une résolution internationale commune, permettant de soutenir
moralement tous les leaders bouddhistes dans l'optique de faire revivre les préceptes des
Bhikkhuni“.
La restauration, si elle était mise en place, ne profiterait pas seulement au domaine
ecclésiastique. Dans le même discours devant l’ONU à Bangkok, Jampa Tsedroen affirmait que
le bas niveau social des femmes mène à leur exclusion des ordres religieux, et que cet état de
fait était à l’origine de la perpétuation de leur oppression. Beaucoup de partisans de l’ordination
des Bhikkhuni considèrent qu’il existe un lien direct entre le statut inférieur des femmes au sein
du Bouddhisme thaïlandais, et leur statut inférieur au sein de la société civile (thaïlandaise), ce
qui les expose à des risques d’abus tels que la violence domestique et le trafic sexuel.
En revanche, Jampa Tsedroen faisait remarquer que certaines moniales avaient un rôle majeur
dans le progrès social de pays tels que Taïwan et la Corée du sud. Grâce à l'accès à une bonne
éducation, elles sont devenues des atouts de valeur, au service de leur communauté dans de