UE8 – Appareil digestif Mr Roger DUBUS DFGSM3 Podcast 07 Ronéiste : Clémence EL MALIKI Côlon (ou gros intestin) et Rectum I. Généralités II. Histologie 1. La muqueuse a) L’épithélium b) Le chorion 2. 3. 4. 5. La musculaire muqueuse La sous-muqueuse La musculeuse La séreuse ou l’adventice III. Pathologies 1. 2. 3. 4. Mégacolon congénital ou maladie de Hirchsprung Rectocolique hémorragique Les tumeurs coliques Diverticules Page 1 sur 11 I. Généralités Le gros intestin ou côlon correspond à un tube d’environ 1,30 mètre de long (variable selon la morphologie et la taille des individus). Ce tube est relativement dilaté avec un diamètre d’environ 7cm, sauf au niveau d’une région distale qu’on appelle l’appendice vermiculaire, où le diamètre est de l’ordre de 1 à 2 cm. Cet appendice prolonge le côlon au niveau du caecum. Le côlon prolonge l’iléon et se termine par le rectum qui précède la région anale. Le rectum correspond à une région de 10 à 12 cm de long. Il a essentiellement une fonction de réservoir et représente la partie quasiment terminale du tube digestif. Le côlon ou gros intestin va former une sorte de cadre que l’on appelle le cadre colique avec des portions ancrées dans le plan profond et d’autres libres dans la cavité abdominale. Plusieurs régions forment ce cadre colique : - On distingue le côlon droit, que l’on appelle également le côlon ascendant. Ce côlon ascendant est localisé au niveau de la fosse iliaque postérieure droite et il s’ancre sur le plan profond. On y retrouve la jonction iléo-caecale, une partie borgne correspondant au caecum, ainsi que l’appendice. - Le côlon droit se poursuit par le côlon transverse, qui est mobile. Le côlon transverse se poursuit par le côlon descendant ou côlon gauche. Ce côlon descendant est composé d’une région en forme de S qui est le côlon sigmoïde et se termine par le rectum. Il est fixé au plan profond de la cavité abdominale. Page 2 sur 11 Les fonctions du côlon sont multiples : - - Une fonction de brassage des aliments, de transport des aliments (= motricité). C’est au niveau du côlon que le bol alimentaire va subir une déshydratation terminale permettant de densifier les futures matières fécales et de les concentrer. Donc il y a une importante fonction de réabsorption d’eau et d’électrolytes. Le côlon abrite une flore bactérienne qui va permettre de digérer certains éléments de l’alimentation, comme la cellulose, qui n’ont pu être digérés par les enzymes. Une fonction de lubrification permettant le transit intestinal par la production de mucus. Le rectum a, quant à lui, une fonction de réservoir des fèces avant la défécation. II. Histologie 1. La muqueuse RQM : La surface du côlon et celle du rectum sont très similaires, c’est pourquoi on parlera de surface colorectale. La surface colorectale est plane : il n’existe pas de valvules conniventes ni de villosités. On retrouve donc une muqueuse avec une surface assez simple et relativement plane ; et puis un certain nombre de glandes localisées dans le chorion et s’abouchant à la surface de la muqueuse. Ces glandes portent le nom de glandes de Lieberkühn, comme au niveau de l’intestin grêle. /!\ La structure de ces glandes de Lieberkühn, même si elles ont le même nom qu’au niveau de l’intestin grêle, est différente. a) L’épithélium Concernant les cellules épithéliales, il en existe plusieurs types : - Des entérocytes Des cellules caliciformes Des cellules endocrines Des cellules souches Quelques tuft cells Pas de cellules de Paneth Page 3 sur 11 L’épithélium de surface correspond à un épithélium prismatique simple avec les mêmes cellules que dans l’intestin grêle mais avec des proportions différentes : On y retrouve beaucoup plus de cellules caliciformes et beaucoup moins d’entérocytes. Ceci est particulièrement évident dans les sections des glandes de Lieberkühn dans lesquelles on voit essentiellement des cellules caliciformes. On retrouve également d’autres cellules épithéliales : - Des cellules M en nombre relativement restreint, uniquement en regard des follicules lymphoïdes présents au niveau de la muqueuse. RMQ : Il existe quelques follicules lymphoïdes disséminés dans cette muqueuse colique. - Des tuft cells ont été décrites au niveau colique, mais elles sont rares. Des cellules endocrines plus nombreuses dans les glandes de Lieberkühn qu’au niveau de l’épithélium de surface. On retrouve les mêmes sous-types cellulaires endocrines que ceux décrit pour l’intestin grêle (mêmes hormones produites). Il existe des lymphocytes intra-épithéliaux mais avec une densité inférieure par rapport au grêle. Il existe une abondante flore bactérienne de surface qui va pouvoir en partie digérer la cellulose, et également pour certaines bactéries, produire de la vitamine K indispensable à l’organisme. Le renouvellement de l’épithélium colique se fait assez rapidement (environ 5 jours → moins rapide que pour l’intestin grêle) avec une zone fertile se situant au niveau du 1/3 profond des glandes de Lieberkühn. C’est à partir de cette zone fertile contenant les cellules souches qu’il y a la production et la différenciation des différents types cellulaires : Page 4 sur 11 - Des entérocytes Des cellules caliciformes Des cellules du système endocrine Quelques autres cellules (cellules M et tuft cells). Ces cellules migrent à la surface de la lame basale et sont éliminées entre les glandes de Lieberkühn par apoptose. On ne connaît pas sur le plan moléculaire quels sont les éléments qui permettent de guider ces cellules à la surface de l’épithélium, ni ce qui détermine la vitesse de migration et d’élimination de ces cellules. b) Le chorion On observe dans le chorion d’une part les glandes de Lieberkühn et d’autre part le tissu conjonctif de soutien. Le tissu conjonctif de soutien correspond à un tissu conjonctif lâche avec quelques follicules lymphoïdes dispersés. Il y a surtout la présence de vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi que celle de quelques fibroblastes et fibres de collagène. Il y a aussi la présence de cellules mobiles assez abondantes telles que des lymphocytes, des plasmocytes, des polynucléaires éosinophiles, des mastocytes et quelques cellules de type histiocyte / macrophage. Pour ce qui est des glandes de Lieberkühn, elles ont le même nom mais des structures différentes : - Elles sont plus profondes qu’au niveau de l’intestin grêle Avec une proportion plus élevée de cellules caliciformes On n’y retrouve pas du tout de cellules de Paneth Par contre, là aussi les cellules souches occupent le 1/3 inférieur de ces glandes. Donc les cellules souches sont à ce niveau différentes parce qu’elles vont survivre en l’absence de cellules de Paneth. Page 5 sur 11 2. La musculaire muqueuse Il n’y a pas de particularité de la musculaire muqueuse au niveau colique. Elle sépare la muqueuse de la sous-muqueuse. 3. La sous-muqueuse La sous-muqueuse est un tissu conjonctif lâche avec de gros vaisseaux, des nerfs. Elle ne contient pas de glandes ni de follicules lymphoïdes. On retrouve au niveau de cette sous-muqueuse quelques adipocytes alors qu’il n’y en avait pas (ou très peu) au niveau de l’intestin grêle. On retrouve au niveau de cette sous-muqueuse les cellules composant les plexus de Meissner. 4. La musculeuse La musculeuse est composée de 2 couches et elle se distingue des autres régions au niveau du côlon : Elle est composée d’une couche circulaire interne épaisse à l’origine de plis transversaux déprimant la lumière colique et de déformations externes qu’on appelle les haustrations coliques qui segmentent le gros intestin en plusieurs segments séparés par des plis transversaux. On retrouve également une musculeuse longitudinale externe qui est discontinue, c'est-àdire qu’elle n’occupe pas toute la circonférence du côlon, mais forme trois bandelettes latérales qu’on appelle les ténia coliques, localisées à l’extérieur de la circulaire interne. Entre ces deux couches musculaires on retrouve des cellules appartenant au plexus nerveux d’Auerbach. Page 6 sur 11 5. La séreuse ou l’adventice A l’extérieur on retrouve une séreuse ou un adventice en fonction du caractère fixe ou mobile du segment intéressé. Au niveau de la séreuse, on retrouve de petites évaginations contenant du tissu adipeux qu’on appelle les appendices épiploïques. Ils sont visibles macroscopiquement et forment des petites languettes à l’extérieur du côlon. Focalement, on va pouvoir retrouver au niveau de cette séreuse des ganglions lymphatiques inclus dans le tissu conjonctif lâche et qui vont pouvoir drainer la lymphe des différents segments du côlon. III. Pathologies 1. Mégacolon congénital ou maladie de Hirchsprung Il s’agit d’une neuro-cristopathie assez rare. Dans cette pathologie il y a une absence de cellules ganglionnaires dans une portion plus ou moins étendue, touchant le rectum et une partie du côlon. Les plexus ganglionnaire d’Auerbach et de Meissner n’ont pas pu migrer au moment de l’embryogenèse, ce qui entraîne une paralysie des couches musculeuses et ainsi une difficulté, voire une impossibilité, d’acheminer les fèces, conduisant à un côlon dilaté qu’on appelle le mégacolon congénital. Le traitement consiste en une chirurgie dans laquelle on enlève la partie mal innervée et on rétablit la continuité avec la partie encore fonctionnelle de ce côlon. Page 7 sur 11 2. Rectocolite hémorragique Il s’agit d’une pathologie inflammatoire assez rare. Elle correspond à une maladie inflammatoire chronique évoluant par poussées d’ulcérations et de destruction de l’épithélium de la muqueuse intestinale. Elle s’accompagne de diarrhées aqueuses et sanglantes. 3. Les tumeurs coliques Ce sont des pathologies fréquentes. On n’en a pas du tout parlé au niveau de l’intestin grêle car les tumeurs de l’intestin grêle sont très rares et ce sont essentiellement des tumeurs endocrines. Par contre, au niveau du colon on a souvent des tumeurs épithéliales développées à partir de l’épithélium colique. Elles peuvent être : - Soit des adénomes Ce sont des tumeurs bénignes qui souvent forment des structures polypoïdes en surface. - Soit des carcinomes Ce sont des tumeurs malignes. Page 8 sur 11 4. Diverticules On a vu que la musculeuse colique est assez particulière avec une couche musculaire interne épaisse et une couche externe discontinue. Souvent, du fait des différentes pressions créées par les haustrations coliques, on peut avoir une fragilité des plans profonds avec une déhiscence de la sous-muqueuse et de la musculeuse et ce qu’on appelle des diverticules. Ce sont des évaginations de la muqueuse qui traversent la sous-muqueuse et la musculeuse, voire la séreuse. Les diverticules sont souvent des structures mal drainées. On va pouvoir avoir une accumulation de matières fécales dans ces zones ; parfois une obstruction de la base du diverticule avec une prolifération bactérienne en son intérieur. Ces diverticules sont à l’origine de pathologies inflammatoires qu’on appelle des diverticulites. Elles sont assez fréquentes au niveau du sigmoïde (sigmoïdite). Si le diverticule vient à former un abcès et à se nécroser il peut y avoir une perforation et une diffusion de matériel à la fois de type fécal et également pyogène à l’intérieur de la cavité abdominale. Ce sont donc des perforations sur des obstructions secondaires liées à l’inflammation du diverticule qui va retentir sur le colon. /!\ Ne pas confondre les diverticules avec les appendices épiploïques qui sont eux purement issus de la séreuse et composés de tissu adipeux recouvert par le mésothélium. Page 9 sur 11 5. Cas particulier : l’appendice L’appendice correspond à un diverticule au niveau du caecum, formant un tube borgne. Ce tube borgne a un diamètre d’environ 1 à 1,5 cm pour une longueur de 5 à 10 cm (variable selon les individus). Sa localisation anatomique est également très variable : - Latéro-caecale Rétro-caecale Pelvienne Méso-cœliaque (vers la cavité péritonéale) L’appendice peut être à l’origine d’une inflammation aiguë que l’on appelle l’appendicite, voire de complications ensuite de péritonite. Cet appendice correspond à une portion de tube digestif prolongeant du colon. On lui retrouve globalement l’architecture en cinq couches, avec une lumière centrale très étroite : - Une muqueuse abondante, o Revêtue par un épithélium unistratifié cylindrique de type intestinal contenant des glandes de Lieberkühn en nombre relativement faible. L’épithélium comporte tous les types cellulaires épithéliaux qu’on a pu décrire, en particulier les cellules M. Les cellules endocrines sont nombreuses, surtout au 1/3 postérieur de l’appendice, et parfois on va pouvoir voir se développer des tumeurs endocrines du fond de l’appendice. o Le chorion est caractérisé par la présence de nombreux follicules lymphoïdes abondants et volumineux. - La muscularis mucosae est discontinue. - On retrouve également ces follicules lymphoïdes volumineux et en grand nombre au niveau de la sous-muqueuse, détruisant partiellement la musculaire muqueuse. Donc la sous-muqueuse est riche en tissu lymphoïde. Page 10 sur 11 - La musculeuse est sans particularité avec deux couches. - L’appendice est bordé d’une séreuse. On peut voir au niveau de l’appendice une accumulation et une prolifération bactérienne qui donnent des tableaux inflammatoires qu’on appelle des appendicites, dans lesquelles il peut y avoir lésion de la paroi. Si l’appendicite évolue mal, on peut aboutir à une perforation de la paroi aboutissant à une péritonite avec une symptomatologie clinique comme suit : - Douleur au niveau de la fosse iliaque droite Hyperthermie à 38° Signes d’irritation péritonéale : vomissements, … Page 11 sur 11