Faculté d’éducation
Département de pédagogie
Baccalauréat en enseignement au secondaire (B.E.S)
Profil Science et technologie
Le créationnisme : science ou pseudo-science ?
Par
Vincent Belletête (08 365 627)
Travail présenté à
Monsieur Paulo Fournier
Dans le cadre du cours
Épistémologie et enseignement des sciences (DID 366)
Le 28 septembre 2010
Le créationnisme, science ou pseudo-science ? DID 366
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TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES ............................................................................................................ 2
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 3
LA THÉORIE DU CRÉATIONNISME .......................................................................................... 3
ARGUMENTATION BASÉE SUR LES CRITÈRES DE LARIVÉE ................................................... 5
Usage excessif d’hypothèses ad hoc en vue de se soustraire à la réfutabilité ........................... 5
Absence d’auto-corrections .......................................................................................................... 5
Évitement du processus d’évaluation par les pairs .................................................................... 6
Accent sur la confirmation plutôt que sur la réfutation ............................................................ 6
Renversement du fardeau de la preuve ...................................................................................... 7
Absence de liens significatifs avec d’autres disciplines scientifiques ........................................ 7
Abus de témoignages et d’anecdotes ........................................................................................... 7
Élaboration d’un langage « maison » hermétique ..................................................................... 8
Pouvoir explicatif illimité ............................................................................................................. 8
Argument de l’holisme ................................................................................................................. 9
INTERVENTION PÉDAGOGIQUE ET DIDACTIQUE .................................................................... 9
CONCLUSION ........................................................................................................................ 11
Le créationnisme, science ou pseudo-science ? DID 366
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INTRODUCTION
La science et la technologie font partie intégrante de notre quotidien dans la société.
Qui saurait contredire ce fait ? Pourtant, peu de gens comprennent les conditions de l’esprit
scientifique et l’approche scientifique. Les croyances non fondées sur des observations et
des méthodes rigoureuses sont extrêmement répandues. Certains chiffres sont étonnants :
48% des Québécois croiraient au fantômes, plus de la moitié des Américains croiraient au
diable et le quart des Américains croiraient aux affirmations de l’astrologie. (Larivée, 2004)
En tant qu’enseignant en science et technologie au secondaire, il importe de distinguer les
approches scientifiques des approches pseudo-scientifiques. À travers ce texte, j’aborderai
la question de l’approche pseudo-scientifique en utilisant l’exemple du créationnisme. Il
sera ensuite question des interventions didactiques et pédagogiques susceptibles de
favoriser cette capacité de distinction par les élèves.
LA THÉORIE DU CRÉATIONNISME
Le créationnisme est une théorie religieuse et métaphysique fondée sur la croyance
selon laquelle l’Univers (y compris la Terre), a été créé par un Créateur surnaturel : Dieu.
Selon ses adeptes, les modalités de la Création du Monde sont conformes à une lecture
littérale du Livre de la Genèse dans la Bible. Ainsi, on reconnaît la rencontre d’Adam et
Ève, les six jours de la création et le déluge non pas comme une allégorie, mais plutôt
comme une réalité « scientifique ». Les créationnistes radicaux s’opposent à la théorie du
Big Bang et de l’évolution même si elles sont largement acceptées dans le milieu
scientifique. Bien entendu, le créationnisme est intimement lié à la doctrine chrétienne
fondamentaliste.
Depuis longtemps, la religion tente de s’immiscer dans les disciplines scientifiques
sans pour autant adopter de véritables approches scientifiques. La publication de l’œuvre
Le créationnisme, science ou pseudo-science ? DID 366
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de Darwin (On the origin of species) a suscité des réactions extrêmement vives dans les
milieux religieux. Même si Darwin ne l’a pas écrit explicitement, il est clair que ses idées
font de l’homme un animal comme les autres, descendant d’une forme de vie inférieure. Le
darwinisme enlève à l’être humain son statut particulier parmi les créatures vivantes
(Sénéchal, 2009). Les créationnistes s’opposent à cette théorie en affirmant que toutes les
espèces ont été créées en même temps, par Dieu, et que l’Humain a été créé à son image
pour dominer la Terre. Il s’agit d’un retour au fixisme, théorie jadis défendue par Cuvier et
Linné selon laquelle les espèces animales et végétales n’évoluent pas et sont toujours
restées les mêmes depuis la Création du Monde. L’influence de la Bible a aussi été très
forte en géologie. En 1654, l’archevêque irlandais Ussher affirmait, après une étude
littérale et chronologique de la Bible, que le monde avait été créé 4004 ans avant notre ère.
L’astronome anglais Whiston annonçait en 1708 que ses calculs bibliques lui démontraient
« hors de tout doute » que le déluge avait commencé un mercredi 28 novembre ! Ces
exemples montrent à quel point le récit biblique a poussé certains individus à s’opposer
ardemment aux études scientifiques qui cherchent à expliquer la réalité physique naturelle.
Il importe de distinguer ici le créationnisme du créationnisme scientifique. La
lecture biblique littérale adoptée par les fondamentalistes est refusée par la majorité des
Églises chrétiennes actuelles. Ces dernières privilégient plutôt une interprétation des récits
bibliques et ne s’opposent pas nécessairement à la science moderne. Ce sont les
créationnistes scientifiques, les fondamentalistes radicaux, qui affirment que les théories de
l’évolution et du Big Bang, entre autres, sont fausses. La pensée créationniste scientifique
peut s’exposer ainsi : les sciences doivent seulement confirmer les écrits bibliques. Si elles
infirment, elles sont forcément fausses. La seule vérité est donnée par la révélation divine
qu’est la Bible prise à la lettre. L’argumentation qui suit s’adresse plus particulièrement au
créationnisme scientifique.
Le créationnisme, science ou pseudo-science ? DID 366
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ARGUMENTATION BASÉE SUR LES CRITÈRES DE LARIVÉE
Usage excessif d’hypothèses ad hoc en vue de se soustraire à la réfutabilité
On crée une hypothèse ad hoc pour tenter d’expliquer des faits qui semblent réfuter
une théorie. Après maintes tentatives de calculer l’âge de la Terre à l’aide de la Bible, les
pseudo-chercheurs créationnistes sont passés de 4000 ans, à environ 6000 ans puis, la
croyance actuelle des créationnistes, à environ 10 000 ans. Au XIXe siècle, le milieu
scientifique, quant à lui, s’attelait à calculer l’âge de la Terre à l’aide d’observations telles
que les couches stratigraphiques, les types de roches successives et les fossiles. En se
basant sur la vitesse de sédimentation, Lyell (un contemporain de Darwin) croyait que la
Terre était vieille d’environ 700 millions d’années. La découverte de la radioactivité a eu
pour effet de modifier grandement le calcul de l’âge de la Terre. La présence de ce minerai
radioactif au centre de la Terre permet de prolonger la durée du refroidissement, car elle
constitue une source de chaleur. En 1930, on arrivait à la conclusion, encore acceptée
aujourd’hui, que la Terre s’est solidifiée il y a environ 5 milliards d’années. Nous sommes
loin du 10 000 ans qu’affirment les créationnistes ! En réponse à cet argument, les
créationnistes affirment que Dieu a bel et bien créé la Terre, mais qu’il l’a créée « vieille »
il y a 10 000 ans, avec les caractéristiques, comme les fossiles, qui la font paraître vieille
de 5 millions d’années. Voilà une hypothèse ad hoc bien injustifiée : elle est ni observable,
ni réfutable. Ce n’est résolument pas scientifique.
Absence d’auto-corrections
Les scientifiques sont très souvent prêts à changer d’avis lorsque les critiques
externes sont pertinentes et apportent des faits nouveaux. Ils ne doivent pas être attachés de
façon émotive à leur théorie. Les pseudo-scientifiques prêchent que leur « théorie » est à
prendre telle quelle ou à laisser (Larivée, 2004). La théorie du créationnisme ne pourrait
être scientifique, car elle n’est pas sujette au changement. Lorsque les critiques sont
adressées aux ardents défenseurs créationnistes, ceux-ci ramènent toujours leurs arguments
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