
Le 20 décembre 1848, Sarda Garriga, nommé par Victor Schoelcher pour mettre en
œuvre le décret d’abolition de l’esclavage à la Réunion, proclame cette abolition. Louis-Henri
Hubert Delisle devient le premier gouverneur créole de 1852 à 1858. Malgré sa politique
d’aménagement, la crise économique touche l’Ile à partir de 1870. D’une part, en raison de
l’ouverture du canal de Suez en 1869, qui détourne les grandes routes maritimes loin au
nord de l’Océan Indien. D’autre part, du fait de l’intérêt privilégié que le gouvernement
français porte à partir de 1880 à Madagascar.
La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée
massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la
libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent
alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification
ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent
peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage),
d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants.
La Réunion participe à la première guerre mondiale en envoyant de nombreux
réunionnais en métropole, comme Roland Garros l’aviateur, ou Lucien Lacaze ministre de la
guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences positives pour la Réunion puisque les
cours du sucre augmentent, la France étant privée de ses terres betteravières, lieux de
combats. La modernisation se poursuit pendant l’entre-deux-guerres : l’électricité apparaît
dans les foyers aisés et dans les rues de Saint-Denis de la Réunion, la radio en 1926.
L’industrie sucrière se concentre en quelques grands groupes, qui se substituent aux
exploitants individuels de sucrerie. Mais ces progrès profitent surtout aux propriétaires
terriens, industriels, cadres, gros commerçants, la masse de la population demeure pauvre.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Réunion souffre beaucoup de l’arrêt total de
ses approvisionnements par la métropole. De 1940 à 1942, le régime Vichy est imposé par le
Gouverneur Pierre-Emile Aubert. En 1942, un commando des Forces Françaises Libres
débarque à Saint-Denis et restaure le régime républicain. La guerre laisse la Réunion dans
une situation économique désespérée et il faut attendre la fin du conflit pour que la France
lui apporte à nouveau son aide.
Lors de sa transformation en département par la constitution de 1946, la Réunion ruinée,
bénéficie de gros efforts de la France pour la reconstruction de l’économie et le progrès
social.
La départementalisation à partir de 1946 a donc beaucoup profité à la Réunion, ce qui
explique son fort attachement à son statut départemental malgré les possibilités d’évolution
sous la Vème république, ce qui fait l’objet du B-.
B- Spécificités des institutions
1) Une opinion réunionnaise départementaliste
L’échec de la bidépartementalisation est révélateur de l’attachement beaucoup plus
fort des réunionnais au département. En effet, le projet de loi d’orientation pour l’outre-mer
de 2000 prévoyait dans sa rédaction initiale un article prévoyant la création, au plus tard au