En sus de cette unification culturelle de la noblesse, le Roi prend grand soin, comme le
précise Marino Cavalli aux lignes 29&30, d’ôter à la noblesse du royaume toute volonté de
rébellion en maintenant leur bourse dans un état de dépendance avancé vis-à-vis du bon
vouloir royal ; en effet, le Roi distribue à sa guise les nombreux privilèges ecclésiastiques ou
étatiques dont il est le dépositaire ainsi, Louise de Savoie entrera au conseil secret du Roi et
Charles de Bourbon recevra la très haute fonction de connétable de France. Tous ces
privilèges distribués permettent également au souverain de maintenir la noblesse sous son
emprise.
Enfin, l’unité du royaume est également assurée par son fondement catholique, car en
effet, si le Roi fut dans les premiers temps relativement tolérant vis-à-vis de la réforme
protestante, l’édit de Coucy, promulgué en réaction à l’affaire des placards, permet dès 1534
au parlement de déclancher une vague de persécution à l’encontre des protestants, et, si ce
dernier fut suspendu en juillet 1535, l’édit de Fontainebleau quelques années plus tard, en
1540 cautionna lui le terrible massacre des Vaudois provençaux, en avril 1545.
B: Un pouvoir royal important.
Sous François 1er, on assiste à un réel renforcement de l’autorité et du pouvoir du roi, effet
très bien analysé par Marino Cavalli, notre ambassadeur : « Ce fut Charles VII qui, après
avoir libéré le pays des anglais, alourdit le fardeau de cette soumission, puis Louis XI et
Charles VIII grâce à la conquête du royaume de Naples, et aussi Louis XII. Mais le roi actuel
peut bien se vanter d’avoir dépassé tous ces prédécesseurs …(l.24à26) »
Bien que le royaume de France soit dirigé par plusieurs conseils : le grand conseil, chargé de
régler les différents entre les cours du royaume ; le conseil des parties ou conseil privé chargé
des affaires de justice ; et le conseil étroit chargé des décisions importantes de l’état ; le roi,
François 1er reste le seul commandant a bord ne se fiant qu’au seul conseil qu’il a lui-même
créé : le conseil des affaires auquel il ne nomme que ses plus intimes. Les autres conseils
n’ont aucun pouvoir réel et peuvent tout à fait être contredit par le roi.
Depuis le concordat de Bologne en 1516, François 1er a pu s’assurer le soutien de l’Eglise
puisque devenu chef de l’Eglise de France il peut nommer au place d’évêques et
d’archevêques et même les cardinaux. Tout ceci lui assure une certaine stabilité de son
pouvoir puisqu’ainsi il nomme et écarte qui bon lui semble.
François 1er ne s’est pas arrêté là puisqu’il est même allé jusqu’à interdire aux parlements
d’user de leur droit de remontrance, confisquer les biens du connétable (=duc) Bourbon en
1523 alors allié de Charles Quint, ce qui lui permit de mettre à l’écart ses concurrents à la
couronne.
Les écrits de l’époque parlent de François 1er comme d’un monarque a la fois éclairé mais
aussi brutal et intransigeant, en un mot : ambigu. Il était ferme et a placé la France sur la voie
du despotisme, l’exemple le plus flagrant de cette action est sans nuls doutes le fait qu’il n’ait
jamais convoqué les Etats Généraux. C’est aussi à lui que l’on doit la formule : « car tel est
notre bon plaisir » et l’appellation « votre majesté » jusqu’ici réservée aux seuls empereurs.
Le pouvoir du roi de France n’a eu cesse d’augmenter sous François 1er si bien que les gens
les plus avertis de l’époque ont pu dire : « nous avions un roi des français, maintenant nous
avons un roi des serviteurs » comme nous le transmet l’ambassadeur (l.22). François premier
menait tout « à la baguette » et n’avait qu’à décliner ses exigences pour les voires
exécutées : « Il suffit à ce prince de dire : « Je veux telle somme ; j’ordonne ceci ; je consens à
cela ». Et tout aussitôt suit, aussi promptement que si la décision émanait d’un vœu spontané
de la nation entière. (l.19à20) » renforcé par : « Ainsi les Français, comme s’ils se sentaient
peu faits pour se gouverner eux-mêmes ont-ils totalement abandonnés aux mains de leur roi et