Introduction I- les travaux d`approches d`économie domestique L

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Introduction
Iles travaux d’approches d’économie domestique
L’économie domestique est ce qui se passe dans une maison. L’économie, au sens
originel, signifie « art de bien conduire une maison », le sens d’aujourd’hui est apparu au
18ème et désigne « l’art de bien disposer les différentes parties d’un tout en vue d’une fin
conçue à l’avance » (Lalande). A partir de ces définitions, l’économie va recouvrir tout un
ensemble de sens, il y en a 4 :
 une bonne organisation (savoir gérer les temporalités entre le matin et le soir, savoir
gérer l’activité, le commerce) donc c’est une notion temporelle mais aussi spatiale
mais il faut aussi savoir conduire les activités selon les personnes (qui va décider dans
la maison, etc.). En Serbie, il y a la « Zadruga » (unité domestique) avec 30-40
personnes, soit 3-4 générations et 6-7 couples qui vivent dans la même maison et on
désigne le chef qui sera la femme, ce n’est pas toujours la plus âgée mais celle qui a le
plus de compétences ;
 l’organisation va répondre à des besoins : la production de biens ou services, c’est la
2ème dimension. Dans cette production, certains objets vont avoir une valeur
marchande mais d’autres non s’ils n’en n’ont pas à la maison : ce qui fait la valeur de
marchande ce n’est pas la nature mais le contexte. Cette notion de production peut
aller plus loin : dans un quartier, un voisin peut faire notre vidange pour rien donc ce
n’est pas forcément monétarisé : c’est une dimension complexe ;
 l’approvisionnement et la dépense : pour faire fonctionner une maison, il faut de la
matière 1ère, se fournir à l’extérieur, en achetant ou en cueillant donc il y a une notion
d’approvisionnement et de dépenses relative au contexte. Quand on est au magasin, le
marchand forme un contrat (le prix) ; au marché, on créé une forme de contrat entre
nous et le vendeur : c’est une forme de relation à partir de règles. Il n’y a pas
d’échanges sans accord sur les règles : les institutions acceptent ou rejettent ces
règles ;
 faire des économies : dépenser moins et maximiser la production comme faire de la
soupe pour 3 jours.
L économie est synonyme de bonne administration, conduite et gestion et c’est aussi
synonyme d’ajustement des moyens à des fins. L’économie domestique ne signifie pas ne pas
faire de dépenses mais de dépenser intelligemment en vue d’aboutir à des fins comme se
nourrir, sa voiture, etc. par rapport auxquels on va penser à des manières de gérer le temps,
etc. « L’économie » selon l’UNESCO : ça étudie la production, la circulation, la
consommation des biens et des services. Au niveau anthropologique, c’est plus compliqué, il
peut y avoir des productions sans prix, des échanges sans circulation marchande, des
consommations sans production. Dans la Zadruga, c’est différent de ce que l’on vit ici et
l’anthropologie montre qu’il y a diverses manières de comprendre les fonctionnement de
l’économie et les m^mes notions peuvent avoir des sens différents : il y a une grande
variabilité des systèmes économiques en anthropologie.
IIl’économie où l’on ne l’attend pas : trois exemples
1) le marché aux puces de Marseille
Ce marché est le 1er pôle économique (quartier de Belsunce) entre la France et l’Algérie
où on vendait de tout et les vendeurs étaient de toutes origines mais Marseille a une politique
de gentrification comme toutes les villes : on cherche à faire loger dans les centres villes les
catégories sociales moyennes et supérieures donc on va faire en sorte de déplacer ce pôle
économique au nord de Marseille. On trouve dans le marché aux puces des pratiques
commerciales fondées sur le marchandage (bargaining). La particularité est que le marché a
été acheté par les marchands donc c’est un marché privé qui fonctionne comme un marché
public.
Les auteurs vont montrer que ce qui va caractériser l’échange, c’est l’apparence de fluidité
entre l’acheteur et le vendeur : chacun sait quel rôle il a à tenir, le registre des rôles est
particulier.
Donc c’est un marché qui a une activité économique évidente, c’est aussi l’occasion des
discussions, des relations sociales donc le marché économique est aussi un marché aux
nouvelles et des objets et on y développe des relations sociales.
2) la pêche à pied sur la côte Normande
C’est l’activité de la cueillette, de la ponction de l’environnement donc c’est très
important traditionnellement dans les régions côtières ayant connu l’activité industrielle. C’est
une activité qui s’est développée quand les ouvriers sont allés ramasser des vers pour les
vendre au mareyeurs donc c’est une économie d’appoint et avec la conjoncture économique
actuelle ça c’est professionnalisé (les pêcheurs à pied) mais ce n’est pas toujours dans un
cadre juridique (ce n’est pas déclaré).
3) les campagnes d’Emmaus
Cet exemple est une illustration d’une thèse de Karl Polanyi : l’encastrement de
l’économie dans le social. Ca montre que dans une société de compagnon, avec des règles
autres que celles de l’économie de marché, ce qui est central c’est la dimension éthique (ce
qui a rapport à la morale) donc une économie différente de la société globale apparaît.
L’idée de l’Abbé Pierre, dans les années 1950, est d’inverser le sens du don charitable : le
pauvre vient donner sa force de travail pour avoir de quoi se loger et se nourrir : c’est un don
réciprocitaire. La priorité est donnée au social et non pas à l’économie : chacun touche une
allocation indépendamment de ce qu’il a produit.
III- Economie politique et anthropologique
La science économique a une histoire, les gens ont pensé les échanges, les ont analysés
pour identifier des lois. Elle commence au 18ème d’abord en Grande-Bretagne avec la
naissance de l’économie politique qui va avoir pour ambition d’identifier des lois du
fonctionnement des échanges.
Les anthropologues auront pour objectif d’interroger ces lois : faire des apports critiques,
il y a deux choses propres à l’anthropologie : l’observation attentive des faits sociaux des
cultures (dimension empirique) et le comparatisme. Donc la science économique est créée au
18ème en Angleterre. Le 1er livre d’économie politique est celui d’A. Smith « la nature et les
causes des richesses des nations » (1776).
Au début de la révolution industrielle en Angleterre, la question des enclosures (terres en
Angleterre séparées par du boccage) : les grands propriétaires terriens suppriment et
s’approprient des communes par la mise de barrières donc ils vont rationaliser l’élevage car il
se développe la production lainière avec l’industrie textile, en même temps, les paysans
propriétaires vont devoir travailler dans les usines donc il y a un développement de la
population ouvrière et l’enrichissement des propriétaires (développement des machines, etc.)
donc il y a un développement technologique dans lequel s’insère le développement de la
métallurgie.
La société se transforme : il y a de nouvelles stratifications sociales, de nouvelles
professions, les gens vont s’appauvrir, etc. A. Smith et Ricardo vont essayer de comprendre
les liens entre les transformations de la société et les nouvelles formes de production. Ils
essaient de construire des lois et s’appuient sur des postulats. L’économie politique va
développer 3 règles :
 pour que les modèles fonctionnent, l’homme est réduit à être un être rationnel, il
chercherait toujours à combiner au mieux les moyens dont il dispose avec la
satisfaction de ses besoins (illimités) ;
 il y a une quantité limitée de moyens (force de travail, outils, etc.) à sa disposition
alors que ses besoins sont illimités. Il va donc chercher à améliorer les moyens dont il
dispose : produire plus et mieux, perfectionner les outils, les règles de travail. C’est
l’essor du progrès, la naissance des inventions : les transformations de la société ont
pour essence les transformations technologiques ;
 il y a un développement des échanges avec la spécialisation des tâches. Les échanges
doivent être de plus en plus denses, de plus en plus rapides car les besoins sont
illimités. La société est considérée comme un immense marché qui va se développer
en renforçant les échanges et c’est autour de ceux-ci que vont se nouer les relations
entre les hommes (essentiellement les marchands), c’est médiatisé par les objets et les
services échangés. L’individu, étant rationnel, est au centre de la société, il n’est
jamais satisfait. Il a un nom : l’homo oeconomicus (c’est un modèle).
Il y a des prénotion su ce qu’est l’Homme : l’un des fondements de l’anthropologie
économique est de les discuter. Par exemple, la notion d’individu : ils ne sont pas toujours
pareils, c’est relatif (notion récente) ; la notion de besoins : la rationalité économique est que
les gens ont des besoins illimités mais ce n’est pas vrai, il y a une limitation des membres
dans certaines sociétés et culturellement organisés ; la notion de rareté est aussi relative. Ces
3 termes sont présentés comme étant universels car ils relèveraient des lois de la nature selon
les économistes mais rien n’est naturel selon les anthropologues : dès que l’Homme met la
main que quelque chose, ça devient culturel donc tous les hommes sont des êtres de culture
(Godelier « l’idéel et le matériel ») donc les Hommes vont avoir des comportements
économiques différents selon la société. Il faut d’abord considérer les attitudes et les
comportements des individus par rapport à leur société « la raison culturelle » (Sahlins).
L’anthropologie économique va comparer les différences entre les sociétés
contemporaines et primitives, avec M. Mauss qui compare les travaux de Boas et
Malinowski : ce qui est au fondement des sociétés c’est l’échange et la réciprocité. Un
deuxième auteur travaille sur ce thème : K. Polanyi qui est un historien de la pensée
économique et qui va montrer des catégories de sociétés en fonction de la nature des échanges
et leur forme de réciprocité. Quand on compare les sociétés entre elles, il faut avoir un fil
conducteur, une grille de lecture : il y a deux approches différentes, la thèse de rupture et celle
de continuité entre les sociétés.
IVLa question de l’échange
La potlatch est une cérémonie rituelle dans les côtes Nord-Ouest du Canada où des
groupes familiaux vont rivaliser en générosité à l’occasion de mariages, de baptêmes, on
échange ou on brûle des objets, de la nourriture. On cherche à montrer sa richesse, a en
imposer aux autres. Les 1ères analyses considèrent le potlatch comme une compétition où le
gagnant est celui qui a dépensé le plus. C’est l’occasion de pratiquer des échanges, de faire
des crédits, d’associer des échanges de biens avec des échanges sociaux (le mariage par
exemple).
La Kula est développée par Malinowski, c’est un échange plus complexe dans les îles
Trobriand. Les chefs de clan circulent de villes en villes pour échanger des biens et des
bracelets ou des colliers. L’auteur observe que ces colliers (ignames en plus) circulent dans le
sens des aiguilles d’une montre et inverse pour les bracelets, les gens ne sont pas conscients
de ce système. Les objets reviennent entre 1 à 1 ans, plus c’est long à revenir, plus il a de la
valeur donc la richesse est calculée par rapport à la capacité à s’approprier ces colliers et
bracelets.
Mauss va utiliser ces deux exemples pour construire « l’essai sur le don » et la théorie de
l’échange : comment les questions économiques et sociales sont liées les unes aux autres ?
Chap. 1 : les fondements de l’anthropologie de l’économie
I – production, distribution, consommation
Les ethnologues et les sociologues sont des gens pratiquent, ils regardent les aspects du
matériel et les décrivent donc ils sont les 1ers à faire des réflexions autour de l’économie, à
faire des données ethnographiques sur des territoires pour comparer et comprendre comment
fonctionnent ces biens et services qui sont au fondement de l’économie.
L’autre spécificité, c’est l’intérêt particulier qu’ont les anthropologues pour les faits
symboliques : c’est une approche plutôt symbolique des phénomènes économiques. Le
symbole est le code de la route, les panneaux de signalisation : une multitude de symboles (le
feu rouge = arrêt conventionnellement, au-delà de la convention, le rouge = interdiction) ;
c’est quelque chose de l’ordre de nos représentations, quelque chose qui sert à communiquer :
ça veut dire quelque chose, toutes paroles sont une pratiques symbolique (sons que l’on
comprend).
Les anthropologues vont considérer que la production, la distribution et la consommation
vont plus loin que le seul acte donc ils vont être attentifs à la dimension symbolique de
l’économie (Bourdieu). L’anthropologie de l’économie est fondée sur la production, la
distribution, la consommation des biens et des services. Un bien c’est ce qui a une valeur
d’usage, la valeur qu’une société va lui reconnaître, les biens peuvent donc exister et avoir
une valeur car c’est le résultat d’un travail. Aujourd’hui, les biens ne sont pas le résultat d’un
travail ou de manière très lointaine (qualité de l’air, de l’eau, l’espace, etc.). Il y a des biens
qui n’ont pas de valeur mais sont le fruit du travail puis qui vont retrouver une valeur
(voitures de collection).
Ce qui va faire la spécificité de la production,de la distribution et de la consommation,
c’est que ce sont avant tout des faits sociaux qui ne s’expliquent pas depuis la loi naturelle :
ils s’articulent au social, ils transforment et sont transformés par les phénomènes sociaux. Il y
a des questions relatives à la division du travail entre les hommes et les femmes ou encore
l’aîné et le cadet ; à l’organisation sociale (liens organisés entre producteur et
consommateurs : les règles sociales).
II – la production
Ca rejoint l’approche marxiste. C’est ce qui intéressait d’abord les anthropologues comme
Lewis Morgan (fondateur de l’évolutionnisme en anthropologie, il va essaye d’adapter
l’histoire des sociétés à la théorie de Darwin) qui examine les armes de subsistance des
sociétés : la typologie des sociétés est alors dressées.
Au 19ème, l’ensemble des observateurs trouve un intérêt dans la question de la production.
C’est une histoire de contexte historique car c’est la révolution industrielle (développement du
transport, travail industriel, etc.) donc le monde se transforme rapidement.
La société rurale traditionnelle était organisée en fonction du temps. Les individus
travaillent en fonction des contraintes de la production : on s’intéresse précisément à
l’articulation de la société qui produit et la transformation des groupes sociaux. La notion de
classe sociale est créée par Marx qui analyse du processus de production pour construire une
théorie de l’Histoire selon laquelle l’organisation sociale de production détermine les
catégories sociales, il cherche à caractériser chaque type de société autour de systèmes de
productions propres « les modes de production ». Ces modes de production comprennent
plusieurs niveaux :
 les formes d’appropriation de la nature (de la domestication à l’élevage). Les
conséquences sont qu’il faut se les transmettre donc derrière il y a de la culture ;
 l’ensemble de ces appropriations suivent un certain nombre de règles, comportements,
elle passe par le travail. Pour A. Smith, le travail était la source de la richesse des
nations, la fabrication des biens d’usage (ceux dont on peut faire commerce) : ça va
être très répandu jusque récemment.
Qu’est ce qu’on fait du travail domestique ? Marx considère que le travail est un processus
par lequel on s’approprie la nature et la source de la valeur des marchandises. L’anthropologie
se pose des questions sur ce travail avec Sahlins et Marshall (« Age de pierre, Age
d’abondance »), la notion de travail n’existe pas dans certaines sociétés : le travail nous
fatigue (cueillette = plaisir), les sociétés primitives ont des travails différents et à l’épopée de
ce que nous connaissons.
Il y a une multitude de tâches productives qui n’ont pas de valeurs. Godelier « le travail
humain est une activité, individuelle ou collective, intentionnelle qui a pour but de disjoindre
de la nature certains éléments matériels pour qu’ils servent à des besoins humains », il y a
une idée d’intentionnalité, de dissociation entre la nature et autre chose ; J-P Warnier « le
travail est une activité sociale, individuelle ou collective, finalisée qui met en œuvre un
certain nombre de savoirs et de techniques et qui va se développer entre les contraintes
matérielles et sociales », il y a une articulation entre le social et le matériel (environnement,
etc.).
Il n’y a pas de transformation de la nature sans organisations sociales adaptées, pas de
production sans rapports de production. A <-> B = relation ; A/B = rapport. Ces rapports de
productions sont associés aux forces productives (selon Marx) qui sont le capital, les matières
premières et le travail.
Rapport de production + forces productives = modes de production
Ces modes de production sont le capitalisme, le féodalisme, etc. Parmi ces modes de
production, un va être ajouté par Sahlins : l’esclavagisme ; le mode de production chez les
sociétés d’autosubsistance qui a comme particularité que l’unité de production de base soit la
« maisonnée » qui consomme la quasi-totalité de ce qu’elle produit.
III – la distribution
La Potlatch et la Kula ont été étudiés pour leur distribution sous ces deux formes.
La Potlatch est une compétition dans laquelle les chefs de clan rivalisent, ils dépensent et
brûlent les biens en signe de générosité. Dans ces brasiers, il y a une maxime « le feu des
potlatchs plait aux narines des Dieux ». Ces prestations vont être totales selon Mauss : ça
touche l’ensemble des institutions de la vie sociale. Ca ne touche pas les principes moraux, on
y défend son honneur en défendant son statut. Des relations d’allégeances sont construites
pour le plus généreux (Boas).
La Kula est un système d’échange qui concerne plusieurs îles sur 150000km² et dans cet
archipel, les aborigènes pratiquent la Kula entre voisins et celui qui est le plus grand est la
Kula maritime. A cette occasion, sont échangés des brassards contre des colliers
rigoureusement : il y a des relations étroites entre les participants de la Kula, ce sont
seulement les familles moyennes et aisée qui la pratique. Ce n’est pas économique, il est
accompagné de rituels, de cérémonies et il y a des échanges d’objets (construit une économie)
donc la Kula est un modèle de fonctionnement qui a un impact sur les échanges économique.
Il y a des valeurs dans la Kula : on n’a pas le droit de refuser un don, c’est une question
d’honneur. De plus, ces échanges sont publics. Une fois accepté, on doit rendre le don mais
pas tout de suite : on est lié avec le donateur. La chose rendue est importante et la valeur est
impliquée par son histoire (ancienneté, réputation des anciens propriétaires, etc.). Chaque
objet est unique et a un nom mais ils ne sont pas très différents des ornements journaliers. La
Kula est une institution qui permet de renforcer les statuts sociaux des différents participants
de la Kula (Malinowski).
Ils nous apprennent 2 choses pouvant être appliqué à toutes sociétés :
 le statut social s’acquiert par l’échange, la communication, la mise en circulation des
biens, la prodigalité ;
 ces institutions vont croiser, compléter, servir de modèle de fonctionnement de
l’ensemble des échanges, il faut les mettre en regard avec la famille, les religieux, etc.
pour les comprendre.
M. Mauss va donc construire sa théorie du don ainsi il va développer le fait qu’il existe un
paradoxe dans l’échange : le don, par définition, est volontaire, gratuit et pourtant il pèse sur
le donateur et le bénéficiaire, c’est une forme de contrainte. Le bénéficiaire doit rendre ce don
selon des règles qui changent selon la société. C’est de ce paradoxe que né la dynamique des
échanges : ça s’étend à toute la société. Mauss n’est pas un anthropologue de l’économie,
sons soucis est de donner un aperçu général de la société. Il confronte le potlatch et la kula à
d’autres pour montrer que la notion d’échange est au cœur du fondement des sociétés
humaines, des relations entre les individus et les groupes sociaux.
K Polanyi (1888-1964), historien de l’économie qui fonde sa théorie sur la critique de
l’économie classique. L’homo oeconomicus n’est pas universel mais lié à la société moderne :
il n’est pas un être de nature (différent d’A. Smith) mais un être de culture. Il va montrer qu’il
naît en Angleterre au 18ème avec la révolution industrielle. Il va montrer que le marché
apparaît avec la révolution industrielle (on ne le retrouve pas dans les sociétés primitives) et il
va montrer que même dans les sociétés modernes, il y a des échanges qui relèvent d’autre
chose que le marché. Polanyi dit que les phénomènes de distribution sont au cœur du
fonctionnement de l’économie mais il a plusieurs manières de distribuer et d’échanger : le
marché capitaliste, le mutualisme (19ème), etc. Par exemple, la façon dont l’Etat s’est sortie de
la crise de 1929, Polanyi montre que si les Etats ont pu s’en sortir, c’est ceux qui vont
réintégrer une économie administrée (place de l’Etat augmente) : il y a une contradiction avec
la thèse libérale. La 2ème remarque de Polanyi est que dans toutes sociétés, il existe des formes
de solidarité mécanique qui ont des formes d’échanges, de distribution qui ne relèvent pas de
l’économie (production, distribution, consommation) et la forme de l’économie (réciprocité,
redistribution, marché).
IV – la consommation
C’est le point le moins travaillé pas les économistes mais le plus connu des ethnologues
et des sociologues. La consommation c’est la destruction des biens et des services par l’usage.
Mais pour les ethnologues, ce sont des pratiques qui vont permettre de distinguer les modes
de vie, les aires culturelles, les façons d’être, de se vêtir. Il n’y a pas de tradition théorique de
consommation mais pourtant ces pratiques « sont bonnes à penser » (Lévi-Strauss). La société
et l’individu vont se construire à travers ces pratiques en fixant, par exemple, des interdits de
consommation (alimentation), une transformation que l’on fait sur les produits alimentaires. Il
y a un développement par Douglas M. (1871 « de la souillure ») où elle montre que la plupart
de nos activités quotidiennes se font entre le pur et l’impur et le tabou. Ces pratiques sont
visibles dans l’univers domestique comme le papier mais pas n’importe lequel selon l’usage
qu’on en fait et le papier hygiénique ne se situe pas au même endroit car il est considéré
comme impur.
Bourdieu dit qu’à travers le principe de la pratique de la consommation, se construit les
catégories sociales car c’est un indicateur pour comprendre et analyser le social.
V – les principaux courants de l’anthropologie de l’économie
Il y a 5 courant déterminés par la place donnée à l’économie et le rôle donné aux pratiques
de production, de distinction et de consommation. Ils apparaissent à des moments différents
mais coexistent (ne se substituent pas) :
L’anthropologie « de la signification » par Mauss, ça insiste que la représentation
symbolique, le sens des activité économiques qui doivent être considérés dans la totalité, avec
les autres institutions, ce qu’elle signifie dans la société. Ce courant né et est présent chez les
sociologues et les économistes autour de la revue « le Mauss » (mouvement anti-utilitariste
des sciences sociales) qui s’oppose au fonctionnalisme utilitariste. Le principal animateur est
Mauss qui inspire aussi L. Dumont et M. Godelier (l’énigme du don : le sacré n’est pas
échangeable) et M. Douglas et E. Richard.
L’anthropologie « substantialiste » par K. Polanyi qui distingue une économie
substantiviste, anthropologique d’une tradition formaliste, la distribution est centrale pour lui,
il définit les différents types de distribution qu’il faut analyser et montre que l’économie est
encastrée dans d’autres institutions de la société. Il influence l’anthropologie américaine.
Les anthropologues formalistes hérité de l’économie politique : il y a des lois universelles
de même nature donc les catégories de concepts sont applicables partout. Chaque Homme a
un désir de maximiser ses avantages et le fait rationnellement pour arriver à ses fins, etc.
Le courant de « l’écologie culturelle » important aux USA. Les Hommes réagissent à leur
environnement ce qui explique les variations de cultures. Le courant de l’anthropologie est
difficile à adapter au monde contemporain. Il replace l’homme au sein de l’espère animale.
Les conditions extérieures ont un impact sur la manière dont les Hommes construisent les
échanges.
Le « marxisme » qui s’intéresse aux modes de production en considérant le travail comme
étant au centre de la constitution de la valeur des biens, etc. On prend du pouvoir à travers
l’économie, il y a de la rationalité derrière l’organisation de la production. M. Godelier
(« l’idéel et le matériel ») montre la relation entre la rationalité des rapports des production et
l’idéel (façon dont on organise notre pensée).
Chap. 2 : Marcel Mauss (1872-1950)
C’est un français, neveu de Durkheim (1858-1917), ils ont fondés la sociologie française
institutionnelle (aux universités en France) et la revue « l’année sociologique » (1898) et
c’était la seule revue en France. Ils avaient un engagement politique (paradoxal) qui était le
militantisme socialiste, Mauss était juif et a vécu la 2nde guerre mondiale). Toutes les
publications du monde étaient recensées dans cette revue : Mauss lisait bien l’anglais et
l’allemand et a travaillé très fort. Mauss a repris la tête de l’entreprise sociologique en 1917 à
la mort de Durkheim et a joué un autre rôle. En effet, il était le cofondateur de l’ethnologie (la
sociologie des sociétés « primitives ») en France où cette filière est arrivée tardivement
contrairement à la GB et aux US (19ème) au niveau institutionnel. C’est Mauss qui a joué un
grand rôle pour la création de l’anthropologie à l’université, c’est pourquoi l’ethnologie est
considérée comme la petite sœur de la sociologie.
Il a aussi fait quelques voyages dans les Pays-Bas ou l’Angleterre : il voyage donc très
peu. En GB, il se nourrit de textes, de discussions ? Il avait des qualités comme les langues
(GB et allemand) et une érudition critique en anthropologie anglo-saxonne donc il a pu
introduire les débats d’outre-mer en France et il a pris son rôle de cofondateur très au sérieux
et a formé plusieurs générations de professeurs d’anthropologie (1930-1950). Il a publié un
manuel ethnographique en 1947 où il décrit les méthodes, les techniques.
Il était aussi un maître inspirateur de Lévi-Strauss qui était originellement philosophe, il a
bien lu ses travaux et il a publié les textes de Mauss après sa mort mais n’a pas suivi ses
cours. Lévi-Strauss a fait un recueil des textes de Mauss et en a fait une bonne critique.
I – la situation en France de l’anthropologie
Elle était toujours présente dans nos universités mais toujours en tant que petite sœur de la
sociologie comme si ça en était une branche donc ce n’était pas une discipline scientifique
autonome : Lévi-Strauss y joue un rôle clé. Une discipline scientifique se définit par son objet,
ses méthodes et sa problématique. L’anthropologie avait pour objet le symbolique selon LéviStrauss : la structure de la pensée de l’homme, qu’est ce qui se passe dans la tête de
l’humain ? Comment la pensée est structurée ? C’est l’objet définit par Lévi-Strauss. Ses
méthodes sont la comparaison de phénomènes culturels (structuraliste) donc il y a une
formulation de règles : comment fonctionne l’esprit humain au niveau de l’inconscient ? La
problématique est la question de recherche qui est : comment est structurée la pensée
humaine ? Strauss a traité les structures de la parenté puis les mythes : c’est la révolution
structurale dans les années 1950-1960. Lévi-Strauss a été très vite critiqué (Balandier
(africaniste) et Althusser (philosophe marxiste)). C’est l’origine de l’anthropologie en France.
II – L’essai sur le don
C’est un essai (entre article et livre) très descriptif, publié dans « l’année sociologique »
en 1923-1924. C’est un article fortement théorique avec une grande méthodologie basée sur le
travail de terrain de différentes sources (matériel d’autres chercheurs). Il traite le don comme
phénomène social : Mauss a voulu comprendre le don comme fait social total. Il a voulu le
faire à travers les sociétés dites primitives, le fait social total veut que les phénomènes sociaux
seront étudiées comme si elles étaient des choses pour pouvoir prendre une distance critique,
être objectif par rapport à ce phénomène (Durkheim).
Le fait social total car ce phénomène (le don) en particulier mobilise toute la valeur dans
la société (politique religieuse culturelle) donc c’est totalisant. La société se présente et se
reproduit à travers le don, il faut donc en comprendre son origine. Durkheim et Mauss étaient
influencés par 2 courant de leur époque : la biologie (Darwin avec l’évolution des espèces) et
la philologie (la linguistique comparative fin 12ème). L’hypothèse de Mauss est que, pour
comprendre les marchés d’aujourd’hui, il faut commencer avec le don : c’est un échange non
monétaire basé sur la réciprocité. Il utilise 2 sources pour étudier ce phénomène : Boas et
Malinowski. Boas est un allemand, le fondateur de l’anthropologie aux USA et Malinowski
est polonais puis est parti en GB.
Mauss a voulu expliqué le don car les économistes, à l’époque, disaient que dans les
sociétés primitives, il n’y avait pas d’économie, d’échanges à grande échelle mais en
anthropologie, il y avait des évolutionnistes qui disaient que ces gens n’ont pas de véritables
économies car ils vivent dans l’état de nature donc ils ont seulement une économie de la
nature. Mauss a voulu démontrer que le don était une économie développée avec la Kula et le
Potlatch : une économie d’échange qui dépassé la famille, c’était entre les sociétés à grande
échelle et pas selon le mode du troc. Mauss a aussi développé une autre approche : au lieu de
mettre le troc après l’économie naturelle et l’économie après le troc puis le crédit ; il place le
troc avant l’économie marchande et avant le crédit car on a dans le don, à la base, du crédit
donc il y a un inversement historique.
III – Pourquoi donne-t-on ?
Mauss parle d’un système de prestation total qui ont l’air d’être volontaires mais aussi
obligatoires. Il veut échapper à cette opposition : l’obligation de donner, de recevoir et de
rendre le don d’origine et si on est riche on donne plus que l’on a reçu donc 3 obligations et
Mauss explique le fait de donner et recevoir par le fait de rendre le don. Cette 3 ème obligation
est expliquée par le « hau » (âme de l’objet). On donne des tongas et des koloas qui sont des
produits masculins importés d’occident selon lui mais maintenant les koloas sont aussi
féminins. Ces produits étaient donnés pendant les naissances, mariages, décès et la personne
donnant ce cadeau recevait du mana (richesse, prestige, autorité) donc plus on donne, plus on
a du mana mais si on ne donne pas aussi ou pas correctement, on peut perdre du mana. Le
mana est la puissance divine, le pouvoir et qu’on peut imposer le tabou.
Quand il parle de potlatch, il parle du tournoi de générosité où on montre sa puissance, sa
richesse, son pouvoir pour montrer qu’on est mieux que l’autre en y mettant le feu. Ca a une
valeur symbolique, politique et économique et ça donne du prestige et du pouvoir. On offre
tout ça aux Dieux. On achète Leur faveur car ils savent comment rendre ce type de cadeaux.
Acheter Dieux ou les Esprits par les offrandes, c’est un phénomène universel. On achète la
paix. Mauss dit que le potlatch est un phénomène plus collectif que la Kula : deux éléments
sont en jeu, l’honneur et le crédit. Malinowski décrit la Kula comme le fait qu’un chef de tribu
va dans un village avec des cadeaux et plus tard, les gens viennent rendre ces cadeaux par
autre chose. Ce n’est donc pas un échange mais une circulation de dons dans un sens inverse.
Le don est une sorte de troc avec un retard et dans ce don, il y a la compétition, le show, la
rivalité et un aspect psychologique (croissance de l’ego) et de la richesse.
Il donne un autre exemple de Tambua et les îles Fiji. La Tambua sont de dents de baleines
sacrées, c’est le seul lieu (Mélanésie) où on échange ça pour des mariages par le jeune homme
ou sa famille, ça explique la transition de l’endogamie vers l’exogamie et l’existence de
cannibalisme. Le concept de hau vient d’un discours polynésien d’un sage, c’est un discours
religieux puis une conspiration scientifique selon Firth et Sahlins. Il n’y a pas de véritable
explication du retour du don. Ce n’est pas l’âme de l’objet, c’est autre chose qui explique sue
l’on fait et que l’on rend : c’est plus humains, « la communication » qui prend la forme de
mots, d’objets, etc. d’après Lévi-Strauss. Comme l’homme ne peut pas être incestueux, il doit
donc chercher son partenaire ailleurs et pour cela il doit communiquer, faire des cadeaux, etc.
De plus, je donne parce que j’ai déjà reçu de Dieu.
Chap. 3 : Les sociétés primitives : sociétés d’abondance
IIntroduction
La société primitive a un type d’économie différent du nombre.
C’est un rappel sur Mauss car Sahlins a fait une lecture critique du travail de Mauss ainsi
que Polanyi (référence de Sahlins). Mauss dit que l’homo oeconomicus est devant nous et non
derrière, la nature de l’homme n’est pas de produire des richesses, de répondre à la
satisfaction de ses besoins mais au contraire des choix sont faits dans les sociétés pour
différents types de développement.
Mauss, après Boas et Malinowski, insiste sur l’imbrication entre les philosophes
économistes, les sociologues et la production du symbolique. L’économie est en lien avec
l’organisation de la parenté par exemple ou encore l’organisation sociale d’une société. Il y a
donc une articulation entre économie et religieux.
Mauss dit que même dans nos sociétés très développées, les formes d’économie
« primitive » continuent à exister (économie informelle). De plus, il y a une coexistence d’une
économie fondée sur le marché mais aussi une économie administrée fondée sur la
redistribution : il y a peut être 3 bornes, 3 manières d’envisager l’économie :
 l’exemple des sociétés primitives et les familles : la réciprocité ;
 l’économie administrée : un pouvoir, un Etat va redistribuer l’argent ;
 le marché régulé par certains principes (cf. Smith).
Polanyi est un historien de l’économie, il a travaillé dans les années 30-50. Il a été frappé
du fait qu’au moment de la crise en 30, les sociétés qui s’en sont sorties ont réorganisé leur
économie, Roosevelt et le « new deal » : c’est l’intervention de l’Etat dans l’économie. Il va
en tirer une leçon, un principe : la subsistance des faits économiques doivent être distinguée
des formes que prennent la circulation des biens. L’idée c’est que l’organisation économique,
ses formes, va primer sur la quantité des biens produits pour comprendre l’économie et cette
forme va varier selon les sociétés, sur les 3 modèles de l’échange des biens : la réciprocité.
Les empires sont basés sur la redistribution et l’échange marchand : il formalise ce qu’on
percevait chez Mauss. Ces 3 formes vont coexister dans les sociétés de manières plus ou
moins importantes selon les époques et les sociétés.
IIMarshall Sahlins (1930 - )
C’est un anthropologue américain. Il va orienter son analyse des philosophes économistes
sur la critique du fonctionnalisme. Il va insister sur la dimension symbolique des échanges
économiques comme Mauss. Il va critiquer notre ethnocentrisme par rapport aux autres
sociétés. Il fait voir les valeurs de chaque société.
Ouvrages : « Age de pierre, age d’abondance » (1976) ; « raisons pratiques et raisons
culturelles ».
Il critique l’ethnocentrisme pour appuyer ses thèses. Il dénonce la vision des sociétés
primitives : leur activité n’est pas entièrement tournée vers la quête de nourriture, pour se
loger… Il n’y a pas d’obsession de répondre à ses besoins rudimentaires, il y a d’autres
valeurs à prendre en compte.
Il critique la notion de hau : le mana développé par Mauss (esprit de la personne dans la
chose échangée). Pour Sahlins, pour expliquer ce qui motive la dynamique de l’échange c’est
que l’échange se substitue à la guerre. L’échange est une nécessité.
Les sociétés primitives font le choix de produire peu car ils privilégient d’autres
dimensions de la vie : choix du repos, des loisirs, du religieux, du cérémoniel. Les notions de
richesse et d’abondance sont des notions relatives. Il n’y a que 2 moyens d’être satisfait : on
produit beaucoup ou on désire peu. « Ignorant cette obsession de la rareté qui caractérise les
sociétés de marché, les économies de chasse et de cueillette peuvent miser sur l’abondance ».
III- La 1ère société d’abondance
Dans nos sociétés, l’économie se fonde sur la valeur des biens et des services qui ellesmêmes dépendant de leur rareté. On est obsédé par la consommation selon Sahlins, on
fabrique du désir en permanence. La consommation devient une tragédie car l’Homme
moderne est sans cesse pris entre l’insuffisance de ses moyens et l’offre donc on doit se priver
d’où le sentiment permanent de frustration, de malaise « nous sommes condamnés aux travail
forcé à perpétuité ».
Les sociétés primitives n’ont pas cette soif de consommer.
Pour Sahlins, ce qui permet de comprendre leur économie, c’est qu’ils ignorent
l’obsession de la rareté. Il réfute la thèse habituelle : « les aborigènes ne doivent leur survie
qu’aux prix d’une société dans relâche ».
Sahlins va opposer les travaux ethnographiques comme des Bochimans du Kalahari : ils
vivent sans contraintes matérielles, ils ont une vie de nomade, nus, chassent un peu. Au
contact des EU, ils vont commencer à être honteux d’être nus, avoir envie d’avoir des outils
plus performants (ils chassaient peu donc pas de soucis d’emmagasiner, de capitaliser :
chacun possède le savoir nécessaire, pas de différenciation du travail). Chez les Kung, il est
important d’avoir peu car ils se déplacent beaucoup donc il faut se charger le moins possible.
En 1948, une expédition a mis en place une mission en Australie pour essayer d’évaluer la
quantité de travail nécessaire pour vivre dans ces sociétés : le temps de travail (c'est-à-dire
l’entretien des armes, préparation de la nourriture, cueillette…) est de 4-5 heures par jours et
pour toute leur ration alimentaire correspondant à celle nécessaire pour un individu tandis que
les Bochimans travaillent 15h par semaines et 65% des personnes travaillent.
Pourquoi n’accumulent-ils pas plus de nourriture ? Pourquoi de consomment-ils pas plus ?
Sahlins dit que c’est un chois de mode de vie spécifique : déplacements, peu d’enfants,
etc. La conception ascétique de la vie entraîne que l’on ne s’encombre pas des vieillards, du
taux d’infanticide important. La préoccupation 1ère n’est pas la quête de la nourriture mais de
continuer à vivre comme avant.
C’est donc à tort que ces sociétés ont été considérées comme pauvres (expression de notre
propre fantasme). La pauvreté est pour Sahlins avant tout un statut social parallèle à chaque
société. C’est une invention de notre civilisation mêmes les famines sont aussi des
conséquences de l’application de nos modes de vie sur ces sociétés.
IVLe mode de production domestique
La notion que Sahlins va développer pour donner un cadre à l’économie qui se développe
dans ces sociétés (notion empruntée à Chajanov). Dans les campagnes russes, les paysans
travaillaient pour nourrir leur famille. Le travail est différent selon le nombre de personne
dans la famille, le mode de production va dépendre de la main d’œuvre et des personnes à
nourrir. La quantité de travail dépend de cela.
Le système de production doit être rapporté à la structure domestique : c’est un facteur
non économique. La production économique a pour objet la reproduction de ces unités
domestiques.
Pour Sahlins, il s’agit de prendre en compte les modes de vie pour comprendre
l’économie. Le mode de production domestique est défini par 3 éléments : une force de travail
restreinte et différente en fonction du sexe et de l’âge ; une technologie simple ; des objectifs
de production limités. L’ensemble des unités est réglé par une idéologie : aucune unité
domestique doit être supérieure aux autres. La norme de production est stable, elle bouge en
fonction des mouvements démographiques ou des ruptures historiques comme les
mouvements externes. Ces sociétés vivent dans un état d’autoreproduction stable. Ce mode de
production a un avantage : la stabilité mais un point négatif : éparpillement des maisonnettes.
C’est dans la parenté, le religieux, le politique que vont se faire ces relations de
maisonnettes à maisonnettes en produisant plus pour répondre aux nécessités d’un potlatch
par exemple.
VConclusion
Si on confronte les thèses de Mauss qui mettent en avant les échanges symboliques de la
kula, sanctuaire du productif avec cette économie des maisonnettes de Sahlins, on constate
qu’il y a deux registres à distinguer dans l’activité économique : une économie de la
subsistance fondée sur la reproduction ; une économie des biens de prestige. Donc les deux
registres doivent être distingués car ils vont correspondre à l’instauration de ces différences
sociales, de distinction. Une organisation différente de la société.
Selon Godelier, on peut ainsi donner une explication à la fabrication volontaire de la rareté
instituée dans certains biens car ils entrent dans une logique de la distinction, du sacré.
TD du 15/05 : l’économie informelle
C’est toujours très fréquent chez certains groupes sociaux. 3 textes : le marché aux puces
de Marseille, les communautés d’Emmaüs et la pêche à pied (« économies choisies ») qui sont
3 façons d’apporter une dimension anthropologique.
Le 1er texte traite d’un marché très important couvert à Marseille dans une ancienne friche
industrielle : ce marché utilise des pratiques traditionnelles alors qu’il a une dizaine d’années
(immense et récent). Marseille a été jusque dans les années 1980 l’une des principales places
économiques d’échanges : le principal marché des Algériens était le marché de Belsunce
donc il y a une activité énorme (1ère place économique de Marseille) où il y avait des
commerçants de toutes origines. Ce marché est quasiment fermé (renouvellement urbain) d’où
la création du nouveau marché qui remplace le marché de Belsunce d’une certaine manière.
La question du lien social y prime. En effet, les prix ne sont pas fixés d’où des négociations :
c’est une mise en scène garante du lien social. C’est une communauté particulière :
commerçants et acheteurs participent à la même communauté (l’acheteur devient vendeur et
vice-versa). Il y a des règles de fonctionnement que tout le monde connaît, ceux qui ne les
connaissent pas ne font pas partie de la communauté. On est dans un espace où les gens
s’adaptent aux autres (jazz commercial) donc il y a une adaptation constante et importante
(propriété générale du marché). Le capital relationnel (ensemble des relations mobilisables)
entraîne le fait que l’on entre en « affaire » donc on a un capital relationnel car on a un lien
basé sur des dettes réciproques (par forcément de la monnaie) : des dettes symboliques donc il
y a une dimension de temporalité (il ne faut pas rendre tout de suite).
Le 2ème texte traite des compagnons d’Emmaüs qui s’autofinancent. Il y a dans ce texte ce
qui fonde l’économie de ces économies : des règles de fonctionnement différentes de ce qu’il
y a traditionnellement. L’intérêt principal est que l’économie a une valeur éthique particulière.
On y apprend tous les protagonistes de l’Histoire d’Emmaüs donc on a tout. La particularité
c’est que ça a été fondé pour venir en aide aux plus démunis, aux gens en difficultés (pendant
la crise de logement) ; ils travaillent pour les réinsérer dans la société (désaffiliation). C’est
fondé sur des valeurs : « aide-moi à aider les autres ». 3 principes fondent l’économie de
l’activité d’Emmaüs : les valeurs sont que les valeurs sociales sont supérieures aux gains et la
générosité est supérieure à la réussite individuelle :
 accueil inconditionnel
 indépendance financière de la communauté par le travail
 exercice de solidarité interne et externe
Ça se passe dans une époque particulière : période de l’utilitarisme économique avec le
« décollage et le désencastrement de l’économie ». Il y a trois formes de l’échange
économique : l’échange (réciprocité) ; la redistribution ; le marché donc selon la société,
l’économie est encastrée différemment. Cet encastrement a son histoire et Polanyi montre que
ça correspond à un phénomène de différenciation de l’économie par rapport au social donc il
y a un retour aujourd’hui de pratiques qui vont dans le sens inverse du système de marché
avec l’économie informelle. C’est aussi dû à la montée de l’individualisme et une
augmentation de la médiation de l’Etat et de ses différents dispositifs d’où une remise en
question de la doctrine de la rareté.
Le 3ème texte traite de la pêche à pied donc une activité qui permet aux gens de pêcher à
pieds (différent des huîtres, de la chasse, des myrtilles où il faut des permis ou où il y a une
interdiction) : tout le monde à le droit de pratiquer cette activité. Ce qu’on ramasse, on a le
droit de le vendre : il n’y a pas de contrôles. Certaines personnes ne vivent que de ça. C’est la
professionnalisation d’une activité, ce mode de production va ainsi se transformer. Le 1er
objectif : comment une pratique informelle se développe ? Il faut des contextes sociaux
particuliers et une ressource et un marché (gens qui achètent) donc il y a un développement du
tourisme ici. Il y a aussi un environnement social et culturel particulier (ouvriers-paysans)
donc c’est possible de le faire car il y a des habitudes particulières et des gens qui ont
l’habitude de l’entraide entre voisins et la famille donc il y a des formes de solidarité de
voisinage mis ainsi en place. On est dans une région où il y a une forte tradition de travail
indépendant (travail à la tâche pour d’autres). C’est favorisé car ils ont l’habitude d’être
autonomes dans les relations au travail.
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