Introduction I- les travaux d`approches d`économie domestique L

Introduction
I- les travaux d’approches d’économie domestique
L’économie domestique est ce qui se passe dans une maison. L’économie, au sens
originel, signifie « art de bien conduire une maison », le sens d’aujourd’hui est apparu au
18ème et désigne « l’art de bien disposer les différentes parties d’un tout en vue d’une fin
conçue à l’avance » (Lalande). A partir de ces définitions, l’économie va recouvrir tout un
ensemble de sens, il y en a 4 :
une bonne organisation (savoir gérer les temporalités entre le matin et le soir, savoir
gérer l’activité, le commerce) donc c’est une notion temporelle mais aussi spatiale
mais il faut aussi savoir conduire les activités selon les personnes (qui va décider dans
la maison, etc.). En Serbie, il y a la « Zadruga » (unité domestique) avec 30-40
personnes, soit 3-4 générations et 6-7 couples qui vivent dans la même maison et on
désigne le chef qui sera la femme, ce n’est pas toujours la plus âgée mais celle qui a le
plus de compétences ;
l’organisation va répondre à des besoins : la production de biens ou services, c’est la
2ème dimension. Dans cette production, certains objets vont avoir une valeur
marchande mais d’autres non s’ils n’en n’ont pas à la maison : ce qui fait la valeur de
marchande ce n’est pas la nature mais le contexte. Cette notion de production peut
aller plus loin : dans un quartier, un voisin peut faire notre vidange pour rien donc ce
n’est pas forcément monétarisé : c’est une dimension complexe ;
l’approvisionnement et la dépense : pour faire fonctionner une maison, il faut de la
matière 1ère, se fournir à l’extérieur, en achetant ou en cueillant donc il y a une notion
d’approvisionnement et de dépenses relative au contexte. Quand on est au magasin, le
marchand forme un contrat (le prix) ; au marché, on créé une forme de contrat entre
nous et le vendeur : c’est une forme de relation à partir de règles. Il n’y a pas
d’échanges sans accord sur les règles : les institutions acceptent ou rejettent ces
règles ;
faire des économies : dépenser moins et maximiser la production comme faire de la
soupe pour 3 jours.
L économie est synonyme de bonne administration, conduite et gestion et c’est aussi
synonyme d’ajustement des moyens à des fins. L’économie domestique ne signifie pas ne pas
faire de dépenses mais de dépenser intelligemment en vue d’aboutir à des fins comme se
nourrir, sa voiture, etc. par rapport auxquels on va penser à des manières de gérer le temps,
etc. « L’économie » selon l’UNESCO : ça étudie la production, la circulation, la
consommation des biens et des services. Au niveau anthropologique, c’est plus compliqué, il
peut y avoir des productions sans prix, des échanges sans circulation marchande, des
consommations sans production. Dans la Zadruga, c’est différent de ce que l’on vit ici et
l’anthropologie montre qu’il y a diverses manières de comprendre les fonctionnement de
l’économie et les m^mes notions peuvent avoir des sens différents : il y a une grande
variabilité des systèmes économiques en anthropologie.
II- l’économie où l’on ne l’attend pas : trois exemples
1) le marché aux puces de Marseille
Ce marché est le 1er pôle économique (quartier de Belsunce) entre la France et l’Algérie
on vendait de tout et les vendeurs étaient de toutes origines mais Marseille a une politique
de gentrification comme toutes les villes : on cherche à faire loger dans les centres villes les
catégories sociales moyennes et supérieures donc on va faire en sorte de déplacer ce pôle
économique au nord de Marseille. On trouve dans le marché aux puces des pratiques
commerciales fondées sur le marchandage (bargaining). La particularité est que le marché a
été acheté par les marchands donc c’est un marcprivé qui fonctionne comme un marché
public.
Les auteurs vont montrer que ce qui va caractériser l’échange, c’est l’apparence de fluidité
entre l’acheteur et le vendeur : chacun sait quel rôle il a à tenir, le registre des rôles est
particulier.
Donc c’est un marcqui a une activité économique évidente, c’est aussi l’occasion des
discussions, des relations sociales donc le marché économique est aussi un marché aux
nouvelles et des objets et on y développe des relations sociales.
2) la pêche à pied sur la côte Normande
C’est l’activité de la cueillette, de la ponction de l’environnement donc c’est très
important traditionnellement dans les régions côtières ayant connu l’activité industrielle. C’est
une activité qui s’est développée quand les ouvriers sont allés ramasser des vers pour les
vendre au mareyeurs donc c’est une économie d’appoint et avec la conjoncture économique
actuelle ça c’est professionnalisé (les pêcheurs à pied) mais ce n’est pas toujours dans un
cadre juridique (ce n’est pas déclaré).
3) les campagnes d’Emmaus
Cet exemple est une illustration d’une thèse de Karl Polanyi : l’encastrement de
l’économie dans le social. Ca montre que dans une société de compagnon, avec des règles
autres que celles de l’économie de marché, ce qui est central c’est la dimension éthique (ce
qui a rapport à la morale) donc une économie différente de la société globale apparaît.
L’idée de l’Abbé Pierre, dans les années 1950, est d’inverser le sens du don charitable : le
pauvre vient donner sa force de travail pour avoir de quoi se loger et se nourrir : c’est un don
réciprocitaire. La priorité est donnée au social et non pas à l’économie : chacun touche une
allocation indépendamment de ce qu’il a produit.
III- Economie politique et anthropologique
La science économique a une histoire, les gens ont pensé les échanges, les ont analysés
pour identifier des lois. Elle commence au 18ème d’abord en Grande-Bretagne avec la
naissance de l’économie politique qui va avoir pour ambition d’identifier des lois du
fonctionnement des échanges.
Les anthropologues auront pour objectif d’interroger ces lois : faire des apports critiques,
il y a deux choses propres à l’anthropologie : l’observation attentive des faits sociaux des
cultures (dimension empirique) et le comparatisme. Donc la science économique est créée au
18ème en Angleterre. Le 1er livre d’économie politique est celui d’A. Smith « la nature et les
causes des richesses des nations » (1776).
Au début de la révolution industrielle en Angleterre, la question des enclosures (terres en
Angleterre séparées par du boccage) : les grands propriétaires terriens suppriment et
s’approprient des communes par la mise de barrières donc ils vont rationaliser l’élevage car il
se développe la production lainière avec l’industrie textile, en même temps, les paysans
propriétaires vont devoir travailler dans les usines donc il y a un développement de la
population ouvrière et l’enrichissement des propriétaires (développement des machines, etc.)
donc il y a un développement technologique dans lequel s’insère le développement de la
métallurgie.
La société se transforme : il y a de nouvelles stratifications sociales, de nouvelles
professions, les gens vont s’appauvrir, etc. A. Smith et Ricardo vont essayer de comprendre
les liens entre les transformations de la société et les nouvelles formes de production. Ils
essaient de construire des lois et s’appuient sur des postulats. L’économie politique va
développer 3 règles :
pour que les modèles fonctionnent, l’homme est réduit à être un être rationnel, il
chercherait toujours à combiner au mieux les moyens dont il dispose avec la
satisfaction de ses besoins (illimités) ;
il y a une quantité limitée de moyens (force de travail, outils, etc.) à sa disposition
alors que ses besoins sont illimités. Il va donc chercher à améliorer les moyens dont il
dispose : produire plus et mieux, perfectionner les outils, les règles de travail. C’est
l’essor du progrès, la naissance des inventions : les transformations de la société ont
pour essence les transformations technologiques ;
il y a un développement des échanges avec la spécialisation des tâches. Les échanges
doivent être de plus en plus denses, de plus en plus rapides car les besoins sont
illimités. La société est considérée comme un immense marcqui va se développer
en renforçant les échanges et c’est autour de ceux-ci que vont se nouer les relations
entre les hommes (essentiellement les marchands), c’est médiatisé par les objets et les
services échangés. L’individu, étant rationnel, est au centre de la société, il n’est
jamais satisfait. Il a un nom : l’homo oeconomicus (c’est un modèle).
Il y a des prénotion su ce qu’est l’Homme : l’un des fondements de l’anthropologie
économique est de les discuter. Par exemple, la notion d’individu : ils ne sont pas toujours
pareils, c’est relatif (notion cente) ; la notion de besoins : la rationalité économique est que
les gens ont des besoins illimités mais ce n’est pas vrai, il y a une limitation des membres
dans certaines sociétés et culturellement organisés ; la notion de rareté est aussi relative. Ces
3 termes sont présentés comme étant universels car ils relèveraient des lois de la nature selon
les économistes mais rien n’est naturel selon les anthropologues : dès que l’Homme met la
main que quelque chose, ça devient culturel donc tous les hommes sont des êtres de culture
(Godelier « l’idéel et le matériel ») donc les Hommes vont avoir des comportements
économiques différents selon la société. Il faut d’abord considérer les attitudes et les
comportements des individus par rapport à leur société « la raison culturelle » (Sahlins).
L’anthropologie économique va comparer les différences entre les sociétés
contemporaines et primitives, avec M. Mauss qui compare les travaux de Boas et
Malinowski : ce qui est au fondement des sociétés c’est l’échange et la réciprocité. Un
deuxième auteur travaille sur ce thème : K. Polanyi qui est un historien de la pensée
économique et qui va montrer des catégories de sociétés en fonction de la nature des échanges
et leur forme de réciprocité. Quand on compare les sociétés entre elles, il faut avoir un fil
conducteur, une grille de lecture : il y a deux approches différentes, la thèse de rupture et celle
de continuité entre les sociétés.
IV- La question de l’échange
La potlatch est une cérémonie rituelle dans les côtes Nord-Ouest du Canada où des
groupes familiaux vont rivaliser en générosité à l’occasion de mariages, de baptêmes, on
échange ou on brûle des objets, de la nourriture. On cherche à montrer sa richesse, a en
imposer aux autres. Les 1ères analyses considèrent le potlatch comme une compétition le
gagnant est celui qui a dépensé le plus. C’est l’occasion de pratiquer des échanges, de faire
des crédits, d’associer des échanges de biens avec des échanges sociaux (le mariage par
exemple).
La Kula est développée par Malinowski, c’est un échange plus complexe dans les îles
Trobriand. Les chefs de clan circulent de villes en villes pour échanger des biens et des
bracelets ou des colliers. L’auteur observe que ces colliers (ignames en plus) circulent dans le
sens des aiguilles d’une montre et inverse pour les bracelets, les gens ne sont pas conscients
de ce système. Les objets reviennent entre 1 à 1 ans, plus c’est long à revenir, plus il a de la
valeur donc la richesse est calculée par rapport à la capacité à s’approprier ces colliers et
bracelets.
Mauss va utiliser ces deux exemples pour construire « l’essai sur le don » et la théorie de
l’échange : comment les questions économiques et sociales sont liées les unes aux autres ?
Chap. 1 : les fondements de l’anthropologie de l’économie
I production, distribution, consommation
Les ethnologues et les sociologues sont des gens pratiquent, ils regardent les aspects du
matériel et les décrivent donc ils sont les 1ers à faire des réflexions autour de l’économie, à
faire des données ethnographiques sur des territoires pour comparer et comprendre comment
fonctionnent ces biens et services qui sont au fondement de l’économie.
L’autre spécificité, c’est l’intérêt particulier qu’ont les anthropologues pour les faits
symboliques : c’est une approche plutôt symbolique des phénomènes économiques. Le
symbole est le code de la route, les panneaux de signalisation : une multitude de symboles (le
feu rouge = arrêt conventionnellement, au-delà de la convention, le rouge = interdiction) ;
c’est quelque chose de l’ordre de nos représentations, quelque chose qui sert à communiquer :
ça veut dire quelque chose, toutes paroles sont une pratiques symbolique (sons que l’on
comprend).
Les anthropologues vont considérer que la production, la distribution et la consommation
vont plus loin que le seul acte donc ils vont être attentifs à la dimension symbolique de
l’économie (Bourdieu). L’anthropologie de l’économie est fondée sur la production, la
distribution, la consommation des biens et des services. Un bien c’est ce qui a une valeur
d’usage, la valeur qu’une société va lui reconnaître, les biens peuvent donc exister et avoir
une valeur car c’est le résultat d’un travail. Aujourd’hui, les biens ne sont pas le résultat d’un
travail ou de manière très lointaine (qualité de l’air, de l’eau, l’espace, etc.). Il y a des biens
qui n’ont pas de valeur mais sont le fruit du travail puis qui vont retrouver une valeur
(voitures de collection).
Ce qui va faire la spécificité de la production,de la distribution et de la consommation,
c’est que ce sont avant tout des faits sociaux qui ne s’expliquent pas depuis la loi naturelle :
ils s’articulent au social, ils transforment et sont transformés par les phénomènes sociaux. Il y
a des questions relatives à la division du travail entre les hommes et les femmes ou encore
l’aîné et le cadet ; à l’organisation sociale (liens organisés entre producteur et
consommateurs : les règles sociales).
II la production
Ca rejoint l’approche marxiste. C’est ce qui intéressait d’abord les anthropologues comme
Lewis Morgan (fondateur de l’évolutionnisme en anthropologie, il va essaye d’adapter
l’histoire des sociétés à la théorie de Darwin) qui examine les armes de subsistance des
sociétés : la typologie des sociétés est alors dressées.
Au 19ème, l’ensemble des observateurs trouve un intérêt dans la question de la production.
C’est une histoire de contexte historique car c’est la révolution industrielle (développement du
transport, travail industriel, etc.) donc le monde se transforme rapidement.
La société rurale traditionnelle était organisée en fonction du temps. Les individus
travaillent en fonction des contraintes de la production : on s’intéresse précisément à
l’articulation de la société qui produit et la transformation des groupes sociaux. La notion de
classe sociale est créée par Marx qui analyse du processus de production pour construire une
théorie de l’Histoire selon laquelle l’organisation sociale de production détermine les
catégories sociales, il cherche à caractériser chaque type de société autour de systèmes de
productions propres « les modes de production ». Ces modes de production comprennent
plusieurs niveaux :
les formes d’appropriation de la nature (de la domestication à l’élevage). Les
conséquences sont qu’il faut se les transmettre donc derrière il y a de la culture ;
l’ensemble de ces appropriations suivent un certain nombre de règles, comportements,
elle passe par le travail. Pour A. Smith, le travail était la source de la richesse des
nations, la fabrication des biens d’usage (ceux dont on peut faire commerce) : ça va
être très répandu jusque récemment.
Qu’est ce qu’on fait du travail domestique ? Marx considère que le travail est un processus
par lequel on s’approprie la nature et la source de la valeur des marchandises. L’anthropologie
se pose des questions sur ce travail avec Sahlins et Marshall (« Age de pierre, Age
d’abondance »), la notion de travail n’existe pas dans certaines sociétés : le travail nous
fatigue (cueillette = plaisir), les sociétés primitives ont des travails différents et à l’épopée de
ce que nous connaissons.
Il y a une multitude de tâches productives qui n’ont pas de valeurs. Godelier « le travail
humain est une activité, individuelle ou collective, intentionnelle qui a pour but de disjoindre
de la nature certains éléments matériels pour qu’ils servent à des besoins humains », il y a
une idée d’intentionnalité, de dissociation entre la nature et autre chose ; J-P Warnier « le
travail est une activité sociale, individuelle ou collective, finalisée qui met en œuvre un
certain nombre de savoirs et de techniques et qui va se développer entre les contraintes
matérielles et sociales », il y a une articulation entre le social et le matériel (environnement,
etc.).
Il n’y a pas de transformation de la nature sans organisations sociales adaptées, pas de
production sans rapports de production. A <-> B = relation ; A/B = rapport. Ces rapports de
productions sont associés aux forces productives (selon Marx) qui sont le capital, les matières
premières et le travail.
Rapport de production + forces productives = modes de production
Ces modes de production sont le capitalisme, le féodalisme, etc. Parmi ces modes de
production, un va être ajouté par Sahlins : l’esclavagisme ; le mode de production chez les
sociétés d’autosubsistance qui a comme particularité que l’unité de production de base soit la
« maisonnée » qui consomme la quasi-totalité de ce qu’elle produit.
III la distribution
La Potlatch et la Kula ont été étudiés pour leur distribution sous ces deux formes.
La Potlatch est une compétition dans laquelle les chefs de clan rivalisent, ils dépensent et
brûlent les biens en signe de générosité. Dans ces brasiers, il y a une maxime « le feu des
potlatchs plait aux narines des Dieux ». Ces prestations vont être totales selon Mauss : ça
touche l’ensemble des institutions de la vie sociale. Ca ne touche pas les principes moraux, on
y défend son honneur en défendant son statut. Des relations d’allégeances sont construites
pour le plus généreux (Boas).
La Kula est un système d’échange qui concerne plusieurs îles sur 150000km² et dans cet
archipel, les aborigènes pratiquent la Kula entre voisins et celui qui est le plus grand est la
Kula maritime. A cette occasion, sont échangés des brassards contre des colliers
rigoureusement : il y a des relations étroites entre les participants de la Kula, ce sont
seulement les familles moyennes et aisée qui la pratique. Ce n’est pas économique, il est
accompagné de rituels, de cérémonies et il y a des échanges d’objets (construit une économie)
donc la Kula est un modèle de fonctionnement qui a un impact sur les échanges économique.
Il y a des valeurs dans la Kula : on n’a pas le droit de refuser un don, c’est une question
d’honneur. De plus, ces échanges sont publics. Une fois accepté, on doit rendre le don mais
pas tout de suite : on est lié avec le donateur. La chose rendue est importante et la valeur est
impliquée par son histoire (ancienneté, réputation des anciens propriétaires, etc.). Chaque
objet est unique et a un nom mais ils ne sont pas très différents des ornements journaliers. La
Kula est une institution qui permet de renforcer les statuts sociaux des différents participants
de la Kula (Malinowski).
Ils nous apprennent 2 choses pouvant être appliqué à toutes sociétés :
le statut social s’acquiert par l’échange, la communication, la mise en circulation des
biens, la prodigalité ;
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