
conteneurs, plus fiable, plus sûr et surtout plus rapide. Celui-ci a propulsé le trafic régional dans le commerce
mondial. L'Asie orientale réalise plus de 40 % du trafic mondial de conteneurs et possède 6 des 10 premiers
armateurs de lignes régulières de transport conteneurisé dont le taiwanais Evergreen. Hong Kong, Singapour et
Taiwan sont les trois principales plates-formes de conteneurs dans le monde. Au Japon, les flux engendrés par les
ports font de la mégalopole l'une des grandes façades maritimes du monde, interface mettant le pays en contact
avec l'Asie orientale et le reste de la planète. Cette façade est très active : les ports de Tokyo, Chiba, Yokohama et
Nagasaki, tous situés dans la baie de Tokyo, ont des trafics supérieurs à 100 millions de tonnes et sont
d'importantes plates-formes multimodales.
Les villes portuaires sont les principales bénéficiaires du développement et des échanges. Hong Kong et
Singapour constituent des pôles de redistribution : le premier réexpédie par la mer 30 % des marchandises qui lui
arrivent, le second 70 %. La fonction d'interface des littoraux asiatiques profite au développement économique de
nombreux secteurs d'activité, faisant des ports d'immenses Zones aménagées pour le commerce et l'industrie.
L'essor des services commerciaux et financiers accompagne le développement portuaire, tandis que
l'industrialisation des littoraux asiatiques participe de la logique d'extraversion des économies. Les zones franches
industrielles d'exportation sont localisées près des ports, dans les villes côtières. Elles favorisent l'extraversion de
l'économie : la Port of Singapore Authority gère sept zones franches créées en 1969 et qui sont entièrement libres de
droits de douane à l'importation. Des aménagements gigantesques ont été réalisés à Singapour : édification de la
zone industrielle de Jurong, implantation de terminaux pétroliers sur le littoral sud. Des zones industrialo-
portuaires concentrent la construction navale : les trois quarts des navires construits dans le monde le sont au
Japon, en Corée du Sud et en Chine. D'autres industries lourdes reçoivent des matières premières importées
comme la sidérurgie et la chimie. Au Japon, la puissance de la façade maritime repose en grande partie sur
l'industrialisation du littoral, qui regroupe 75 % du potentiel industriel du pays. Toute la gamme des productions
est représentée : industries lourdes et polluantes, chantiers navals, industries de biens d'équipement ou de biens de
consommation. La baie industrialo-portuaire de Tokyo est la première région productive de la mégalopole. Tout
autour, plusieurs ports se partagent les rivages artificialisés au moyen de terre-pleins avec ces activités industrielles
nombreuses et variées. Ces espaces sont reliés entre eux, avec le reste du pays et avec le monde entier grâce à la
présence d'infrastructures efficaces, routes, autoroutes, Shinkansen, deux aéroports.
Le dynamisme portuaire favorise également le développement du tertiaire et des nouvelles technologies,
associé à une relative désindustrialisation. La gestion des plates-formes multimodales nécessite d'importants
moyens logistiques informatisés. En particulier, l'informatisation du port de Singapour lui a permis de dépasser en
2004 le trafic de Rotterdam et de devenir la vitrine d'une économie extravertie : le commerce extérieur représente
trois fois son PIB. Certains espaces sont réinvestis par l'habitat, par des bureaux ou des pares uunïMiqucs. Aux
routes maritimes se superposent les principaux flux de communication de la région, permettant ainsi à la
croissance de s'appuyer également sur les technologies les plus modernes de l'information. Ces flux parcourent les
différentes mers bordières de l'océan Pacifique, comme la mer du Japon ou la mer de Chine, qui mettent en contact
les littoraux des différents pays asiatiques. Cela a permis la diffusion du modèle japonais à ses voisins, ainsi que
l'expansion des échanges intrarégionaux qui animent la région.
Pourtant, les déséquilibres sont nombreux. La forte concentration des activités humaines et les évolutions
urbano-industrielles sur les littoraux posent d'importants problèmes. La maritimisation de l'économie réorganise
les territoires au profit des littoraux attractifs et dynamiques. Dans la plupart des pays, les écarts de peuplement
s'accentuent entre les régions intérieures et les régions côtières, tandis que les contrastes de développement entre
l'intérieur délaissé des pays et les littoraux sont de plus en plus manifestes, tout comme les oppositions entre les
façades maritimes ouvertes sur le monde et celles qui ne le sont pas. Ainsi, la Chine littorale, qui représente les
deux tiers du PIB chinois, apparaît comme un espace de développement qui s'oppose aux régions intérieures,
malgré les efforts étatiques de rééquilibrage. Au Japon, le déséquilibre spatial oppose la façade maritime active du
« Japon de l'endroit » à un « Japon de l'envers » en retrait.
Les métropoles subissent les inconvénients du développement industriel lourd et de leur accroissement
démographique : saturation des équipements, retard des infrastructures sociales (santé, logement notamment),
engorgement. La pression sur l'espace littoral, où la densité de constructions est très élevée, rend nécessaire
l'aménagement de terre-pleins sur la mer pour accueillir les activités nouvelles, voire l'habitat, ainsi à Tokyo. Celle-
ci n'échappe pas non plus à la verticalisation de ses espaces centraux, c'est une « ville à l'assaut du ciel » (P. Pons
dans Le Monde, mai 2002). Face à leur congestion, les villes portuaires, victimes de leur succès, doivent sans cesse
envisager de nouveaux aménagements coûteux et réorganiser leur espace, parfois en s'étendant sur des littoraux
voisins. Ainsi, près de Shanghai est mis en place un nouveau centre, Pudong, dont la « zone de libre-échange » a
pour ambition de devenir le plus grand port chinois, « tête du dragon » sensée diffuser son dynamisme le long du
Yangzi. L'amélioration des infrastructures est nécessaire et implique d'importants investissements en ponts,
tunnels, autoroutes, voies de chemin de fer et nouvelles installations portuaires.
Enfin, la saturation engendre des problèmes de pollution dans les grandes agglomérations urbaines. Ainsi au