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A. Les ophiolites sont des lambeaux de lithosphère océanique
La plupart des plaques lithosphériques associent croûte océanique et
continentale. Une subduction océanique entraîne donc nécessairement un
transport de la croûte continentale appartenant à la plaque plongeante jusqu'à la
fosse océanique. Quand la lithosphère continentale de la plaque plongeante
s'engage dans la subduction, elle peut être chevauchée sur sa marge par des
lambeaux de lithosphère océanique qui forment alors des ophiolites.
Le mécanisme d'obduction rend compte de ce phénomène ( Voir la conférence de
J.-M. Lardeaux).
Ophiolites du grec ophis, le serpent et lithos, la pierre du fait de leur aspect
écailleux de peau de serpent.
► FIGURE 5. Les ophiolites du Chenaillet dans Nathan p. 220.
► FIGURE 6. Ophiolites et lithosphère océanique dans Nathan p. 220
► FIGURE 7. Affleurements ophiolitiques dans les Alpes dans Nathan p. 228.
Les ophiolites (ou complexes ophiolitiques) sont des roches vertes, semblables
à celles des fonds océaniques, mais que l'on rencontre dans les chaînes de
montagnes de collision (à plus de 2000 mètres d'altitude). On y observe
typiquement de bas en haut : des péridotites, des gabbros, un complexe filonien
puis des basaltes en coussins et enfin des sédiments d'origine océanique
profonde (radiolarites).
Les radiolarites sont des roches provenant de l'accumulation de tests siliceux
(squelettes) d'organismes unicellulaires planctoniques marins : les radiolaires. À la
surface des océans, les organismes planctoniques à test calcaire (foraminifères...) sont
plus abondants que ceux à test siliceux. À leur mort, les deux types des tests
sédimentent. Or, à partir d'une certaine profondeur (seuil de compensation des
carbonates vers 4000 m = CCD), les tests carbonatés sont dissous et la sédimentation
carbonatée est absente. Seule subsiste la sédimentation siliceuse. Les radiolarites sont
donc caractéristiques d'une sédimentation en plaine abyssale.
La datation paléontologique des radiolarites indique que l'ouverture océanique
(accrétion) s'est déroulée du Jurassique (-170 Ma) au Crétacé supérieur (- 70 Ma). Avec
une vitesse d'expansion de l'ordre de 1cm/an, cela correspond à un océan étroit
d'environ 1000 km de large.
Les péridotites du manteau sont initialement de type lherzolite (olivine (40 à 90 %)
+ clinopyroxènes + orthopyroxènes). Sous la dorsale océanique les clinopyroxènes
constituent la phase minérale qui entre en fusion pour donner un magma tholéiitique (=
caractéristique des dorsales). Quand le clinopyroxène a entièrement fondu, la péridotite
résiduelle est alors de type harzburgite (olivine + orthopyroxènes mais pas de
clinopyroxènes). Quand la fusion se poursuit les orthopyroxènes sont à leur tour
affectés. La péridotite résiduelle est de type dunite. C'est une péridotite très appauvrie,
qui a perdu clino et orthopyroxènes, et qui contient 90 à 100% d'olivine.
Dans les ophiolites d'Oman, par exemple, le manteau supérieur est à dominante
harzburgitique. Il a donc subi une fusion importante produisant beaucoup de liquide
magmatique. Cela correspond à une lithosphère océanique engendrée par une dorsale
rapide de type Pacifique. La croûte est épaisse et bien différenciée (gabbros, complexe
filonien, basaltes en coussins, radiolarites ). On parle alors de HOT (Harzburgite
Ophiolite Type).
Dans les ophiolites alpines le manteau supérieur est à dominante lherzolitique
(présence de clinopyroxènes, donc taux de fusion faible). La croûte est peu "stratifiée"
(gabbros et basaltes de faible épaisseur, pas de complexe filonien au Chenaillet), voire
incomplète. Des basaltes en coussins ou même des radiolarites peuvent surmonter
directement les péridotites serpentinisées du manteau. On trouve des associations
comparables le long de la dorsale Atlantique qui est lente. Ce type d'ophiolite est
nommé LOT (Lherzolitic Ophiolite Type).