1 DE LA LECTURE À LA PRATIQUE ! Compte rendu de l`ouvrage

DE LA LECTURE À LA PRATIQUE !
Compte rendu de l’ouvrage
Les ressources de la silience
De Jean-Pierre Pourtois,
Bruno Humbeeck
et Huguette Desmet.
Pourtois, J-P., Humbeeck, B.,
Desmet, H. (2012)
Les ressources de la résilience
Paris : Presses Universitaires France.
ISBN : 9782130595151
Recension d’ouvrage réalisée par :
Valérie Lavigueur, étudiante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM
Sous la direction de :
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur (counseling de carrière)
Université du Québec à Montréal
Octobre 2013
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1. Avant-propos : La résilience, levier du processus d’orientation?
Au Québec et ailleurs dans le monde, le marché du travail présente de nos jours des
transformations notables. D’anciens métiers disparaissent, des nouveaux se créent à un
rythme étonnant, et les tâches reliées aux différentes professions sont de plus en plus
complexes et diversifiées. La carrière est maintenant perçue comme une succession
d’emplois et de mutations professionnelles, et inclut la possibilité d’une perte d’emploi
imprévue à tout moment. À cela s’ajoutent les possibilités de rétrogradation, d’évaluation
du rendement décevante, de compétition malsaine, de déménagement après une
délocalisation ou encore de conflits interpersonnels qui peuvent être perçus par le
travailleur comme des situations traumatisantes et déstabilisantes. La résilience devient
ainsi de la plus haute importance afin de poursuivre un développement professionnel
positif. Elle se définit par le fait que lindividu se doit aujourd’hui d’être en mesure de
s’adapter au changement de carrière tel qu’il se présente, ainsi qu’aux demandes de plus
en plus exigeantes du marché du travail. Il doit également parvenir à s’affranchir de ses
conflits antérieurs afin d’assurer l’atteinte de ses objectifs personnels et professionnels.
Dans le contexte de l’orientation scolaire et professionnelle, le rôle du conseiller consiste
principalement à aider les gens à composer avec les événements de leur vie ainsi qu’à les
guider quant à leur formation scolaire, leur carrière et leur développement personnel.
Partant de ce fait, il s’avère opportun de dire que les interventions en orientation
suggèrent des moyens de permettre à la personne de se déployer adéquatement au niveau
de la carrière, ce qui implique indubitablement le développement de ressources rattachées
à la résilience. Il s’agit en effet, à travers ces deux éventualités, d’évaluer et de
comprendre le fonctionnement psychologique de la personne par le biais de la sphère
cognitive, comportementale, conative, sociale et affective, puis damener cette dernière à
prendre conscience de ses ressources internes et externes. Sous ce rapport, le concept de
résilience professionnelle peut servir de fondement à un processus d’orientation dit
efficace.
Cet écrit traite du livre « Les ressources de la résilience » de Jean-Pierre Pourtois, Bruno
Humbeeck et Huguette Desmet et met en lumière une approche ralliant les différentes
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ressources de la résilience. On y propose un outil d’évaluation et d’intervention qui peut
s’avérer fort utile et pertinent au champ de l’orientation scolaire et professionnelle.
2. Les penseurs de la résilience
Comme le laissent entendre Pourtois, Humbeeck et Desmet dans leur ouvrage, plusieurs
penseurs ont su exposer à travers le temps leurs observations, analyses et affectations
quant au concept de la résilience. À l’origine, c’est durant la Seconde Guerre mondiale
que ReSpitz, psychiatre et psychanalyste américain, et qu’Anna Freud, psychanalyste
et fille du grand Sigmund Freud, commencèrent à découvrir l’effet des traumatismes chez
des enfants (Spitz et Freud, 1947). Bien que très novatrices et éloquentes, leurs études ne
cherchaient cependant pas encore à comprendre comment certains êtres avaient été en
mesure de reprendre un développement normal alors que d’autres semblaient vivre les
conditions inverses. Un peu plus tard, John Bowlby parla quant à lui du processus
d’attachement et des différentes notions rattachées au lien réussi entre la mère et son
enfant (Bowlby, 1958).
L’initiatrice du concept de la résilience fut alors la psychologue américaine Emmy
Werner. Née en 1929 et détentrice d’un doctorat en psychologie de l’enfance de
l’Université de Nebraska, elle a entrepris en 1954 une importante étude sur l’Île de Kauai,
à Hawaï (Werner et Smith, 1992). La recherche, exécutée auprès de 698 enfants
appartenant à des groupes ethniques variés et provenant majoritairement de milieux
défavorisés, a permis de faire émerger la notion de résilience et a rassemblé les
chercheurs dans une direction commune. Plusieurs recherches ont par la suite émergé
dans toutes les cultures et toutes les disciplines.
C’est tout de même Boris Cyrulnik, psychiatre et psychanalyste français, qui développa et
introduisit le concept de résilience en psychologie à partir de l’observation des survivants
des camps de concentration, puis de divers groupes d’individus dont des enfants des
orphelinats roumains et des enfants boliviens de la rue (Cyrulnik, 2002). Disciple de
Bowlby et du psychologue Fritz Redl, qui vers 1970 a créé le terme d’égo-résilience
(Redl, 1970), Cyrulnik influence tout un courant de pensée et stipule que la résilience est
la « capacité d’un être de vivre, de réussir et de se développer en dépit de l’adversité »
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(Cyrulnik, 2002). On retrouve de nombreuses références au chercheur Boris Cyrulnik à
l’intérieur de l’œuvre de Pourtois, Humbeeck et Desmet, et c’est d’ailleurs lui qui en a
composé la préface. De toute évidence, Cyrulnik est perçu par les auteurs comme une
figure clé des recherches portant sur la résilience.
C’est à partir de l’ensemble de ces données hétéroclites que Jean-Pierre Pourtois,
docteur en sciences psychopédagogiques, professeur à l’Université de Mons et directeur
du Centre de recherche et d’innovation en sociopédagogie familiale et scolaire, Bruno
Humbeeck, chercheur à l’Université de Mons et directeur du Centre de présentation de la
maltraitance et du Centre d’aide aux personnes toxicomanes et alcooliques à Péruwelz,
ainsi que Huguette Desmet, docteur en sciences psychopédagogiques, professeur à
l’Université de Mons et codirectrice du Centre de recherche et d’innovation en
sociopédagogie familiale et scolaire, décidèrent de mettre en commun les innombrables
études associées à la résilience. À la suite d’un examen approfondi, ils ont mis sur pied
un modèle de développement représentant les différents besoins psychosociaux issus d’un
épisode traumatique. Leurs conclusions sont ainsi exposées à travers le présent ouvrage.
3. Compte rendu commenté de l’ouvrage de Pourtois, Humbeeck et Desmet
(2012)
L’ouvrage compte 347 pages réparties en 8 chapitres. La préface, écrite par Boris
Cyrulnik, nous expose d’abord un aperçu des origines du concept de la résilience. On y
explique également l’objectif de l’œuvre de Pourtois, Humbeeck et Desmet, soit de faire
disparaître les paradoxes de la résilience par le biais de la mise en place de ressources
externes et internes. L’introduction souligne quant à elle la complexité liée à la notion de
résilience et les différentes questions fondamentales qui s’y rattachent. On y comprend
aussi que l’ouvrage propose un schéma méthodologique permettant aux intervenants de
déceler les éléments significatifs à partir desquels il devient possible de stimuler une
reprise de développement chez les personnes qui ont vécu un traumatisme.
Le chapitre 1, soit « La résilience : une image, une idée ou un concept. », tente de
préciser le concept abstrait de la résilience et de clarifier les différentes avenues qui y
sont reliées. Le chapitre 2 « Perspective théorique » met davantage l’accent sur la
description clinique de la résilience et de son champ théorique et méthodologique. Les
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chapitres 3, 4, 5, 6 révèlent quant à eux les quatre axes du modèle de développement des
besoins psychosociaux, soit l’axe affectif, cognitif, social et conatif. L’ensemble de ces
sections dégage les vingt-six ressources de la résilience, illustrées à l’aide de schémas et
d’interprétations. Le chapitre 7 « L’inventaire des ressources » touche l’élaboration et
l’usage de l’outil proposé par les auteurs ainsi que la présentation d’un cas fictif afin de
mieux concevoir la mise en pratique du modèle. La conclusion vient quant à elle résumer
les différentes propositions citées à l’intérieur du modèle de développement des besoins
psychosociaux et reflète les effets de l’utilisation de l’outil dans le cadre d’une
intervention psychosociale.
Le chapitre 1 s’intitule « La résilience : une image, une idée ou un concept ». On
commence par analyser ici les diverses connotations affiliées au terme de la résilience,
dépendamment de son association à l’univers poétique ou encore au vaste monde de la
physique et de l’ingénierie. D’un point de vue scientifique, la résilience se résume au
processus à partir duquel une « personne ou un groupe manifeste sa capacité à se
développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en présence d’éléments
déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères et/ou répétés ou
pour identifier le mécanisme complexe qui signe la reprise d’un développement après un
fracas » (Pourtois, Humbeeck et Desmet, 2012). Cette définition intègre, selon les
auteurs, quatre conditions soit : l’identification d’un trauma ou la perception d’un fracas
chez l’individu, la mise en place de stratégies de résistance ou de désistance, un potentiel
de développement préservé et une propension à poursuivre un épanouissement au-delà
du traumatisme ou du fracas vécut (Pourtois, Humbeeck et Desmet, 2012). Le processus
d’épanouissement dont il est question ici réfère au modèle des douze besoins
psychosociaux (Pourtois et Desmet, 1997). Selon cette approche, l’individu ayant subi un
traumatisme, mais qui fait preuve de résilience en arrive à poursuivre son développement
identitaire à travers la satisfaction de ses besoins psychosociaux et des processus
d’affiliation, d’accomplissement, d’autonomie et d’idéologie. Contrairement à ce qui
précède, dans le cas la résilience n’a pas lieu, on note la présence d’une identité
fracassée ainsi que des composantes reliées à la désaffiliation, l’inaccomplissement,
l’anomie et la déshumanisation. Autrement dit, selon le modèle de Pourtois et Desmet, la
notion de résilience post-traumatique intègre la manière dont le sujet se représente le
monde et y exprime son sentiment d’exister. Il est évoqué également que la résilience
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