Une vérité qui dérange Al Gore Le combat d’Al Gore contre le réchauffement de la planète. Alexandre CLEMENTE & Hugo BRAUN & Geoffrey BERARD 11/12/2006 UNE VERITE QUI DERANGE A. Le Film I. Synopsis On ne sort pas indifférent de cette terrifiante et magnifique synthèse pédagogique sur le réchauffement climatique qu’est le film « une vérité qui dérange » réalisé par Al Gore, ce citoyen du monde qui tire la sonnette d’alarme et cherche à ouvrir les yeux et persuader son public du danger qui nous guette tous… Oui, bien que ce film semble s’adresser en priorité à un public Américain (les Etats-Unis étant responsables de 20% des émissions de gaz a effet de serre) nous sommes tous concerné par cette situation de détresse, périlleuse car nous en sommes tous plus ou moins responsable. Ce film met en scène une des conférences parmi des milliers Qu’Al Gore, Ex vice-président Américain , ancien candidat a la maison blanche dans des centaines ,des milliers de villes, sous l’œil intrigué des journalistes et des scientifiques . A la vue du statut politique du réalisateur on pourrait penser à un discours politique mais Al Gore souligne le fait que c’est une question morale. A travers tout son film, tous ces discours, cet homme politique, profondément engagé dans l’environnement, va décortiquer les études scientifiques afin d’expliquer et de faire comprendre a chacun qu’il s agit d’un danger non négligeable. Ce bilan apporté par Al Gore est terrible .Les transformations que va subir la planète vont êtres soudaines, radicales et probablement très rapides. Il le montre, à travers des études, des exemples marquants et des graphiques ayant tendances à « crever le plafond », il cherche à choquer son interlocuteur. Allant de la fonte des glaces à l’arrêt des courants marins (tel le Gulf Stream), prévoyant moult scénarios catastrophes avenir comme une nouvelle ère glaciaire .Il touche, terrifie son public, veut le faire réagir. LE film se décompose en 2 types de séquences filmiques qui alternent : l’une est la conférence qu’Al Gore tient devant un auditoire, l’autre regroupant des images tirées de sa vie personnelle. Dans cette dernière il sollicite une certaine pitié, une sensibilité de la part de son public en utilisant un registre pathétique. 2 II. Origines Gore est intrigué la première fois par le réchauffement planétaire quand il eut un cours à l'université d'Harvard avec le professeur Roger Revelle, l'un des premiers scientifiques à mesurer le taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Le livre de Gore publié en 1992, « Earth in the Balance », traitait déjà d'un certain nombre de sujets touchant l'environnement et se classa dans la liste des bestsellers du New York Times. Plus tard, quand Gore entra au congrès des États-Unis, il initia la première audition du congrès, y emmena des climatologues et commença à débattre de ce sujet avec les représentants élus. Il pensait qu'une fois les législateurs au courant de l'incontestable évidence, ils seraient conduits à l'action ; pourtant finalement, le processus fut lent voire laborieux. En tant que vice-président dans l'administration Clinton, Gore poussa à la création d'une taxe sur le carbone, "carbon tax" pour inciter à réduire la consommation de combustible fossile et de ce fait diminuer l'émission de gaz à effet de serre, elle a été partiellement mise en œuvre en 1993. Il a aidé à promouvoir le protocole de Kyoto en 1997, le traité international conçu pour limiter les gaz à effet de serre. Cependant, il n'est pas ratifié par les États-Unis en raison de l'opposition du sénat Américain (95 voix contre 0). Gore a aussi soutenu le placement du satellite dans le cadre du programme Triana, pour accroître la conscience des problèmes environnementaux et pour avoir les premières mesures directes de la proportion de rayonnement solaire réfléchi par la Terre. Durant sa campagne présidentielle de 2000, Gore s'engagea en partie sur un engagement de ratification du protocole de Kyoto. Après sa défaite à l'élection présidentielle, Gore a adapté une projection de diapositives, "slide show" qu'il avait précédemment créé, et commença à donner à travers les USA et dans le monde entier des présentations de multimédias sur le réchauffement climatique. Au moment où le film débute, Gore estime l'avoir montré plus d'un millier de fois. Les producteurs Laurie David et Lawrence Bender ont vu le show de Gore à New York après la première de The Day After Tomorrow. Inspirés, ils rencontrent le réalisateur Davis Guggenheim au sujet de la possibilité de transformer la projection de diapositives en un film. Guggenheim, sceptique au début, plus tard vit la présentation de Gore faite pour lui seul et déclara qu'il a « été très secoué », « blown away » et que une heure et demi après la fin, il était convaincu que le réchauffement planétaire était le problème le plus important : « Je n'ai aucune idée de la façon dont vous allez tirer un film de ça, mais je veux essayer ». III. Base scientifique Dans le film et le livre l'accompagnant, Gore cite beaucoup d'études scientifiques pour soutenir la revendication que le réchauffement climatique est réel et en grande partie causé par l'homme : 3 La fonte de nombreux glaciers est souligné par des photographies montrant l'avant et l'après Présentation de carottes de glaces montrant les concentrations en dioxyde de carbone les plus élevées pour les 650.000 dernières années. L'agence de presse américaine Associated Press, est entrée en contact avec plus de 100 experts et chercheurs sur le climat et les ont interrogés au sujet de la véracité du film. Ce sondage se déroulant avant la sortie nationale du film ou du livre, seuls 19 climatologues ont vu le film et ils disent tous que Gore a transmis correctement les faits scientifiques. De plus, RealClimate, un blog collectif maintenu par 11 climatologues, honore les faits scientifiques du film comme " remarquablement à jour, contenant des références à une partie des toutes dernières recherches ". B. Le Protocole de Kyōto Le protocole de Kyōto à pour objectif de diminuer les émissions de 6 gaz à effet de serre désignés coupables du réchauffement climatique. La liste de ceux-ci est disponible cidessous : Le dioxyde de carbone (CO2) ; Le méthane (CH4) ; L'oxyde nitreux (N2O) ; L'hexafluorure de soufre (SF6) ; Les hydrofluorocarbures (HFC) ; Les hydrocarbures perfluorés ou perfluorocarbures (PFC) ; Il a été signé par 38 pays industrialisés, pour une baisse globale des émissions de CO² estimée à 5.2% d’ici 2012. Les premières négociations eurent lieux entre le 1er et le 12 Décembre 1997, puis continuent à Buenos Aires entre le 2 et le 14 Novembre 1998. Elles se sont ensuite poursuivies entre le 25 Octobre et le 5 Novembre 1999, puis le 13 et 24 Novembre 2000. Lors de cette dernière, une confrontation eut lieu entre l’union Européenne et le Carbon Club (Japon, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande). Ces derniers étaient fortement opposés à l’instauration de quota pour les émissions de gaz à effet de serre. L’accord final, ratifié par 156 pays, dont la mise en place juridique a été mise en place par les accords de Marrakech, propose également la revente de « droits d’émissions » entre pays. En France, l’entrée en vigueur du protocole de Kyōto s’est traduite par la création du décret n°2005-295 du 22 mars 2005. Une révision de ce protocole est prévue en 2007. 4 C. La conférence de Nairobi Au cours de la conférence sur le climat de Nairobi, les gouvernements se sont accordé sur plusieurs mécanismes d’aides aux pays démunis mais ont repoussé les négociations pour l’intégration des pays émergents au protocole de Kyoto. Comme attendue, la 12e conférence mondiale sur le climat qui s’est déroulé du 6 au 17 novembre à Nairobi au Kenya fait figure de conférence de transition et son bilan est plutôt faible même s’il reste encourageant. Un an après celle de Montréal, qui avait préparé les désistements que nous avons récemment connu concernant le protocole de Kyoto par des pays comme le Canada, pays parmi les plus grands pollueurs du monde, voici donc que se réunissent 170 pays pour parler des changements climatiques. Les Etats unis n’ont pas acceptés le protocole ainsi que l’Australie car certains pays en fort développement économique et gros consommateurs (Chine) de ressources énergétiques, ne font pas partie du protocole. Plus de 6000 participants ont fait progresser le débat sur un certain nombre de sujet même si aucune disposition n’a été arrêtée concernant les modalités de prolongation du protocole de Kyoto après 2012. Ce sujet à la source de toutes les discordes a été évité mais la première fois dans les négociations internationales pour lutter contre les changements climatiques, les gouvernements ont reconnu qu’il était nécessaire de diviser par deux les émissions globales de gaz à effet de serre d’ici 2050, afin de contenir la hausse de la température globale en deçà de 2°C. L'aide ne viendra vraisemblablement pas des pays comme le Canada ou les États-Unis, même si le successeur de G.W. Bush d'ici deux ans sera probablement plus ouvert à la question (difficile de faire plus fermé à l'heure actuelle). Néanmoins, certains états des États-Unis ont également commencé à jouer en faveur de la baisse des rejets, en contradiction avec la politique fédérale. La Californie vient par exemple de voter une loi pour réduire de 25% les rejets de gaz à effet de serre d'ici 2020. Objectif ambitieux mais qui ne sera que très difficilement atteint au vu des résultats depuis 1990, avec une augmentation de 14%. Cette prise de position unanime et officielle a été saluée avec beaucoup de satisfaction de la part des ONG à l’instar de Greenpeace et du WWF qui rappelle toutefois qu’il reste encore beaucoup à faire pour que les décisions politiques rattrapent le rythme effrayant des changements climatiques. La conférence organisée pour la première fois en Afrique sub-saharienne, compte quelques avancées intéressantes pour les pays en développement très touchés par les changements climatiques. Il a été décidé de leur confier le contrôle du Fonds pour l’Adaptation qui permettra le financement de projets aidant les populations les plus vulnérables à s’adapter aux impacts des bouleversements climatiques. Ce Fonds serait alimenté par une taxe sur les crédits générés par le Mécanisme de Développement Propre (MDP), l’un des trois mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto, ce qui pourrait générer rapidement plus de 300 millions euros. Les ONG espèrent déjà que cette taxe sera étendue à l’avenir aux autres mécanismes du Protocole de Kyoto ce qui pourrait permettre de doter ce fond de plusieurs milliards de dollars répondant ainsi à la réalité des besoins des pays les plus vulnérables, expliquent-elles. Ce fonds pourrait être opérationnel dès 2007 et serait géré par le Fonds pour l’environnement mondial. Les gouvernements ont également reconnu la nécessité de mieux répartir les projets MDP 5 dans les pays les plus démunis. Ces MDP restent pour l'instant très localisés en Inde, en Asie et au Brésil tandis que très peu de projets sont enregistrés en Afrique par exemple. Kofi Annan secrétaire général des Nations Unies a ainsi présenté son Plan cadre de Nairobi visant à renforcer les capacités et les infrastructures de ces pays pour qu’ils puissent accéder aux projets MDP. L’Union européenne a de son côté rappelé la création de son fonds mondial de capital-risque pour encourager, dans les pays en développement et les économies en transition, l'investissement privé dans les projets de promotion de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. À l’occasion de la conférence, l'Allemagne et l'Italie se sont engagées à alimenter ce fonds de respectivement 24 millions d'euros et 8 millions d'euros au cours des quatre années à venir, en plus des 80 millions déjà commis par la Commission. Quant à la France, la ministre de l’écologie et du développement durable, Nelly Olin, a annoncé le versement de 2 millions d’euros au programme « Africa assist » de la Banque Mondiale visant à faciliter le montage de projets MDP en Afrique. Ce programme, qui vient de démarrer, devrait permettre de lancer prochainement 30 à 40 projets sur ce continent. En ce qui concerne l’après 2012 du protocole de Kyoto, les parties signataires se sont entendues sur un plan de travail de révision mais aucune modalité de prolongation n’a été évoquée. Pour Stavros Dimas, commissaire européen à l'environnement, le plan de travail convenu ici est une étape importante vers la définition de la future forme d’action du protocole, mais la communauté internationale doit intensifier ces efforts pour compléter le processus dès que possible. Avec ce plan de travail, l’examen du protocole a été reporté en 2008 mais aucun délai n’a été fixé pour l’aboutissement de ces discussions. Les ONG estiment qu’elles devraient avoir abouti dès 2009 pour donner du temps à la ratification et permettre une transition continue en 2012. Mais selon l’association Les Amis de la Terre, le report en 2008 des discussions concernant l’intégration de la Chine, de l’Inde et du Brésil dans le protocole de Kyoto risque de retarder dangereusement la deuxième phase du protocole. Par conséquent, le WWF compte sur la prochaine conférence qui se tiendra en 2007 à Bali, en Indonésie pour entamer de véritables négociations notamment sur une diminution drastique des émissions polluantes. Les discussions de Nairobi sont cruciales pour la lutte contre les changements climatiques. Mais les pays du monde ne semblent pas encore près à faire totalement les sacrifices et les investissements nécessaires pour gagner cette lutte que l'humanité ne peut pas perdre, au risque de se perdre. 6