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Les armes de lumière, ou : confirmés, pourquoi ?, Sacrements, 9 (4 décembre 2012)
Exemplaire auteur
La confirmation, sacrement du combat chrétien
Rappel. La grâce sacramentelle ajoute à la grâce sanctifiante une modalité
permanente, ordonnée à la fin propre de chaque sacrement. Par la foi et les sacrements, nous
entrons en contact spirituel avec la Passion corporelle du Christ : sa vertu de cause
universelle du salut nous est appliquée (ST, IIIa, q. 48 et 49). Les sacrements, en nous formant
et nous consacrant au culte divin, forment l’Eglise (ST, Ia IIæ, q. 101).
Les trois sacrements de l’initiation chrétienne, qui structurent la vie en Christ :
« Le baptême est une naissance, la chrismation une énergie, l’eucharistie une nourriture »
(Nicolas Cabasilas, La vie en Christ, II, 5).
Perfection…
personnelle
(#ordre,
mariage)
Fin des
sacrements
de la vie
de la vie corporelle
spirituelle
génération
Baptême
(commencer d’être)
(Ti 3, 5)
directement
croissance
Confirmation
(#pénitence,
(taille et force parfaites)
(Lc 24, 49)
extr.-onction)
nutrition
Eucharistie
(conserver vie et force)
(Jn 6, 54)
« perfectionner l’homme pour le culte de Dieu selon la
religion de la vie chrétienne…
par rapport au culte de l’Eglise : les caractères (baptême,
confirmation, ordre) sont des pouvoirs spirituels élevant les
puissances de l’âme pour rendre le culte chrétien
(CONSECRATION)
Remède
contre la…
carence de vie spirituelle
faiblesse de l’âme1
facilité à pécher
…et remédier aux défectuosités
humaines issues du péché »
par rapport à la vie éternelle : la
grâce sacramentelle marque
l’essence de l’âme pour la
préparer à la gloire (SAINTETE)
« La sacramentalité chrétienne […] s’harmonise profondément avec la nature de
l’homme […]. Le symbolisme sacramentel […], parce qu’il répond à des requêtes humaines
indéniables, à des harmoniques déchiffrables à l’historien et au sociologue, au psychologue,
au psychothérapeute, s’avère divin en l’admirable sagesse qui a présidé à sa constitution
ordonnée, à son “économie”. […] La sacramentalité est une pâque ; comme le monde présent.
Il s’agit de passer dans la Patrie en usant des choses de ce monde selon les intentions de
Dieu » (Humbert Bouëssé, op, Le Sauveur du monde, 4, 387-389).
I. La confirmation (chrismation) fait de nous des soldats dans l’armée du Christ
A. L’âge adulte dans le Christ
Ce sacrement est essentiellement celui du « devenir adulte » dans le Christ.
« Les sacrements de la loi nouvelle sont ordonnés à produire des effets spéciaux de
grâce. Par conséquent, là ou se rencontre un effet spécial de grâce, il y a un sacrement spécial.
Mais les choses sensibles et corporelles sont à l’image des réalités spirituelles et intelligibles,
et ce qui se passe dans la vie corporelle nous permet de comprendre les particularités de la vie
spirituelle. Or, visiblement, il y a dans la vie corporelle une perfection spéciale quand
l’homme arrive à l'âge adulte et peut accomplir parfaitement les actes de l’homme, comme dit
Cf. Catéchisme Romain, P. II, ch. 17, § I (Itinéraires, p. 193) : « D’ailleurs, ne fallait-il pas établir une espèce
particulière de Sacrement, là ou l’âme rencontre une espèce particulière et nouvelle de difficulté ? Si nous avons
d’abord besoin de la grâce du Baptême pour réformer notre âme par la Foi, n’est-il pas également très
convenable que nos cœurs soient affermis par une autre grâce, afin que rien, ni la crainte des châtiments, des
supplices et de la mort, ne puisse nous empêcher de confesser la vrai Foi. Or c’est ce dernier effet qui est produit
par la Confirmation ».
1
l’Apôtre (1 Co 13, 11) : "Quand je suis devenu homme, j’ai abandonné ce qui était enfantin."
Aussi, après le mouvement de la génération qui donne la vie corporelle, y a-t-il celui de la
croissance qui conduit à l’âge parfait. Ainsi l’homme reçoit la vie spirituelle par le baptême,
qui est une génération spirituelle, et dans la confirmation il reçoit pour ainsi dire l’âge adulte
dans la vie spirituelle » (ST, 3a q. 72, a. 1).
Dans la vie naturelle, celui qui devient adulte passe, du fait du langage, de la
possibilité de fonder une famille, et de la participation à la vie politique, au stade
consciemment social de l’être humain :
« Ce sacrement donne la plénitude du Saint-Esprit pour la force spirituelle qui
convient à l’âge adulte. Mais arrivé à l’âge adulte, l’homme commence à entrer par son
activité en communication avec les autres, jusque-là il vivait isolément et pour lui seul. Or la
grâce du Saint-Esprit est signifiée par l’huile ; on dit du Christ qu’il a été "oint d'une huile
d’allégresse" (Ps 45,8), à cause du Saint-Esprit dont il a été rempli. Ainsi l’huile consacrée est
la matière de ce sacrement. On y mêle du baume, à cause de la force pénétrante de son
parfum, qui se répand sur les autres. Aussi l'Apôtre dit-il (2 Co 2, 15) : "Nous sommes la
bonne odeur du Christ" » (ST, 3a q. 72, a. 2).
B. L’entrée plénière dans la vie de l’Eglise
« Par le sacrement de confirmation, le lien avec l’Eglise [des fidèles incorporés à
l’Eglise par le baptême] est rendu plus parfait, ils sont enrichis d'une force spéciale de
l’Esprit-Saint et obligés ainsi plus strictement tout à la fois à répandre et à défendre la foi par
la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » (Vatican II, Lumen gentium, n. 11).
Un indice de cela est le fait que la confirmation est requise (non pas pour la validité,
mais pour la licéité) pour tous les grands engagements sociaux dans l’Eglise :
– le fait d’être parrain à un baptême (canon 874 § I, 1°) ;
– le mariage (canon 1065 § I) ;
– l’entrée au noviciat dans la vie religieuse (canon 645 § I) ;
– l’ordination (canon 1033).
La force conférée par l’Esprit du Christ, fait que toute notre action dans l’Eglise
acquiert un caractère officiel, cultuel, et que nous sommes spécialement armés pour le
combat spirituel. Le chrétien confirmé, devenu spirituellement un adulte dans le Christ, reçoit
pouvoir et mission d’agir au dehors, notamment dans la confession et la défense de la foi.
« Au Baptême, l’homme est enrôlé dans la milice ; et dans la Confirmation, il est armé
pour le combat. Sur les fonts du Baptême, le Saint-Esprit accorde la plénitude de l’innocence ;
et dans la Confirmation il perfectionne pour conserver la Grâce. Dans le Baptême, nous
sommes régénérés pour vivre ; après le Baptême, confirmés pour combattre. Dans l’un, nous
sommes lavés ; dans l’autre, nous sommes fortifiés. La régénération sauve par elle-même dans
la paix ceux qui reçoivent le Baptême, et la Confirmation donne des armes et prépare les
combats. » (Pseudo-Melchiade, cité par le Catéchisme Romain, P. II, ch. 17, § I, Itinéraires,
p. 193).
« Tous les sacrements sont des protestations de foi. Par conséquent, si le baptisé reçoit
le pouvoir spirituel de protester sa foi en recevant les autres sacrements, le confirmé reçoit le
pouvoir de confesser la foi du Christ publiquement, et comme en vertu de sa charge
(confirmatus accipit potestatem publice fidem Christi verbis profitendi, quasi ex officio) »
(ST, 3a, q. 72, a. 5).
C. Le signe et la grâce du combat spirituel…
La forme latine de ce sacrement, antérieure à la réforme liturgique est la suivante :
« Je te marque du signe de la croix, et je te confirme avec le chrême du salut, au nom du Père,
et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. ». Elle signifie de façon distincte, et le caractère qui
députe au combat spirituel, et la grâce nécessaire pour ce combat de soldat du Christ :
« De même que la forme d’un être naturel lui donne son espèce, ainsi la forme
sacramentelle doit contenir tout le caractère spécifique du sacrement. Comme il ressort de ce
qui a été dit plus haut, ce sacrement donne le Saint-Esprit pour nous fortifier dans le combat
spirituel. Trois choses sont donc nécessaires dans ce sacrement, et elles sont contenues dans la
forme en question.
– D’abord la cause qui confère cette plénitude de force spirituelle, c’est la Trinité
sainte, qu’expriment les mots : "Au nom du Père, etc."
– Ensuite, cette force spirituelle elle-même, communiquée à l’homme pour son salut
par le sacrement d'une matière visible. Elle est indiquée par ces mots : "Je te confirme avec le
chrême du salut."
– Enfin le signe donné au combattant, comme dans les combats corporels les soldats
sont marqués des insignes de leur chef. Et c’est pourquoi on dit : "Je te marque du signe de la
croix", cette croix par laquelle, dit S. Paul, "notre Roi a triomphé" (Col 2, 15). » (ST, 3a q. 72,
a. 4).
Dans la forme orientale, et dans la forme latine après la réforme liturgique, le caractère
(sceau), la grâce (don) et la cause (Esprit-Saint) sont signifiés de façon plus synthétique par
l’expression : « Sceau du don qui est le Saint-Esprit » 2.
D. …conférés par les évêques, chefs de l’armée du Christ.
Dans la discipline latine, seul l’Evêque, ayant dans l’Eglise le pouvoir souverain, peut
conférer ce sacrement qui signe les fidèles du signe de la croix et les consacre comme le
Temple parfait du Saint-Esprit :
« En toute œuvre, le dernier achèvement est réservé à l’art ou à la puissance la plus
haute ; par exemple les ouvriers inférieurs préparent les matériaux, et c’est un artiste supérieur
qui donne la forme. Mais c’est au maître qu’est réservé l’usage, qui est la fin de l’œuvre
d’art ; ainsi la lettre, qui est écrite par un secrétaire, est signée par son maître.
Les fidèles du Christ sont une œuvre divine, selon cette parole (1 Co 3, 9) : "Vous êtes
l’édifice de Dieu" ; ils sont aussi comme "une lettre écrite par l’Esprit Saint", dit encore
S. Paul (2 Co 3, 2). Or le sacrement de confirmation est l’ultime consommation du baptême.
Par le baptême l'homme est construit comme une demeure spirituelle, il est écrit comme une
lettre spirituelle; mais le sacrement de confirmation consacre au Saint-Esprit cette maison
déjà construite, et scelle du signe de la croix cette lettre déjà écrite. Et c’est pourquoi la
collation de ce sacrement est réservée aux évêques […] » (ST, 3a q. 72, a. 11).
« En Orient, c’est ordinairement le prêtre qui baptise qui donne aussi immédiatement
la Confirmation dans une seule et même célébration. Il le fait cependant avec le saint chrême
consacré par le patriarche ou l’évêque, ce qui exprime l’unité apostolique de l’Eglise dont les
liens sont renforcés par le sacrement de Confirmation. […] Dans le rite latin, le ministre
ordinaire de la Confirmation est l’évêque. Même si l’évêque peut, en cas de nécessité,
concéder la faculté à des prêtres d’administrer la Confirmation, il convient qu’il le confère luimême » (CEC, 1312-1313, avec les modifications de 1998) 3.
« Dans le rite latin, « le sacrement de Confirmation est conféré par l’onction du saint chrême sur le front, faite
en imposant la main, et par ces paroles : Accipe signaculum doni Spiritus Sancti (Sois marqué de l’Esprit Saint,
le don de Dieu). » Dans les Églises orientales, l’onction du myron se fait après une prière d’épiclèse, sur les
parties les plus significatives du corps : le front, les yeux, le nez, les oreilles, les lèvres, la poitrine, le dos, les
mains et les pieds, chaque onction étant accompagnée de la formule : Σφραγίς δωρεας Πνεύθατος Ἀγίου
(Signaculum doni Spiritus Sancti, Sceau du don qui est le Saint-Esprit) » (CEC, 1300, avec les modifications de
1998).
3
« Aux premiers siècles, la confirmation constitue généralement une unique célébration avec le baptême,
formant avec celui-ci, selon l’expression de S. Cyprien, un "sacrement double". Parmi d’autres raisons, la
multiplication des baptêmes d’enfants, et ce en tout temps de l’année, et la multiplication des paroisses (rurales),
agrandissant les diocèses, ne permettent plus la présence de l’évêque à toutes les célébrations baptismales. En
2
« La pratique des Eglises d’Orient souligne davantage l’unité de l’initiation
chrétienne. Celle de l’Eglise latine exprime plus nettement la communion du nouveau
chrétien avec son évêque, garant et serviteur de l’unité de son Eglise, de sa catholicité et de
son apostolicité, et par là, le lien avec les origines apostoliques de l’Eglise du Christ » (CEC,
1292).
II. La confirmation (chrismation) est le sacrement de la croissance dans le Christ
A. Une double effusion de l’Esprit
Il y a eu pour le Christ une double mission de l’Esprit : l’une lors de sa conception
virginale, qui le constitue en son être de Fils de Dieu ; l’autre, lors du baptême dans le
Jourdain qui manifeste son acceptation de sa mission de Serviteur souffrant et de Messie
rédempteur. De même, le chrétien reçoit au baptême un premier don de l’Esprit qui le fait
naître à la vie surnaturelle et qui l’incorpore au Corps mystique du Christ ; puis une seconde
mission de l’Esprit le munit de tous les dons nécessaires pour vivre en plénitude la vie de ce
Corps, répondre à sa mission dans ce Corps, offrir le culte en esprit et vérité dans le Temple
véritable qui est le Corps du Christ4.
Car la plénitude de l’Esprit reposant sur le Messie (Is 11, 2-3) devait, selon les
prophéties, être communiquée à tout le peuple messianique (Ez 36, 25 ; Jl 3, 1). C’est ce qui
s’est produit de façon spectaculaire à la Pentecôte, et lorsque les Apôtres imposaient les mains
aux baptisés (avec une dimension unique de l’abondance des charismes nécessaires pour
fonder l’Eglise), par ex. les samaritains baptisés par le diacre Philippe5. « L’imposition des
mains est à bon droit reconnue par la tradition catholique comme l’origine du sacrement de la
Confirmation qui perpétue, en quelque sorte, dans l’Eglise, la grâce de la Pentecôte »6.
« Très tôt, pour mieux signifier le don du Saint-Esprit, s’est ajoutée à l’imposition des
mains une onction d’huile parfumée (chrême). Cette onction illustre le nom de "chrétien" qui
signifie "oint" et qui tire son origine de celui du Christ lui même, lui que "Dieu a oint de
l’Esprit Saint" (Ac 10, 38). Et ce rite d’onction existe jusqu’à nos jours, tant en Orient qu’en
Occident. C’est pourquoi, en Orient, on appelle ce sacrement chrismation, onction de chrême,
ou myron, ce qui signifie "chrême" » (CEC, n. 1289).
B. Une grâce positive de croissance
La confirmation-chrismation est donc par excellence le sacrement de la croissance vers
la perfection de l’âge du Christ en nous, « jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité
de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait (eis andra teleion), à la
mesure de la stature parfaite du Christ (eis metron hèlixias tou plèrômatos tou Christou) 7 »
(Ep 4, 11-13).
C’est donc une grâce éminemment positive qu’elle nous confère.
« Le sacrement de baptême est plus efficace que la confirmation pour écarter le mal,
parce qu’il est une génération spirituelle, c’est-à-dire un passage du non-être à l’être. Mais la
Occident, parce que l’on désire réserver à l’évêque l’achèvement du baptême, s’instaure la séparation temporelle
des deux sacrements. L’Orient a gardé unis les deux sacrements, si bien que la confirmation est donnée par le
prêtre qui baptise. Celui-ci cependant ne peut le faire qu’avec le "myron" consacré par un évêque » (CEC, 1290).
4
D’après Th. Camelot, op, Revue des Jeunes, Le Baptême, la Confirmation (3e q. 66-72), Le Cerf, Desclée,
1956, pp. 405-406.
5
« Pierre et Jean descendirent chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l’Esprit Saint leur fût donné.
Car il n’était encore tombé sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors
Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l’Esprit Saint » (Ac 8, 15-17).
6
Paul VI, const. ap. Divinæ consortium naturæ, citée en CEC 1288.
7
Traduction Crampon. La Bible de Jérusalem souligne le côté collectif avec la construction du Corps mystique :
« au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance
du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ ».
confirmation est plus efficace pour faire progresser dans le bien, puisqu’elle est une
croissance spirituelle qui fait passer de l’être imparfait jusqu’à l’être parfait. Et c’est pourquoi
ce sacrement est confié à un ministre plus digne [l’évêque] » (ST, 3a q. 72, a. 11, ad 2).
C. La divinisation christique de notre nature
« Etant lui-même Dieu par nature dès l’origine, il a déifié aussi ce qu’il est devenu par
la suite, c’est-à-dire la nature humaine » (Nicolas Cabasilas, La vie en Christ, II, 5).
A partir du texte d’Isaïe, tel qu’il figure dans la Septante, la tradition patristique et
scolastique a montré comment les « sept dons du Saint Esprit » enracinent et confirment en
nous la grâce baptismale, en conformant notre être (nos passions, notre action, notre cœur) au
Christ, en « l’évangélisant » en quelque sorte. « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, esprit
de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété, et la
crainte du Seigneur le remplira » (Is 11, 2-3).
Selon saint Bernard, expliquant la comparaison biblique du Nom de Jésus à l’huile,
« Ton Nom est une huile qui s’épanche » (Ct 1, 3) : « l’huile a trois qualités, elle éclaire, elle
nourrit, et elle oint. Elle entretient le feu ; elle nourrit la chair ; elle apaise la douleur. C’est
une lumière, une nourriture et un remède » 8.
a. Symbolisme de l’huile-combustible qui éclaire 
Laisser le Christ croître en nous selon le chemin qu’il choisit et l’attrait qu’il nous
inspire ; enjeu : la fécondité de tout le reste. Par le don d’intelligence, l’Esprit du Christ nous
donne la pénétration cordiale de l’Evangile ; par le don de sagesse, il nous fait rayonner la
paix. L’amour de Dieu, qui est le lien de la perfection, croît dans le confirmé, parce que les
dons lui font connaître comme par sympathie, toutes les richesses de l’ « être-fils » du Père
dans le Christ.
Etre adulte, c’est avoir réalisé et accepté de prendre sa place dans le réel. Dieu est
notre Père : l’âge adulte du Christ en nous, c’est l’enfance spirituelle.
« L’homme est foncièrement abandonné. […] Le Christ seul peut vaincre cette
déréliction. […] Croire, c’est participer à l’être même du Christ. […] Personne ne peut
dessiner à ta place ce visage du Seigneur incliné vers toi. […] L’esprit d’enfance est l’aptitude
à sentir l’essentiel et à l’accepter sans arrière pensée, […] l’attitude qui fait voir dans toute
rencontre le Père céleste. […] L’enfance spirituelle au sens du Christ n’est rien d’autre que la
maturité chrétienne. » (R. Guardini, Le Seigneur, I, pp. 183, 224, 226, 306).
b. Symbolisme de l’huile-nourriture qui fortifie et assouplit 
Structurer nos relations aux autres ; enjeu : « quel bien faire ? » Par le don de force,
l’Esprit du Christ nous donne l’énergie pour les bonnes œuvres (contrariées par le monde et
son Prince), avec une faim et soif de la justice ; par le don de conseil, le discernement dans la
miséricorde. L’amour du prochain croît dans le confirmé : ayant pris conscience comme de
l’intérieur du don de Dieu (qui nous appelle à la vie éternelle), nous voulons ardemment le
communiquer aux autres, car c’est à eux que nous pouvons en quelque sorte « rendre » le bien
que Dieu nous a donné. En un sens, les autres sont pour moi le Christ.
« Si on met en pratique les Paroles de Dieu, la connaissance augmente. […] La justice
s’occupe de ce qui est, mais la bonté fait du neuf. […] Il faut apprendre à aimer pour pouvoir
être juste » (R. Guardini, op. cit., I ? pp. 212, 293, 297).
c. Symbolisme de l’huile-remède qui purifie 
Lutter contre nos passions nous portent à des attachements désordonnés aux choses
temporelles, à la domination des autres, au plaisir (fric, violence, sexe) ; enjeu : la liberté de
faire le bien. Par le don de crainte, l’Esprit du Christ nous inculque le détachement (pauvreté
Suite de la citation : « Voyons si on ne peut pas en dire autant du nom de l’Époux. Il éclaire lorsqu’on le publie;
il nourrit quand on le rumine, il oint et adoucit les maux », Sermons sur le Cantique des Cantiques, 15, 5.
8
selon l’Esprit) ; par le don de piété filiale, la douceur pour les autres (et pour soi) ; par le don
de science, le sentiment de la juste tristesse (ceux qui pleurent).
Le juste amour de soi, sans lequel on ne peut aimer l’autre, croît dans le confirmé : je
suis moi-même un membre du Christ, je dois honorer le Christ en moi.
« Plus Dieu agit puissamment dans un homme, plus il le pénètre de part en part, et plus
cet homme conquiert son véritable moi. […] Plus Dieu m’applique sa force créatrice, plus je
deviens réel. […] Moi moi se termine au Christ et je dois apprendre à l’aimer comme celui qui
me donne une véritable consistance. […] En lui est la patrie de mon être » (R. Guardini, op.
cit., II, pp. 172-174).
Conclusion
Si on voit la vie chrétienne (ou vie de la foi vive) comme établissant un « rapport
sacramentel » au réel :
– le baptême est une metanoia qui me fait accéder à la connaissance de moi en Dieu
(par le Sang du Christ) ; c’est la découverte du réel : je suis créé et perdu, mais aussi
pardonné, sauvé, ressuscité par le Christ ;
– la confirmation est un enracinement des dons reçus, avec la croissance en moi du
Christ que j’ai revêtu (cf. Rm 13, 14) : le service du Christ par la confession cultuelle de son
Nom, par contemplation de son mystère et un rapport juste à ses membres ; c’est la croissance
dans le réel : j’ai reçu des yeux et un cœur nouveau pour voir le Christ et l’aimer en vérité
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