L’Education Thérapeutique / 2
Pour la sécurité publique et l'ordre social, il y a une différence fondamentale entre la
compliance thérapeutique en médecine organique et en psychiatrie ; la non-adhésion d'un
psychotique à ses prescriptions peut le mettre en danger, mais peut aussi avoir des
répercussions sur la sécurité publique. Si un diabétique commet un crime, la presse ne
retiendra même pas cet élément. Alors que si un schizophrène en rupture de soin devient
meurtrier, il a droit à un discours présidentiel qui fera date, le discours d'Antony de notre ex-
président, et il a même droit à une loi pour lui tout seul ! Et quand la non compliance d'un
traitement pour une maladie infectieuse potentiellement mortelle et transmissible insiste, la
médecine passe volontiers la main à la psychiatrie...
Du côté de la psychiatrie, nous n'avons jamais vu autant de patients psychotiques en rupture
de soin, dans les rues de Paris. La moitié des lits psychiatriques ont été fermés en 20 ans, alors
que nous n'étions plus dans la situation des années 50-70, quand la surpopulation des asiles
rendait indispensable un travail de secteur pour casser la logique de l'enfermement asilaire.
D’où l’apparition du phénomène du tourniquet qui favorise les ruptures de soins tant sont
nombreux ceux qui sortent trop tôt. Tout cela s’ajoutant à la pénurie programmée des effectifs
soignants, médicaux et infirmiers, la place est donc libre pour l’arrivée d’un nouveau
paradigme : l’Éducation Thérapeutique. C’est bien d’écouter ce qu’a à dire le psychotique,
mais lorsqu’on n’en a plus le temps, il nous est proposé une technique comportementale pour
éviter que le patient arrête les prises médicamenteuses aussitôt sorti.
Ce qui m'a le plus surpris en découvrant l'éducation thérapeutique, c'est qu'avec la boîte à
outil de la psychothérapie institutionnelle, nous arrivons à nous passer de cette nouvelle
technique en nous appuyant sur l'essence de la psychiatrie de secteur : pour permettre à un
schizophrène très désorganisé de sortir habiter dans la cité, il faut lui offrir des soignants qui
puissent l'accompagner concrètement dans les différentes institutions du secteur (le CMP ou
autres établissements du secteur et le Club thérapeutique et ses différentes instances).
Retournons un moment aux textes.
Prenons par exemple l'article du docteur Gérard Reach, endocrino-diabétologue :
"L’ambition de toute éducation thérapeutique est clairement d'introduire de nouvelles pièces
dans le puzzle mental du patient, dans le but louable de l'aider à se soigner. Mais le château de
l'esprit humain est une véritable "forteresse" dont il s'agit de franchir plusieurs murailles. Le