Epanouir Éducation Populaire et Associations pour de NOUvelles Initiatives Rurales Les dynamiques associatives pour l’accueil de jeunes innovateurs dans les territoires ruraux connaître pour agir Une étude coordonnée par la Fédération Régionale des CIVAM de Bretagne Réalisée avec ADAR (Association pour le Développement Agricole et Rural en Pays de La Châtre en Berry) la Fédération Départementale des CIVAM du Finistère la Fédération Départementale des CIVAM d’Ille et Vilaine Avec le concours du Conseil de Développement de la Vie Associative Contributeurs principaux : Responsables associatifs : Jean Claude Moreau (président de l’ADAR), Alain Jacob (administrateur de la FDCIVAM du Finistère) et Thérèse Piel (présidente de la FDCIVAM d’Ille et Vilaine et administratrice de la FRCIVAM Bretagne) Animateurs : Blaise Berger (FRCIVAM Bretagne), Perrine Cadoret (FDCIVAM du Finistère), Guillaume Crépin (ADAR), Gwénaël Floc’h (FDCIVAM d’Ille et Vilaine), Cécile Jamoneau (stagiaire, chargée d’études), Gilles Maréchal (co-ordination de l’étude, FRCIVAM Bretagne). Résumé En France, comme dans la plupart des pays de l'Union Européenne, on assiste à la croissance du nombre de porteurs de projets agri-ruraux. Il s'agit de personnes voulant implanter une activité, entretenant un lien plus ou moins étroit avec l'agriculture, dans une zone rurale souvent marquée par une forte personnalité écologique ou culturelle. Situant leur activité économique au coeur d'un projet de vie, elles y intègrent des objectifs qui relèvent fréquemment d'une démarche de développement soutenable, considérée en forte liaison avec le territoire. Elles se heurtent à des problèmes communs, parmi lesquels la prise en compte de la complexité des projets et l'insertion territoriale. Les systèmes existants d'accompagnement de projets, qu'ils soient institutionnels ou associatifs, peinent à satisfaire des attentes pour lesquelles ils n'ont pas été configurés. En France, des associations du mouvement CIVAM cherchent à y répondre par des dispositifs originaux, ancrés dans l'Education Populaire. Ces démarches territoriales, encore en émergence, semblent innovantes dans le contexte européen, où c'est souvent l'action publique locale qui cherche à intégrer les « nouvelles populations ». L'étude Epanouir vise à éclairer en quoi des associations d'Education Populaire peuvent apporter aux porteurs de projets des méthodes d'accompagnement complémentaires des autres dispositifs. Elle a une visée à la fois conceptuelle, pour clarifier et qualifier des pratiques aujourd'hui dispersées, et opérationnelle par l'analyse bonnes pratiques diffusables. L'analyse transversale d'études menées antérieurement, auxquelles les CIVAM ont souvent contribué, permet de mieux comprendre les attentes insatisfaites des porteurs de projets. Elle met en évidence des besoins en phase avec les approches développées au sein du mouvement. Une enquête complémentaire par entretiens auprès des divers acteurs (porteurs de projets, accompagnateurs etc.) a exploré la perception de terrain des spécificités d'un accompagnement mené par des associations d'Education Populaire. Il en ressort un constat en trois axes. D'une part, l'organisation associative en elle-même garantit l'implication articulée des bénévoles et salariés au service des projets, tandis que la dimension Education Populaire invite à des démarches collectives prenant en compte l'intérêt général. D'autre part, la concordance entre les valeurs et les objectifs des « nouveaux » porteurs de projets et celles portées par les institutions accompagnatrices est porteuse d'une empathie nécessaire au succès de projets complexes, où seule la personne est gage de cohérence. Enfin, l'ancrage associatif dans le territoire facilite les interactions entre porteurs de projets et environnement territorial, sur le plan social, culturel et écologique, mais aussi très concrètement sur le plan économique et commercial. Chaque porteur de projet apporte au territoire idées, expérience et énergie en même temps qu'il se nourrit de ses ressources. Il apparaît de l'analyse des itinéraires individuels que les associations d'Education Populaire portent des valeurs et développent des méthodes originales d'accompagnement, ancrées dans la réalité des territoires. Elles complètent, sans les remplacer, les autres types d'accompagnement plus focalisés sur l'expertise dans un champ restreint et plus technique. Elles jouent un rôle intégrateur en matière de cohérence du projet, à la fois dans sa logique interne et dans son insertion externe. Cette étude permet de mettre en évidence l'évolution du concept d'Education Populaire au sein du mouvement CIVAM. Sans abandonner les fondamentaux issus du contexte des années 50, la conception développée sur le terrain s'est enrichie au fil de l'action. Les concepts de développement durable, économie sociale et solidaire, et développement territorial ont d'abord été mis en oeuvre empiriquement avant d'être nommés. Ils viennent revivifier sans la dénaturer la perception opérationnelle de l'Education Populaire, terme qui tombait en désuétude. Ce constat, limité à un mouvement sur la base d'un sujet particulier, permet de poser l'hypothèse qu'une nouvelle forme d'Education Populaire, irriguée par des concepts récemment diffusés dans le grand public, est en émergence. Elle requiert une conceptualisation que des études sectorielles peuvent alimenter.