Pourquoi les prédictions sur le pic pétrolier se sont révélées fausses ?
Nous nous imaginons que la seconde révolution industrielle a été bâtie sur un stock fini de pétrole. Ce n’est
pas du tout le cas. Quelques années après la construction des premiers puits dans le nord-est des Etats-Unis, à la
fin du 19ème siècle, on commençait déjà à parler d’un épuisement des ressources pétrolières. Les compagnies ont
finalement découvert d’autres ressources, en l’occurrence au Texas et en Californie. Le même phénomène s’est
produit dans les années 1970 avec le déclin de la production américaine et l’émergence du terme "pic pétrolier",
créé par le géophysicien King Hubbert. Le pic était réel aux Etats-Unis, mais la production mondiale a continué
de progresser lorsque les pétroliers ont utilisé des technologies de forage en mer pour exploiter des gisements en
offshore, notamment en Mer du Nord. Les craintes autour du pic pétrolier mondial ont alors disparu.
Aujourd’hui nous assistons à un phénomène similaire. L’utilisation des technologies de forage horizontal et de
fracturation hydraulique a permis la production de gaz et de pétrole de schiste. La production américaine, en
déclin dans les années 2000, est ainsi passée de 5 millions de baril/jour à plus de 8,5 en juillet dernier. […]
Il existe au final deux limites à la poursuite de l’exploitation du pétrole principalement, et aucune des deux ne
concerne l’état des ressources. Selon le consultant en technologie pour Apach Corp, un des leaders dans le
pétrole de schiste US, George King : "nous affrontons des limites techniques et économiques avant tout". A
propos des technologies, les professionnels sont plutôt confiants. […]
Mais c’est sur le plan de l’économie qu’à mon avis l’obstacle est le plus sérieux. Actuellement, aussi
importantes soient-elles, les innovations technologiques comme la fracturation hydraulique n’ont pas permis au
marché de revenir à la situation antérieure au "troisième choc pétrolier" décrit par l’IFPEN, c’est à dire lorsque
les prix se sont maintenus en 2010-2011 autour de 110$ le baril. Aujourd’hui, si les prix sont effectivement sur le
déclin, ils restent autour des 100$, ce qui affecte la rentabilité de n’importe quelle entreprise.
Au final le pétrole de schiste et plus généralement les pétroles non-conventionnels permettent d’atténuer le
déclin de la production de pétrole conventionnel. Il n’en reste pas moins que le pic pétrolier est une réalité. Il
suffit de demander aux Majors pétrolières, qui ont de plus en plus de mal à renouveler leur réserve de pétrole.
www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-predictions-pic-petrolier-se-sont-systematiquement-revelees-fausses-depuis-40-ans-
florent-detroy*-1818673.html#xA0XisEx0RcxWMm2.99 - Publié le 23 Octobre 2014
*Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et
industrielles.