Ancrage des religions dans le corps. Colloque dimensions de la psychanalyse - Psychanalyse actuelle. Paris le 18 03 06 Frédéric NATHAN-MURAT 06 80 90 99 65 La psychanalyse peut-elle réussir, là où la religion échoue ? La révélation est-elle une incorporation ? La religion, c'est donner sens aux choses naturelles, nous dit Lacan dans son texte sur les trois religions. Sens de la vie, jusqu'au réel de la science qui y confère sa truculence. La psychanalyse est corrélative du discours de la science. Elle se fait symptôme du malaise dans la culture, ce qu'il y a de plus Réel, que toutes les fausses religions tentent de recouvrir de sens. La vraie religion, c'est la romaine, la chrétienne, qui veut toujours donner plus de sens, jusqu'à faire tout correspondre à tout. Elle irait même jusqu'à prétendre éradiquer le symptôme et guérir l'humanité de la psychanalyse tant sa croyance en la volonté de Dieu sert d'asile à son ignorance. Dieu merci, l'inconscient s'impose selon son fondement, symptôme, ce qui ne va pas, ce qui cloche et entretient malentendu. Car le parl'être exprime l'imprévu, l'inexpiable, le sexuel. Les histoires juives ne s'y trompent pas, qui laisse le verbe en goguette, avant tout commencement, au risque bien sûr d'entendre Dieu hurler ses semonces quand il est en proie à l'exaspération. Mais dans la vraie religion, catholique et romaine, Dieu le père crée d'abord le monde et éludant d'offrir le verbe à Adam, il se contente de lui apprendre à nommer. Le drame commence seulement quand le verbe s'incarne, car de trop faire jouir, il induit des ravages. Le Réel, on ne l'imagine pas, on s'y sacrifie, comme à un Dieu obscur, un Autre, dans l'amour intellectuel de Dieu, cet universel du signifiant, dans le détachement, la transcendance du désir, cette essence de l'homme. C'est que le désir, le salut voudrait tant s'y soustraire, même s'il faut aller le forclore dans le Réel symptomatique des sectes. 1 Avec la psychanalyse, le Réel, le symptôme, on s'y habitue, car la sexualité est définitivement sans espoir, précise Lacan. Au mieux faiton converger le réel et le transcendant dans un acte de Foi-re. Le Réel est-il le rapport des non-rapports, s'interroge Wittgenstein ? Pour nous permettre d'avancer aujourd'hui sur des questions comme celles concernant la nature de l'Autre, le rapport pulsatile transcendance immanence, extrinsèque intrinsèque, structure histoire, dans le champ de la religion, de la philosophie et de la psychanalyse, je m'appuierais sur la lecture d'un article de Hegel dans son ouvrage posthume d'histoire de la philosophie, où il met celle-ci en perspective avec la religion, choisissant de délaisser en la circonstance, d’autres tisseurs de ses champs, tels que les kabbalistes ou les soufis. Ce qu'il veut prendre en compte est une conception du déploiement historique de la rationalité objective, celle qu'il veut Raison historique, telle qu'elle s'enracine dans l'anhistoricité du penser subjectif de la Raison humaine. Car pour lui l'idée universelle se tient derrière à l'abri, ruse de la raison, qui laisse agir à sa place les passions, par quoi elle parvient à l'existence qui subit des dommages. L'intension, fonction toujours immuable, ne se saisit que dans ses parcours extensionnels. Si le sujet dés l'origine et jusqu'au bout, y sait ce qu'il veut, nous dit Lacan dans position de l'inconscient, il est à entendre sujet de la méconnaissance, joué par la ruse de la Raison, celle qui porte en elle l'effet de langage, ce ver de la cause qui le refend. Loin de tout signifiant, pas de sujet dans le Réel. Car le désir se noue au désir de l'Autre, en cette boucle gît le savoir, serait la leçon de Freud. Là où l'objet se fait le prototype de la signifiance du corps comme enjeu de l'être. La psychanalyse implique le Réel du corps et l'imaginaire de son schéma mental, car la métaphore déconnecte la chose de son cri et élève le signe à la fonction de signifiant, comme la réalité à la sophistique de la signification. L'Autre se fait pur sujet de la stratégie des jeux, hors de toute aliénation subjective, combinatoire dont l'exhaustion serait possible. Serait-il Raison pure ? Mais avançons avec Hegel. 2 Nous ne sommes que successions de traditions et de réflexions politiques. Les progrès des sciences, nous éclairent sur les variations des lois primitives de la nature. "La vie est action et l'action a devant soi une matière qui est son objet, qu'elle travaille et transforme." Ainsi la science d'une génération constitue l'âme de la suivante, la substance spirituelle de ses habitudes, de ses principes, de ses préjugés, de sa richesse. "Ce que nous produisons présuppose essentiellement un existant. Notre philosophie est cet enchaînement et en est nécessairement dérivé." La philosophie est la science des pensées nécessaires dont l'enchaînement et le système est la connaissance de ce qui est vrai et pour cette raison éternelle et impérissable. L'histoire, elle est notre devenir, elle est contingente, passagère et passé. Comment concilier chose si hétérogène, s'interroge-t-il ? Surtout quand cette dernière se faisant singulière, il faut aller pister avec la psychanalyse les lois de la pensée advenue nécessairement vrai à la conviction d'un sujet. Car, loin d’une ontologie déjà là, le Moi n’est que le jouet fantasmatique des transferts de ses demandes d’amour, qui quand il transcende son cadre et se libère de la préoccupation de sa saisie objectale, n’est plus que désir en acte. Comment va donc se fermer l'appareil psychique, qui ne peut se contenter avec son temps logique de trop de continuité chronologique ? Au début de son article Hegel pose des identités. Entre religion et science, le formel, même si elles ne sont pas toujours d'accord sur les forces et causes qui président à la matière. Entre la religion et la philosophie, le substantiel, Dieu, l'Esprit, l'Absolu. Car le substantiel qui meut et résiste, se constitue pensée. Quoiqu'il en soit toutes se rejoignent, dans leur souhait de connaissance de l'essence du monde, de la vérité, de l'idée absolue. Mais, il faudra attendre la philosophie scolastique, pour s'autoriser à aller chercher dans l'observation de la nature, les causes générales dernières des choses. 3 Car après tout, la philosophie acquise par l'expérience des sens propres est celle que l'on considère vraie, dont le témoignage est certain. Ainsi le grand Newton lui-même conclut à la loi de la gravitation universelle, en couplant la loi d'inertie observée par Galilée, un corps en mouvement non dérangé file tout droit, à celle des élipses célestes observés par Kepler. Mais alors Dieu ayant institué l'Autorité et les Rois selon la loi mosaïque étant les oints du seigneur, que faire de cette pensée, qui de prétendre être vrai de résider dans l'entendement humain, prétend tout réformer ? Car voilà que la philosophie se voulant sagesse du monde, ne s'en tient plus aux objets intérieurs, mais prétend s'occuper des choses terrestres finies, même si ayant même fin que la religion, le monde reste concrètement déterminé par l'idée divine. Oui que faire quand tout énoncé d'Autorité ne trouve d'autre garantie que l'autorité de son énonciation même ? Et qu'il n'y a pas d'Autre de l'Autre ? En Angleterre, la philosophie devint très vite science de la nature, au point que baromètres et thermomètres sont appelés instruments philosophiques s'amuse Hegel, au point qu'elle s'intéresse maintenant à l'économie politique avec Adam Smith et sous couvert de principe généraux à l'administration de l'état. En Allemagne, la philosophie, loin de ces sciences particulières et empiriques, se concentre plutôt sur le rapport de l'entendement, qui de la cause implique l'effet, chacun restant autonomes vis à vis de l'autre ( et sans rétroaction de l'effet sur sa cause comme en témoigne l'inconscient.) C'est qu'elle est attachée à l'école ionienne où Thalés voulait expliquer les éclipses et Pythagore l'harmonie des sons. C'est qu'ils pensaient voir l'empyrée, le feu éternel, dans le produit de leurs réflexions, qui dépassaient la connaissance sensible et ne se contentaient pas comme les mythes d'être issus de la fantaisie. L'entendement des lois générales se garderaient ainsi des effluves imaginaires de la sensibilité, même si par-là, il s'opposait à l'unité immédiate de la nature et de l'esprit, comme à la pure extériorité de sa détermination concrète. Avec la Renaissance, la philosophie s'attaque autant à la nature, qu'à la moralité ou à l'état. Hobbes, Descartes, les idées générales de la métaphysique rebondissent dans les matières empiriques. 4 Jusqu'à Spinoza, qui dans son Ethique s'en prend conjointement à la connaissance de Dieu et de la nature. Ainsi à l'Autorité ecclésiale qui légiférait Droit public et privé, se voit substitué une théologie et une jurisprudence devenues sciences positives. Dans le même temps la religion lâchait les influences planétaires et les reliques, pour laisser la guérison aux yeux des médecins, qui commençaient à cerner les lois du général au sein de l'être immédiat des objets de leurs observations. Ainsi l'être malade advint objet des soins du regard panoptique de la science. Et comme il fallait justifier maintenant le pouvoir des princes par d'autres biais que d'Autorité Divine, on posa comme principe la liberté de l'homme et de la Raison Humaine au fondement de la société humaine. Ainsi la Sagesse du Savoir venait faire la morale à la vérité révélée. Tout ce qui à valeur pour l'homme ne peut que se trouver dans sa pensée propre. Au point qu'atteignant à la fiction Idéale de sa fantaisie, personne ne pouvait prétendre penser pour un autre, ouvrant une voix de méconnaissance royale à la Démagogie, cette reine de la séduction, cette reine de la suggestion. Et la philosophie convolait maintenant en justes noces avec la science dont elle enfentait (trop joli, je le laisse) aussitôt le Moi pour fondement de la généralité (de leur rapport). La philosophie se veut savoir comme tel, replié sur lui-même, qui s'appuie sur la connaissance de l'Esprit et ne s'en tient à aucun donné. L'esprit et un moment de symptôme entre la philosophie et le savoir. Pour la religion, il ne s'agit là que de connaissance finie détachée de l'Esprit de Dieu. Qui donc lui jetterait la première pierre ? Comment dans le malentendu révélé des parents, retrouver les petits cailloux qui pourraient venir éclairer l'infans traumatisé sur ce que parler veut dire. Et si tant est qu'il en capture la question, comment dans l'agressivité de l'idéalisation de cette capture, qui réclame scripturalité, écriture, n'y réagira-t-il pas, à voir la loi s'évanouir sous ses pas qui échouent à inscrire ce qu'il à lu et qui nourrit sa terreur. L'animalité phallique en acte, non négativable, impose ses paroles comme des ordres, celui qui parle commande nous rappelle Brice 5 Parrain. Au point que le langage se fait lieu où les monstres se font normes. Car s'il est faux que la connaissance ne soit pas finie, alors, il faut que la connaissance soit finie. Et vous aurez beau aboyer, vous n'en ouvririez pas moins la porte que vous prétendiez claquer. Le phallus porte son manque. Et vous aurez beau dire que quelque chose est vrai, cela ne le rendra en rien plus vrai, vous préciserait Tarsky. Mais l'énonciation est impérative et toute parole est performative, brouillant les pistes de l'inter-dits, dont il faut sans cesse réintroduire la différence. Ainsi si philosophie et religion sont apparenté par le contenu, la religion se veut le contraire de la culture, puisque ce qu'elle envisage n'est autre que l'infini. Sa représentation trouve ainsi appui des mythes, des mystères, de la poésie. Là, les peuples ont déposé ce qu'ils pensaient du monde, de l'absolu, de ce qu'il est en soi et pour soi, la cause, l'essence, le substantiel, la divinité, la vérité. Quelle conscience l'homme a-t-il de Dieu ? La détermination de la pensée s'oppose à l'essence de la divinité, chose de l'au-delà, étrangère à l'homme. Pour s'élever à Dieu, à la conscience de son unité propre avec cette essence, il y faut recueillement et culte. Pour les Grecs, la jouissance en était immédiate, puisque l'essence en soi n'appartenait pas à l'au-delà. Pour la philosophie, la religion exprime la conscience que l'homme à de l'objet suprême, celui qui est vraie en soi et pour soi. Soit l'œuvre suprême de la Raison Universelle qui est en soi et pour soi. Fi de la réconciliation du divin et de l'humain que promet le recueillement. Il n'est qu'aspiration à la pensée. La connaissance qui pense suffit. Le penser pur, le savoir, le connaître distingue ainsi la philosophie de la religion par la forme, jusqu'à la pensée scolastique, qui n'est autre qu'une théologie. La philosophie qui s'occupe de Dieu serait-elle un éternel service "dit vain" ? comme dirait mon copain F. Dahan. Si le mythe contient des idées générales, il n'est que jeux de fantaisie, dénué de pensée pure. Le spirituel n'y révèle que son imagination, celle de celui qui les écoute. Comment mieux dire le malentendu, la méconnaissance ? 6 Ce n'est pas l'affaire de la philosophie de transformer ces mythes en pensée, car elle prétend ne considérer la pensée que là où elle se trouve comme telle. Fi des théogonies, des cosmogonies et autres zodiacaux travaux d'Hercule, la chute même d'Adam et Eve ne l'intéresse pas, jusqu'au dogme de la création du monde, qui signe son anthropomorphisme. Et si judaïsme et christianisme se défiaient du statuaire apollinien, pourquoi fallait-il tant craindre la colère de Dieu ? Certes cela rendait la religion plus séduisante en faisant passer le spirituel pour une représentation naturelle, pourtant n'était-il pas supposé se tenir en retrait derrière le sensible ? Si Dieu était si puissant, c'est parce qu'il était celui qui institue, cause première. Entre la religion et la philosophie, la différence n'était donc que question de point de vue. Là, en ce lieu du systématisme de l'Autre, du Savoir Absolu, la psychanalyse vient lire la scansion lue à l'insu, le trou qui préside au mythême (selon l'expression forgée en entretiens par Lévy-Strauss et Lacan) singulier de la raison raisonnante dans ces effets de sujets. Car si le petit Hans à raison de penser que sa mère n'est pas sans avoir le phallus, il à tord de croire qu'elle l'a. Car loin d’un « nique ta mère », qui représente bien la dénégation où notre modernité tient l’interdit oedipien majeur, celui qui donne responsabilité à la parole engagée, il est clair qu’il eut été plus juste de dire « t’es comme moi, toi, toi aussi tu t’es fait niquer par l’désir d’ta mère ». Que penser des relations de la révélation et de la raison se demande alors Hegel ? La religion exigeait-elle que l'homme se débarrasse de sa raison humaine, qu'elle accusait de tout bousiller ? Fallait-il voir dans l'activité humaine que rabais au regard de l'œuvre divine de la nature, ou bien considérer que si la vie de l'animal était divine, alors l'œuvre de l'homme devait l'être plus encore ? La conclusion s'imposa, le divin n'était qu'une production humaine pour s'expliquer sa nature. 7 Car le christ avait dit : «n’êtes-vous donc pas plus que des moineaux ? » La raison était donc révélation plus haute que la nature, qui permettait de mieux connaître Dieu. Ou alors, c’est que la religion était révélation divine, vérité donné à l’homme, que la raison ne pouvait tirer d’elle-même, qui l’obligeait humblement à se résigner. La vérité était un donné de l’extérieur et les peuples s’étaient toujours pliés à leurs maîtres. Moïse, Zoroastre, Mahomet. Pourtant ces individus n’étaient qu’historiques, ils ne participaient donc pas de la doctrine, vérité éternelle en soi et pour soi. Le christ lui, n’était pas personnage historique, car il était le fils de Dieu et faisait partie de sa nature divine. Ici, l’on peut dire que l’affaire se corse, si l’on s’intéresse de plus prés à l’historicité du christ. D'après les derniers textes apocryphes sortis à La Pleïade, la vierge était comme toutes les jeunes filles de sa communauté, gardienne du temple. Là, elle y reçut l'enseignement propice à faire d'elle une épouse idéale. Mais voilà t'y pas qu'au décours des trois années prévues par la coutume, celle-ci ne voulait plus partir, refusant de quitter l'amour de Dieu, pour celui d'un humain. Le cas n'était point prévu, car jamais il ne s'était présenté. Il fallait trouver astuce. On se souvint alors, que le vieux Joseph, quatre-vingt douze balais, avait postulé, moyennant fort tribut, pour trouver vestale à son pied. C'est que loin d'être simple charpentier comme l'histoire toujours édulcorante conserve, il était grand architecte, qui partait pour de longue mission au fin fond du royaume, construire palais et forteresses. L'affaire n'était-elle pas parfaite, aucune chance qu'elle ne resta point vierge et ainsi personne ne trouverait à s'offusquer de la voir encore fréquenter le temple. Mais les beuveries des jeunes hommes de la haute société réclamaient des belles. Et un soir, se laissa-t-elle séduire ? Nul ne sait, mais elle revint promise pour être mère, enceinte d'Antipater. Or, il se trouvait que celui-ci n'était autre que le fils du roi Hérode, dont pour raison de scandale politique, il fallait taire le méfait avec cette vierge marié du temple. I.N.R.I. Jésus Roi des Nazaréens était bien le fils de Dieu, comme la coutume avait l'habitude de nommer les enfants de paternité inconnue. 8 Que voulez-vous, le sujet, on ne lui parle pas, ça parle de lui. C'est là, qu'il s'appréhende, là où du seul fait qu'on s'adresse à lui, il disparaisse comme sujet, sous le signifiant qu'il devient. Si le christ est de nature divine, c'est que, ce qui est en jeu, est le contenu de la révélation, la vérité en tant qu'objet sensible est entièrement présente avant de devenir première forme de la conscience. Aperçut dans le buisson, entendu dans le sacrifice, cette extériorité devient pour l'esprit l'ordre spirituel, qui permet à la raison de connaître Dieu en Esprit et en Vérité. La substance de la religion, c'est Dieu, Esprit Universel, Absolu, Essentiel. L'Esprit est lui et l'aspiration de la nature en lui. Et si celle-ci le nie comme Réel, il la pose idéale. L'universalité de l'Esprit, qu'il soit philosophique ou religieux est absolue, elle pénètre tout. "L'Esprit est libre, car il est auprès de Soi. Sa nature consiste à empiéter sur l'Autre, de s'y retrouver, de s'y réunir à lui-même, de s'y posséder et d'y jouir de lui-même." Jouir est donc le propre de l'Esprit. Là où, la jouissance Autre se fait entendre, la jouis sens phallique y déverse son credo. "L'esprit qui entend ainsi l'Esprit absolu est l'esprit subjectif. Il trouve unité dans la détermination de soi-même et celle de l'Autre. Il est universel et son propre objet. Ainsi il se détermine et devient particulier. » Ainsi l'universalité est dualité. "L'un empiète sur l'Autre, le pénètre et en lui revient à soi. L'Autre est son Autre et cet autre, le sien et lui-même font un." two in one, like Libido. Universel et particulier. U. P. Il n'est pas d'universel, qui ne se soutienne d'un particulier qui le nie. Nous dit Lacan. "Che vuoï" se demande l'infans du fond de sa prématurité, qui lui fait pressentir le "qu'on dise" oublié derrière ce qui se dit de ce qu'il entend des dires de sa mère. C'est qu'elle est son Autre, le sien, à qui il peut dés lors s'évertuer à réclamer le sein. Celui qu'à l'instar de "son" placenta, il croyait être sien et qu'il conçoit maintenant bout d'elle-même, objet partiel à lui révéler toute l'ampleur de la fonction de la parole. 9 Voyez comment la pente se fait glissante à psychologiser dans le narratif historisant avec religiosité. Pourtant, il y va bien des effets de métaphorisation du nom du père, selon le désir de la mère. Au nom de quoi, de quelle idée idéale de l'humain va-t-elle donc bien fonder son invite à faire usage de la parole, comme à savoir ce que parler veut dire ? Quelle place va-t-elle laisser libre, pour qu’il y articule sa demande ? "Le signifiant se produisant au lieu de l'Autre, y fait surgir le sujet de l'être qui n'a pas encore la parole, mais c'est au prix de le figer." Nous dit Lacan. L'esprit se perçoit. Perçoit et est perçu. L'Esprit divin perçu est l'esprit objectif passif et celui qui perçoit est l'esprit subjectif actif, qui à percevoir l'Esprit Divin advient "dit vain." L'entendement se fonde de signifiance à l'objectivité passive avant que le raisonnement ne s'en ressaisisse pour la vertreter de sa subjectivité active, qui rétroagit sur sa cause tout juste ébauchée. Et l'on ne sait plus qui, du jugement ou de la métaphore des traditions des nominations paternelles, joue le signifiant absent propre à représenter le sujet, pour tous les autres signifiants qui ruissellent en l'instant. Quoiqu'il en soit les voilà tous deux, lui, le sujet et son Autre bien barré par le manque d'un signifiant, celui du signifiant du manque de signifiant. "Le sujet se réalise dans la perte où il a surgit comme inconscient, par le manque qu'il produit dans l'Autre." dit Lacan dans position de l'inconscient. C'est que pour devenir divin et rencontrer ainsi sa propre essence, l'universel, encore faut-il qu'il est la Foi. Foi non historique, mais Luthérienne réclame Hegel, conscience, aperception du substantiel de l'esprit, certitude immédiate, identité de l'esprit. "L'esprit s'engendre, témoigne de la conscience de son unité avec son objet, en étant lui-même son objet et si la représentation sensible, lui vient de l'extérieur, quoiqu'il en soit, il en témoigne." Dans le savoir absolu, la synthèse est tout autant la thèse que l’antithèse, que la reprise des deux en un. 10 C'est que l'objet phallique n'est pas comme les autres objets, car il s'instruit d'une exigence narcissique dirait Freud. L'auto érotisme narcissique déploie sa spécularité, même si dans les jeux de miroir, il ne sait rien de la dimension qui s'est pour lui inversé. Et il y faut deuil imaginaire, avant qu'il ne tire profit de la différence de point de vue, qui s'ouvre sous ses pas. "Cette aperception de soi-même est la Foi, qui fait se comporter à l'égard de l'Esprit divin, comme vis à vis de soi-même. Elle n'est pas le substantiel objectif de Spinoza, mais la substance qui sait, conscience de Soi, qui se reconnaît dans l'esprit divin et s'y infinitise." Chez Spinoza, le monde exprime Dieu, qui n'est plus transcendant, mais immanent. Dieu est Natura, substantiel objectif, passé au grill de l'humaine subjectivité. L'invite est à la lecture du symptôme. Entre Spinoza et Hegel, doit-on lire que Desargues avait rassemblé l'unité des coniques. En faisant usage de l'algébrisation qu'ouvrait les repères cartésiens à la résolution jusque là géométrique du savoir des Grecs, il réussit par compactification du plan de l'infini sur la sphère, à montrer la parenté entre les objets finis, tels que les cercles et les ellipses et les objets infinis comme les paraboles et les hyperboles, dans la déformation d'un seul et même objet. C'est cette droite infinie, valant cercle et trou, qui permet à la psychanalyse de tenter retrouver la fonction de l'oreille, dans son écoute des cures. Car le "troumatisme" n'est pas ce qui s'ignore de son corps, mais le rapport d'un corps étranger à un trou, celui de ce que parler veut dire, quand les parents ne s'entendent pas crier. Connaître Dieu est quoiqu'il en soit la seule fin de la religion. "La religion est témoignage de l'Esprit où il s'engendre lui-même. L'esprit ramassé sur lui-même s'objective. Dieu Esprit est Amour, s'extériorise et passe dans l'altérité. Alors se présentent toutes les apparences du donné, tout ce qui est historique, positif. Le christ à dit : "Quand je ne serais plus avec vous, l'Esprit vous guidera en toute vérité." Mais aussi "Je suis auprès de vous, tous les jours, jusqu'à la fin du monde." Ainsi dans l'oscillation, l'extériorité 11 doit être écartée. Le personnage n'est plus historique, dans le recueillement, le sentiment de sa présence domine. Celui qui ne parle que de raison finie, humaine, ment à l'encontre de l'Esprit, qui infini, ne se perçoit qu'en lui-même, en son infinité Réelle présente dans la communauté. Hegel en vient maintenant à se pencher sur les rapports de représentation et de pensée. 1° L'Esprit est. L'esprit en se manifestant, se différencie en lui-même, par sa conscience subjective finie. Est fini, ce qui à une limite en l'Autre, là où autre chose commence, là où existe une différence. Mais le différencié est transparent pour l'esprit. Pour lui en fait rien n'est déterminé, nulle différence. L'homme est borné, dépendant, fini, sauf du côté où il est esprit. Pour résoudre cette contradiction, où le sujet cherche en vain au champ de l'Autre, un signifiant qui suffirait à le représenter, sans qu'il y disparaisse d'y être renvoyé à un autre, la logique classique trouve appui de la logique modifié, pour pouvoir poser un principe d'identité. Un jugement qui attribut à l'objet, une propriété qu'il possède effectivement, est un jugement vrai, par définition. Mais c'est la définition du jugement vrai sur laquelle s'appuie le principe d'identité qui est définitive, et non le principe d'identité luimême. La définition du jugement vrai est un principe définitif, parce qu'elle est vraie par elle-même et ne se laisse pas prouver à partir d'un autre jugement, nous dit Lukasiewicz. Ainsi en va-t-il de celui qui dit :"J'entends par jugement vrai, un jugement qui attribut à l'objet la propriété qu'il possède." Il s'attribut la propriété de comprendre quelque chose par le jugement vrai, propriété qu'il possède effectivement, puisqu'il l'affirme par l'énonciation de la définition. Ainsi l'inconscient peut se permettre de méconnaître la négation, pour ne jouer que de littoralité. L'esprit comme objet et son contenu est immanent à l'esprit subjectif, mais spirituellement. 12 L'homme n'est-il pas éclairé par le Saint Esprit, son phosphore inflammable, sous l'autorité de la Foi ? Si la philosophie partage avec la religion la quête de l'essence absolue, celle-ci pour elle, n'est pas extérieur mais intérieur. Là où la religion voit double, dans l'objectivité de la transcendance, la philosophie voit de l'Un, dans sa spiritualité immanente. De même que le contenu substantiel est à l'intérieur du livre, la loi, n'est pas hors individu, mais en constitue l'être véritable, essentiel. L'essence est la substance intime, l'être réel, actuel. Sans ce phosphore de l'esprit, nul sentiment. La religion est la condition de l'individu consistant à appréhender l'identité avec cette essence. Non abstraite, elle est passage de l'existence naturelle vers une conscience pure et spirituelle. Dans l'essence existante de toutes ces matières phénoménales est plongé une essence inessentielle. Ainsi pour la philosophie comme pour la religion, l'existence précède l'essence, là où pour la psychanalyse le jugement d'attribution précède le jugement d'existence. La psychanalyse partage avec la religion, de maintenir entier le champ de l'Autre, ce lieu de la structure du langage, où la seule loi humaine, celle de la parole vient produire ses scansions absolues. Là, le désir tente de se concilier à la loi. Mais là où l'une voit Dieu, dans une vision anthropomorphe, l'autre pressent le Di(eu)re de l'énonciation, oublié derrière les imaginarisations qu'induit le réel incarné de ses énoncés. Car là, l'esprit rationnel concret se renverse lui-même, pour se ressaisir trait d’Esprit. 2° Des manières dont l'esprit est objectif pour soi. Dans la religion l'esprit est sensible, dans l'art, dans la poésie. Il a la Foi. Il est représentation. La pensée, si elle y est mêlée, reste extérieur. On trouve deux moments dans la religion : - Une forme objective. Une détermination de la conscience, où l'esprit essentiel Absolu est comme extérieur à l'esprit subjectif. Il apparaît comme objet historique ou forme de l'art. - Un contenu subjectif, le recueillement. L'esprit ne fait qu'un avec l'objet, L'individu est entièrement pénétré par l'esprit. 13 Dans la philosophie, le même contenu est conçu pensée. La pensée objective perd son objectivité en unifiant contenu et forme. Si dans la religion , l'objectivation de l'Esprit divin, se fait dans l'engendrement du fils par le père, la mêmeté de leur rapport peut être pris sous l'angle de la nature, de la représentation et non de la spiritualité. Pourtant le sens propre à entendre est celui de la forme de la pensée. Ce que nous ne pouvons qu'entendre figure de métaphore. Ainsi philosophie et religion ont même objet, même contenu, même fin. La pulsation serait-elle mieux mises en lumière dans la religion, la disjonction permettant d'y songer ? Temps de pulsation selon le temps logique de la structure fomenté par le transfert analytique, disjonction, béance du réel de ce qui s'entend et conjonction, compactification de ce qui se raisonne et s'énonce. 3° "Qu'il y ait de l'hostilité entre ces deux moments est nécessaire, car à sa première apparition la pensée est abstraite, sa forme n'est pas parachevée." Il en va de même dans la religion. Ayant en soi de la détermination, l'entendement abstrait nie toute détermination concrète en soi et ne conserve de Dieu, que l'Etre suprême abstrait. Un Autre infini. Dieu merci, l'homme n'est qu'un grand prématuré, note la psychanalyse, sans quoi il serait suffisamment achevé, comme une machine, ou mieux, un système expert, pour ne pas se préoccuper d'avoir à parler. Ainsi son Autre, ce lieu en lequel il trouve manque à se représenter, se fait la voix royale de sa psychose ou de sa névrose. Au contraire, la notion concrète n'a rien à voir avec un pareil "caput mortuum", mais bien avec l'esprit concret, actif, vivant, se déterminant en lui-même. Après l'esprit concret, reconnaît dans la religion, la détermination concrète essentielle. Il ne savait pas qu'il était mort ! Pourtant, force est à la fonction en intension de trouver des modes de supports extensionnels pour se faire entendre. 14 Alors le concret n'est pas seulement Dieu, mais le fait qu'il pose à ses cotés un autre lui-même comme esprit. Toutefois dans la religion, le concret ne peut-être connu que par la notion concrète, offrant une possible réconciliation à la raison abstraite qui la combat. Le concret est le général, déterminé en soi, qui contient par suite en soi son Autre. L'esprit est abstrait plus tôt, borné en son abstraction. Il ne se connaît que comme différent et opposé à l'Autre. En devenant concret, spiritualité concrète, il appréhende le substantiel, sa négation, la reprend en lui-même, la reconnaît comme sienne et en cela est affirmatif. C'est qu'il lui faut certes franchir, la forclusion où il est tenté de ne pas se reconnaître dans ce qu'il entend pour ne pas rester enfermé dans l'autisme d'une position où il ne se vivrait pas être parlant. Historiquement la pensée apparaît d'abord intérieurement, à côté des représentations de la religion, sans conscience, puis s'appuyant sur elle-même, elle se fortifie, devient hostile à la religion, refuse d'y voir sa propre notion et ne cherche que soi. Socrate fût accusé d'avoir introduit des Dieux nouveaux et les néoplatoniciens renouant à la réaction, utilisaient les représentations mythologiques en guise de langage imagé dans leur système en y reconnaissant le général. Après les tentatives de forclusion invivable, la dénégation, celle qui le ferait non issu du désir de l'Autre. Déni de la castration symbolique où il sombre dans l'imaginaire de son narcissisme aux parades spéculaires Pour finir, la pensée reconnaît cet Autre et le conçoit moment d'ellemême, Surmoi, qui vient forger ses idéaux. Aussi suis-je tenté de vous proposer deux temps d'ouverture de la structure, selon le champ discursif, où l'on se situe. 15 Religieux, entendement, Philosophie, raisonnement Jouissance Autre, Abstrait. Jouissance phallique, concret Général S1 Particulier S2 Général S1 Particulier S2 L'Autre L'un L'Un L'autre Le divin L'humain L'Etre Le non être Vide d'un : 0 L'hume un : 1 L'hume un : 1 Non un : 2, 3, 4….. De la subjectivité de ce qui s'entend, la castration, à l'objectivité de ce qui se dit, le savoir absolu. De la Mère au Père-fils en oubliant le dire oublié, c'était une fille. Dans la religion chrétienne, la pensée est d'abord lié à la forme et donc aux dogmes des Pères de l'Eglise. Elle ne deviendra système qu'aux mains des pères philosophes. Luther en fixera la présomption absolue. Ce n'est qu'après qu'apparaît l'opposition Foi Raison. Ensuite la pensée se parachève, notion concrète de l'esprit, rendant justice à la religion et dirige sa polémique contre la pensée abstraite. Elle accède ainsi à la spiritualité concrète. La philosophie parachève la notion au point de comprendre le contenu de la religion, l'élément spéculatif, les mystères, mystérieux pour l'entendement, non pour la Raison. Car ils sont le rationnel au sens du spéculatif, de la notion concrète. Les différentes dimensions, du point, de la ligne, des surfaces et des volumes, qui président au triangle de Pascal, s'initient-elles du un ou du zéro, interroge J. M. Vappereau ? Celui-ci ne fut introduit dans l'arithmétique que bien plus tard, après la fin de la philosophie dans le savoir absolu Hégélien. Depuis il préside à notre univers Booléen. Lacan en aurait-il fait de même avec l'inconscient découvert par Freud? En a-t-il fixé la présomption absolue ? "La vérité n'est rien d'autre que ce dont le savoir ne peut apprendre qu'il le sait, qu'à faire agir son ignorance." Le savoir absolu se fait la conjonction du symbolique avec un Réel dont il n'y a plus rien à attendre, puisque le sujet est déjà là, hypothèse du procès et de tout le procès lui-même. Véritable ruse de la raison où le sujet absolu, le sujet de la science, dés l'origine et jusqu'au bout, sait ce qu'il veut, avant que son refoulement ne lui fasse retour dans son rapport au sexe. 16 Mais la philosophie s'oppose au rationalisme dans la théologie moderne, car en fait de raison, elle n'y trouve que pensée autonome abstraite, dont le raisonnement rend le ciel vide en rabaissant le divin à n'être que caput mortuum. Dés lors au rationalisme en religion, va venir s'opposer le supranaturalisme , qui ne diffère de la philosophie, qu'à n'admettre pour son authenticité, que l'autorité positive. Si la religion ne comprend pas la philosophie, la philosophie, elle, comprend la religion. L'Esprit absolu doit exister, car la religion est la forme de la conscience du vrai, comme il en est pour tous les hommes. Trois temps : 1. Perception sensible. 2. Introduction en celle-ci de la forme du général, de la réflexion, de la pensée abstraite, pleine d'extériorité et commune à tous les hommes. Ainsi la conscience du vrai en soi, doit prendre la forme de la religion. 3. L'homme spécule sur le vrai. La philosophie moderne est né dans le monde chrétien, l'esprit y est un. Dés lors la forme particulière de la religion, que constitue le protestantisme est nécessaire à appréhender l'essence de l'esprit universel, sous la forme de la conscience représentative, qui s'arrête à l'extérieur. Elle contient tout ce qui est mythique, historique, toute la partie positive, qui donne accès à l'intelligibilité, à l'objectivation pour la conscience, de l'essence renfermé dans le témoignage de l'Esprit. Représentation de l'être là sensible et pensée raisonnable. Ainsi peut-on entendre le sens opposé des flèches sur le schéma L de Lacan. Entre ce qui émane de la perception sensible et la signifiance qui émane du champ de l'Autre. Suis-je une femme psychotique, dont le désir ne mène qu'aux enfantements machiniques ou bien suis-je un homme névrotique, qui oublie son désir aux mirages instinctuels de ses peurs ancestrales ? Sous la gouverne de quel Autre, ai-je été initié à pressentir ce que parler peut bien vouloir dire ? Et si ma nature de parlettres m'envoûte du miracle de mon advenu passive en système expert, comment franchirais-je les béances que ma nature active de parl'être ouvre sous mes pas ? Tel est bien l'enjeu de ce dont vient témoigner une cure, soutenu ou non, selon la théorie que chacun se fait du transfert. 17 Loin d’une pensée rabattue sur le binaire, il paraît plus sûr de lire ici, les trois temps logique du constat, du comprendre et du conclure, ouvrant la perspective à un nouage boroméen du Réel, du Symbolique et de l’Imaginaire. 4. Autorité et Liberté. La philosophie est pensée libre et non autorité. Elle réclame assentiment. Ce dont la pensée s'est rendue consciente, la raison veut donner son assentiment à tout. Ainsi dans le protestantisme, la religion doit résulter de la conviction personnelle et non de l'autorité seule. La théologie se doit d'y être science de la connaissance de Dieu et du rapport de l'homme à Dieu. Car si la religion s'appuie sur l'autorité et qu'elle est par conséquent positive, elle exige que l'homme adore Dieu en esprit. La conviction personnel se fait donc commune à la philosophie. Mais la vérité dans la religion exige absolument le témoignage de l'esprit. L'esprit fonde la vérité dit le christ. Le témoignage renferme la liberté de l'esprit, ce qu'il tient pour vrai. Mais la psychanalyse nous apprend que la raison se fait volontiers Surmoi féroce, qui n'hésite pas à abuser du caractère universellement assertif de ces préceptes. "Dieu existe en chair et en os" si et seulement si "Dieu existe en chair et en os". Dés lors averti par Tarsky sur le savoir absolu Hégélien, la psychanalyse, loin de juger du vrai et du faux de ses témoignages, se contente de tenir pour irréfutable, qu'ils aient été dit, afin d’inviter à y relever l'arithmétique de la grammaire, qui préside aux homophonies de leur logique. Car ne nous y trompons pas, le moyen de la Foi, de la conviction n'est autre que l'instruction, l'éducation, l'assimilation des concepts, nous dirait un catégoritien, comme R. Guitart. La Foi en la vérité, doit être la conviction en la vérité, poursuit Hegel. Ce qui fait autorité, c'est un fait de conscience. La connaissance de Dieu, nous est si immédiate, qu'elle en devient l'Autorité intérieure de la conscience. Si je l'ai découvert, c'est que c'est vrai. Au point que Saint Mathieu préfère affirmer que "les mauvaises pensées viennent 18 du cœur." Car diantre, peut-on tenir le principe de la révélation intérieure pour vrai, s'il peut justifier tout forfait ? Et voilà que nos idées de Dieu et de l'état, nous détermine dans la représentation qu'on se fait des temps comme de l'époque. Comment parvenir à la notion de la pensée libre, si la conviction personnel n'est pas affranchie de l'autorité ? Comment la philosophie, selon sa fin absolue, peut-elle rendre enfin possible une réconciliation à l'autorité de la religion, tout en préservant satisfaction à sa raison ? Car le besoin de la philosophie et de la religion sont, like libido, two in one, une seule et même chose, rechercher ce qui est vrai. Pourtant si chacune, à sa façon, trouve dans le penser, la chose la plus intime et unique à se satisfaire en elle-même, comment la Raison peutelle admettre une satisfaction qui lui serait opposée ? Les bûchers eux-mêmes, n'ont-ils pas prouvé la conviction que la pensée quand elle s'éveille ne saurait renoncer à la liberté ? La Raison pourrait-elle tolérer quelque chose, qui lui soit supérieur ? Bien sûr, nous autres de la psychanalyse, savons bien qu'elle n'a d'autres choix, que de se plier à la structure de lent gage, qui cause pour elle et la cause. Pourquoi la religion ne renoncerait-elle pas à la positivité, qui concerne seulement la forme, l'élément historique et mythique, en lui donnant la forme de la pensée, d'entendement parfait ? Car déjà, pour ne pas renoncer à son contenu, la religion préfère s'en tenir aux sentiments. Il n'y a rien à savoir, rien à connaître. Et si la Raison ne peut-être satisfaite, la pensée ne s'oppose pas au sentiment conscient de lui-même. Ainsi l'entendement éclairé ne réclame que l'abstrait. Cependant pour rester concrète, la religion chrétienne doit être dogmatique, car elle se doit d'annoncer la révélation divine et la connaissance de ce que Dieu est. Mais l'entendement abstrait l'a vidé jusqu'à produire une théologie rationnelle, sans rapport avec la notion rationnelle, qui en présentant produit par elle-même le contenu concret de la religion et le justifiant en soi, le connaît comme pensée, purifiée des différentes représentations sensibles. Ainsi, si la Raison concrète s'oppose à l'entendement abstrait, le protestantisme réconcilie la représentation religieuse avec la vérité, sous la forme que développe la Raison. 19 Et l'on peut suivre au nouveau monde comment la Raison mène son monde. L'ascèse monastique des textes s'y est transmuté ascèse mondaine des métiers, puis de la réussite, avant de finir ascèse du pur profits en toute mondanité ! Mafias abstraites et sectes concrètes ! Un dénommé Bush, ne peut y être que prédestiné, puisqu'il est incontestablement powerfull. Que voulez-vous, c'est que la constitution des états se fonde sur la manière dont l'esprit comprend son rapport à la liberté. L'essence de l'état consiste en ce que la volonté, en soi et pour soi raisonnable, universelle en soi et pour soi, que cet universel, ce substantiel de la volonté soit Réel. La loi exprime ce qui est raisonnable en ce qui concerne la volonté. Ainsi la conscience qu'un peuple à de sa liberté s'instruit de l'idée que l'état et le peuple se font de Dieu. Ni en Grèce, ni à Rome, n'a pu se produire la philosophie du droit, qui naquit au sein du christianisme. Si la sainte religion occupe le divin, l'état occupe le séculier. Or le droit raisonnable se rapportant à la vérité doit donc être en parfait accord avec la vérité en religion et en philosophie. Force est de concilier règne spirituel et profane. La philosophie grec ne pouvait se produire en orient où le principe de liberté n'était pas encore celui du droit. Ainsi naquirent les théocraties orientales. Là, la liberté subjective, morale, le droit et la volonté sont perdus, car là, la religion s'y est fixé elle-même, subordonnant la liberté séculière sur le même mode négatif, que la caste ecclésiale romaine vis à vis des laïques. Le monde séculier est mauvais. Quand la religion se tient à l'écart, pour soi et regarde la vérité, comme une chose qui ne saurait être immanente à la liberté humaine, elle la nie. Le rejet par les prosélytes de l'intégrisme des caricatures du prophètes n'en sont-elles pas la plus parfaite illustration ? La philosophie, elle, est une pensée immanente, actuelle, présente, elle contient dans les sujets, la présence de la liberté. Car ce qui est pensé relève de la liberté humaine. 20 Mais ne nous y trompons pas la liberté n'est pas comme le réclame l'Europe celle de penser, car même si le sujet computeurisé par le productivisme scientificisé en est privé, on à jamais vu quiconque empêcher quiconque de penser. La liberté est avant tout celle de pouvoir parler. C'est dans les contextes où la parole se voit usurper, que s'écrivent les bibles, comme ultime tentative de préserver quelques transmissions, Au-delà des générations sacrifiés. La philosophie exige que le divin soit présent dans le monde séculier, que ce qui est morale, honnête, soit présent dans la réalité de la liberté. Pour autant, elle ne peut laisser s'évaporer le divin dans le sentiment et les éffluves de la dévotion. Sagesse du monde, elle se range au côté de l'état, contre les prétentions de la domination religieuse, comme contre l'arbitraire et la nature contingente du pouvoir séculier. Elle rend conscient le divin, c'est à dire le substantiel de la constitution de l'état. Ainsi a-t-on vu fleurir les rois philosophes, qui prétendait gouverner le monde de leur absolu rationalité. Mais est-elle bien pour autant sagesse du monde, quand la psychanalyse révèle la méconnaissance où elle se tient, celle d'un sujet éternellement soumis à la castration, éternellement divisé par le rapport où il s'entretient à la structure de langage qui le cause, éternellement raturer par le désir de l'Autre, qui lui sert d'instance de reconnaissance ? Sans doute y faut-il au moins une cure pour en assumer l'universel oedipianité. Sans doute y faut-il plus d'une cure pour en soutenir l'universel désêtre. Sans doute y faut-il plus de mille et une sagesse, pour en projeter, au-delà de la croyance, l'universel béance au fondement d'une possible société plus douce et joyeuse. Chacun étant dépositaire du mana et non propriétaire et la monnaie primitive ne mesurant pas les choses mais les personnes, comme nous le rappelait récemment ici même L.G.Papon, je vous proposerais pour conclure quelques traits fondamentaux. 21 Religion Judaïsme Catholicisme Islamisme Protestantisme Pensée logique Mathématique Psychanalyse Cybernétique Incorporation Révélation Incarnation Illumination Prédestination Prédication L'assimilation La répétition La cognition Dieu Moïse Jésus Mahomet Luther Bush Logos Pythagore Freud Wiener L'Esprit Saint La voix Le verbe L'image Moi L'absolu Le logarythme L'inconscient a L'auto-gouverne @ Etant entendu que cette derniére se dissout leurre, à l'épreuve du langage. Ou bien encore en structure hectadique : Parents Père Homme Fils Rite Mère Femme Fille Enfants Dieu Lithurgie Révélation Rituel Divinité Foi Recueillement Etant entendu que le bonheur n'est pas harmonie parfaite, Dieu est la structure du lent gage, incirconscriptible. Le bon-heurt est le rythme de la pulsation, la divinité est la fonction de la parole, circonscriptible. Et maintenant à vous de compléter ! 22