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Ancrage des religions dans le corps.
Colloque dimensions de la psychanalyse - Psychanalyse actuelle.
Paris le 18 03 06
Frédéric NATHAN-MURAT
06 80 90 99 65
La psychanalyse peut-elle réussir, là où la religion échoue ?
La révélation est-elle une incorporation ?
La religion, c'est donner sens aux choses naturelles, nous dit Lacan
dans son texte sur les trois religions. Sens de la vie, jusqu'au réel de la
science qui y confère sa truculence.
La psychanalyse est corrélative du discours de la science. Elle se fait
symptôme du malaise dans la culture, ce qu'il y a de plus Réel, que
toutes les fausses religions tentent de recouvrir de sens.
La vraie religion, c'est la romaine, la chrétienne, qui veut toujours
donner plus de sens, jusqu'à faire tout correspondre à tout. Elle irait
même jusqu'à prétendre éradiquer le symptôme et guérir l'humanité de
la psychanalyse tant sa croyance en la volonté de Dieu sert d'asile à
son ignorance.
Dieu merci, l'inconscient s'impose selon son fondement, symptôme, ce
qui ne va pas, ce qui cloche et entretient malentendu.
Car le parl'être exprime l'imprévu, l'inexpiable, le sexuel.
Les histoires juives ne s'y trompent pas, qui laisse le verbe en
goguette, avant tout commencement, au risque bien sûr d'entendre
Dieu hurler ses semonces quand il est en proie à l'exaspération.
Mais dans la vraie religion, catholique et romaine, Dieu le père crée
d'abord le monde et éludant d'offrir le verbe à Adam, il se contente de
lui apprendre à nommer. Le drame commence seulement quand le
verbe s'incarne, car de trop faire jouir, il induit des ravages.
Le Réel, on ne l'imagine pas, on s'y sacrifie, comme à un Dieu obscur,
un Autre, dans l'amour intellectuel de Dieu, cet universel du signifiant,
dans le détachement, la transcendance du désir, cette essence de
l'homme.
C'est que le désir, le salut voudrait tant s'y soustraire, même s'il faut
aller le forclore dans le Réel symptomatique des sectes.
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Avec la psychanalyse, le Réel, le symptôme, on s'y habitue, car la
sexualité est définitivement sans espoir, précise Lacan. Au mieux fait-
on converger le réel et le transcendant dans un acte de Foi-re.
Le Réel est-il le rapport des non-rapports, s'interroge Wittgenstein ?
Pour nous permettre d'avancer aujourd'hui sur des questions comme
celles concernant la nature de l'Autre, le rapport pulsatile
transcendance immanence, extrinsèque intrinsèque, structure histoire,
dans le champ de la religion, de la philosophie et de la psychanalyse,
je m'appuierais sur la lecture d'un article de Hegel dans son ouvrage
posthume d'histoire de la philosophie, où il met celle-ci
en perspective avec la religion, choisissant de délaisser en la
circonstance, d’autres tisseurs de ses champs, tels que les kabbalistes
ou les soufis.
Ce qu'il veut prendre en compte est une conception du déploiement
historique de la rationalité objective, celle qu'il veut Raison historique,
telle qu'elle s'enracine dans l'anhistoricité du penser subjectif de la
Raison humaine. Car pour lui l'idée universelle se tient derrière à
l'abri, ruse de la raison, qui laisse agir à sa place les passions, par quoi
elle parvient à l'existence qui subit des dommages.
L'intension, fonction toujours immuable, ne se saisit que dans ses
parcours extensionnels.
Si le sujet dés l'origine et jusqu'au bout, y sait ce qu'il veut, nous dit
Lacan dans position de l'inconscient, il est à entendre sujet de la
méconnaissance, joué par la ruse de la Raison, celle qui porte en elle
l'effet de langage, ce ver de la cause qui le refend.
Loin de tout signifiant, pas de sujet dans le Réel.
Car le désir se noue au désir de l'Autre, en cette boucle gît le savoir,
serait la leçon de Freud. Là où l'objet se fait le prototype de la
signifiance du corps comme enjeu de l'être.
La psychanalyse implique le Réel du corps et l'imaginaire de son
schéma mental, car la métaphore déconnecte la chose de son cri et
élève le signe à la fonction de signifiant, comme la réalité à la
sophistique de la signification.
L'Autre se fait pur sujet de la stratégie des jeux, hors de toute
aliénation subjective, combinatoire dont l'exhaustion serait possible.
Serait-il Raison pure ? Mais avançons avec Hegel.
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Nous ne sommes que successions de traditions et de réflexions
politiques. Les progrès des sciences, nous éclairent sur les variations
des lois primitives de la nature. "La vie est action et l'action a devant
soi une matière qui est son objet, qu'elle travaille et transforme."
Ainsi la science d'une génération constitue l'âme de la suivante, la
substance spirituelle de ses habitudes, de ses principes, de ses
préjugés, de sa richesse.
"Ce que nous produisons présuppose essentiellement un existant.
Notre philosophie est cet enchaînement et en est nécessairement
dérivé." La philosophie est la science des pensées nécessaires dont
l'enchaînement et le système est la connaissance de ce qui est vrai et
pour cette raison éternelle et impérissable.
L'histoire, elle est notre devenir, elle est contingente, passagère et
passé. Comment concilier chose si hétérogène, s'interroge-t-il ?
Surtout quand cette dernière se faisant singulière, il faut aller pister
avec la psychanalyse les lois de la pensée advenue nécessairement vrai
à la conviction d'un sujet.
Car, loin d’une ontologie déjà là, le Moi n’est que le jouet
fantasmatique des transferts de ses demandes d’amour, qui quand il
transcende son cadre et se libère de la préoccupation de sa saisie
objectale, n’est plus que désir en acte. Comment va donc se fermer
l'appareil psychique, qui ne peut se contenter avec son temps logique
de trop de continuité chronologique ?
Au début de son article Hegel pose des identités. Entre religion et
science, le formel, même si elles ne sont pas toujours d'accord sur les
forces et causes qui président à la matière. Entre la religion et la
philosophie, le substantiel, Dieu, l'Esprit, l'Absolu. Car le substantiel
qui meut et résiste, se constitue pensée.
Quoiqu'il en soit toutes se rejoignent, dans leur souhait de
connaissance de l'essence du monde, de la vérité, de l'idée absolue.
Mais, il faudra attendre la philosophie scolastique, pour s'autoriser à
aller chercher dans l'observation de la nature, les causes générales
dernières des choses.
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Car après tout, la philosophie acquise par l'expérience des sens
propres est celle que l'on considère vraie, dont le témoignage est
certain.
Ainsi le grand Newton lui-même conclut à la loi de la gravitation
universelle, en couplant la loi d'inertie observée par Galilée, un corps
en mouvement non dérangé file tout droit, à celle des élipses célestes
observés par Kepler.
Mais alors Dieu ayant institué l'Autorité et les Rois selon la loi
mosaïque étant les oints du seigneur, que faire de cette pensée, qui de
prétendre être vrai de résider dans l'entendement humain, prétend tout
réformer ? Car voilà que la philosophie se voulant sagesse du monde,
ne s'en tient plus aux objets intérieurs, mais prétend s'occuper des
choses terrestres finies, même si ayant même fin que la religion, le
monde reste concrètement déterminé par l'idée divine.
Oui que faire quand tout énoncé d'Autorité ne trouve d'autre garantie
que l'autorité de son énonciation même ? Et qu'il n'y a pas d'Autre de
l'Autre ?
En Angleterre, la philosophie devint très vite science de la nature, au
point que baromètres et thermomètres sont appelés instruments
philosophiques s'amuse Hegel, au point qu'elle s'intéresse maintenant
à l'économie politique avec Adam Smith et sous couvert de principe
généraux à l'administration de l'état.
En Allemagne, la philosophie, loin de ces sciences particulières et
empiriques, se concentre plutôt sur le rapport de l'entendement, qui de
la cause implique l'effet, chacun restant autonomes vis à vis de l'autre
( et sans rétroaction de l'effet sur sa cause comme en témoigne
l'inconscient.) C'est qu'elle est attachée à l'école ionienne où Thalés
voulait expliquer les éclipses et Pythagore l'harmonie des sons.
C'est qu'ils pensaient voir l'empyrée, le feu éternel, dans le produit de
leurs réflexions, qui dépassaient la connaissance sensible et ne se
contentaient pas comme les mythes d'être issus de la fantaisie.
L'entendement des lois générales se garderaient ainsi des effluves
imaginaires de la sensibilité, même si par-là, il s'opposait à l'unité
immédiate de la nature et de l'esprit, comme à la pure extériorité de sa
détermination concrète.
Avec la Renaissance, la philosophie s'attaque autant à la nature, qu'à la
moralité ou à l'état. Hobbes, Descartes, les idées générales de la
métaphysique rebondissent dans les matières empiriques.
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Jusqu'à Spinoza, qui dans son Ethique s'en prend conjointement à la
connaissance de Dieu et de la nature.
Ainsi à l'Autorité ecclésiale qui légiférait Droit public et privé, se voit
substitué une théologie et une jurisprudence devenues sciences
positives.
Dans le même temps la religion lâchait les influences planétaires et les
reliques, pour laisser la guérison aux yeux des médecins, qui
commençaient à cerner les lois du général au sein de l'être immédiat
des objets de leurs observations. Ainsi l'être malade advint objet des
soins du regard panoptique de la science.
Et comme il fallait justifier maintenant le pouvoir des princes par
d'autres biais que d'Autorité Divine, on posa comme principe la liberté
de l'homme et de la Raison Humaine au fondement de la société
humaine.
Ainsi la Sagesse du Savoir venait faire la morale à la vérité révélée.
Tout ce qui à valeur pour l'homme ne peut que se trouver dans sa
pensée propre. Au point qu'atteignant à la fiction Idéale de sa
fantaisie, personne ne pouvait prétendre penser pour un autre, ouvrant
une voix de méconnaissance royale à la Démagogie, cette reine de la
séduction, cette reine de la suggestion.
Et la philosophie convolait maintenant en justes noces avec la science
dont elle enfentait (trop joli, je le laisse) aussitôt le Moi pour
fondement de la généralité (de leur rapport).
La philosophie se veut savoir comme tel, replié sur lui-même, qui
s'appuie sur la connaissance de l'Esprit et ne s'en tient à aucun donné.
L'esprit et un moment de symptôme entre la philosophie et le savoir.
Pour la religion, il ne s'agit là que de connaissance finie détachée de
l'Esprit de Dieu.
Qui donc lui jetterait la première pierre ? Comment dans le
malentendu révélé des parents, retrouver les petits cailloux qui
pourraient venir éclairer l'infans traumatisé sur ce que parler veut dire.
Et si tant est qu'il en capture la question, comment dans l'agressivité
de l'idéalisation de cette capture, qui réclame scripturalité, écriture, n'y
réagira-t-il pas, à voir la loi s'évanouir sous ses pas qui échouent à
inscrire ce qu'il à lu et qui nourrit sa terreur.
L'animalité phallique en acte, non négativable, impose ses paroles
comme des ordres, celui qui parle commande nous rappelle Brice
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