
II. II. Quelles sont les caractéristiques du chômage en France ?
A. Les facteurs d’inégalités face au chômage
Le chômage frappe toutes les catégories de population active, mais certaines plus que d’autres.
Les facteurs d’inégalités sont :
– le sexe : les femmes sont davantage touchées par le chômage que les hommes, même si l’écart a tendance à se
réduire ;
– l’âge : les jeunes subissent davantage le chômage que les seniors. Le taux de chômage des moins de 25 ans atteint
presque 23 % en mars 2012 (contre moins de 9 % pour les 25-49 ans). De plus, les jeunes sont les premiers concernés
par les emplois précaires ;
– la catégorie socioprofessionnelle : les ouvriers non qualifiés (18,5 %) connaissent plus de chômage que les cadres
(3,8 %).
B. Le chômage de longue durée
Autre spécificité du chômage en France, la détérioration du marché du travail s’est traduite par une augmentation du
poids des chômeurs de longue durée (plus d’un an). En 2011, 41,5 % de la population au chômage l’est depuis plus
d’un an, contre 37,8 % en 2008.
Il touche particulièrement les seniors, qui éprouvent plus de difficultés à retrouver un emploi après un licenciement :
57,9 % des chômeurs de plus de 50 ans le sont depuis plus d’un an.
III. Quelle est l’origine du chômage ?
A. Le chômage conjoncturel
Le chômage conjoncturel est causé par un ralentissement temporaire de l’activité économique. Il est donc lié à la
situation économique du moment (la « conjoncture »).
En effet, une insuffisance de la demande qui s’adresse aux entreprises freine l’offre des entreprises qui n’auront pas
intérêt à produire plus que ce niveau de demande car elles n’écouleront pas leur production. Elles devront donc réduire
la quantité de facteurs de production utilisés, et notamment le facteur travail. Ainsi, l’insuffisance de l’activité
économique explique la progression du chômage (ex. : les plans sociaux chez PSA en 2012).
À l’inverse, lorsque la croissance repart, le chômage conjoncturel diminue.
B. Le chômage structurel
Le chômage structurel découle de déséquilibres structurels de l’économie : déséquilibres régionaux, inadaptation des
qualifications, déclin d’activités traditionnelles, etc. Il s’agit d’un chômage qui perdure sur le long terme.
Les causes de ce type de chômage sont diverses. On retiendra essentiellement deux explications :
– l’inadéquation qualitative entre l’offre et la demande de travail : des offres d’emploi demeurent insatisfaites faute de
pouvoir trouver sur le marché du travail les individus possédant les compétences recherchées. Par exemple, les
périodes de mutation industrielle ont entraîné le déclin de certains secteurs au profit de nouveaux secteurs en
développement nécessitant de nouvelles qualifications. Or, l’offre de travail des secteurs sinistrés ne correspond pas,
d’un point de vue qualitatif, à la demande nouvelle de travail et crée un chômage durable. Ce fut le cas du secteur
textile traditionnel en France ;
– l’insuffisante flexibilité du marché du travail, qui se manifeste par la rigidité des salaires à la baisse et une législation
protectrice de l’emploi.
En effet, le coût du travail n’a cessé de croître depuis la Seconde Guerre mondiale, en raison d’une progression rapide
des salaires et des cotisations sociales. Pour limiter leurs coûts, les entreprises peuvent être tentées de restreindre leurs
effectifs ou de substituer du capital au travail, voire de délocaliser tout ou partie de leur production.
Le Smic (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) constitue ainsi un plancher qui limite la flexibilité des
salaires, et donc le nombre d’emplois proposés par les entreprises.
De même, un droit social très protecteur, par exemple sur les autorisations de licenciement, peut aboutir, par les
contraintes qu’il exerce sur la gestion de l’emploi, à freiner l’embauche de crainte de difficultés à licencier en cas de
retournement conjoncturel ou d’échec d’un projet économique.