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DÉFINITIONS POUR LA SURVEILLANCE
DES INFECTIONS NOSOCOMIALES
EN SOINS DE LONGUE DURÉE
FÉVRIER 2013
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Rédigé par les membres du regroupement en CHSLD de Montréal :
Mme Nicole Bélanger
Mme Julie Carbonneau
Mme Françoise Côté
M. Gabriel Cragnolini
Mme Chantale Duchesne
Mme Gabriela Filip
Mme Chantale Gouin
Mme Marie Lahaye
Mme Michèle Lapointe
Mme Nathalie Laperrière
Mme Louise Lebel
Mme Linda Lecavalier
Mme Lyse Lépine
Mme Chantale Letellier
Mme Christiane Morissette
Mme Johanne Saulnier
M. Michel Sénécal
Mme Isabelle Thibeault
Sous la coordination Direction de santé publique de Montréal :
Dre Renée Paré, Médecin-conseil
M. Guy Lapierre, conseiller en PCI
Mme Chantal Soucy, coordonnatrice de l’équipe IN
Mme Josiane Letourneau, coordonnatrice de l’équipe IN (ad 2009)
Révision 2012
Dre Cat Tuong Nguyen, résidente en santé communautaire, Direction de santé publique de Montréal
Dre Renée Paré Médecin-conseil
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INTRODUCTION
La surveillance constitue la pierre angulaire d’un programme de prévention et contrôle des infections. En 1985, l’étude SENIC (Study
on Efficacy of Nosocomial Infection Control) démontrait que la surveillance des infections nosocomiales est un des éléments essentiels à leur
réduction. Au cours des vingt dernières années, de nombreuses publications ont continué à démontrer les bienfaits de la surveillance des
infections nosocomiales. De plus, la mise en place d’activités de surveillance en CHSLD en CSSS ou hors CSSS s’inscrit à l’action 5 du plan
d’action 2010-2015 du document du ministère de la santé et des services sociaux Prévention et contrôle des infections nosocomiales.
Il est essentiel dans un premier temps d’adopter des définitions de cas qui soient uniformes, et ce, pour tout programme de surveillance
des infections nosocomiales1. Ceci permet d’avoir une compréhension commune de ce qui est à surveiller et assure une certaine qualité des
données recueillies. Ces définitions communes et comparables aux données de la littérature peuvent permettre de reconnaître une situation
inhabituelle ou à risque plus rapidement qu’avec une simple surveillance locale. La comparaison avec les données de la littérature permet de
s’ajuster localement en vue d’offrir une qualité de soins. Elle permet d’enclencher l’analyse d’une situation reconnue à risque en vue
d’identifier les mesures de prévention et les correctifs à instaurer. Elle permet aussi de se donner des jalons étalonnés et réalistes en ce qui a
trait à l’incidence ou à la mortalité attendue en CHSLD selon les années de surveillance et de reconnaître ses succès.
Voici pourquoi le regroupement des infirmières en prévention et contrôle des infections en CHSLD à Montréal (RIPIC) a décidé de se
doter de critères communs de surveillance des infections nosocomiales en 2008 en se basant sur la littérature spécifique aux établissements de
soins de longue durée en plus de la littérature portant sur les définitions générales de surveillance pour compléter le diagnostic médical et les
résultats de laboratoire existants déjà localement. Ce document émane d’une mise à jour d’un document de travail du RIPIC «Critères de
surveillance des infections nosocomiales en soins de longue durée» en évolution depuis 2008 en se basant sur une littérature revisitée
récemment en 2012 concernant la surveillance en CHSLD et au Québec. Les changements apportés ajoutent des critères para cliniques
reconnus dans la littérature ou des spécificités qui tiennent compte des programmes de surveillance québécois.
Le choix des infections surveillées de façon étroite et les modalités de la surveillance locale appartiennent aux établissements, sauf pour
les maladies à déclaration obligatoire ou les programmes de signalement volontaire du Québec ou programmes adoptés régionalement ou par le
RIPIC.
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CONTEXTE
Selon Droz, Sax et Pittet2 les infections nosocomiales en centres de soins de longue durée peuvent être regroupées en quatre grandes
catégories : les infections respiratoires, les infections urinaires, les infections de la peau et des tissus mous et les infections du tractus gastro-
intestinal. Les facteurs de risques associés à l’incidence d’une infection nosocomiale auprès de cette clientèle sont :
o Les déficits fonctionnels (ex. : démence, incontinence, dépendance pour les AVQ et les soins);
o Les maladies sous-jacentes sévères;
o Les plaies cutanées;
o Les procédures invasives (exemple : insertion de cathéters urinaire ou vasculaire);
o L’exposition actuelle ou récente aux antibiotiques;
o Le haut degré de dépendance;
o La présence de nombreuses comorbidités.
Toujours selon les mêmes auteurs, les critères diagnostics des infections nosocomiales développés par les « Centers for Disease Control
(CDC) » le sont pour une population plus jeune avec moins de comorbidités, et ne correspondent pas toujours aux signes et symptômes
observés chez la personne âgée. La présentation clinique des maladies infectieuses chez la personne âgée peut être atypique : réponse fébrile
diminuée ou absente, signes locaux frustes, chute ou état confusionnel. Les examens plus poussés de laboratoire ou de radiologie, en plus d’être
restreints dans un établissement de soins de longue durée, sont d’une utilité limitée, un résultat positif chez une personne âgée n’indiquant pas
toujours une infection. Ainsi, une culture d’urine positive ne démontre pas nécessairement une infection chez une personne asymptomatique 2,3,
4,5 Il est plus utile d’orienter les définitions de surveillance sur les signes et symptômes cliniques et les observations des infirmières selon les
critères développés par McGeer et coll.6 Il serait judicieux de joindre à ces critères les nouvelles recommandations de l’Infectious Disease
Society of America (High, et coll.) 3 sur l’évaluation de la fièvre et de l’infection chez les résidents de soins de longue durée. Selon ces
recommandations, deux principaux critères peuvent alerter les praticiens de la présence d’une infection sous-jacente chez le résident âgé. Ces
deux critères sont : 1) une détérioration du statut physique ou cognitif (ex. : Confusion nouvelle ou augmentée, incontinence, chute,
détérioration de la mobilité, diminution de l’appétit, diminution de la coopération avec le personnel); et 2) une fièvre qui est définie soit
comme : (1) lecture unique de la température orale > 37.8 °C ou rectale de 38 °C; (2) plusieurs lectures de température orale >37.2 °C ou
rectale > 37.5 °C; (3) une augmentation de la température de base de >1.1 °C à partir de n’importe quel site (e.g. buccal, rectal, tympanique,
axillaire) 3.
De plus, des publications plus récentes (Stone et colll., AMMIQ et AIPI) parues en 2012 ont revu les définitions de surveillance en y incluant
des critères objectifs très précis qui ont été inclus dans cette dernière version du document gional. Ces dernières modifications rendent nos
définitions beaucoup plus spécifiques et le plus souvent confirmées par un test diagnostique ou un diagnostic médical.
Ces définitions de surveillance ne remettent absolument pas en cause les diagnostics médicaux s’appuyant sur des données cliniques sans
confirmation par des tests para cliniques tel que requis pour les données spécifiques de surveillance. Un traitement adéquatement initié selon un
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diagnostic médical bien appuyé cliniquement pourra même empêcher l’obtention de spécimens cliniques qui serait requis dans le cadre d’une
surveillance. Ces situations se produisent souvent en CHSLD et en clinique dans la communauté (ex. : pneumonie ou infection urinaire traitée
empiriquement selon symptômes pathognomoniques).
Il est d’ailleurs aussi à noter que ces définitions de surveillance épidémiologique très spécifiques ne sont pas des définitions à utiliser en vue de
l’application des mesures de prévention des infections. Il faut toujours se rappeler que l’application rapide des mesures de prévention
commande une grande sensibilité non spécifique afin d’identifier les premiers symptômes ou signes d’une possible infection (annexe 2). Cest
ainsi que des mesures de prévention appliquées dès les premiers symptômes chez un résidant selon un pathogène suspecté pourront être
cessées. Mais sans cette rapidité d’application de mesures avant d’être sûr qu’elles soient requises, on pourra difficilement contribuer à
diminuer la transmission.
Ce n’est que par la suite, après confirmation de la condition infectieuse, que les données spécifiques de surveillance recueillies localement
pourront être comparées avec les données disponibles de surveillance locale, régionale, provinciale ou de la littérature et permettre d’identifier
des succès comme des situations problématiques. Elles pourront aussi être mises en contexte avec des audits sur l’application de mesures de
prévention ou de techniques de soins pour analyser les correctifs à apporter ou non aux pratiques locales.
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