La Croix 1er décembre 2012
Benoît XVI se félicite de la place des laïcs dans l’Église en France
C’est par un discours très structuré, ce vendredi 30 novembre à 11 heures, que Benoît XVI a
choisi de conclure la visite ad limina des évêques français à Rome, débutée le 20 septembre,
qui se conclut ces jours-ci avec les 35 évêques des cinq provinces du Sud-Est.
Le pape se félicite notamment de l’action des laïcs, « visage du monde dans l’Église et en
même temps visage de l’Église dans le monde » et souligne la place de l'enseignement
catholique.
« Vous voulez entendre nos questions, et nous comprenons que ce sont aussi les vôtres. » Par ces mots, le
cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a débuté son adresse à Benoît XVI, ce vendredi
30 novembre à 11 heures dans la salle du Consistoire, au Vatican. Significatives du climat général de cette
visite ad limina , elles ont permis au primat des Gaules de rappeler les difficultés propres à l’Église en France :
« Dans nos diocèses, la situation n’est pas toujours facile. La charge confiée nous paraît parfois lourde, mais
en pensant à la vôtre, nous aurions honte de nous plaindre », a-t-il souri devant le pape, âgé de 86 ans.
Il a poursuivi, lucide : « Il est clair que les effectifs diminuent, celui des baptisés d’abord, mais aussi le
nombre des mariages, des vocations sacerdotales et religieuses. Pourtant, dans cette société égarée qui perd
le sens des valeurs fondamentales et qui ne sait plus goûter le silence, un véritable réveil spirituel s’opère. »
Le cardinal Barbarin a alors souligné quelques points positifs. Tout d’abord, « les catéchumènes réveillent
nos communautés par leurs attentes et nous donnent une grande joie ». Plus largement, a-t-il souligné
devant Benoît XVI, « si les gens ne viennent plus dans nos églises, c’est à nous d’aller à leur rencontre »,
mettant ainsi en œuvre l’appel de Madeleine Delbrêl : « Évangéliser, c’est dire, à des gens qui ne le savent pas,
qui est Jésus, ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, de façon que ces gens le sachent et qu’ils sachent que nous en
sommes sûrs. » L’archevêque de Lyon a rappelé « la grande attention portée à la formation de nos
responsables et de tous les fidèles », la longue tradition d’œcuménisme et de dialogue interreligieux, ainsi
que les liens très forts avec la communauté juive.
UN « MESSAGE D’ALERTE » À PROPOS DES DÉGÂTS CAUSÉS PAR LA CRISE
ÉCONOMIQUE
Avec franchise, évoquant « l’importante présence des musulmans dans nos régions », il a précisé, à l’instar de
nombreux intervenants au récent Synode romain sur la nouvelle évangélisation, que « notre dialogue est
assez fraternel pour nous permettre de regarder ensemble, avec courage, les violences et les problèmes de
liberté religieuse posés par les mariages mixtes ou les conversions ».
Explicitant les motivations de l’Église dans son opposition au mariage homosexuel, « vrai changement de
civilisation. », le cardinal Barbarin a expliqué devant le pape : « Avec les frères des autres églises chrétiennes,
avec les juifs et les musulmans, avec des représentants d’autres courants de pensée, en nous fondant sur la
raison et le bon sens, nous essayons d’expliquer que ce projet risque d’engendrer un grand trouble dans la
société, déjà bien fragile. »
Comme l’avaient fait ses prédécesseurs, les cardinaux français Jean Pierre Ricard, puis André Vingt-Trois,
devant le pape, le cardinal Barbarin a également lancé un « message d’alerte » à propos des dégâts causés par
la crise économique : « Le taux de pauvreté vire au rouge depuis deux ans : recours à l’aide alimentaire,
négligences sur la santé, graves problèmes de logement : les plus pauvres subissent des violences qui ne sont
pas nommées comme telles. »
Enfin, concernant les migrants et les réfugiés, et surtout les Roms, l’archevêque de Lyon a constaté : « Nous
voyons nos responsables successifs agir de manière incertaine à leur égard, alors que la solution ne peut pas
venir d’une seule nation. » Et il a lancé un appel au pape : « Est-il possible, Très Saint Père, que vous
encouragiez les gouvernements de l’Europe à se saisir ensemble de cette question pour y apporter une
réponse digne et durable ? »