Entre les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux se trouvent les « sociétés à
responsabilité limitée » dont les traits caractéristiques sont empruntés tantôt aux unes tantôt
aux autres.
Les « personnes qui conviennent de mettre quelque chose en commun » sont, selon les types
de société, dénommées « associés » ou « actionnaires ». Les associés et les actionnaires sont
usuellement qualifiés de « propriétaires ». En fait, ils ne sont propriétaires que de leurs
« parts sociales » ou de leurs « actions ». C’est la société qui est propriétaire au moins en
partie, de ses actifs.
Les associés et les actionnaires sont aussi qualifiés de « preneurs de risques » en raison du fait
que ce sont eux qui assument, s’il y a lieu, les pertes de la société. Le bénéfice qu’ils espèrent
se partager est donc justifié à la fois par leurs apports et par le risque qu’ils encourent.
Il est intéressant de noter que « l’objet de la société », qui doit figurer dans les statuts, n’a pas
de définition légale. On s’accorde néanmoins unanimement à considérer que l’objet de la
société, ou « objet social », est « le genre d’activité que la société se propose d’exercer pour
obtenir les bénéfices escomptés : fabrication et vente de tel ou tel produit, négoce, prestations
de services, etc. ». Il y a déjà là, à l’évidence, confusion entre la « société » et
l’ « entreprise », entre l’entité juridique et la structure productive.
La société finance l’entreprise. Elle réunit à cette fin des capitaux propres et des capitaux
empruntés et son objectif est le profit.
Les raisons et les conséquences d’une confusion
Si en France, les termes d’entreprise et de société sont couramment employés sans distinction
de contenu et de finalité, celui de « corporation » ou de « firme » est le plus souvent utilisé
dans le monde anglo-saxon. Le terme « corporation » désigne en général les grandes sociétés
anglo-américaines cotées en bourse qui se trouvent pour l’essentiel aux États-Unis.
La notion de « firme » est une catégorie plus générique et plus « neutre » qui pourrait
caractériser une entreprise moyenne ou grande sans distinguer a priori la structure productive
de la forme sociétaire adoptée.
La confusion entre l’ « entreprise » au sens de structure productive dont l’objectif est de créer
des biens et/ou des services et la « société » au sens juridique dont la finalité est le profit n’a
pas été maintenue et entretenue par hasard. Elle est le résultat d’un rapport de force favorable
aux détenteurs de capitaux qui ont traduit celui-ci en un « rapport de sens ».
Nous proposons donc une refondation de l’entreprise que l’on distinguera de la « société » au
sens juridique, entité derrière laquelle opèrent les propriétaires, les actionnaires de contrôle et
les dirigeants-managers.
L’objectif est bien de transformer le regard qui a été imposé sur l’état de la réalité
économique et sociale pour tenter de changer cette réalité. Pour changer le monde écrivait
Pierre Bourdieu, il faut changer les manières de faire le monde.
Il s’agit d’un enjeu qui est indissociablement cognitif et politique et qui se décline dans toute
une série de propositions concrètes concernant aussi bien les « outils de gestion », la
conception de l’efficacité ou encore les rapports de pouvoir dans l’entreprise.
La perspective de « refonder » l’entreprise telle qu’elle est proposée ici tente de prendre en
compte un certain nombre de réalités économiques qui apparaissent déjà comme
incontournables. Certes, les économies de demain s’appuieront sur le savoir, l’information et
la connaissance. L’investissement dans la recherche et dans la formation jouera un rôle de
plus en plus considérable pour le développement économique et social et pour l’amélioration
du niveau de vie des populations. L’industrie sera remodelée par l’économie des services et le
cycle du processus industriel (conception, innovation, production, distribution, vente et après