Le rôle des prix dans les économies de marché
Smith au XIX siècle différencie la valeur d’échange (prix auquel le bien peut être échangé )
de la valeur d’usage (prix qui correspond à l’utilité qu’on en fait). Le problème du prix a longtemps été
lié à celui de la valeur notamment à travers le paradoxe de l’eau et du diamant. Aujourd’hui, on
distingue le prix relatif (prix dans un échange ou ex-valeur d’échange de Smith) du prix absolu ou
nominal (prix affiché dans les magasins).
Nous allons étudier le rôle des prix dans les économies de marché c’est-à-dire dans les économies où à
la différence des économies planifiées dans lesquels les prix sont fixés par l’Etat, les prix sont libres.
Quel rôle jouent les prix dans les économies de marché et ont-ils une influence majeure sur le
marché ?
Le rôle des prix a été défini dans le cadre de la théorie classique le ou les marchés sont en
concurrence pure et parfaite (c'est-à-dire qu'il y a atomicité des acteurs, homogénéité des produits,
aucune contrainte pour entrer ou sortir d'un marché, mobilité et information parfaites). D’après
l’hypothèse de la concurrence pure et parfaite, les prix ont un rôle de coordinateur et de régulateur
dans les échanges et qu’ils remplissent une fonction d’information. Cependant, dans la réalité, le
mécanisme des prix est faussé, ils sont davantage un moyen de pression, et transmettent des
informations parfois trompeuses.
I- Le rôle majeur conféré aux prix dans les échanges et les décisions des agents économiques
1- Rôle de coordination au cœur des échanges entre les agents économiques
Les prix : régisseur des échanges grâce à la formation d’un prix d’équilibre
Les prix régissent les échanges : ils permettent la gestion et la répartition des biens rares
(allocation des ressources). Les prix sont en effet un mécanisme de rationnement de biens
rares entre les différents agents économiques. Le marché permet ce rationnement grâce au jeu
de l’offre et de la demande.
Le prix = une donnée établie par les forces du marché
Le prix d’équilibre instantané =prix courant ou de marché, en courte période = prix
auquel le bien est vendu
Le prix d’équilibre longue durée = prix normal, en longue période = prix qu’a coûté
cette marchandise (coûts de production)
ce que les Physiocrates nomment « prix fondamental » (Turgot)
→ ce que Adam Smith appelle « prix naturel » (somme des coûts de production incluant
la rémunération du K et de la propriété foncière).
→ ce que Marx dénomme « prix de production »
D’après la théorie néoclassique, les prix d’équilibre instantané se forment par le jeu de
l’offre et de la demande : Léon Walras « Comme acheteurs, les échangeurs demandent à
l’enchère, comme vendeurs, ils offrent au rabais, et leur concours amène ainsi une certaine
valeur d’échange des marchandises tantôt ascendante, tantôt descendante et tantôt
stationnaire. »
Les consommateurs demandent des biens et des services à prix maximum et les producteurs
offrent des biens à prix minimum.
Par cette rencontre de l’offre et de la demande sur le marché, un prix d’équilibre va se fixer.
Le prix s’impose à l’agent économique, il n’a pas de pouvoir sur les prix dans un marché
parfait.
Ex : l’image du commissaire-priseur de Léon Walras ( le prix augmente → nombre
offreurs augmentent et nombre de demandeurs baissent : rencontre offreur et
demandeur sur le marché → établissement d’un prix à l’équilibre ( en réalité ce prix à
l’équilibre se forme immédiatement sur le marché.
Ces prix respectent trois règles :
- La règle d’unité ou principe de Jevons : à un moment donné, un seul prix pour un
même bien.
- La règle d’égalité : le seul point E réalise l’égalité entre l’offre et la demande.
- La règle d’équilibre : si le prix s’écartait de sa valeur d’équilibre, spontanément,
les forces du marché le recentrerait ;
Les prix sont des données exogènes
Le prix est une donnée exogène : les entreprises sont price-taker c’est-à-dire qu’elles n’ont
pas d’influence sur le prix et qu’il leur est donné dans un marché de concurrence pure et
parfaite. Elle pratique le prix de marché.
A court terme : profit = max qd le coût marginal =prix . L’entreprise fait des profits, l’offre
se modifie.
A long terme : les profits attirent les entreprises donc l’offre s’accroît et le prix baisse
jusqu’au moment où il devient égal au coût moyen : il n’y a plus de profit.
2-Rôle de régulation de l’offre et de la demande
Les prix déterminent les choix des agents et donc leur consommation.
Influence du prix sur l’offre et la demande (fonction de l’offre et de la demande)
les prix modifient l’offre et la demande des agents économiques
L’offre est une fonction croissante du prix, ceteris paibus : quand le prix augmente, l’offre
augmente aussi
La demande est une fonction décroissante du prix, ceteris paribus : quand le prix augmente,
la demande diminue.
Différents cas :
Le cas du consommateur : le consommateur fait des choix en fonction des prix relatifs.
Ce consommateur doit trouver un compromis entre sa satisfaction (son utilité) et son budget
budget compte-tenu de son revenu et des prix). (courbe d’indifférence et droite de budget)
Le cas du producteur : le producteur doit trouver un compromis entre la maximisation de son
profit et les coûts de ses facteurs de production (contrainte de coût compte tenu du coût total
et des prix). (isoquantes et droite d’isocoût).
Influence du prix sur la consommation (élasticités-prix)
L’élasticité-prix mesure la sensibilité d’un bien au prix : l’influence qu’a le prix sur la
consommation du bien.
On observe plusieurs cas :
Ed/r > 1 : les biens supérieurs (santé, culturels…) ; biens élastiques au prix
Ed/r = 1 : les biens unitaires
0 < Ed/r < 1 : les biens normaux (biens alimentaires) ; biens inélastiques au prix
Ed/r < 0 : les biens Giffen (ou biens nécessaires, indispensables comme la pomme de terre.
Plus les prix sont élevés, plus les consommateurs achètent. Cela correspond à une
consommation ostentatoire. Les gens achètent des produits chers par snobisme. Ex : les
voitures, la Haute Couture …
3-Rôle de transmission des informations : les prix sont des signaux et des indicateurs
(conception libérale)
Informations sur le marché
- sur les conditions du marché
Ces conditions du marché entraînent la rareté et le besoin
Cf le Cycle des prix : de Wagemann, Silberling et Ackerman : ces trois auteurs montrent la
corrélation ente la hausse des prix et les périodes de guerres.
Les phases de conflit → destructions → pénuries → hausse des prix
Les phases de paix → stabilité des prix
Information sur les biens :
- sur la rareté des biens Information sur le marché et les caractéristiques du bien
donné au producteur et au consommateur :
Rareté : La rareté : seuls les biens rares sont des biens économiques, seuls biens qui ont un
prix. Ex : l’air qui est abondant n’a pas de prix, mais l’air pur qui est rare devient alors un
bien économique et dans ce cas-là il a un prix ( cf bars à oxygène au Japon ou en Californie).
Donne des information sur le degré de rareté :
Pour le consommateur : signal pour économiser ce bien qui est devenu rare ( cf bien devenu
très cher consommé avec précaution).
Pour le producteur : signal pour produire de nouvelles ressources (ersatz cf en temps de
guerre)
Selon Friedrich August Von Hayek (prix Nobel en 1974) : le prix transmetteur d’informations
sur les besoins et la rareté et donc sur les conditions de l’offre et de la demande :
« La fonction des prix et salaires est moins de rétribuer les individus pour ce qu’ils ont fait
que de leur dire ce qu’ils devraient faire dans leur propre intérêt comme dans l’intérêt
général. »
Ex de Hayek : Qq1 qqpart découvre un nouvel usage pour l’étain. Or l’offre de ce métal
diminue à la suite d’une catastrophe naturelle. La nouvelle rareté = communiquée à
l’ensemble des utilisateurs afin qu’ils en tiennent compte. Le prix déterminé par le marché =
rôle de signal. Le prix de l’étain augmentera jusqu’aux produits qui en contiennent.
L’augmentation du prix, dont personne ne connaît nécessairement la cause, sert aux
producteurs de signal pour allouer de nouvelles ressources à la production, et aux
consommateurs de signal pour économiser ce qui est devenu plus rare. Des informations sont
ainsi diffusées dans tout le système et automatiquement incorporées dans les décisions de tous
sur le marché.
- sur la qualité des biens
Qualité : les consommateurs vont avoir tendance à acheter plus facilement un bien qui
est un peu plus cher car gage de qualité selon eux
II- Cependant un rôle disproportionné
1- La coordination des échanges n’est pas parfaite
Le problème du rassemblement des agents économiques
Tous les offreurs et demandeurs ne peuvent pas être rassemblés comme l’évoque Léon
Walras à part dans les marchés qui fonctionnent réellement en concurrence pure et parfaite
comme la bourse. Dans la réalité, l’hypothèse de Walras n’est pas réalisable.
Echanges à un prix de déséquilibre :
L’échange ne se fait plus à un prix d’équilibre mais à un prix de déséquilibre. Ca rejoint la
théorie du déséquilibre de Clower pour le marché du travail.
2- Les prix établis par l’entreprise ont un rôle de pression
cas des monopoles :
transgresse le postulat d’atomicité. Le monopole est le seul offreur sur le marché. Le prix
n’est pas fixé par les forces du marché mais par l’entreprise elle-même : Le prix n’est plus
une donnée mais c’est une variable qui est une fonction décroissante de la quantité
produite. L’offreur est price-maker (faiseur de prix). Le producteur fixe son prix de vente
cependant il ne le fixe pas comme il veut puisque s’il le fixe trop haut, son bien ne se
vendra pas.
Notamment avec le monopole discriminant : l’agent économique peut pratiquer des prix
différents selon les acheteurs si certains acheteurs sont près à payer plus chers. Le monopole
opère une discrimination par les prix. (cf les différents prix de place de théâtre ou d’avions)
Csq : rôle de discrimination des prix : place d’avion
cas des oligopoles
Les oligopoles engendrent les comportements stratégiques en établissant souvent une
stratégie par les prix ou par la quantité produite. Ils peuvent différencier leurs produits pour
faire varier les prix.
Csq : rôle stratégique des prix : guerre des prix dans le cas du duopole : 4 cases
3- Les prix sont parfois des indicateurs trompeurs
Asymétrie de l’information sur la qualité :
Les consommateurs pensent souvent comme on l’a vu précédemment que un prix élevé est
synonyme de qualité. Or le prix peut augmenter sans que sa qualité en soit augmentée. Les
fluctuations du prix relèvent d’autres facteurs. Les consommateurs n’ont donc pas une
information parfaite pour en juger.
Cas des poissons après des jours de tempêtes.
Viscosité des prix :
L’ajustement par les prix n’est pas instantané : il faut du temps pour que les prix bougent :
le temps de réaction. S’il y a une nouvelle rareté, la hausse du prix du bien n’est pas
instantanée. Le conso n’ en est pas tout de suite informé.
Ainsi, les prix peuvent avoir un rôle de coordinateur et de régulateur des échanges. En effet,
dans l’hypothèse théorique de la concurrence pure et parfaite, les prix sont fixés par l’équilibre de
l’offre et de la demande. Ils régissent les échanges entre les agents économiques : producteur et
consommateur car ils structurent l’allocation des ressources disponibles. Le prix a une grande
influence sur la consommation : si le prix d’un bien augmente, sa demande va diminuer. Les prix sont
considérés comme des données exogènes : l’entreprise ne peut pas influer sur les prix. Cependant les
prix sont aussi un moyen de transmission de l’information et de décision. Ils sont comme des signaux
ou des indicateurs qui diffusent des informations sur le marché et les biens. Cependant, le rôle
consacré aux prix dans nos économies de marché semble disproportionné : ce qu’ils traduisent n’est
pas toujours en phase avec la réalité du fait de l’asymétrie de l’information et de leur viscosité. De
plus, ils sont l’enjeu de nombreuses décisions qui relèvent de l’entreprise (cas du monopole et de
l’oligopole) : l’entreprise n’est plus price-taker mais price-maker dans de nombreux cas. Les prix ont
donc un rôle majeur dans nos économies et sont au centre des préoccupations des agents économiques.
Le pouvoir exerce un véritable pouvoir sur les consommateurs : ils suscitent par exemple des réactions
de colère ou d’inquiétude face à leur hausse.
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