Suppléments alimentaires et cancer :
les règles du jeu
SYNTHESE REALISEE PAR LE
DOCTEUR FRANCHINI
Mercredi, 5 Septembre 2012
Lors d’un symposium destiné aux diététiciens en avril dernier (Lentestudiedag VBVD Vlaamse
Beroepsvereniging van Voedingsdeskundigen en Diëtisten, le 19 avril 2012 à Gand), un exposé
était consacré aux suppléments alimentaires en cas de cancer. Celui-ci mettait en avant des
interactions positives telles que la prise de vitamine E avant une radiothérapie, pouvant exercer
un effet protecteur contre deux effets secondaires de l’irradiation : les inflammations de la
muqueuse buccale (mucite !, et l’augmentation du tissu conjonctif, (fibrose radio-induite).
Pourtant, prendre des suppléments alimentaires pendant les traitements contre le cancer n’a pas
que des avantages. Au cours du même exposé, il a été précisé que de puissants anti-oxydants
(vitamine C, bèta-carotène, sélénium) pouvaient exercer une action fortement réparatrice entre
les cures de chimiothérapie, mais étaient déconseillés pendant la chimiothérapie. Les phyto-
oestrogènes, que l’on retrouve surtout dans le soja, ne posent pas de problème lorsqu’ils font
partie de l’alimentation, mais sont tout à fait déconseillés sous forme de suppléments en cas de
cancers hormonodépendants. Le pamplemousse et le millepertuis sont dans tous les cas
déconseillés en raison de leur intéraction négative avec différents traitements du cancer.
Source : Magazine Voeding en Diëtetiek, juillet-août 2012.
Commentaire de la Fondation contre le Cancer
De nouvelles études sont régulièrement publiées, montrant une interaction synergique (l’effet «
1+1=3 ») entre certains suppléments alimentaires et un traitement du cancer. L’étude ci-dessus
axé sur la prise de vitamine E avant la radiothérapie en est un exemple. Ceci a aussi été étudié
notamment pour la curcumine (composant principal du curcuma), des composants des
champignons et le gui, qui montrent dans ce cadre des résultats prometteurs pour certains
traitements ou certains cancers.
Mais, il y a un revers à la médaille. En effet, certains de leurs effets peuvent aussi être nocifs. De
telles interactions négatives ont été mises en évidence pour l’huile d’onagre, le ginkgo biloba, la
valériane, l’échinacée, le ginseng et les extraits de pépins de raisin.
Ces substances ont souvent pour effet de diminuer l’efficacité des traitements, ou d’augmenter
ou de prolonger les effets secondaires.
Pourtant, 54 à 81 % des patients atteints de cancers prennent de tels suppléments,
généralement sans en parler à leur médecin traitant. C’est pourquoi nous insistons sur les
quelques mesures de précaution suivantes :
Si vous souhaitez compléter votre traitement par des suppléments alimentaires, ne le
faites pas de votre propre chef mais parlez-en d’abord à votre oncologue ou à un oncodiététicien.
Signalez toute utilisation de phytothérapie ou de suppléments alimentaires (aromates,
plantes) à votre oncologue.
Ne vous procurez pas de suppléments alimentaires ailleurs qu’en pharmacie.
Ne prenez jamais de suppléments qui dépassent 100 % de la Dose Journalière
Recommandée (AJR).
Toute exception à ces règles ne peut se faire que sur prescription médicale
Des compléments alimentaires contre le cancer ? Pas sans avis médical
La Fondation contre le Cancer recommande de ne recourir aux compléments alimentaires que
sur avis médical. Votre médecin peut, par exemple, vous en prescrire s’il détecte
une carence (c’est assez fréquent pour la vitamine D), ou dans certaines indications
médicales bien déterminées.
Compléments alimentaires : de quoi s’agit-il ?
Ce sont par exemple des préparations à base de vitamines, de minéraux, de plantes ou encore d’
antioxydants, disponibles sans prescriptions médicales en pharmacie, dans les grandes surfaces
ou via Internet. De nombreuses personnes y ont recours dans le but de rester en bonne santé, et
parfois dans l’espoir de prévenir l’apparition d’un cancer.
Prudence !
Des études néerlandaises montrent que 40 % de la population utilisent l’un ou l’autre
complément alimentaire. Or, le Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer (FMRC) le
déconseille fortement, car leur effet protecteur n’est pas prouvé et les compléments alimentaires
pourraient même causer des effets indésirables.
Plusieurs études montrent même un risque accru de développer certains cancers suite à la
prise de compléments multi-vitaminés et/ou d’antioxydants en grande quantité.
Des études menées auprès de fumeurs afin de tester l’effet protecteur supposé du bêta-
carotène (une substance que notre organisme transforme en vitamine A) ont été arrêtées
prématurément car les patients développaient plus de cancers du poumon lors de la prise de
fortes doses de bêta-carotène sous forme de compléments (20 mg/jour) !
Le rétinol (une substance que notre organisme fabrique au départ du bêta-carotène) est
également suspecté de favoriser le développement de cancers lorsqu’il est consommé à fortes
doses (25 000 unités internationales/jour) Une importante consommation d’acide folique (> 0,4
mg/jour pendant plus de 5 ans) pourrait aussi influencer le développement de certains types de
cancers (prostate, par exemple).
Un lien similaire a été établi entre la prise de doses élevées de vitamine E (400 unités
internationales/jour > 267 mg ) et risque de développement du cancer de la prostate.
C’est dire si la prudence doit être de mise avec la prise de compléments alimentaires !
Demandez donc toujours conseil à votre médecin, pharmacien ou diététicien.
Ne prenez pas n’importe quel complément alimentaire !
Aucun complément ne vaut une alimentation saine. Une alimentation variée, suffisamment riche
en fruits, légumes et aliments dorigine végétale, est bien plus bénéfique pour la santé que les
compléments alimentaires.
Les compléments à base de minéraux ou de multivitamines sont-ils préférables aux compléments
spécifiques?
Non. Les compléments à base d’ un mélange de vitamines et de minéraux n’offrent pas une
meilleure protection qu’une alimentation saine. Et eux aussi peuvent avoir des effets négatifs.
Par exemple, des hommes qui consomment plus de 7 gélules multivitaminées par semaine
présentent un risque accru de développer un cancer agressif de la prostate.
Le calcium et le sélénium, une piste intéressante
Les compléments alimentaires à base de calcium et de sélénium semblent par contre
potentiellement intéressants pour la prévention du cancer. Selon de récentes études, un apport
de 1200 milligrammes de calcium par jour semble offrir une protection contre le cancer du gros
intestin et du rectum, et 200 microgrammes de sélénium par jour aurait un effet protecteur
contre le cancer de la prostate.
Mais ceci doit encore être confirmé par des études complémentaires. Le sélénium à fortes doses
pouvant être toxique, ne prenez jamais de compléments de sélénium de votre propre chef !
Références
Del Fabbro E. et al.; Nutrition and the cancer patient; Oxford University Press, 2010.
Vogel J. et al.; Handboek voeding bij kanker, Uitgeverij de Tijdstroom, 2012.
World Cancer Research Fund / American Institute for Cancer Research; Food, Nutrition,
Physical Activity and the Prevention of Cancer, a Global Perspective; Washington D.C. AICR, 2007
Ail
L’ail (Allium sativum) est surtout utilisé en cuisine, mais il est également disponible sous forme de
complément alimentaire. La meilleure manière de le consommer est cru et haché. Lail est
également disponible sous forme de complément alimentaire ; de même que la quercétine,
considérée comme la substance la plus active contenue dans l’ail (voir ‘quercétine’ dans cette
fonctionnalité).
Situations liées aux traitements du cancer
L’ail est souvent consommé par les patients atteints de cancer pour les propriétés de stimulation
de l’immunité qu’on lui prête.
Son effet anti-cancer est probablement plus marqué dans le domaine de la prévention. Il semble
n’avoir aucune influence sur le processus cancéreux durant la maladie.
Effets négatifs possibles sur les traitements du cancer
L’ail réduit l’effet des traitements à base de tamoxifène (Nolvadex, Tamizam, Tamoplex,
Tamoxifen) et des chimiothérapies à base de dacarbazine (Dacarbazine), cyclophosphamide
(Endoxan), vinblastine (Vinblastine), vincristine (Vincrisin), vindesine (Eldisine) et paclitaxel
(Paclitaxel, Paclitaxin, Taxol).
L’ail augmenterait la toxicité des chimiothérapies à base de docetaxel (Docetaxel, Taxotère,
Tevadocel), ainsi que des traitements anticancéreux suivants : dacarbazine, campthotécines,
cyclophosphamide, inhibiteurs de l’EGFR, taxanes, vinca-alcaloïdes et épipodophyllotoxines.
Effets secondaires généraux
Consommé en grande quantité, l’ail peut entraîner une sensation de brûlure dans la bouche, des
odeurs corporelles, des maux de tête, des flatulences, des vomissements et de la fatigue. Il peut
également provoquer des irritations du système gastro-intestinal.
Interactions avec d’autres médicaments et compléments alimentaires
L’ail peut avoir un effet anticoagulant et faire baisser le taux de sucre sanguin. Si vous suivez un
traitement « classique » qui présente les mêmes effets (surtout dans le cas de la warfarine, du
fenprocoumon et des salycilates comme l’aspirine, il est conseillé dinformer votre médecin que
vous consommez de l’ail.
Pour les mêmes raisons, la prudence est de mise lors d’une consommation simultanée de l’ail et
d’autres compléments alimentaires faisant baisser le taux de sucre sanguin (aloe vera, chardon-
Marie, co-enzyme Q10, curcuma, gingembre, ginkgo, ginseng, omega-3 ou acides gras de
poisson EPA/DHA) ou ayant un effet anticoagulant (chardon-Marie, curcuma, extrait de pépins de
raisins/resvératrol, gingembre, ginkgo, ginseng, graines de lin, omega-3 ou acides gras de
poisson EPA/DHA, quercétine, quercétine, vitamine E). Informez toujours aussi votre médecin de
ce type de combinaison.
Interrompez la consommation des compléments ail 14 jours avant une intervention chirurgicale.
Les personnes souffrant d’acidité gastrique et de problèmes de thyroïde doivent toujours
consulter leur médecin s’ils souhaitent utiliser de l’ail.
Dosage pour les adultes
Il est déconseillé de consommer de l’ail en grande quantité ou sous forme de complément
alimentaire en combinaison avec des traitements à base de tamoxifène (Nolvadex, Tamizam,
Tamoplex, Tamoxifen), dacarbazine (Dacarbazine), cyclophosphamide (Endoxan), paclitaxel
(Paclitaxel, Paclitaxin, Taxol) et docetaxel (Docetaxel, Taxotère, Tevadocel).
Même conseil pour les traitements à base de dacarbazine, campthotécines, cyclophosphamides,
inhibiteurs de l’EGFR, taxanes, vinca-alcaloïdes et épipodophyllotoxines. Renseignez-vous
auprès de votre médecin pour savoir si vous suivez l’un de ces traitements.
De manière générale, la quantité quotidienne conseillée équivaut à 4 g (1 gousse = 1 g), ou son
équivalent sous forme de jus, d’extrait ou d’huile. Quand vous le consommez sous forme de
complément alimentaire, suivez toujours les indications mentionnées sur l’emballage. En cas de
grossesse, tenez-vous en uniquement à un usage culinaire
Aloe vera
L’aloe vera est une plante grasse. Elle est classiquement utilisée sous forme de gel, afin de
soigner les blessures et brûlures, les coups de soleil et diverses autres affections de la peau.
L’aloe vera est aussi consommée par voie orale, sous forme de latex ou de jus, pour ses
propriétés laxatives.
Situations liées aux traitements du cancer
L’aloe vera est utilisée pour traiter les dégâts de la peau dus à la radiothérapie. Les études sur le
sujet semblent cependant montrer que l’aloe vera ne peut ni prévenir, ni limiter les réactions
cutanées et les brûlures dues à la radiothérapie.
Par contre, une étude a montré que le jus d’aloe vera peut soulager les mucites (orales) causées
par les radio- et chimiothérapies.
Une autre étude a montré que consommer l’extrait de 300 g de feuilles fraîches, 3 fois par jour,
pourrait réduire les symptômes, ralentir la croissance de la tumeur et allonger la survie en cas de
cancer avancé, métastasé et traité par chimiothérapie.
Effets négatifs possibles sur les traitements du cancer
Il est déconseillé d’utiliser l’aloe vera par voie orale en tant que laxatif. Des études menées sur
des animaux ont en effet montré que ce mode de consommation pourrait favoriser les cancers du
gros intestin.
Effets secondaires généraux
Un usage externe et local provoque peu ou pas d’effets secondaires.
Un usage oral peut causer des irritations et endommager les muqueuses de l’intestin, provoquant
ainsi des douleurs abdominales.
Interactions avec d’autres médicaments et compléments alimentaires
L’aloe vera peut renforcer l’effet de certains médicaments cardiaques, des stéroïdes et des
diurétiques.
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