catholicisme ; dès lors c/ l’originalité humienne consisterait tout bonnement à retourner l’argument
arnaldien :
Where Arnauld had argued that honest testimony could be accepted even for the most improbable of
events, Hume argued that certain events were so improbable that no testimony could be strong enough to
make them credible [D. Wootton, Op. Cit., p.197]
Mais il se pourrait 1/ que la logique du probable proposée par Arnauld ne consiste pas à opposer et
mettre en balance le témoignage d’un côté et la probabilité inhérente à l’événement de l’autre, 2/ que
chez Hume la pondération ne se réduise pas davantage à ce schéma, et 3/ que l’originalité de ce dernier
réside par conséquent ailleurs.
I. La pondération des circonstances chez Port-Royal
Lorsqu’à la fin de la Quatrième partie du manuel de Logique, Arnauld envisage les règles pour bien
conduire sa raison dans la croyance des faits, il cherche à repérer les bornes d’une croyance prudente
sur la base de l’autorité
. Ces bornes signalent l’exercice « ordinaire » du bon sens
, qui doit être
réglé pour éviter les égarements d’une crédulité ou d’une incrédulité excessives. Parce que la raison,
chez Arnauld, n’est pas solipsiste, et parce qu’il est nécessaire de se fier à l’autorité d’un autre (autrui
ou le Grand Autre)
, la croyance testimoniale est un objet digne de logique
.
Les deux règles qui permettront de bien conduire sa raison dans les croyances des faits et d’éviter les
égarements
sont développées dans les chapitres 13 et 15. A propos des événements humains
contingents, la simple non-impossibilité ou concevabilité de la chose n’est pas une raison suffisante
d’y croire
. La maxime est alors la suivante :
Pour juger de la vérité d’un événement et me déterminer à le croire ou à ne pas le croire, il ne faut pas le
considérer nûment en lui-même, comme on ferait une proposition de géométrie ; mais il faut prendre
garde à toutes les circonstances qui l’accompagnent, tant intérieures qu’extérieures. J’appelle
circonstances intérieures celles qui appartiennent au fait même, et extérieures celles qui regardent les
personnes par le témoignage desquelles nous sommes portés à le croire. Cela étant fait, si toutes les
circonstances sont telles qu’il n’arrive jamais, ou fort rarement, que de pareilles circonstances soient
accompagnées de fausseté, notre esprit se porte naturellement à croire que cela est vrai, et il a raison de le
faire, surtout dans la conduite de la vie, qui ne demande pas une plus grande certitude que cette certitude
morale, et qui doit même se contenter en plusieurs rencontres de la plus grande probabilité.
Que si, au contraire, ces circonstances ne sont pas telles qu’elles ne se trouvent fort souvent avec la
fausseté, la raison veut ou que nous demeurions en suspens, ou que nous tenions pour faux ce qu’on nous
dit, quand nous ne voyons aucune apparence que cela soit vrai, encore que nous n’y voyons pas une
entière impossibilité [pp. 319-20 ; je souligne « fort rarement »]
Qu’est-ce qu’une « circonstance » ? M. Pécharman rapproche la notion du mode ou de l’accident. Les
circonstances sont, dit-elle, comme des « accidents survenant à ce sujet, lui-même accidentel, en quoi
consiste un fait contingent »
. Ce peut être un aspect des faits relatés, voire une partie de ces faits : ce
sont les circonstances intérieures. Les circonstances extérieures quant à elles regardent autant l’éthique
ou le savoir des personnes qui nous les relatent, que leurs propres sources, éventuellement
testimoniales.
Ce qui est ici frappant pour un lecteur qui s’attend à ce que ce texte, souvent cité par les
commentateurs et historiens de la philosophie, annonce un argument futur sur la pondération entre