La « Belle Epoque » de l`Europe Mythe ou réalité ? Le terme « Belle

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La « Belle Epoque » de l’Europe
Mythe ou réalité ?
Le terme « Belle Epoque » a été retenu pour qualifier la situation économique et même
pour situer l’Europe au début du XX° siècle : la nouvelle industrialisation nourrit la
croissance d’un certain nombre de pays, y compris l’Espagne, de manière à la fois
discontinue et inégale certes.
Les inégalités entre les pays sont marquées, de même que les revenus. De profonds
changements s’annoncent dans ces sociétés traditionnelles.
1 La carte politique
1.1 L’Etat-Nation en questions : la carte profondément remaniée entre 1861 et 1913
Cf. texte
Depuis le milieu du XIX, le processus d’émancipation nationale a profondément modifié
la carte politique de l’Europe. En effet, el mouvement des nationalités qui entend faire
coïncider les limites territoriales de l’Etat avec celle de la communauté nationale afin de
mettre en place une collectivité existante à l’intérieur d’un territoire clairement
déterminé, identifié ; collectivité qui sera assujettie à une administration unitaire suivie
et contrôler à un appareil d’Etat interne.
Ce mouvement des nationalités va jouer un rôle important. Entre 1861 et 1913, on
assiste à la création de nouveaux états : un royaume de Roumanie, la Suisse (1867,
unification), l’Italie (1870), l’Allemagne (1871), la Bulgarie, la Serbie et le Monténégro
de 13180 kilomètres carrés (1878), la Norvège qui se détache de la Suède (1905),
l’Albanie (1913). Cela fait un certain nombre de pays qui émergent. Bon nombre de ces
états sont à la recherche de leur nation, d’où un certain nombre de questions encore en
suspend à la veille de 1914. Il s’agit pour ces états de faire reconnaître des territoires qui
seraient à majorité nationale. Les Roumains et Bulgares se disputent des territoires, les
Italiens revendiquent l’Istrie et la Dalmatie. La crise bosniaque de 1908 a créé un
précédent : annexion de la Bosnie-Herzégovine qui est une des conséquences de
différends entre Russes, Serbes et Autrichiens dans la région. Cette crise va faire subir
un recul à l’émancipation des populations locales. Des populations slaves, serbes,
croates et des bosniaques (serbes musulmans).
A la faveur de la défaite russe de 1905, les nationalités de l’Empire s’agitent à nouveau.
C’est le cas de la Finlande qui conquiert son autonomie en 1905. Les Polonais se
soulèvent entre avril et juin 1905 mais subissent une dure répression et une mise au pas
en décembre de la même année (ils sont soumis aux Russes depuis 1772). Sur le trône
de Norvège s’installe un prince non pas norvégien mais danois.
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La Grèce gagne son indépendance avec la bataille navale de Navarin en 1827 contre la
flotte égyptienne. En 1908, la Crète devient grecque, alors que quelques années
auparavant, profitant de la crise de 1875-78, les Anglais occupent Chypre.
A la veille de la guerre de 14-18, les Polonais sont toujours soumis au Tsar ; l’Irlande, en
rébellion depuis la crise de la pomme de terre dans les années 1840, obtient par une loi
son autonomie juste avant guerre, ce qui entraine un déchirement avec l’Ulster. Le
problème de l’Alsace-Lorraine est aussi criant.
On a une carte apparemment simplifiée alors que disparaissent une vingtaine d’Etats
historiques, notamment les principautés allemandes et italiennes. Reste en suspens le
problème des minorités nationales, surtout dans les empires, et dans la partie
européenne de l’Empire ottoman. Une partie de la Thrace est revendiquée par la
Bulgarie. Les problèmes se posent notamment dans les deux empires.
1.2 L’apogée des empires : l’Autriche-Hongrie et la Russie
Le cœur historique de la Russie est l’Ukraine. Le différend entre Ukrainiens et Russes
repose essentiellement sur la religion, les Ukrainiens se rattachant dans leur grande
majorité à Rome.
Pourquoi parler de l’Ukraine ? Les Ukrainiens vont devenir les « petits russiens », et la
Moscovie les « grands russiens ». La Russie s’est constamment pensée en Empire.
Pendant longtemps on n’a pas appréhendé la Russie en tant qu’empire. On savait bien
qu’existaient des peuples. Faute d’avoir pris en compte cette réalité, on n’a pas compris
comment les populations ont reçu le tsarisme et le soviétisme.
La Russie est bien une puissance eurasienne. Entre 1850 et 1917, les Tsars vont engager
ce pays dans une conquête spatiale, non jusqu’à l’Extrême Orient déjà atteint
(Vladivostok en 1839), mais vers le Caucase. Le Caucase et notamment la région du
Daghestan. A l’époque, l’un des grands programmes russes est d’occuper les territoires
d’Europe orientale et de préparer l’expansion vers le Caucase.
La soumission du Daghestan et de la Tchétchénie se fait par la force et l’une des
techniques employées par les Russes, c’est de renforcer la présence en établissant des
colons, des colonies militaires confiées aux Cosaques, après la reddition de l’Iman Chami.
L’empire des Tsars va tenter de rassembler des peuples et des nationalités disparates.
La Russie bouge en 1905 (révolution libérale), à l’issue de la guerre qui a opposé la
Russie au Japon à propos de la question de la Mandchourie. Les Russes sont minoritaires
dans l’Empire.
L’Autriche-Hongrie est souvent appelée la « prison des peuples ». Pour répondre à
l’Allemagne unifiante ou unifiée, entre 1860 et 1878, l’Autriche-Hongrie, Etat enclavé
notamment après 1966, subit un changement dans la politique de l’organisation de
l’Empire. Il faut gérer les nationalités, sachant qu’elles réclament plus d’autonomie. Le
principe des nationalités commence en effet prévaloir. On comprend alors que même les
Autrichiens ont fait des progrès. L’empereur décide d’accorder en quelque sorte une
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autonomie à la Hongrie. On a donc un système bicéphale, une double monarchie. La
capitale de l’Autriche à majorité germanophone est vienne, la capitale hongroise étant
Budapest.
Les Hongrois sont vite confrontés aux volontés d’indépendance croates : c’est la mise en
place du compromis hungaro-croate en 1868. Ceux-ci ne s’entendent guère.
L’organisation de l’Autriche-Hongrie permet de manière temporaire de gérer la
cohabitation, la coordination de certaines nationalités, aux langues et religions très
différentes. Les germanophones sont minoritaires.
L’empire Ottoman est lui vraiment présent dans les Balkans. Néanmoins, le retrait des
Ottomans est programmé, et ne semble laisser derrière eux que des mosqués. Faute de
prendre acte de cette réalité, on ne comprendrait pas l’attitude de la Turquie à l’égard de
l’Europe.
1.3 L’expansion outre-mer (les empires coloniaux)
C’est l’hégémonie européenne, on oublie complètement la Chine ou le Japon. La nouvelle
initiative européenne est due aux initiatives de fortes personnalités. C’est aussi le mythe
civilisateur, cumulé à l’aventure religieuse.
En 1889, le gouvernement est confronté à un dilemme : il faut plus de soldats, il faut
contrôler les flux migratoires, l’Algérie est à majorité peuplée d’étrangers (ressortissants
aussi bien de l’Italie, des Canaris, etc.). Les Français de souche y sont minoritaires. En
1889, on modifie la loi sur la nationalité, à la fois pour des raisons intérieures et
extérieures. Les enfants de parents étrangers nés sur le sol français vont acquérir la
nationalité française à leur majorité, condition pour obtenir de bons soldats.
L’Europe est le centre du monde à l’époque. C’est un foyer économique (industriel), mais
aussi d’émigration : entre 1900 et 1914, 20 millions d’Européens s’établissent outre-
mer. En Indochine, la population française est inférieure à 40 000 personnes.
L’Europe est à la fois un continent dynamique, sur les plans démographique,
économique, culturel, religieux. Mais il est traversé par des mouvements sociaux
endémiques, des crises qui se révèleront d’une grande portée après la guerre. C’est le
problème des minorités nationales. L’Europe est entré en crise depuis 1905, avec la
révolution russe qui n’a pas eu d’écho en Europe, avec le coup d’éclat de Guillaume II à
Tanger (1907) qui conduit les grandes puissances à envisager l’option de la guerre.
Les Européens sont présents sur tous les continents, et en particulier en Afrique et en
Asie. Cette présence pose déjà problème : administrer les territoires, gérer les
populations, envisager leurs statuts respectifs. Cela ne remet pas en cause la suprématie
de l’Europe. Les puissances européennes peuvent envisager l’avenir avec une certaine
sérénité, alors que l’Europe est entrée en crise depuis les affaires marocaines (1905 :
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Affaire de Tanger, avec l’intervention de Guillaume II). Le petit royaume du Maroc
suscite la convoitise des grandes puissances européennes : Espagne, France, Allemagne.
En grande difficulté financière, ce royaume a besoin de liquidités bancaires venues
d’Europe. Lors d’une réunion internationale, un compromis semble trouver sur le Maroc,
mais l’incident d’Agadir détruit ce fragile statu quo. L’Allemagne reçoit finalement une
partie du Congo français.
En 1912, les guerres balkaniques opposent la Serbie, la Grèce, la Bulgarie (avec le
soutien de la Russie) contre l’Empire Ottoman. Cette première guerre se fait pour se
partager les dépouilles de l’Empire Ottoman en Europe, soit la Macédoine. Les Bulgares
se retournent finalement contre la Grèce et la Serbie que vient soutenir dans un dernier
temps l’Empire Ottoman. Ces guerres balkaniques auraient pu enflammer la région,
voire l’Europe. Mais les provocations russes n’ont pas suffisamment déranger
l’Allemagne, et n’ont pas provoqué de soutien fort anglais et/ou français.
La situation en Europe est donc fortement tendue à la veille de 1914. Les populations
européennes ne réalisent pas que la guerre se prépare, phénomène annoncé par les lois
sur la mobilisation militaire : Allemagne : mai 1913, France : loi des 3 ans, Angleterre :
renforcement de la Royal Navy. C’est donc un climat de paix armée avant l’incident de
Sarajevo.
2 Les convergences : libéralisme, démocratie, socialisme
Ces trois doctrines ont au cours des siècles subi des aléas. Le libéralisme est bas sur une
pensée anglo-saxonne. Le socialisme est lui bien influence par la réflexion germanique et
austro-hongroise.
Trois questions dominent l’Histoire général. La question nationale, la question
démocratique et la question sociale.
La question nationale a posé problème aux socialistes d’Europe centrale, de l’Empire
allemand à l’Autriche Hongrie : dans quelles mesures le socialisme aurait-il pu
transformer les frontières ? Quelle voie adopter, réformiste (légale) ou révolutionnaire ?
2.1 La démocratie libérale ou la convergence démocratique
2.1.1 Une définition préalable assortie d’un rappel chronologique : l’Ouest et le Nord
La démocratie politique ne sera mise en place que tardivement en Europe. On
peut davantage parler de libéralisme ou démocratie libérale. En terme politique,
le libéralisme est le système qui se donne comme objectif premier la défense des
droits naturels de l’individu en affirmant l’existence de libertés fondamentales et
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politiques. Partant de là, le pouvoir exécutif doit être réduit à des protections des
citoyens. La traduction politique du libéralisme est donc le régime parlementaire.
La France adopte dès 1820 ce type d’idéologie libérale, qui va peu à peu évoluer
vers le III° République.
Le Nord-Ouest est au centre de cette évolution politique : la France et la Grande-
Bretagne notamment, ainsi que la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, les pays
scandinaves. En Belgique, dès 1831, une monarchie constitutionnelle se met en
place, nationale et héréditaire. En 1845, on assiste en Suède à la mise en place
d’institutions libérales. La Constitution fédérale Suisse est une nouvelle étape en
1848. La Constitution danoise de 1849 institue pour la première fois le suffrage
universel.
Ainsi, en Europe, même dans le Sud, l’Espagne en 1876 se dote d’une
constitution libérale après la proclamation d’une éphémère république, le
libéralisme fait des progrès.
A partir des années 1880, les choses évoluent plus rapidement. En 1895, au
Danemark, la gauche prend le pouvoir et le laisse à la gauche radicale en 1905.
Les équipes au pouvoir élargissent le suffrage : Espagne (1890 : suffrage
universel masculin), Pays-Bas (1896), Suède (1899).
Ces évolutions significatives sont le signe à la fois d’un renouvellement des élites
et d’un développement des principaux libéraux au sein de la population.
2.1.2 Le modèle britannique : la longue marche du XIX siècle
L’Angleterre est le berceau du libéralisme (Hobbes, Locke). Au début du XIII°, le
Parlement anglais manifeste des volontés d’indépendance certaine. On procède à
une limitation du pouvoir royal (provisions d’Oxford). En 1688, la déclaration des
droits circonscrits les limites du pouvoir royal. L’Habeas Corpus est ensuite
adopté.
Un siècle plus tard, l’Angleterre va suivre avec beaucoup d’attention la révolution
française. (Burke, Réflexions sur la révolution française). Conservateur ouvert,
William Burke essaie de comprendre cette révolution.
N.B. : Philippe Beneton, Introduction à la politique moderne.
Tout au long du XIX°, le débat central au Parlement, pour les Parlementaires est
celui de la représentation. Les parlementaires, dans leur majorité conservateurs,
sont méfiants à l’égard du peuple. Comment défendre des intérêts contradictoires
différents des bourgs, des villes et des campagnes. Disraëli, bien que
conservateur, décide d’élargir le suffrage.
A la fin du XIX, sont exclus du suffrage les domestiques, les enfants majeurs
vivants avec leurs parents, les indigents et les femmes.
Dans le contexte de la fin des années 80, le parti libéral se radicalise et va en 1906
inaugurer une politique sociale mais également va procéder à un élargissement
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