La « Belle Epoque » de l`Europe Mythe ou réalité ? Le terme « Belle

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La « Belle Epoque » de l’Europe
Mythe ou réalité ?
Le terme « Belle Epoque » a été retenu pour qualifier la situation économique et même
pour situer l’Europe au début du XX° siècle : la nouvelle industrialisation nourrit la
croissance d’un certain nombre de pays, y compris l’Espagne, de manière à la fois
discontinue et inégale certes.
Les inégalités entre les pays sont marquées, de même que les revenus. De profonds
changements s’annoncent dans ces sociétés traditionnelles.
1 – La carte politique
1.1 L’Etat-Nation en questions : la carte profondément remaniée entre 1861 et 1913
Cf. texte
Depuis le milieu du XIX, le processus d’émancipation nationale a profondément modifié
la carte politique de l’Europe. En effet, el mouvement des nationalités qui entend faire
coïncider les limites territoriales de l’Etat avec celle de la communauté nationale afin de
mettre en place une collectivité existante à l’intérieur d’un territoire clairement
déterminé, identifié ; collectivité qui sera assujettie à une administration unitaire suivie
et contrôler à un appareil d’Etat interne.
Ce mouvement des nationalités va jouer un rôle important. Entre 1861 et 1913, on
assiste à la création de nouveaux états : un royaume de Roumanie, la Suisse (1867,
unification), l’Italie (1870), l’Allemagne (1871), la Bulgarie, la Serbie et le Monténégro –
de 13180 kilomètres carrés (1878), la Norvège qui se détache de la Suède (1905),
l’Albanie (1913). Cela fait un certain nombre de pays qui émergent. Bon nombre de ces
états sont à la recherche de leur nation, d’où un certain nombre de questions encore en
suspend à la veille de 1914. Il s’agit pour ces états de faire reconnaître des territoires qui
seraient à majorité nationale. Les Roumains et Bulgares se disputent des territoires, les
Italiens revendiquent l’Istrie et la Dalmatie. La crise bosniaque de 1908 a créé un
précédent : annexion de la Bosnie-Herzégovine qui est une des conséquences de
différends entre Russes, Serbes et Autrichiens dans la région. Cette crise va faire subir
un recul à l’émancipation des populations locales. Des populations slaves, serbes,
croates et des bosniaques (serbes musulmans).
A la faveur de la défaite russe de 1905, les nationalités de l’Empire s’agitent à nouveau.
C’est le cas de la Finlande qui conquiert son autonomie en 1905. Les Polonais se
soulèvent entre avril et juin 1905 mais subissent une dure répression et une mise au pas
en décembre de la même année (ils sont soumis aux Russes depuis 1772). Sur le trône
de Norvège s’installe un prince non pas norvégien mais danois.
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La Grèce gagne son indépendance avec la bataille navale de Navarin en 1827 contre la
flotte égyptienne. En 1908, la Crète devient grecque, alors que quelques années
auparavant, profitant de la crise de 1875-78, les Anglais occupent Chypre.
A la veille de la guerre de 14-18, les Polonais sont toujours soumis au Tsar ; l’Irlande, en
rébellion depuis la crise de la pomme de terre dans les années 1840, obtient par une loi
son autonomie juste avant guerre, ce qui entraine un déchirement avec l’Ulster. Le
problème de l’Alsace-Lorraine est aussi criant.
On a une carte apparemment simplifiée alors que disparaissent une vingtaine d’Etats
historiques, notamment les principautés allemandes et italiennes. Reste en suspens le
problème des minorités nationales, surtout dans les empires, et dans la partie
européenne de l’Empire ottoman. Une partie de la Thrace est revendiquée par la
Bulgarie. Les problèmes se posent notamment dans les deux empires.
1.2 L’apogée des empires : l’Autriche-Hongrie et la Russie
Le cœur historique de la Russie est l’Ukraine. Le différend entre Ukrainiens et Russes
repose essentiellement sur la religion, les Ukrainiens se rattachant dans leur grande
majorité à Rome.
Pourquoi parler de l’Ukraine ? Les Ukrainiens vont devenir les « petits russiens », et la
Moscovie les « grands russiens ». La Russie s’est constamment pensée en Empire.
Pendant longtemps on n’a pas appréhendé la Russie en tant qu’empire. On savait bien
qu’existaient des peuples. Faute d’avoir pris en compte cette réalité, on n’a pas compris
comment les populations ont reçu le tsarisme et le soviétisme.
La Russie est bien une puissance eurasienne. Entre 1850 et 1917, les Tsars vont engager
ce pays dans une conquête spatiale, non jusqu’à l’Extrême Orient déjà atteint
(Vladivostok en 1839), mais vers le Caucase. Le Caucase et notamment la région du
Daghestan. A l’époque, l’un des grands programmes russes est d’occuper les territoires
d’Europe orientale et de préparer l’expansion vers le Caucase.
La soumission du Daghestan et de la Tchétchénie se fait par la force et l’une des
techniques employées par les Russes, c’est de renforcer la présence en établissant des
colons, des colonies militaires confiées aux Cosaques, après la reddition de l’Iman Chami.
L’empire des Tsars va tenter de rassembler des peuples et des nationalités disparates.
La Russie bouge en 1905 (révolution libérale), à l’issue de la guerre qui a opposé la
Russie au Japon à propos de la question de la Mandchourie. Les Russes sont minoritaires
dans l’Empire.
L’Autriche-Hongrie est souvent appelée la « prison des peuples ». Pour répondre à
l’Allemagne unifiante ou unifiée, entre 1860 et 1878, l’Autriche-Hongrie, Etat enclavé
notamment après 1966, subit un changement dans la politique de l’organisation de
l’Empire. Il faut gérer les nationalités, sachant qu’elles réclament plus d’autonomie. Le
principe des nationalités commence en effet prévaloir. On comprend alors que même les
Autrichiens ont fait des progrès. L’empereur décide d’accorder en quelque sorte une
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autonomie à la Hongrie. On a donc un système bicéphale, une double monarchie. La
capitale de l’Autriche à majorité germanophone est vienne, la capitale hongroise étant
Budapest.
Les Hongrois sont vite confrontés aux volontés d’indépendance croates : c’est la mise en
place du compromis hungaro-croate en 1868. Ceux-ci ne s’entendent guère.
L’organisation de l’Autriche-Hongrie permet de manière temporaire de gérer la
cohabitation, la coordination de certaines nationalités, aux langues et religions très
différentes. Les germanophones sont minoritaires.
L’empire Ottoman est lui vraiment présent dans les Balkans. Néanmoins, le retrait des
Ottomans est programmé, et ne semble laisser derrière eux que des mosqués. Faute de
prendre acte de cette réalité, on ne comprendrait pas l’attitude de la Turquie à l’égard de
l’Europe.
1.3 L’expansion outre-mer (les empires coloniaux)
C’est l’hégémonie européenne, on oublie complètement la Chine ou le Japon. La nouvelle
initiative européenne est due aux initiatives de fortes personnalités. C’est aussi le mythe
civilisateur, cumulé à l’aventure religieuse.
En 1889, le gouvernement est confronté à un dilemme : il faut plus de soldats, il faut
contrôler les flux migratoires, l’Algérie est à majorité peuplée d’étrangers (ressortissants
aussi bien de l’Italie, des Canaris, etc.). Les Français de souche y sont minoritaires. En
1889, on modifie la loi sur la nationalité, à la fois pour des raisons intérieures et
extérieures. Les enfants de parents étrangers nés sur le sol français vont acquérir la
nationalité française à leur majorité, condition pour obtenir de bons soldats.
L’Europe est le centre du monde à l’époque. C’est un foyer économique (industriel), mais
aussi d’émigration : entre 1900 et 1914, 20 millions d’Européens s’établissent outremer. En Indochine, la population française est inférieure à 40 000 personnes.
L’Europe est à la fois un continent dynamique, sur les plans démographique,
économique, culturel, religieux. Mais il est traversé par des mouvements sociaux
endémiques, des crises qui se révèleront d’une grande portée après la guerre. C’est le
problème des minorités nationales. L’Europe est entré en crise depuis 1905, avec la
révolution russe qui n’a pas eu d’écho en Europe, avec le coup d’éclat de Guillaume II à
Tanger (1907) qui conduit les grandes puissances à envisager l’option de la guerre.
Les Européens sont présents sur tous les continents, et en particulier en Afrique et en
Asie. Cette présence pose déjà problème : administrer les territoires, gérer les
populations, envisager leurs statuts respectifs. Cela ne remet pas en cause la suprématie
de l’Europe. Les puissances européennes peuvent envisager l’avenir avec une certaine
sérénité, alors que l’Europe est entrée en crise depuis les affaires marocaines (1905 :
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Affaire de Tanger, avec l’intervention de Guillaume II). Le petit royaume du Maroc
suscite la convoitise des grandes puissances européennes : Espagne, France, Allemagne.
En grande difficulté financière, ce royaume a besoin de liquidités bancaires venues
d’Europe. Lors d’une réunion internationale, un compromis semble trouver sur le Maroc,
mais l’incident d’Agadir détruit ce fragile statu quo. L’Allemagne reçoit finalement une
partie du Congo français.
En 1912, les guerres balkaniques opposent la Serbie, la Grèce, la Bulgarie (avec le
soutien de la Russie) contre l’Empire Ottoman. Cette première guerre se fait pour se
partager les dépouilles de l’Empire Ottoman en Europe, soit la Macédoine. Les Bulgares
se retournent finalement contre la Grèce et la Serbie que vient soutenir dans un dernier
temps l’Empire Ottoman. Ces guerres balkaniques auraient pu enflammer la région,
voire l’Europe. Mais les provocations russes n’ont pas suffisamment déranger
l’Allemagne, et n’ont pas provoqué de soutien fort anglais et/ou français.
La situation en Europe est donc fortement tendue à la veille de 1914. Les populations
européennes ne réalisent pas que la guerre se prépare, phénomène annoncé par les lois
sur la mobilisation militaire : Allemagne : mai 1913, France : loi des 3 ans, Angleterre :
renforcement de la Royal Navy. C’est donc un climat de paix armée avant l’incident de
Sarajevo.
2 – Les convergences : libéralisme, démocratie, socialisme
Ces trois doctrines ont au cours des siècles subi des aléas. Le libéralisme est bas sur une
pensée anglo-saxonne. Le socialisme est lui bien influence par la réflexion germanique et
austro-hongroise.
Trois questions dominent l’Histoire général. La question nationale, la question
démocratique et la question sociale.
La question nationale a posé problème aux socialistes d’Europe centrale, de l’Empire
allemand à l’Autriche Hongrie : dans quelles mesures le socialisme aurait-il pu
transformer les frontières ? Quelle voie adopter, réformiste (légale) ou révolutionnaire ?
2.1 La démocratie libérale ou la convergence démocratique
2.1.1 Une définition préalable assortie d’un rappel chronologique : l’Ouest et le Nord
La démocratie politique ne sera mise en place que tardivement en Europe. On
peut davantage parler de libéralisme ou démocratie libérale. En terme politique,
le libéralisme est le système qui se donne comme objectif premier la défense des
droits naturels de l’individu en affirmant l’existence de libertés fondamentales et
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politiques. Partant de là, le pouvoir exécutif doit être réduit à des protections des
citoyens. La traduction politique du libéralisme est donc le régime parlementaire.
La France adopte dès 1820 ce type d’idéologie libérale, qui va peu à peu évoluer
vers le III° République.
Le Nord-Ouest est au centre de cette évolution politique : la France et la GrandeBretagne notamment, ainsi que la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, les pays
scandinaves. En Belgique, dès 1831, une monarchie constitutionnelle se met en
place, nationale et héréditaire. En 1845, on assiste en Suède à la mise en place
d’institutions libérales. La Constitution fédérale Suisse est une nouvelle étape en
1848. La Constitution danoise de 1849 institue pour la première fois le suffrage
universel.
Ainsi, en Europe, même dans le Sud, où l’Espagne en 1876 se dote d’une
constitution libérale après la proclamation d’une éphémère république, le
libéralisme fait des progrès.
A partir des années 1880, les choses évoluent plus rapidement. En 1895, au
Danemark, la gauche prend le pouvoir et le laisse à la gauche radicale en 1905.
Les équipes au pouvoir élargissent le suffrage : Espagne (1890 : suffrage
universel masculin), Pays-Bas (1896), Suède (1899).
Ces évolutions significatives sont le signe à la fois d’un renouvellement des élites
et d’un développement des principaux libéraux au sein de la population.
2.1.2 Le modèle britannique : la longue marche du XIX siècle
L’Angleterre est le berceau du libéralisme (Hobbes, Locke). Au début du XIII°, le
Parlement anglais manifeste des volontés d’indépendance certaine. On procède à
une limitation du pouvoir royal (provisions d’Oxford). En 1688, la déclaration des
droits circonscrits les limites du pouvoir royal. L’Habeas Corpus est ensuite
adopté.
Un siècle plus tard, l’Angleterre va suivre avec beaucoup d’attention la révolution
française. (Burke, Réflexions sur la révolution française). Conservateur ouvert,
William Burke essaie de comprendre cette révolution.
N.B. : Philippe Beneton, Introduction à la politique moderne.
Tout au long du XIX°, le débat central au Parlement, pour les Parlementaires est
celui de la représentation. Les parlementaires, dans leur majorité conservateurs,
sont méfiants à l’égard du peuple. Comment défendre des intérêts contradictoires
différents des bourgs, des villes et des campagnes. Disraëli, bien que
conservateur, décide d’élargir le suffrage.
A la fin du XIX, sont exclus du suffrage les domestiques, les enfants majeurs
vivants avec leurs parents, les indigents et les femmes.
Dans le contexte de la fin des années 80, le parti libéral se radicalise et va en 1906
inaugurer une politique sociale mais également va procéder à un élargissement
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du suffrage. Il réduit de manière brutale les prérogatives de la chambre des
Lords.
L’Angleterre a ouvert la voie à la démocratie politique en Europe !
2.1.3 Le modèle républicain français
Alors que les Anglais sont très pragmatiques, les Français s’appuient d’abord sur
l’Histoire, sur un système de valeurs, une philosophie, sur un programme social.
Tout cela donne les résultats que l’on sait.
La France se construit, bien plus que l’Angleterre, une forme d’idéologie,
l’idéologie républicaine.
En France, les choses se passent donc d’une manière différente, avec de
nombreux changements de régimes. Tous ces évènements expliquent en grande
partie une évolution des institutions moins pragmatiques se faisant toujours dans
l’urgence.
La III° République est confortée seulement près de 5 ans après sa proclamation
par de simples amendements.
Le cas espagnol
L’intervention française au début du XIX avec l’occupation de Bonaparte a
entrainé des réactions très particulières, notamment avec l’adoption d’une
constitution très libérale, qui divise les élites espagnols jusqu’aux années 18601870.
En 1869, une nouvelle constitution établit la liberté religieuse, la liberté
d’enseignement, le libre-échange et le suffrage universel masculin, à la suite de
quoi la République est proclamée en 1873. En 1876, une nouvelle constitution
établit un régime parlementaire ou semi-parlementaire. Il y a un partage du
pouvoir. En 1890, le suffrage universel est validé. En 1899, le pays entre en
période de crise, suite aux crises américaines. La transition est suspendue
jusqu’aux années 30.
En Italie on a plus ou moins le même phénomène.
2.2 Le socialisme démocratique en Europe à l’aube du XX° siècle
2.2.1 Le modèle social-démocrate
La première internationale est fondée en 1864 à Londres, la II° à Paris en 1889.
Réformisme ou révolution ?
Pour les tenants du socialisme, il incombe avant tou de réclamer des droits
politiques pour le prolétariat, d’où la revendication du suffrage universel pour
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obtenir une représentation au Parlement. Le mouvement passe d’une nature
révolutionnaire à des méthodes réformistes.
C’est la raison pour laquelle on doit distinguer les différents modèles. Chacune
des cultures politiques va réagir de manière différente.
2.2.2 Le socialisme allemand (et austrohongrois)
Le socialisme allemand est incontestablement au XIX le phare du socialisme
européen : c’est un parti centralisé, fortement structuré, lié à un mouvement
syndical unifié de grande ampleur sur lequel il s’appuie. Le parti est à l’origine
révolutionnaire, se base sur l’idéologie marxiste de la lutte des classes. Il écarte
dans un premier temps les sirènes du révisionnisme.
Mais il faut rapidement composer, pour s’intégrer dans un Etat fortement
structuré, pour conquérir le pouvoir.
Le Congrès fondateur est le congrès de Gotha, en 1875. Deux écoles s’affrontent.
Très vite, le parti va arrêter une ligne de conduite, une stratégie qui consiste à se
détacher du modèle marxiste : la lutte sociale sera désormais conduite, menée
dans le cadre national. En 1877, le parti obtient 12 députés.
Pour contrer le mouvement socialiste, Bismarck, chancelier de l’époque, le
combat compte tenue des évènements survenus notamment en 77-78 (deux
tentatives avortées d’assassinat de Guillaume I°) : il bride la presse socialiste.
Néanmoins, il ne porte pas atteinte au droit de grève et de coalition. Cela peremt
au mouveent socialiste de se développer et de se structurer. Après le limogeage
de Bismarck en 1890, les Allemands se réorganisent. Deux tendances vont
s’affronter ; Kautsky impose la loi réformiste. Bernstein remet en cause les
dogmes périmés de Karl Marx, en estimant que la bourgeoisie est dipsosée à
réformer le système économique. « Le socialisme doit être interprété comme
l’achèvement du libéralisme, comme son héritier légitime. »
Le parti socialiste allemand s’organise et compte en 1914 4000 fonctionnaires,
diplômés de l’enseignement supérieur. Il s’appuie sur les organisations
syndicales et les coopératives. Le SPD rassemble 380 000 membres, les syndicats
sur lesquels il s’appuie, 1 700 000.
La plupart des syndicats allemands sont hostiles à « la conquête
révolutionnaire » : ils sont intégrés à la vie politique et économique du pays.
En 1906, au Congrès de Manheim, le parti rejette le principe de la grève générale
malgré la victoire relative des ouvriers russes en 1905. Cependant, le parti appuie
la politique impéraliste du gouvernement. La question marocaine entraine
l’adhésion de l’aile réformiste au nationalisme et à l’impérialisme allemand. De
plus, la question du réarmement se pose : en 1912, si l’aile gauche se manifeste,
c’est l’aile modérée qui va imposer aux parlementaires socialistes le vote de la loi
sur les crédits militaires.
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En 1912, le SPD, désormais de 1 500 000 membres, reçoit 35% des suffrages
exprimés, et 110 sièges.
Le parti se range à l’opinion selon laquelle les ouvriers doivent être défendus
dans le cadre national.
Le socialisme autrichien est lui confronté au problème des nationalités. L’un des
dirigeants de ce parti est tchèque : Victor Adler. C’est un révisionniste qui va
jouer un rôle important dans l’évolution du socialisme autrichien. Les sociodémocrates autrichiens conviennent en 1899 que le problème des nationalités
devait être résolu dans le cadre de l’Etat existant, à la condition express que
disparaisse les Etats de la Couronne. C’est donc la recherche de réformes
internes.
Il y a donc une tendance centraliste et une tendance favorable des partis
socialistes nationaux. Chacun de ces mouvements va s’appuyer sur les syndicats,
leviers de ces partis.
En 1905, le Congrès du parti prépare la grève générale non pas pour des raisons
sociales mais pour obtenir le suffrage universel. Ce suffrage universel est accordé
par l’Empereur en 1907, ce qui permet à ce parti d’être représenté aux élections
de 1911, avec 21,5% des suffrages.
2.2.3 L’Europe du Nord : Danemark, Norvège et Suède
Non pas en avance sur les autres mouvements sociaux-démocrates, la sociale
démocratie nord européenne est singulière. AU Danemark, on note que le
syndicalisme se développe parallèlement aux mouvements politiques. il faudra
attendre la fin du siècle 1898 pour qu’un syndicat centralisé renforce le
mouvement politique; le syndicat apparaît comme le bras économique du parti.
Union entre le mouvement politique et le mouvement syndical. Ce modèle se
diffuse en Norvège et même si l’autonomie du mouvement syndical est acquise il
faut attendre 1887 pour que cela devienne le parti ouvrier norvégien. En Suède,
l’intégration parti-syndicat est encore plus marquée qu’elle ne l’est au Danemark
et Norvège. 80% des adhérents aux partis sont syndiqués. Le parti socialiste
coordonne l’action syndical du syndicat. On ne peut pas être syndiqué sans
appartenir au parti socialiste.
Le mouvement socialiste dans les pays du nord sont vraiment singuliers.
2.3 Le travaillisme anglais
Il se distingue du socialisme continental par ses réserves à l’égard de toute pensée
arbitraire c’est-à-dire sa méfiance à l’égard des idéologies. Il est mêlé au mouvement
coopératif intégré d’idéaux philanthropique. Un combat pour la dignité humaine motivé
par l’injustice qui accable les déshérités, lié à un sentiment religieux marqué et de
responsabilités.
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Mouvement moral, pratique. Utiliser la voie parlementaire pour obtenir des réformes
sociales.
Le mouvement est très lent à émerger et l’accent est mis sur l’action parlementaire. le
seuls qui peuvent les entendre sont les libéraux: on obtient des libéraux un
élargissement du droit de suffrage. Dans la lancée, les parlementaires à l’initiative des
libéraux vont adopter une loi favorable aux syndicats. C’est ainsi que né un mouvement
syndical unitaire, national. Union Act: statut légal. Le premier parti travailliste est
écossais. Fondé en 1888 et c’est un syndicat de mineurs, socialistes mais pas marxiste.
L’independantable parti: accroît son audience en Ecosse et en Angleterre en 1905. Ce
parti travailliste s’appuie sur un mouvement syndical fortement structuré 1893 500 000
syndiqués. Le parti travailliste fortement organisé et centralisé rassemble 1 million
d’adhérents en 1906. Aux élections de 1914, 1.6 millions de voix. Le Parti ouvrier a été
fondé par les syndicats pour une action parlementaire.
2.4 Le modèle socialiste (les partis socialistes)
2.4.1 La SFIO en France (une exception ?)
La naissance du PS (SFIO), le parti ouvrier français authentiquement français et le
chef de file est Jules Guesde. Chevaliste: 1847-1922, très tôt adhérent du marxiste
et fini sa carrière politique en acceptant pendant la 1GM le pose de Ministre
d’Etat d’un gouvernement socialiste. A partir de J. Guesde se constitue le
mouveent qui va devenir la SFIO, qui rassemble très peu de militants. 75 militants
membre du parti en 73. Des partis qui ont une audience très large mais peu de
militants.
1880-1905: 25 ans pour que ce parti se manifeste sur la scène publique. A la
SFIO, répond la charte d’Amiens qui donne au syndicalisme la mission politique
de reconstruire la société sans se préoccuper du socialisme parlementaire.
Divorce entre le mouvement socialiste et le mouvement syndicat qui opte lui
pour la grève général, «le grand soir».
On constate que le socialisme n’est pas fortement enraciné et quels sont els liens
entre les partis politiques qui se réclament du socialisme et le mouvement
syndical de la CGT? Le pourcentage de syndiqués parmi les ouvriers: 1.8% entre
1900 et 1909 contre une moyenne de 5.4 % au niveau européen en 1909. 4.5%
en France après la guerre alors qu’en Europe 13.2%. EN France on constate que
l’indice est beaucoup plus faible que dans l’ensemble de l’Europe. Encore plus
faible qu’en Italie.
2.4.2 Le PSI en Italie
Le PS est fondé en 1895 et très vite, il se convertit au réformisme avant de
devenir révolutionnaire (Mussolini en fait parti) dès 1907. Aux élections de 1902
il remporte un franc succès, plusieurs députés, en 1913, 51 députés à
l’Assemblée. Démocratie chrétienne italienne se développe après. L’Italie hésite
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entre deux voies depuis son unité et les dirigeants ont choisi la voie d’un laïcisme
militant qui n’a pas de racine profonde dans la mesure où une grande majorité de
la population (pas les élites) suit les consignes. La CGL (CGT française) va avoir
une place importante dans le débat politique et social surtout après guerre.
2.4.3 Le PSOE en Espagne
Le mouvement socialiste est plus précoce qu’en France. C’est suite à Pablo
Inglesas en 1879 est créé le PS espagnol devenu le PSOE. Ce parti a des lien des
très forts avec l’UGT créé en 1988. La situation est très particulière compte tenu
de l’émergence d’un mouvement syndicalo-anarchiste structuré en Catalogne,
Andalousie.
2.4.4 Les divisions du socialisme russe (du populisme au Parti Social
Révolutionnaire et au Parti Ouvrier Social Démocrate Russe)
Des PS s’organisent sur des modèles différents (Allemand, Italien...) mais la
plupart d’entre eux sont plus ou moins proche du marxisme le plus orthodoxe.
Au sud de l’Europe le parlementaire n’a pas été au cœur de l’action politique pour les
acteurs du socialisme. Le syndicalisme ouvrier anti-parlementaire s’oppose au parti
socialiste réformiste à la recherche d’une légitimité ouvrière. L’anti-cléricalisme a joué.
Dans le Nord, le syndicalisme est lié organiquement au parti social démocrate,
travailliste et va exercer une influence modératrice et plus réformiste que celle des
intellectuels français. Les Finlandais, nationalistes, vont contribuer au détachement qui
va se faire au moment de la révolution de 1917 et provoquer les réactions des
Bolcheviques en 1920. Tous les partis socialistes appartiennent à la famille du
socialisme démocratique représentant la classe ouvrière. Tous ces partis sont acquis à la
perspective de la socialisation des moyens de production, sont engagés dans les
processus électoraux et la plupart d’entre eux sont devenus démocrates et ont renoncer
progressivement à l’usage de la violence: un socialisme européen dans sa diversité.
Cependant, il y a une exception: le socialisme Russe : une histoire particulière: La Russie
appartient-elle à l’Occident ou à l’Orient?
Plusieurs courants:
- courant populiste: estime que les institutions traditionnelles du peuple russe avaient
en elle-même une nature socialiste. Les populistes vont se manifester notamment par la
violence.
- courant de la sociale-démocratie: cherche avant tout à se rapprocher de l’occident, qui
assimile l’évolution de la Russie à celle de l’Occident. Le socialisme Russe qui se
constitue à la fin du XIX, autour du parti ouvrier socialiste démocrate de Russie et le
Parti social révolutionnaire: un parti qui récuse certaines des thèses du marxisme, qui
au fond reprend certaines des thèses populistes et qui adopte le terrorisme comme
forme d’action politique. Ce parti a un programme fédéraliste et collectiviste qui
s’appuie sur la paysannerie (immense majorité de la population russe).
Parti ouvrier social démocrate: 1898: créé à Minsk, adopte très vite la clandestinité
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(la voie révolutionnaire) et la plupart de ses responsables, dirigeants vont devenir des
professionnels et la plupart d’entre eux, vont soit émigrer soit vivre dans la clandestinité
à cause de la politique de répression du tzar. Les sociaux démocrates vont très vite
s’opposer sur la stratégie et le programme. Quelle société bâtir? Il faut attendre les deux
congrès de Bruxelles et de Londres de 1903 pour que la situation se clarifie et c’est ainsi
que les opposants à la centralisation, à la voie révolutionnaire vont être dépassés par les
majoritaires (Bolcheviques).
Quelle différence entre Bolchevik et Menchevik? Ce dernier fait parti de la minorité, sont
considérés comme des libéraux réformistes mais ils sont prêts à s’allier aux libéraux
bourgeois alors que les Bolcheviks sont marxistes, partisans de la violence et se
considère comme un parti révolutionnaire destiné à renverser le pouvoir, à préparer un
coup d’Etat permettant d’assurer le contrôle des institutions et d’assurer le contrôle de
la population. Prise ne main à la fois des institutions d’Etat et de la Société.
En Angleterre, parlementarisme épanoui et en France affrontement. Une Europe
autoritaire qui tente de concilier un ordre politique et des aspirations de liberté et
d’autonomie basée sur une élite aristocratique et bureaucratique. Un bon nombre de
pays connaissent la modernisation politique comme l’Italie et l’Espagne. En revanche,
l’Europe Balkanique se distingue dans le retard dans la construction étatique. Seule le
courant socialiste dans sa diversité pourrait rapprocher une classe ouvrière à la
recherche de l’intégration et donc rassembler les européens autour d’un projet commun.
Paradoxal.
3 – La civilisation et la société européennes à l’aube du XX° siècle
Peut-on parler d’une société européenne?
Remarques: La suprématie économique de l’Europe sur le monde: 86% des capitaux
mondiaux en 1914 malgré l’essor de la production industrielle des USA qui représente à
l’époque 35.8% en 1900. La révolution industrielle qui par l’effet combiné
d’organisation du travail, de distribution des richesses, entraîne des changements
notables mais décalés et inégaux. Pour autant peut-on parler de nouvelle société
européenne à l’aube du XX° siècle?
Naturellement, cela dépend de l’angle d’attaque, comment aborder la question. Se
demander s’il y a concordance des temps des Etats, des cultures, des sociétés qui
permettrait de répondre de manière claire à la question.
3.1 La civilisation européenne
3.1.1 Civilisation, culture et société : des concepts clés
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3 termes proches: civilisation, culture, société.
Civilisation: ensemble des phénomènes sociaux à caractère religieux, moraux,
esthétiques et techniques communs à une grande société ou à un groupe de
sociétés (cf P. Valéry)
F. Braudel (Grammaire des Civilisations) il rappelle que c’est un concept qui a été
fabriqué à partir du mot «civiliser» l’action de civiliser. En France «civilisation»
désigne l’ensemble de valeurs collectives. «Par de civilisation, sans société qui la
porte, l’anime de ses tensions et son progrès.» La société ne peut jamais être
séparée de la civilisation car les deux notions concernent la même réalité.
3.1.2 Le christianisme incontournable malgré…
Le christianisme a influencé la pensée européenne. En 1900, on ne peut pas dire
que l’Europe est chrétienne. Le christianisme est élargi par la colonisation. Les
européens partagent un certain nombre de valeurs même si le catholique, le
protestant et l’orthodoxe s’oppose sur bien des points.
La colonisation a élargi l’espace chrétien. Par ailleurs l’école joue un rôle
important : c’est le développement de l’école public qui réforme un système
traditionnellement dominé par l’Eglise. L’enseignement public primaire est
réformé sans pour autant porté atteinte au programme. On peut ainsi interpréter
le mouvement d’engagement volontaire dans l’armée dans les milieux populaires.
Il y a une adhésion certaine aux valeurs communes. La place des églises ne doit
pas être négligée. En revanche, le développement de la social-démocratie se place
en rupture avec les régimes traditionnels. A la veille de 1914-1918, il y a de
nombreuses hiérarchies héritées.
3.1.3 La sécularisation en marche (la longue durée de F. Braudel)
Cependant, la sécularisation est en marche. Nous sommes dans un mouvement de
longue durée. Il faut remonter à l’action des philosophes des lumières. Ce
mouvement n’a pas touché l’ensemble du continent. Par exemple, les Balkans,
après l’occupation ottomane sont « en déphasage ». L’Europe doit donc faire face
à ce vaste mouvement, à l’exception de la Russie, où les élites sont partagées
entre le désir d’Occident et le retour au passé. Il règne en Russie une sorte
d’ambiance eschatologique (croyance sur le sort ultime de l’Homme). On attend
la fin violente, ce qui explique la violence de 1917, révolution de Lénine come
réaction dans la recherche du bonheur associé à l’idée de progrès et de prise de
distance à l’égard des églises.
3.2 Des sociétés en transition
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3.2.1 La société industrielle dans ses grandes composantes : la mobilité,
l’urbanisation et l’Etat interventionniste
Le long XIX est marqué par l’industrialisation ; il accouche alors d’une société
instable, fragile, à la recherche d’un équilibre en voie de disparition.
Ce monde nouveau offre une plus grande mobilité interne et externe des
populations. On se déplace au sein même des états nations, d’une région à une
autre. Le premier phénomène, que l’on a peu mesuré, c’est l’importance de la
place de l’exode rural. Ce mouvement s’accélère et touche tout le continent.
Si il y a exode rural, c’est que l’on assiste à un phénomène marquant, le
phénomène d’urbanisation. Cela conduit un certain nombre de scientifiques, de
responsables politiques, de penseurs à s’intéresser et à se pencher sur les causes
de la misère. C’est aussi le phénomène de l’hygiénisme : comment lutter contre
les épidémies ? On aménage des zones d’assainissement, on détruit des quartiers
insalubres.
Les liens traditionnels dans les villes sont distendus ; on assiste à un recul de la
pratique religieuse. Paradoxalement, voire parallèlement, on assiste à un
embourgeoisement des églises : on parle de morale bourgeoise. De nouveaux
antagonismes divisent les sociétés. Cette société industrielle va donner naissance
à un état moderne interventionniste. Ce phénomène est un phénomène récurrent
qui touche le continent. Cet interventionnisme touche le domaine économique et
social, avec l’organisation du travail, le salariat, la protection sociale.
L’Etat intervient en séparant le religieux du politique.
L’école devient un enjeu majeur pour l’Etat en Europe. L’intervention de l’Etat va
susciter certaines résistances.
Au nord de l’Europe, les problèmes ne sont pas les mêmes.
3.2.2 Le crépuscule des sociétés d’Ancien Régime
Toutes les sociétés, sans doute à l’exception du nord, conservent des traits
communs, héritages d’un ancien régime économique et culturel qui s’est prolongé
malgré les avancées de la démocratie. L’aristocratie de tradition conserve à
l’arrivée de la Grande Guerre son prestige.
En France, le débat séculaire donne naissance au débat intérieur et au repli sur
l’armée, ce qui débouche sur une situation en1914 avec un grand nombre
d’officiers issus des milieux aristocratiques.
L’ordre ancien perdure mais on peut parler de capacités d’adaptation des
systèmes sociaux économiques et culturelles de manière cohérente, sans que les
anciennes élites, concurrentes des nouvelles, n’arrivent à atteindre le sommet de
la nouvelle hiérarchie politique.
Les noblesses traditionnelles dominent les bourgeoisies moins puissantes sur le
plan économique dans le sud de l’Europe. En Russie, on assiste à l’émergence
d’une noblesse foncière, émergente, qui s’oppose à la noblesse dite de fonction
dans l’appareil civil et militaire de l’empire. Dans le sud, le retard économique est
la première raison du maintien des élites traditionnelles.
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La paysannerie représente 73% de la population au Portugal, 72% en Espagne,
63% en Russie. La question foncière va occuper une place importante au début
du XX lorsqu’il faudra procéder à des réformes agraires.
3.2.3 La société en Europe occidentale
3.2.3.1 Nouvelles élites et pouvoirs
On assiste à la consolidation d’une bourgeoisie de plus en plus puissante.
La fortune se transforme. Cette fortune d’abord financière devient
financière et industrielle. En travaillant sur le notariat, on peut lire
l’enrichissement général de l’Europe malgré des disparités.
On sait que, autour des années 1860, 5% des Français détenaient 80% de
la fortune nationale.
Ces nouvelles élites, qui appartiennent à la haute bourgeoisie, imitent la
noblesse. Parfois on ne distingue pas la grande bourgeoisie de la noblesse,
à la fois pour le titre et le style de vie. Il y a sans doute l’exception de la
Grande Bretagne : la haute noblesse et la gentry dominent l’Angleterre
rurale mais dominent également les milieux de l’élite industrielle et
commerciale aux valeurs transmises par l’université. En Allemagne
l’aristocratie foncière de Prusse domine et imprime sa marque à la grande
société allemande.
3.2.3.2 Le monde émergent du salariat ouvrier
Le salariat connaît un accroissement sensible, à la fois avec
l’industrialisation et l’augmentation du taux d’activité féminine. Ce monde
ouvrier s’organise, avec le syndicalisme
3.2.3.3 Les classes moyennes
Les classes moyennes sont dites classes montantes, avec au départ le
monde de l’atelier, de la boutique, de la petite industrie, dans les petites et
moyennes exploitations : tout ce « petit » monde. Que ce soit en France, en
Allemagne ou en Angleterre, les pays connaissent un accroissement
sensible de la fonction publique. (L’instituteur est le fonctionnaire de
mairie dans les petits villages.) En France, à la fin du II Empire et au début
de la III République, le nombre de fonctionnaires augmente, notamment
du fait de l’instruction publique. Il est pratiquement multiplié par deux
entre 1870 et 1914. En Belgique, en 1893 est créé un bureau des classes
moyennes, remplacé en 1904 par une Office des Classes Moyennes.
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Entre sensibilité conservatrice (Allemagne), modérée (France), chrétienne sociale
(Italie), on assiste à un relâchement des anciens liens sociaux. Les syndicats et les partis
remplacent les notables et les églises.
Le travail apparaît de plus en plus libérateur. Ce travail est associé à l'aspiration
générale de sécurité et de protection.
Toutefois, à la veille de la Grande Guerre, la cohésion des sociétés n’est pas en péril
malgré la lente montée des revendications. La cohésion est maintenue par les cadres
mentaux. On affronte la guerre dans un esprit d’ « Union sacré ». Une minorité agissante,
contre-révolutionnaire, se rallie à l’idée de la guerre, et suit les ordres.
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