La légitimité d’une action de politique de santé publique repose non seulement sur les
conséquences néfastes pour la santé de la consommation de tabac, mais surtout sur la
dépendance qu’elle entraîne (A). La première étape de cette action débute par l’information
des consommateurs sur les effets du tabac, ainsi que des mesures afin de prévenir en amont
la consommation de tabac. La seconde étape se situe en aval en aidant les fumeurs qui
décident d’arrêter (B).
A- La légitimité de la lutte contre le tabagisme
En France, chacun est libre d’acheter et de consommer du tabac. Il appartient à la
liberté individuelle du consommateur de fumer ou non. Le fumeur est motivé par la recherche
d’un certain plaisir que lui procure le tabac. A priori, le fait de fumer ne concerne que le
fumeur lui-même, et ne cause pas de trouble à l’ordre public en lui-même. Dès lors, quel est le
fondement à l’action des pouvoirs publics qui vise à réduire la consommation de tabac ? Trois
arguments principaux peuvent être avancés : le problème de santé publique que cause le tabac
qui augmente la mortalité (1°), le coût des dépenses de santé liées aux maladies causées par le
tabac (2°) et la dépendance engendrée par la consommation de tabac (3°).
1 °) Le risque sanitaire résultant de l’usage du tabac.
Le tabagisme augmente le risque de décès. L’objectif de l’Etat en limitant la
consommation de tabac est de protéger les individus contre cette mortalité. Ainsi chaque
année en France, les décès attribués au tabac sont estimés à 60 000, dont 30 000 à 35 000
cancers. L’espérance de vie d’un fumeur à 25 ans est inférieure de 6 ans par rapport à un non-
fumeur.
Le fondement de l’action de l’Etat peut se comprendre à la lecture de la convention de
l’O.M.S précitée. Il est rappelé dans le préambule, que l’article 12 du Pacte international des
Nations Unis relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 énonce le droit de
toute personne de jouir du meilleur état de santé qu’elle est capable d’atteindre. Or le
tabagisme est la première cause de mortalité évitable. Ce droit est considéré comme un droit
fondamental par la Constitution de l’O.M.S.
Le fumeur peut causer un trouble à autrui à travers le problème du tabagisme passif.
Les études ne font pas ressortir de consensus. Certaines estiment que les effets du tabagisme
passif sont limités. D’autres études attribuent environ 8000 morts par an au tabagisme passif.
La convention de l’O.M.S reconnaît le danger pour la santé que fait encourir l’exposition à la
fumée de tabac dans son préambule. La fumée de tabac contient plus de 4000 substances
néfastes dont la nicotine, des irritants, des produits toxiques (monoxyde de carbone,
ammoniaque…), des substances cancérigènes (qui peuvent provoquer ou favoriser
l’apparition de cancer). Selon l’Académie de Médecine la fumée de tabac constitue « la
source la plus dangereuse de pollution domestique, en raison de sa forte concentration en
produits toxiques, et du fait que l’on y est exposé à tout âge et pendant des périodes beaucoup
plus longues que celles où l’on subit une pollution atmosphérique ». Chez les adultes, le
tabagisme passif augmenterait de 25% les risques d’accidents cardiaques et de cancer du
poumon. Les risques de cancer des sinus ou d’accident vasculaire cérébral seraient eux
doublés.
Mis à part le problème du tabagisme passif, une connaissance des effets négatifs de
l’abus du tabac par une information correcte peut suffire aux consommateurs afin de mettre en