qu'un exemple parmi d'autres). Le deuxième point est que le thérapeute utilise les outils
de la psychanalyse : le transfert et son analyse pour le patient, ainsi que le travail sur son
contre-transfert que doit faire l'analyste. D'autre part, le travail se fait au moyen du
langage verbal et non par des « agissements ». Cela, non pas parce que « l'inconscient est
structuré comme un langage » (formule lacanienne brillante, mais erronée), mais parce
que le langage permet aux représentations psychiques d'acquérir une valeur, valeur qui a
un sens par rapport à la poussée pulsionnelle et aussi parce que le langage suppose un
objet. Nous avons vu que les traumas s'accompagnent toujours d'un échec ou d'une
distorsion des représentations, ainsi que de la nécessité de la répétition, dans l'espoir de
corriger ces échecs. La répétition signe le traumatisme en ce qu’elle implique un effort
pour faire disparaitre, refouler, ou maîtriser des affects incompréhensibles, gênants voire
absurdes, du fait qu'ils sont liés à des non-représentations ou à des ersatz.
Le travail analytique est donc source de traumatismes, au même titre que la poussée
pubertaire, du fait même que l'analyste réveille la répétition, oblige le refoulé à surgir et
donc, ramène à la conscience des affects et des souvenirs, ainsi que les constructions des
ersatz : comme, par exemple, les souvenirs-écrans. Ceci ne survient que si l'analyste
s'abstient d'adopter la position d'un parent tout-puissant, par des conseils, ou un silence
obstiné, comme s'il « savait » tout, et se situe comme celui qui fait des liens et des
rapprochements, ou aide à trouver de nouvelles représentations.
La frustration qu'impose l'analyste n'est pas, comme on le croit trop souvent, de garder
une attitude impavide et indifférente, mais de ne pas donner de satisfaction immédiate :
c'est à dire d'introduire un « espace temporel »,qui obligera le patient à retourner sur les
traces du passé, à les revivre dans la situation analytique et à pouvoir mettre des images
et des représentations là où les traumas avaient laissé un espace vide ou négatif.
Les modes de travail de l'analyste sont liés au type de traumas que les différentes
structures psychopathologiques des patients permettent de supposer.
Dans le cas des psychonévroses de défense, des personnalités névrotiques ou de névroses
de caractère suffisamment souples, un lien de langage peut s'établir, où le patient peut
rapporter son histoire, s'interroger sur les « trous » qui y apparaissent et se montre
capable de « dire tout ce qui lui vient à l'esprit » : c'est bien le rêve, alors, qui est la « voie
royale » vers l'inconscient, mais aussi les associations, les fantasmes, les affects et tout ce
qui surgit dans la situation de relâchement corporel du divan, dont Freud faisait
remarquer qu'elle suscitait l'angoisse, du fait du retour du refoulé. Le travail analytique se
fait alors autour des « résistances » même à ce travail : impossibilité à associer, blocage
des processus de rêves, tendance à agir plutôt qu'à parler.... Les agirs , qu'ils se produisent
dans la séance ou à l'extérieur ont ici ceci de particulier que le patient les remarque et en
parle, généralement, et que l'analyste peut s'en servir pour souligner des liens entre ce qui
est agi et ce qui venait d'être dit dans la séance. Les liens psychiques, tant libidinaux
qu'agressifs, ne sont pas rompus et ce sont ces menus incidents, qui, rompant le discours
du patient, viennent signaler les traces traumatiques du passé. Le travail de l'analyste sur
son éprouvé contre-transférentiel lui permet de fournir une interprétation qui relance le
tissu associatif et permettre la reprise du passé traumatique, le plus souvent, par la
reviviscence des affects qui ont, par leur violence même, été à la source du traumatisme.
On peut se représenter, dans ces cas, la situation analytique comme une reprise en écho
de ce qui n'a pas pu fonctionner dans l'histoire infantile du patient : à la fois du fait de sa
propre constitution et /ou de l'adéquation plus ou moins réussie des réponses parentales