constatations soulignent avec quel soin ce numéro a été traité : d’une part, aucun
autre passage du décret n’a sans doute été examiné, analysé minutieusement et
remanié autant que celui-ci ; nulle part ailleurs, la commission ne s’est souciée
d’être aussi explicite dans ses prises de position et dans ses commentaires. D’autre
part, il est propre à la question du célibat ecclésiastique que, par trois fois, le Pape
Paul VI ait pris l’initiative d’intervenir personnellement : par deux notes qui furent
transmises à la Commission par la Secrétairerie d’Etat ; ces remarques ne seront
pas admises servilement ; elles susciteront quelques réactions assez franches. La
troisième intervention est évidemment plus connue, puisqu’elle fut, si l’on peut
dire, publique ; à l’ouverture des débats d’octobre 1965, Paul VI intervint dans
une lettre au cardinal Tisserant, Doyen du Sacré Collège et président de
l’assemblée, qui fut lue devant le concile ; le Pape se réservait l’examen de la
question ainsi soulevée et annonçait son intention de renforcer la loi du célibat :
« Il n’est pas opportun de débattre publiquement de ce thème qui requiert la plus
grande prudence et revêt une telle importance. Et nous avons le propos, non
seulement de conserver autant qu’il est en Nous cette loi ancienne, sainte et
providentielle, mais encore de renforcer son observance, rappelant les prêtres
de l’Eglise latine à la conscience des causes et des raisons qui aujourd’hui,
aujourd’hui précisément de façon spéciale, font que l’on doit considérer cette loi
du célibat comme très adaptée parce que par elle les prêtres peuvent consacrer
tout leur amour uniquement au Christ et se donner totalement et généreusement
au service de l’Eglise et des âmes » (Documentation Catholique, t. LXII, 19
décembre 1965, pp. 2183-2184). On comprend sans peine cette intervention du
Saint-Père, qui d’ailleurs, contrairement à ce qui fut dit dans certains journaux,
ne souleva aucune émotion parmi les Pères conciliaires, qui votèrent à une quasi-
unanimité le paragraphe du schéma relatif au maintien du célibat. D’abord, un an
plus tôt le Concile avait déjà pris position d’une manière solennelle lors de la
Constitution Lumen Gentium (n° 29 et 42), que les Pères conciliaires avaient eu
l’occasion de débattre publiquement, et en second lieu, on peut se demander ce
que les débats publics auraient pu ajouter d’utile et d’efficace aux réflexions et
observations critiques qu’eurent l’occasion de formuler et d’examiner les
membres de la commission chargée de la rédaction de Presbyterorum Ordinis.
Enfin qu’on n’oublie pas le climat de la dernière année du Concile, quand une
presse avide de nouvelles sensationnelles était prête à exploiter contre la loi du
célibat la moindre parole ambiguë, la plus légère hésitation d’un évêque
préoccupé par le manque de vocations. C’est d’ailleurs ce qui venait de se
produire : à l’occasion de la discussion du Décret sur le ministère et la vie des