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Les jeunes et le culte du corps
Je me propose ici de faire une synthèse sur la relation qu’entretiennent les jeunes avec
leur corps. Pour ce faire je me baserai sur les messages postés pas les étudiants participant au
projet « Alegro vivace » sur Galanet, ainsi que sur un ouvrage scientifique intitulé
Anthropologie du corps et modernité, de David Le Breton, anthropologue, chercheur au
CNRS. J’illustrerai le travail avec des photos qui mettent en avant la transformation de
perception du corps par les jeunes dans nos sociétés.
Ce qu’on remarque aujourd’hui, et comme l’ont précisé la majorité des internautes
étant intervenu sur ce sujet, c’est que l’on vit dans une société où « l’apparence prime ». Et
pour cela, nous avons maintenant à notre disposition une quantité de moyens illimitée. Voici
le sombre tableau que dresse David La Breton à ce sujet dans Anthropologie du corps et
modernité :
« Dans la société du spectacle, il faut être vu, et surtout ne pas être visuellement en
porte-à-faux dans le regard des autres. La dissolution des repères collectifs n’affranchit pas du
regard des autres. Et l’individu ne cesse de se questionner
sur sa normalité, et il ne la mesure que dans les réactions
à son propos. Le corps est dès lors un écran où projeter
un sentiment d’identité toujours remaniable, virtuel.
Il n’est plus le lieu de l’authenticité comme dans les
années 1970, où l’on postulait volontiers que « le corps a
toujours raison », il est maintenant le lieu toujours
insuffisant d’un bricolage identitaire, d’une mise en
scène provisoire de la présence. Objet particulièrement
investi comme tenant lieu de soi, proposition à affiner, il a désormais le statut d’un brouillon.
Il est à reprendre en main, à achever, à signer, à se « réapproprier « comme disent les jeunes
générations. […] Le corps est soumis à un design parfois
radical ne laissant rien en friches (body building, régimes
alimentaires, cosmétiques, prise de produits comme le DHEA,
gymnastiques de toutes sortes, marques corporelles,
chirurgie esthétique, transsexualisme, body art, travestisme,
etc.). Proclamation personnelle, mise en évidence d’une
esthétique et d’une morale de la présence, il n’est plus question
de se contenter du corps que l’on a , mais d’en modifier les
assises pour le compléter ou le rendre conforme à l’idée que l’on
s’en fait. »
Ce que l’on observe dans les sociétés traditionnelles,
quant à la représentation du corps et à l’usage que l’on fait
des marques corporelles, peut nous éclairer davantage sur la
façon dont nous, occidentaux, nous servons du corps pour
nous distinguer, pour affirmer notre indiviualité dans la
masse. Dans les sociétés traditionnelles le signe corporel, le
tatouage par exemple, a une valeur identitaire, il dit
l'appartenance du sujet au groupe, à un système social, il
précise les allégeances religieuses, les relations au cosmos. Au
sein de certaines sociétés, le signe renseigne sur la place de
l'homme dans une lignée, un clan, une classe d'âge ; il indique
un statut et affermit l'alliance. « En Occident, au début des
années 1980, les marques corporelles changent radicalement
de statut. Happées par la mode, le sport, la culture naissante
et multiple des jeunes générations, elles se diversifient dans
une quête de singularité personnelle : tatouage, piercing,
branding (dessin ou signe inscrit sur la peau au fer rouge ou
au laser) scarification, lacération, fabrication de cicatrices
en relief, stretching (agrandissement des trous du piercing),
implants sous-cutanés, etc. Les marques corporelles, même
si elles miment parfois de manière explicite celles des
sociétés traditionnelles ou si ceux qui les portent
revendiquent cette filiation dans des discours enthousiastes,
prennent une signification exactement inverse lors de cet emprunt : dans la culture
occidentale, elles sont individualisantes, elles signent un sujet singulier dont le corps n'a
plus fonction de relier à la communauté et au cosmos, mais d'affirmer son irréductible
individualité . »
Nous pouvons conclure qu’effectivement, les nouvelles
générations usent de nouveaux moyens mis à leur disposition
(chirurgie esthétique, centre de beautés, tatouages, piercing), pour
s’affirmer, pour se faire remarquer, pour marquer leur individualité,
pour revendiquer leur identité. L’exemple le plus frappant
aujourd’hui est certainement « la nouvelle vague tecktonik » où
l’apparence est au premier plan (crêtes, tatouages en forme d’étoile,
style vestimentaire, etc.). Après un tabou trop longtemps préservé
sur le corps par l’Eglise, le corps devient peu à peu « objet de tous
les désirs ».
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